Si le temps laissait à penser qu’elle pouvait enfiler son short, il n’en était rien et elle le savait. Elle le reposa alors dans l’armoire pour le troquer contre un jogging en bonne et due forme. Elle y ajouta un tee-shirt trop grand pour elle et des Vans rouge et elle était prête à concourir pour la femme la moins sexy de l’univers. C’était, en partie, pourquoi elle n’aimait pas l’hiver. L’autre partie était principalement constituait d’eau et faisait sourire tous les enfants. Pourtant, elle se demandait toujours comme quiconque pouvait apprécier la neige. Si le gymnase était évidemment l’endroit idéal pour travailler, elle l’évita comme la peste, consciente qu’elle pourrait facilement y croiser quelqu’un, ce qu’elle tenait à éviter. Elle opta alors pour l’étang, c’était calme, silencieux, la vue était splendide et c’était surtout désert. Elle posa son tapis et sa bouteille d’eau au sol tout en essayant de se motiver. Il était tôt, elle n’était pas vraiment d’humeur mais surtout, elle n’aimait pas le sport. Éreintant et salissant, il n’avait en soit rien pour l’attirer. Si ce n’est le muffin sur lequel elle avait craqué la veille. Elle savait qu’il reviendrait la hanter. Sans plus de cérémonie mais en soupirant, Inès commençant son pilates matinal. C’était la seule chose qu’elle pratiquait sans avoir besoin de trop de motivation, comparé à la course. Après un bref échauffement, elle se lança dans les exercices mécaniques. Ce qu’elle prenait pour des heures plus tard et qui ne devait pourtant compter qu’une cinquantaine de minutes, elle se retrouva les jambes droites, les mains bien à plat sur le sol, les fesses en l’air et la tête en bas, un aperçu bien net de Pavel qui se tenait non loin derrière elle. Expirant lentement, elle prit le temps de se relever sans heurts aucun, d’attraper sa bouteille et d’y boire quelques gorgées. « Bonjour. » Elle lui adressa un sourire tout en refermant le bouchon. D’un coup de main, elle ajusta sa queue de cheval et évita de se tortiller sur place d’embarras. Elle n’aimait pas qu’on la voit dans cet état, peu importe la personne en question. « Je peux t’aider ? » Elle lui demanda alors, puisqu’il restait là, sans la moindre intention de bouger.

Elle avait depuis longtemps son classement personnel pour les regards appuyés sur sa personne. Ils se divisaient en deux catégories distantes. Ceux qui étaient intéressés de manière polie à son physique mais cherchait surtout comment l’aborder. Et ceux qui ne cherchaient qu’à profiter de ses formes. Le problème était qu’elle aurait bien était en peine de dire à quelle catégorie appartenait Pavel. Il avait une sorte d’aura mystérieuse autour de lui en permanence qui, contrairement à la plupart des femmes, était loin de l’attirer. Elle se méfiait comme de la peste de ceux qui trainaient un tas de bagages conséquents derrière eux. Pour ainsi dire, elle se méfiait des trois-quarts de la population de cette planète. Et encore, c’était une estimation pour le moins positive. Ses sourcils se relevèrent lorsqu’il lui retourna sa question, l’air presque entendu. Elle avait du mal à suivre mais il s’expliqua rapidement. C’était… Ouvert. Sociable. Soit rien, absolument rien de ce qu’elle avait pu entendre sur lui et c’était ce qui la troublait le plus. Alpaguée par ce changement, elle décida de mordre à l’hameçon, pour le moment. « J’avais terminé en réalité. » Elle était presque désolée à vrai dire, et cela transparaissait dans sa voix. « Mais je suis curieuse de voir ce que tu vaux comme coach. » Julia lui manquait, son professeur de pilates ainsi que de yoga. C’était elle qui gérait ses entrainements et Inès qu’avait suivre la cadence. C’était facile et surtout, Julia avait cette recette de thé à la marguerite absolument délicieuse qui valait bien tous les efforts. « Que fait-on ? » Il était tôt, ils étaient seuls, ils pouvaient facilement y passer la matinée. Il était possible, voir même probable qu’Inès s’effondre avant mais elle était prête à essayer. Tant que ce n’était pas un sport improbable comme la boxe thaïlandaise ou la plongée sous-marine au fond de l’étang. Elle était pour la diversité des sports mais il y avait quelques limites sur ce qu’elle était capable d’endurer. « C’était du pilates, par ailleurs. » Elle précisa, au cas où, minime, il se trouvait amateur de ce genre d’activité. Posant sa bouteille au sol, elle en profita pour refaire un de ses lacets. « Et je ne suis pas particulièrement sportive. » Ce n’était pas dans ses habitudes de divulguer des informations négatives à son sujet mai cela pouvait s’avérer être une question de survie. De nouveau debout, elle sautilla quelques secondes sur place pour réchauffer son corps au repos. « Oh et je ne compte pas t’appeler coach. » C’était simplement hors de question. « Et tu as totale interdiction de te moquer de moi. » Elle pointa son index menaçant vers lui, absolument sérieuse. « En échange, je promets de faire de mon mieux. » Et elle ne promettait jamais rien à la légère.

Consciente que sa réponse devait se lire sur son visage, Inès ne se donna pas la peine de la formuler. Et pour cause, jamais encore elle n’avait entendu ce nom auparavant. Chose qui prenait tout son sens lorsqu’il lui apprit qu’elle était footballeuse. Tout de suite, Inès envisagea les cas de figure possibles. Soit il parlait de la jeune femme sans but aucun, ce qui n’avait absolument aucun sens, soit ils voulaient qu’ils jouent au football. Et pendant deux secondes, elle envisagea qu’il soit fou et parle à tort et à travers pour le simple fait d’ouvrir la bouche. Deux petites secondes merveilleuses avant qu’il n’expose ses plans. Inès faisait partie de ces filles qui pensent que courir après un ballon est carrément stupide et préfère regarder n’importe quoi à la télévision plutôt que du football. Le rugby encore, elle comprenait, il se passait quelque chose mais le foot ? Rien contre le ballon rond ? Rien de plus qu’une aversion chronique. « Du tout. » La demoiselle afficha un sourire qu’elle était loin de ressentir, persuadée de finir cette session en mauvais état. Pourvu qu’il ne la fasse pas se rouler dans la boue ou quelque chose qui y ressemblait. La situation méritait quelques règles, et encore, elle était généreuse et ne lui exposait pas toutes celles qu’elle aurait effectivement voir entrer en vigueur. Mais c’est qu’il était hilarant le Pavel. Inès lui lança une grimace qui resta quelques secondes supplémentaires. Elle ne doutait pas le moins du monde qu’il soit un coach exigeant et en vu de l’activité proposée, cela lui faisait plus peur qu’autre chose. Un léger rire remplaça bien vite sa moue. Définitivement hilarant. « Si ça ressemble à un repas, alors je serai la recrue parfaite. » Et elle le pensait véritablement, elle pensait mourir de faim prochainement, ses repas se constituant la plupart du temps d’aliments qui ne nécessite aucune cuisson. « Alors, par quoi on commence ? » A peine avait-elle terminé sa question qu’elle comprit par quoi ils allaient débuter. Un baiser, visiblement. Géant… Inès n’avait fait que frôler les lèvres d’Aliénor jusqu’à présent ce qui était parfaitement acceptable. Elle ne comptait pas vraiment embrasser la première personne venue, elle avait un certain standing et certaines attentes irrévocables. Pour autant, elle ne comptait pas se retirer du jeu et comptait bel et bien honorer cette musique. Qu’elle finirait par détester, c’était certain. S’approchant de Pavel, elle se trouva dans l’obligation de lever la tête pour continuer à l’observer. Il devait bien faire une vingtaine de centimètres qu’elle. Dans ces moments, ses talons lui manquaient plus encore. Presque maladroite, elle posa pourtant ses mains au niveau du torse du jeune homme. « Il va falloir que tu m’aides un peu. » Elle ne pouvait rien faire de plus de son côté si lui ne le désirait pas. « Tes lèvres Pavel. Seulement tes lèvres. » Préférait-elle l’avertir avant qu’il ne tente quoi que ce soit. De ce qu’elle en savait, il préférait peut-être manger de l’herbe que l’embrasser mais mieux valait prévenir que guérir. Il était jeune et elle savait qu’ils avaient cette tendance à vite devenir un peu trop fougueux.

Le prouver. Plus facile à dire qu’à faire mais elle ne manquait pas de motivation. Ce qui était sans compter Cupidon qui semblait avoir d’autres plans pour eux. Poupée ? Il l’avait vraiment appelé poupée ? Outre le fait que c’était la chose le sobriquet le plus ridicule possible concernant une demoiselle que l’on était sur le point d’embrasser, cela semblait aussi particulièrement dépassé dans la bouche de Pavel. Comme s’il venait du siècle précédent, ne manquait plus que le clin d’œil grivois et la femme obéissante à son bras. C’était ridicule et lui donna envie de rire. Consciente qu’il aurait pu mal le prendre et dans le but de ne pas blesser ses sentiments juste avant de l’embrasser, elle pinça les lèvres pour étouffer son rire. Contrairement à ce qu’elle avait pu penser, il fut étonnement doux, on aurait pu croire qu’il s’évertuait à ne pas la casser. Ses poings se serrèrent brièvement sur le haut du jeune homme alors que leurs lèvres, en contact, ne faisaient pourtant que se rencontrer. Cela n’avait rien d’érotique, aurait presque pu passer pour amical. Reposant ses talons au sol, s’étant machinalement hissée sur les pointes pour le rencontrer, elle lissa le tissu qu’elle avait quelque peu malmené, un sourire aux lèvres aux propos du jeune homme. « Je ne pensais pas que tu allais me sauter dessus. » Pour cause, malgré tous les propos négatifs qu’elle avait pu intercepter ici et là, elle trouvait Pavel relativement, charmant. Quelque part, cela l’effrayait plus qu’autre chose. Est-ce qu’elle avait une sorte de pouvoir quelconque sur les gens négatifs qui faisaient qu’ils devenaient agréables en sa présence ? D’abord Henley, maintenant Pavel, cela commençait à devenir suspect. Il était plus logique qu’elle arrête de croire tout ce qu’elle entendait sur ses camarades. C’était triste si on en était à transmettre de faux ragots, ils tombaient bien bas. « C’était simplement pour que tu ne t’évanouisses pas devant ma magnificence. » Le nez froncé, elle lui adressa un sourire et flatta sa joue du plat de la main. « On n’est jamais trop prudent. » C’est en riant qu’elle recula, brisant le moment d’intimité qu’ils avaient pu avoir. « Comment exactement sommes nous supposé jouer au foot sans ballon, champion ? » Éloignée de quelque pas, ses mains sur ses hanches, elle lui adressa un sourire qui se voulait satisfait. Rien ne lui ferait plus plaisir que d’échapper à un entrainement potentiellement dangereux. Les bleus et son visage ne faisaient pas bon ménage. Elle réfléchissait déjà aux potentielles activités qui pourrait remplacer le sport choisit par Pavel. « Yoga ? » L’ironie de sa question était évidente, elle ne pensait pas un instant que Pavel en avait déjà pratiqué et c’était lui qui devait se glisser dans le rôle de coach. Elle était tout de même curieuse de voir sa tête à la simple pensée de devoir pratiquer.