La fin approche, que ce soit cette semaine ou la semaine prochaine on sent la fin, la fin est dans l'air. C'est l'heure de faire des bilans, l'heure où on s'échange nos numéros de téléphones, nos adresses. J'ai l'impression de me voir lors de ma dernière année de lycée, les derniers jours, quand on se promet de tous se revoir et que finalement on ne revoit personne parce qu'on est tous trop occupés, parce qu'on va dans des universités éloignées, parce qu'on doit faire nos vies et que les amis de lycées ça rappelle le passé, une belle époque mais une époque qu'on préfère oublier parce qu'il est temps de construire nos vies. Et j'ai malheureusement l'impression que Fake Lover va devenir une parenthèse dans nos vies, un moment agréable mais ça risque d'être compliqué de revoir tout le monde, ou même de garder le contact. Alors j'ai décidé que j'allais profiter de chaque moment ici pour emmagasiner un maximum de bons souvenirs. Je crois que mon moment avec Lewis dans la salle de billard quand j'ai goûté ses cocktails ça restera un de mes meilleurs avec lui, il y en a eu d'autres évidemment mais celui là restera gravé alors je l'ai invité à me rejoindre dans la salle de billard parce que c'est symbolique et tout ça. Et puis j'ai envie de jouer au billard, j'aime bien le billard.  « Tu as quinze minutes de retard, où tu étais ?   » Je prends un air assez accusateur, ça ne me ressemble pas du tout mais j'avais envie, en plus il doit être à l'heure j'en sais rien je n'ai pas de montre. J'ai la canne de billard dans la main, parce qu'on ne va pas jouer à la marelle.  « J'espère que tu es prêt à te prendre ta raclée, j'ai passé beaucoup de nuits à m'entraîner avec Akela, je songe d'ailleurs à me recycler... » Je lui lance un regard menaçant maintenant, oui j'ai décidé de passer par toutes les palettes d'émotions possible ce soir. Il y a des jours comme ça.

On se rapproche de plus en plus de l’heure du prime. De la demie finale. Dans quelques jours, on saura qui validera sa cagnotte, et se retrouvera propulsé en finale. Ce n’est pas rien quand même. Je suis à deux doigts d’empocher plus de 30 000€. Et je ne suis pas très doué en conversion tout ça, mais je sais que c’est encore mieux que 30 000$. C’est énorme comme somme d’argent, vous ne vous rendez pas compte. Genre je pourrais prendre une année sabbatique, pas besoin de trimer pour payer le loyer ou la bouffe durant quelques mois. Et alors je ne vous parle même pas si c’est le chèque final des 70 000€ Je serais trop riche. Mais bon là c’est quand même plus éloigné. 1 chance sur 10. Les probabilités ne sont pas trop en ma faveur. La demie, c’est 4 sur 10, c’est déjà mieux. Je vous avouerais que si j’échoue en demie, j’aurais les boules. Si près de tout cet argent. Il te tend les bras, et paf, envolé. Y en a qui vous dirons qu’ils s’en fichent du fric, mais ils doivent mentir probablement, ou alors ils sont déjà blindés. Mais quand tu galères comme moi, j’ai envie de te dire que tu ne vas pas cracher dessus, oh non. Enfin bref, chassons ces petits billets verts de ma tête, j’ai un rendez vous avec India. Que voulez vous, elle ne peut se passer de moi. Je ne sais pas comment elle va faire à l’extérieur sans moi. A peine j’arrive dans la salle de billard qu’elle m’agresse, genre j’ai 15 minutes de retard. « Pourquoi, t’es de l’Inquisition ? » J’entends souvent les gens dirent ça, mais en vrai me demandez pas ce que c’est l’Inquisition, j’en sais rien du tout. « Je faisais du bouche à bouche à Aliénor, elle était en danger, je lui ai sauvé la vie. » Normal. Voilà qu’en plus elle nous la joue super confiante, dans le genre je vais te mettre la raclée. « Te recycler en perdante ? C’est une bonne idée. » Parce que bon, c’est moi le meilleur, c’est comme ça. J’attrape une queue de billard. « Allez, honneur aux filles. » Je la laisse casser. « Tu veux que je te prépare le spécial India, avant que tu ne martyrises ce pauvre tapis ? » Le cocktail a son nom rappelez vous.

Bon, je suis plutôt sereine, si j'attends la finale ce sera que du plus mais si je ne l'atteints pas ma vie ne sera pas fichue pour autant. C'est sûr que si j'avais la chance de pouvoir empocher ma cagnotte je ne m'en porterais que mieux. J'ai près de soixante quatre milles euros, je n'ai pas envie de jouer à la blasé, je ne cours pas forcément après l'argent mais je suis loin de rouler sur l'or, mettre du beurre dans les épinards ce serait un bon moyen d'avancer dans la vie. Je pourrais travailler un peu moins, je pourrais voyager, ou... oui mais non ce n'est pas comme si j'allais réellement me mettre à voyager soudainement. Non, je sais que ma vie ne pas être bousculée parce que je suis venue à Fake Lover, surtout si je rentre chez moi... seule. Enfin peu importe ce soir si j'ai invité Lewis à me rejoindre c'est parce que j'ai envie de passer une soirée tranquille sans me poser de questions. Enfin je ne dis pas que mes autres soirées ne sont pas tranquilles, mais bon c'est peut être l'une de nos dernières soirées donc autant en profiter pour le massacrer au billard. Je me la joue demoiselle pleine de conscience pour m'amuser. Et je l'accuse d'être en retard. « Pourquoi, t’es de l’Inquisition ? » Mais qu'est-ce qu'il raconte ? Je suis obligée de rire parce que je m'y attendais pas du tout à ça. « Hum, non je n'ai aucune origine espagnole à ma connaissance.  » Ou alors elles sont très lointaines ces origines. « Je faisais du bouche à bouche à Aliénor, elle était en danger, je lui ai sauvé la vie. » Oh oui d'accord, je comprends mieux, et comme je comprends je le lui signale d'un hochement de tête, voyez-vous. « Oh normal, j'espère qu'elle va mieux maintenant.  » Oui parce que je crois son histoire de bouche à bouche ça va de soit. Avant de venir j'ai évidemment pris ma dose d'Ivan, pour tenir vous voyez. « Te recycler en perdante ? C’est une bonne idée. » Quoi ? Comment il ose me dire ça ? « Tu es entrain de remettre en cause les talents d'Akela ?  » Non parce que je trouve ça très méchant quand même. Il n'est même pas là pour se défendre le pauvre. Il me laisse commencer, d'accord. Je place le triangle et me concentre. « Tu veux que je te prépare le spécial India, avant que tu ne martyrises ce pauvre tapis ? » Je vois, il essaye de me saouler, non mais d'accord s'il pense qu'li pourra me battre. « Avec plaisir... Je suis encore meilleure alcoolisée.  » Et là j'ai conscience de passer pour ce que je ne suis pas mais ça n'a pas d'importance. Je lance et ... trois billes entrent. « Yeeeeeeeah ! » Je crie, je saute, oui mais tout va bien, j'ai réussi. Du coup c'est encore à moi mais je crois que je suis un peu trop confiante parce que je manque mon tire. « Trois c'est déjà bien.  » Je pourrais presque lui tirer la langue mais je m'abstiens.

« Hum, non je n'ai aucune origine espagnole à ma connaissance.  » D’origines espagnoles ? Pourquoi elle me parle de ça ? Oh bah probablement que cette Inquisition est espagnole alors. D’accord. Bref je lui confie donc mes activités précédentes qui auraient menées à mon retard. Du bouche à bouche à Aliénor pour lui sauver la vie. « Oh normal, j'espère qu'elle va mieux maintenant.  » J’hoche la tête. « Oui bien mieux, sa vie n’est plus en danger. On peut dire merci super Lewis. » Comme si elle l’avait réellement été à un moment donné ou un autre. Pas dans ce jeu en tout cas. Pas aux dernières nouvelles. Elle me la joue ensuite super forte au billard tout ça, parce qu’elle s’est entrainé limite toutes les nuits avec Akela. Je la charrie forcément. « Tu es entrain de remettre en cause les talents d'Akela ?  » Tout de suite. « Du tout. Mais un bon coach ne fait pas tout. Je pourrais avoir Jimmy Connors en entraineur, cela ne ferait pas pour autant de moi un pro du tennis, tu vois. » Il faut être doué aussi. Bref, je lui propose un verre. Rien de bien méchant, mais bon moi j’ai soif, alors. Je pourrais préparer justement le spécial India. Le fameux, celui qui porte son nom. Que j’ai confectionné lors de notre soirée la dernière fois. D’ailleurs c’était quand ? Cela me semble il y a une éternité. Il s’en est passé des choses depuis. « Avec plaisir... Je suis encore meilleure alcoolisée.  » Bien sur. On est tous plus adroit une fois alcoolisé, c’est bien connu. Je passe derrière le bar, sors les alcools, deux verres, et commence à préparer le tout. Pendant ce temps India casse, et trois boules rentrent. Elle crie victorieuse. Hm mouais. Elle rate le coup d’après. « Ouais, enfin t’as mis des rouges et des jaunes. » Minimisons la chose. Deux rouges, une jaune, donc bon, elle en a mit une pour moi aussi. Puisqu’on joue au billard anglais. Puis c’était un coup chanceux de toute façon. Comme elle a ensuite tenté de viser les rouges, moi ça sera les jaunes alors. Je termine les cocktails, avant de d’en boire une gorgée, de donner son verre à India, et de poser le mien sur le rebord. Avant de me placer, pour jouer. Je me concentre, vise. Et ça rentre. Le deuxième coup par contre est raté. « Dis-moi…Vous allez faire comment dehors, toi et Ivan ? Vous allez habiter ensemble…ou ? »

« Oui bien mieux, sa vie n’est plus en danger. On peut dire merci super Lewis. » Oh je suis contente pour Aliénor, c'est bien pour elle. La pauvre, ce serait dommage qu'il lui arrive quelque chose ici. Elle est adorable comme tout.  « C'est une bonne nouvelle... J'espère qu'elle t'a remercié comme il se doit ! Il ne manquerait plus que ça, quand même. Bon, super Lewis c'est peut être un peu présomptueux alors qu'il a simplement embrassé sa copine mais après tout je n'ai jamais été du genre à vexer les gens. Je suis connue pour être une gentille fille, et c'est ce que je suis une gentille fille. En tout cas il n'a pas l'air de me prendre au sérieux lorsque je lui assure être une pro du billard. « Du tout. Mais un bon coach ne fait pas tout. Je pourrais avoir Jimmy Connors en entraineur, cela ne ferait pas pour autant de moi un pro du tennis, tu vois. » C'est sûr, je recule légèrement pour pouvoir l'observer comme si c'était la première fois.  « Tu ne cours pas assez c'est vrai...  » Je l'attends toujours en tout cas, il faut dire que s'il ne se levait pas à midi forcément peut être que je le rencontrerais, bref, ce n'est pas la question. Il me propose de me préparer le cocktail que j'ai goûté lorsque... il y a pas mal de temps à vrai dire et à cause du baiser ça aurait pu mal se finir me connaissait. Bref. En tout cas je casse mais je ne suis même pas sûre de savoir ce qu'il faut faire, je ne sais pas qui a caché les billes de billard de couleur mais bon, je tire, des boules rentrent alors je suis contente moi. « Ouais, enfin t’as mis des rouges et des jaunes. » Hum, oui et alors ?  « C'est toi qui est venu dérober les vraies billes c'est ça ? Tu sais les billes pour les adultes avec les couleurs, les chiffres ? Le vrai billard !  » Quoi je le taquine ? Non mais c'est que je ne me suis pas entraîné là dessus. Absolument pas, je n'ai jamais vu ce genre de billard avant de venir ici d'ailleurs mais bon, moi qui pensais que les Etats-Unis dominaient le monde il faut croire que non. J'attrape mon verre en tout cas et je le regarde jouer. Oui bon pas si mal. C'est bon quand même ce truc. « Dis-moi…Vous allez faire comment dehors, toi et Ivan ? Vous allez habiter ensemble…ou ? » La question qui tue. Je manque d'avaler de travers. Je pose mon verre ce sera mieux.  « Je... Je n'en ai pas la moindre idée... Je ne suis pas sûr qu'on ait plus d'avenir que...  » Que lui et Aliénor, mais bon je n'ai pas vraiment envie d'y penser. Je suis sûr qu'il est persuadé qu'il ne pourra pas me rendre heureuse, il est assez têtu.  « Tu crois que tu peux m'en refaire un ? » J'ai vidé tout mon verre sans même m'en être rendu compte. C'est bon aussi ce truc.

« C 'est une bonne nouvelle... J'espère qu'elle t'a remercié comme il se doit ! Je tourne la tête de gauche à droite, en mode blasé. « Même pas, quelle ingrate ! » La vilaine, franchement, après ce que j’ai fais pour elle. Si la production n’a pas a déploré son premier décès dans le jeu, c’est entièrement grâce à moi. Bon et sinon, il m’arrive de dire des trucs sérieux parfois, je vous jure. Ils sont moins nombreux que toutes les conneries que je peux sortir, mais oui oui, ça se produit parfois. Je peux dire des choses censées. On parle de coaching tout ça, que ça ne fait pas forcément tout avoir un bon entraineur. Ça aide certes, mais il faut aussi être un bon élève. « Tu ne cours pas assez c'est vrai...  » Pff n’importe quoi. «  Je t’ai attendu toutes les après midi, t’es jamais venue ! » Oui parce qu’on devait courir ensemble mais bon, on a un emploi du temps compliqué vous voyez. Pendant qu’elle courre, moi je dors. Enfin on a pu le faire un ou deux fois, mais c’est tout. Bref, on commence la partie de billard. Elle m’a l’air toute heureuse d’avoir mis trois boules, mais bon je freine ses ardeurs. « C'est toi qui est venu dérober les vraies billes c'est ça ? Tu sais les billes pour les adultes avec les couleurs, les chiffres ? Le vrai billard !  » Tout de suite ça va être de la faute du billard. C’est vrai que je préfère le billard américain. Hm en même temps j’ai envie de dire, normal. Mais bon c’est un peu kiff kiff, celui là aussi est pas mal. De toute façon le concept reste le même, mettre les boules dans un trou. « Hm regardez là, si elle perd elle va blâmer le billard. Je sens la mauvaise foi pointer. » Oui parce que cela reste de l’adresse, et la couleur des boules ne changent pas grand-chose. Bref, je lui ai confectionné son cocktail, l’est pas mal quand même. J’ai surement bien fait vu la question qui arrive. Elle n’a peut être pas envie de penser à ça et tout c’est vrai, mais bon je peux pas m’empêcher de demander quand même. Après tout, d’une manière égoïste sa réponse m’intéresse aussi. Parce qu’on est un peu dans la même situation. « Je... Je n'en ai pas la moindre idée... Je ne suis pas sûr qu'on ait plus d'avenir que... » Hm. « Que moi et Aliénor, tu peux le dire. » Aussi déprimant soit il. Ça va, ce n’est pas comme si on se voilait la face. On est parfaitement au courant que notre avenir en tant que couple est très assombri. D’ailleurs couple…Je ne suis pas sur qu’on puisse nous qualifier comme ça aujourd’hui, mais une chose est certaine, on ne le deviendra probablement pas une fois à l’extérieur. A moins d’un miracle. Et puis regardez, si même India, pense que c’est mort avec Ivan, alors… Comment voulez vous que nous ça puisse réussir ? « Je te fais ça de suite ! » Elle a déjà terminé le verre que je lui ai donné. C’est une rapide. « Si t’es pas sure pour toi et Ivan, c’est qu’il y a de l’espoir… » Je vois les chose comme ça. « De toute façon, je vois mal comment vous ne pourrez pas finir ensemble et couler des jours heureux…Vous êtes tellement accro l’un à l’autre. » Tellement que ça en ai parfois inquiétant. Des fois j’ai l’impression qu’ils jouent leur vie. Je ne sais pas si c’est sain d’avoir autant besoin d’une personne. « Vous trouverez une solution. » J’ai foi en leur amour. Peut être parce qu'à mes yeux, l'un ou l'autre seraient capables de déménager pour un continent différent, rien que pour ne pas être séparés. « Tiens. » Je lui sers un nouveau verre.

« Même pas, quelle ingrate ! » Je prends un air outré, comment elle a pu ne pas le remercier ? Il lui a quand même sauvé la vie. « C'est fou ça, elle aurait pu se rendre compte de la chance qu'elle a eu de tomber sur toi à ce moment là.  » C'est triste quand même pauvre Lewis, il lui a quand même sauvé la vie. Enfin bon, on change de sujet, un sujet tout à fait sérieux, l’entraîneur de choc que j'ai eu, à savoir Akela. Enfin on ne s'est pas vraiment entraîné mais comme on a passé pas mal de temps ensemble dans cette pièce parce qu'on ne parvenait pas à trouver le sommeil, je me dis que ça compte. Mais Lewis ne peut pas être un bon joueur de tennis, il ne court pas assez. Il manque donc d'endurance, c'est prouvé. « Je t’ai attendu toutes les après midi, t’es jamais venue ! » Je pose mes mains de chaque côté de ma taille, non mais je rêve, il a osé dire ça ? « C'est normal, c'est à neuf heures que je suis entrain de courir, le matin c'est la remise en forme et l'après midi c'est réservé à Ivan. Je suis désolée j'ai un planning serré...  » Et oui parce qu'on est débordé ici c'est bien connu. Et puis parce que je ne peux pas faire autrement que passer tout mon temps avec Ivan. Je suis libre le matin après tout. Mais j'ai beau réussir mon coup au billard je ne suis pas du tout d'accord de jouer à cette version, ça me perturbe pas mal. Je veux dire, tous mes repères se retrouvent chamboulés, il ne faut pas oublier que je suis du genre à paniquer pour rien, à être facilement perturbée. J'ai beau être en meilleur état qu'à mon arrivée, je ne suis pas totalement "guéri". « Hm regardez là, si elle perd elle va blâmer le billard. Je sens la mauvaise foi pointer. » Il est horrible de dire ça, non mais je ne suis jamais de mauvaise foi. C'est bien mal me connaître. « N'importe quoi, j'assume toujours !  » Je n'accuse pas les autres, je prends les fautes sur moi-même. Enfin la discussion change rapidement de cap et je ne sais pas trop si c'était une bonne idée, je n'ai pas vraiment envie de penser à ça parce que ça me fait déprimer. Je ne sais pas si on a un avenir Ivan et moi mais je n'ai pas envie de l'admettre, je ne peux pas. Parce que j'aimerais y croire, parce qu'on ne pas finir comme ça, à cause de la fin d'une émission de télé, d'un jeu, ce n'est pas un jeu. Notre relation est sincère, mes sentiments pour lui sont vrais, ça doit durer. « Que moi et Aliénor, tu peux le dire. » Je grimace légèrement. Je n'ai pas envie de le dire aussi, parce que je n'ai pas envie d'y penser. « Sauf que c'est différent de l'admettre... » J'en suis incapable. Je ne sais pas du tout comment il peut faire. Je n'en serais pas capable, c'est un coup à me détruire ce genre de choses. Je lui demande un nouveau verre, j'ai incroyablement soif aujourd'hui. « Si t’es pas sure pour toi et Ivan, c’est qu’il y a de l’espoir… De toute façon, je vois mal comment vous ne pourrez pas finir ensemble et couler des jours heureux…Vous êtes tellement accro l’un à l’autre. » Il est adorable, ça me touche vraiment beaucoup ce qu'il me dit. Il aurait très bien pu dire que j'étais stupide de m'être accrochée autant, mais je comprends qu'il ne puisse pas comprendre, c'est normal, je ne suis pas sûre de comprendre non plus. « Vous trouverez une solution. » J'attrape le verre qu'il me tend et je le pose sur le rebord de la table et m'approche de lui sans rien dire je passe mes bras autour de son cou, ouais un câlin pour le remercier. « Merci d'y croire. J'espère juste que tu as raison... » Je lui rends sa liberté quand même, il ne faut pas qu'on s'imagine des choses et puis bref. J'attrape mon verre et sirote une gorgée. « Je ne sais pas comment tu fais toi... ça a l'air simple en te regardant.  » Je ne sais pas si je fais bien d'en parler mais après tout il m'a posé la question. « Tu sais ce que tu vas faire toi en rentrant ?  » Oui parce que je suppose qu'il va rentrer chez lui, lui aussi. Ça me semble logique.

« C'est fou ça, elle aurait pu se rendre compte de la chance qu'elle a eu de tomber sur toi à ce moment là.  » Et non même pas. Bon je pense qu’il serait préférable de s’arrêter là sur le sujet. C’est que j’ai tendance à contaminer les gens avec mes conneries, on peut taper la discut sur des faits complètement inventés. Elle évoque ensuite le jogging, que je ne cours pas assez tout ça. Oh si je cours, juste pas à la même heure qu’elle, c’est tout. Pourtant j’aurais bien aimé, mais non, jamais dispo la cocotte. « C'est normal, c'est à neuf heures que je suis entrain de courir, le matin c'est la remise en forme et l'après midi c'est réservé à Ivan. Je suis désolée j'ai un planning serré...  » Pfff. « Et même pas une petite heure à m’accorder, y en a que pour lui. » Non mais c’est vrai ça. Moi est ce que je suis collé à Aliénor toute la journée ? Non. Ce qui ne nous empêche pas d’être souvent ensemble ceci dit, mais clairement pas autant que les deux tourtereaux là. En même temps ça se voit qu’Ivan est revenu clairement que pour elle. Nous autres on pourrait ne pas être là, ça serait pareil. On commence donc la partie de billard. Sauf que mademoiselle râle, parce que les boules n’ont pas les motifs qu’elle voudrait. C’est terrible. Mais bon on ne va pas changer de table maintenant, c’est trop tard. Elle n’avait qu’à protester avant le début de la partie. Tant pis pour elle. Bref, on part sur un sujet un peu plus sensible. C’est de ma faute, mais bon, faut bien l’évoquer à un moment donné ou un autre non ? L’autre fois je l’ai évité m’enfin là…Puis ça, elle va bien survivre à une conversation. En plus je lui ai concocté son cocktail préféré (oui parce qu’il est devenu son préféré évidemment). Apparemment, elle a du mal à admettre la situation. Mais ce n’est peut être pas plus mal. Je veux dire moi je vois ça limite comme une bonne chose. C’est qu’elle n’est pas prête à l’accepter. Que du coup elle fera peut être tout pour que ça n’arrive pas. J’ai envie d’y voir de l’espoir. Parce que si eux, leur relation doit finir de matière brutale, ça ne laisse plus beaucoup d’espoir pour nous autres. India me donne alors un câlin. Oh. Je sais que ce n’est pas trop son genre en plus les câlins tout ça. Enfin mis à part avec Ivan. Elle me remercie d’y croire. « T’as de la chance, il se trouve que j’ai toujours raison en plus. » Mouais, en fait j’ai plus souvent tort que raison, mais chut. Vaudrait mieux pas qu’elle le sache. « Je ne sais pas comment tu fais toi…_ça a l’air simple en te regardant. » J’avoue que j’ai cette propension à encaisser les coups durs plutôt bien. En apparence en tout cas. « Je ne sais pas…Peut être parce que j’ai une vision différente des choses. Je sais à quel point notre vie peut basculer du jour au lendemain…Je vis au jour le jour. Je suis juste reconnaissant des bonnes choses qui peuvent m’arriver. Je ne veux pas gacher ça en pensant aux potentielles mauvaises qui arriveront. Sinon je baderais toute la journée. » Parce que bon, ces mauvaises choses elles arriveront. Surtout quant on me connait. Du coup je préfère me focaliser sur le positif. C’est la meilleure chose à faire. « Je n’ai pas envie d’avoir à quitter Aliénor, ça craint un max… » Plus que ça même. « Mais bon, je m’estime déjà heureux de l’avoir rencontré, d’avoir pu vivre ces moments là avec elle, et encore aujourd’hui. Moi je trouve que je suis chanceux. » Et un Lewis chanceux, ça n’arrive pas tous les jours, sachez le. Inda souhaite savoir ce que je compte faire en rentrant. « Hm organiser une big fête pour mon retour. Enfin j’espère que l’on me l’aura préparé. » Oui quand même. Je veux limite la fête du siècle. « Mais sinon je vais retrouver ma vie. Mes potes, ma famille. Kiffer ma petite notoriété tant que ça dure. » Oui parce que moi je sens que je vais en profiter. Et pas tenter de me faire oublier à tout prix comme certains. « Peut être que trouver un job sera plus facile…Que de nouvelles portes s’ouvriront à moi, j’sais pas. C’est quand même excitant tout ça ! » Il n’y qu’a que la séparation avec les autres candidats le seul point d’ombre. Sinon je suis excité par tout ce qui peut m’attendre à l’extérieur. « Et toi ? »

Oui bon c'est une bonne idée si on arrêtait de dire des bêtises au sujet d'Aliénor, la pauvre en plus elle n'a rien fait de grave. Mais bon on plaisante, et puis il n'y a rien de grave là dedans. Non mais c'est bien de se détendre et de savoir qu'on peut parler sans gravité. Enfin je persiste à dire qu'il ne court pas assez, enfin on ne court pas en même temps surtout. Puisque moi je cours le matin pour pouvoir consacrer l'après midi à Ivan, la plupart du temps on se contente de rester ensemble sans rien faire de spécial mais on est ensemble c'est tout. La fin se fait sentir, que ce soit cette semaine ou la semaine prochaine ça arrivera vite autant en profiter le plus possible. « Et même pas une petite heure à m’accorder, y en a que pour lui. » Je rêve, il n’exagérerait pas un tout petit peu ? « Je ne avec toi là non ? Bon alors, arrête de te plaindre un peu, et puis si tu n'étais pas un lève tard on pourrait passer toute la matinée ensemble... » Je lui tire un peu la langue. En tout cas moi je n'aime pas particulièrement la couleur des boules. Je n'aime pas devoir jouer avec des règles que je ne maîtrise même pas. Je suppose qu'il fait lancer les boules dans les trous, ça reste du billard mais je ne sais pas exactement ce qu'il faut faire. En tout cas je n'aime pas et voilà c'est tout. Je le dit mais je ne vais pas me plaindre si je perds, ça n'a pas la moindre importance. De toute façon il en vient à évoquer un sujet que j'aurais préféré oublier mais bon, je suppose que c'est normal qu'il se pose la question, surtout qu'il est plutôt adorable quand il me parle de ma relation avec Ivan, je suis tellement touchée que je lui fais un câlin, pour le remercier. « T’as de la chance, il se trouve que j’ai toujours raison en plus. » Je ris assez spontanément. « Tu as plutôt intérêt.  » Je plaisante, mais j'aimerais bien y croire quand même. Et quelque part j'y crois oui, c'est vrai même si c'est difficile à se dire qu'on va trouver un solution parce que ça me semble assez dur. En tout cas je lui dis qu'il a l'air de tout accepter assez facilement et je l'envie dans un sens. Je n'arrive pas à faire la part des choses. Même si je trouve que cette semaine je gère mieux que je pouvais le penser et j'écoute ce qu'il me dit et je ne peux pas m'empêcher de me pincer les lèvres lorsqu'il dit que notre vie peut basculer à tout moment et je suis très bien placée pour le savoir. Un jour j'étais mariée, maman et super heureuse et le lendemain j'étais veuve et plus maman, totalement seule. Mais justement je me dise que d'avoir rencontrer Ivan c'était inespéré. Et je ne peux pas agir comme lui, prendre ce qu'il passe et attendre qu'un autre truc arrive. Rien ne m'arrive jamais. « Je n’ai pas envie d’avoir à quitter Aliénor, ça craint un max… Mais bon, je m’estime déjà heureux de l’avoir rencontré, d’avoir pu vivre ces moments là avec elle, et encore aujourd’hui. Moi je trouve que je suis chanceux. » Oui bon je comprends ça aussi, c'est normal mais bon, je ne peux pas être aussi positif que lui. « Je suis d'accord, c'est bien d'être reconnaissant, et je comprends ce que tu dis, je comprends pourquoi tu penses de cette façon mais me résigner comme tu le fais ? Je ne même pas l'imaginer. » Je secoue la tête assez sûre de moi. « Je ne peux pas quiter Ivan et être reconnaissante parce que ça a été horrible de le partager avec un autre, de le voir partir alors que je venais à peine de le retrouver, parce que je sais ce que ça me fait quand il n'est pas là et je n'ai aucune envie d'être dans cet état à nouveau. Je ne peux pas le laisser partir alors qu'il est là pour moi, je ne peux pas... » Même si c'est bien beau de dire ça à Lewis, je ne suis pas sûre de pouvoir le dire à Ivan, je ne suis pas sûre de savoir ce que je peux faire pour qu'on ne soit pas séparés. En tout cas je l'écoute me parler de ses projets. L'idée de la fête me fait sourire. C'est plutôt agréable de voir qu'il va profiter de cette émission, du succès qu'il peut avoir et tout ça. En tout cas la notoriété je lui laisse volontiers. « De toute façon je suis certaine que tu dois avoir déjà un fan club énorme dehors, des sites officiels et tout ça.  » Il mériterait au moins ça. Et puis il doit avoir un sacré succès auprès de la gente féminine. C'est même certain, il est super gentil et tout ça. Il est drôle en plus, j'espère pour lui que ça va fonctionner pour lui à l'extérieur. « Peut être qu'ils vont te proposer une émission rien qu'à toi, un truc drôle et sympa à ton image...  » En tout cas si c'est ce qu'il veut c'est tout ce que je lui souhaite moi mais sincèrement. Quant à moi je n'en ai pas la moindre idée, vraiment pas. « Je ne sais pas, j'aimerais bien me faire oublier moi tu vois, retourner dans l'anonymat, c'est tout ce que je sais pour l'instant...  » Je ne sais pas, ça dépendra. J'ai tellement envie de ne pas retourner à ma vie seule, je n'ai plus vraiment envie d'être seule. Je ne demande pas grand chose, simplement ne pas être seule. « On verra bien...  »

« Je suis avec toi là non ? Bon alors, arrête de te plaindre un peu, et puis si tu n'étais pas un lève tard on pourrait passer toute la matinée ensemble... » On parlait de courir en après midi. « Je me plains si je veux d’abord. » Que je réplique en mode boudeur. Ouais, je fais ce que je veux, na ! « Et puis je t’adore mais je suis désolé, j’aime encore plus mes grass mat’. » Et oui c’est comme ça. Pas question de changer mes habitudes. J’aime trop dormir moi. Bon évidemment, exceptionnellement, je pourrais me lever plus tôt tout ça, pour une occasion spéciale. Genre je l’ai bien fait pour apporter le petit dej’ au lit à ma partenaire. Mais c’est occasionnel. Hors de question d’être debout aux aurores tous les matins pour aller courir avec India. On évoque ensuite, enfin c’est plutôt moi qui l’évoque, sa relation avec Ivan. L’après FL. Je me renseigne, voulant savoir s’ils ont des projets d’emménager ensemble ou quoi. A priori non. Elle me demande moi comment je fais pour avoir l’air aussi ok avec toute cette situation. La séparation avec Aliénor. Je lui expose donc mon point de vue. « Je suis d'accord, c'est bien d'être reconnaissant, et je comprends ce que tu dis, je comprends pourquoi tu penses de cette façon mais me résigner comme tu le fais ? Je ne peux même pas l'imaginer. » Ce n’est pas forcément une mauvaise chose. « Je suis juste réaliste. Il n’y a qu’une seule solution pour qu’on ait une chance, c’est que l’un de nous deux déménage sur un autre continent. Et ça n’arrivera pas. Donc… » C’est vite vu. «Je ne peux pas quiter Ivan et être reconnaissante parce que ça a été horrible de le partager avec un autre, de le voir partir alors que je venais à peine de le retrouver, parce que je sais ce que ça me fait quand il n'est pas là et je n'ai aucune envie d'être dans cet état à nouveau. Je ne peux pas le laisser partir alors qu'il est là pour moi, je ne peux pas... » Hm j’aurais envie cette fois de la prendre dans mes bras. Mais je me retiens. Je comprends qu’elle ait plus de mal que moi avec cette situation. Parce que ce qu’elle ressent pour Ivan c’est puissance mille. J’ai limite l’impression qu’il est toute sa vie maintenant. Faut dire que c’est différent, il l’a aidé à remonter la pente. A aimer de nouveau. S’ouvrir. Après la tragédie qu’elle a vécue. « Tu ne peux pas le laisser partir, au point d’être prête à t’installer en Angleterre ? » Là est toute la question. Il suffit de savoir ce qu’elle est prête à sacrifier pour lui. Bref elle me demande ce que je vais faire une fois dehors, de retour chez moi. A Seattle. La fêeeeete ! La fête du siècle, y a intérêt. Et puis profiter un peu de ma notoriété quand même. Que ça serve un minimum. « De toute façon je suis certaine que tu dois avoir déjà un fan club énorme dehors, des sites officiels et tout ça.  » Ah oui ? « J’sais pas, mais ça serait excellent ! » Genre je tape mon nom sur internet, et paf, des sites à mon effigie. « Peut être qu'ils vont te proposer une émission rien qu'à toi, un truc drôle et sympa à ton image...  » Mouais, j’ai des doutes quand même. « T’sais que moi, j’ai toujours voulu faire parti des Jackass ! » Quelle ambition je sais. India elle, contrairement à moi veut retourner dans l’anonymat. « C’est quand même bizarre n’empêche, vous êtes nombreux à souhaiter vous faire oublier une fois le jeu finit ! Alors que vous êtes quand même venu vous faire filmer 24h/24 durant des mois. Assez paradoxal. » Normalement c’est qu’on est quand même attiré par la notoriété tout ça. Puisque c’est ce qui nous attend au bout. Et pourtant.