J’ai eu une matinée assez étrange aujourd’hui. Des gens dans la rue m’ont regardé de travers. Bon cela arrive souvent, qu’il y ait des messes basses, qu’on me pointe du doigt et tout. Dans le genre, han regardes, ça serait pas la fille de l’émission de téléréalité la ? Mais si, Sun…Sun quelque chose ! Depuis que j’ai participé à Fake Lover, on me reconnait dans la rue oui. Les plus courageux m’abordent. Mais ils sont toujours très gentils. Bon il y a bien de temps en temps quelques personnes désagréables, mais c’est plutôt rare. Dans l’ensemble, ils sont toujours polis et respectueux envers moi, je ne suis pas gênée. Mais là…Malgré mes problèmes d’audition, j’aurais juré en avoir entendu un me traiter de trainée. Et d’autres me faire des regards désapprobateurs. Bah, je suis peut être juste parano. Sauf que j’ai finalement reçu un SMS d’une pote, qui me demande d’aller acheter OK! Un magazine people. Bizarre. Un deuxième SMS, pareil. Bah merde alors. Du coup je l’ai fais, je me suis rendu à un kiosque à journaux, et je l’ai acheté. Quelle ne fut pas ma surprise, lorsque j’ai vu mon nom en première de couverture, avec titré « Elle trompe Sega ! », avec photo à l’appui, de ma soit disant personne, en train d’embrasser à pleine bouche un mec. Sauf que ce n’est pas ma gueule, mais celle de ma sœur jumelle, Min. Han les salauds. Ils n’ont pas osé faire ça quand même ? Je n’en reviens pas. Bordel c’est évident que ce n’est pas moi ! Bon c’est vrai que là sur la photo, elle porte un bonnet, donc on ne peut pas voir nos deux coupes de cheveux différentes. Et puis elle me ressemble comme deux gouttes d’eau. Mais merde ! Comme si j’allais embrasser un autre type, en public, alors que je suis avec Sega. J’ai les nerfs. Des journalistes à deux balles. Ils ne vérifient jamais ? Ou alors ils l’ont fait exprès, juste pour faire plus de sensationnel. Ah, voilà que je reçois justement un coup de fil de mon double. « Tu l’as vu ? » Elle aussi est au courant. Les nouvelles vont très vite. « Evidemment que je l’ai vu ! C’est n’importe quoi. » Je te jure. « Je suis désolée. Ils ont du se planquer, je n’avais pas vu les objectifs, j’aurais fais plus attention sinon. Les batards je te jure ! Si tu ne portes pas plainte, c’est moi qui le fais ! » Porter plainte ? Cela ne m’ait même pas venu à l’esprit. Mais c’est vrai que souvent les célébrités accusent en diffamation les magasines, ou quoi, et dans le numéro d’après, t’as les excuses publiées dans le tabloid. Sans parler qu’ils doivent se faire du pognon, je sais pas. Mais comme je n’ai pas l’impression d’être une célébrité. Tout au plus une personne avec une petite notoriété. « Ne t’en fais pas, ce n’est pas ta faute. Tu n’as pas à t’excuser de vivre ta vie. » La conversation a duré quelques minutes de plus. J’ai convaincu ma sœur de ne pas porter plainte, ne pas se lancer là dedans. Je vais juste exiger qu’ils rétablissent la vérité, pas besoin d’aller plus loin. Je m’en fou du fric. Puis après on a discuté de sa nouvelle conquête, tout ça. Un type qu’elle aime beaucoup apparemment, alors je suis heureuse pour elle. Après avoir raccroché le téléphone, ça allait mieux. Cette histoire m’embête, m’enfin, ce n’est pas non plus la fin du monde. De toute façon je ne suis pas inquiète vis-à-vis de Sega. Comme s’il allait croire à ce torchon. Certes, il lui ait déjà arrivé de me confondre avec Min (en même temps, même mes parents se trompent alors…), mais là c’est différent. De toute façon, je le vois cet aprèm. Il vient à Londres. Alors ce n’est pas ce tabloïd de merde qui va gâcher ma joie de sa venue, non non. Je me préparais à aller le retrouver à la gare, lorsque quelqu’un toque à ma porte. Quelle n’ai pas ma surprise lorsque j’aperçois la tête de… « Sega ?! Mais qu’est ce que tu fais là ? » Je ne sais pas mais en tout cas je l’embrasse direct, tant je suis heureuse de le voir. « Je croyais que ton train devait arriver à 19h ? Ne me dit pas que je me suis trompée dans les horaires ? » Pourtant j’étais sure de l’avoir bien marqué. Je le fais entrer dans l’appart, il va pas rester avec sa valise sur le paillasson quand même. « Ça va ? » C’est moi où il m’a l’air un peu bizarre ?

Ce matin, j'me suis réveillé en sursaut. Plus que ça encore, j'me suis réveillé en sueur. Berk. C'est bien la première fois que ça m'arrive. A part peut-être les fois où j'ai eu de la fièvre mais ça, ça ne compte pas puisque ce matin j'avais pas de fièvre. Non. J'ai juste dû faire un horrible cauchemar. Du coup, j'me suis levé du pied gauche. J'avais cette impression qu'aujourd'hui, ça allait être une journée de merde. Et c'était peu dire puisqu'en sirotant mon café, j'ai reçu un appel qui ne m'a pas fait du tout plaisir. Mon ancienne prof, celle qui m'a fait tant de mal, porte plainte contre moi. Soit disant, j'aurai inventé de toute pièce mon histoire, mon secret. La blague. Elle n'assume même pas ses actes. J'ai franchement envie que cette femme finisse en prison. C'est une ordure. Une pourriture. Seul soulagement pour moi, suite à la révélation de mon secret dans Fake Lover, elle s'est faite virée de ses fonctions. Pas tant une satisfaction pour avoir ruiné sa carrière mais plutôt pour ses autres élèves et particulièrement pour ceux qui ont peut-être été son esclave sexuel tout comme moi. Déjà une victoire. Mais ça n'empêche que je suis sacrément dans la merde avec ce procès. J'me dis que cette nana peut pas l'emporter. Non. Je crois encore qu'il y a une justice dans ce monde. Du moins, je l'espère. Je ne suis plus très sûr à vrai dire. Ma seule satisfaction c'est de retrouver Sun-Hi dans quelques heures et de me blottir contre ses bras pour qu'elle me rassure quant à tout ça et qu'elle me dise que tout va bien se terminer. J'dois la rejoindre à Londres. C'est la deuxième fois que je vais la voir. Elle est venue plus de fois à Paris mais qu'importe. On finit toujours par se retrouver, c'est l'essentiel. Oh et me voilà bien assez vite dans les transports en commun. J'ai vraiment hâte de la serrer dans mes bras, de la sentir, de l'embrasser. Je ne pense plus qu'à ça. Sun-Hi égaillera ma journée. C'est une certitude. [...] Suite à une sieste des plus reposantes, me voilà débarquant dans la gare de Londres. Si jusqu'à là, j'avais pas été embêté par la foule, ce n'est à présent plus le cas. Tout le monde me regarde. Plus que d'habitude. J'me sens épié. Et je marche de plus en plus vite, me disant que je dois être parano. Mais non. Une personne me tape sur l'épaule. Gné ? Et une autre me dit qu'elle est désolée pour moi. Désolé de quoi, bon sang ?! Me dites pas que tout le monde est au courant pour mon ancienne prof qui porte plainte contre moi ? Je trouve ça bizarre. Mon avocat m'a certifié ce matin que personne ne serait au courant de cette affaire. Il est bon et il dit pas de la merde Maître Guacamole habituellement. Donc je comprends vraiment pas pourquoi les gens agissent comme ça. Maintenant, c'est des jeunes qui se foutent de moi. Ils rigolent devant ma tronche. Bon, ok, j'ai compris, j'ai un énorme bouton sur le nez ou j'ai mis ma chemise à l'envers ! Direction les toilettes de la gare. Un miroir. Vite ! J'examine tout ça mais rien d'alarmant. Un trentenaire s'adresse alors à moi alors qu'il se lave les mains.« Moi aussi ma copine m'a fait cocu. C'était vraiment dure à encaisser. Le pire, c'est que j'allais la demander en mariage. » Oh là là mais pourquoi il me raconte ses malheurs c'lui-là. Qu'est-ce que j'en ai à fo... « Cocu ? Comment ça cocu ? » Euh.. il a bien dit "moi aussi" et "cocu" dans la même phrase ? J'ai pas rêvé ?! « Vous.. bah votre ex-copine, l'asiatique. Sun-hié ? » SUN-HI BORDEL ! Je crois que je deviens tout rouge en une fraction de seconde. Je pense comprendre ce qu'il se  passe et en même temps, je comprends rien. Où est la caméra caché ? Et oh ! Ça suffit les conneries ! Et là, le mec me tend de sa sacoche un journal qui a pour gros titre « Elle trompe Sega ! ». Mes yeux se braquent sur la photo. Sun-Hi embrasse un autre mec que moi. Whaou. Je suis juste choqué. Le mec continue à me parler mais j'entends rien. Je visualise dans ma tête les plus belles images de mon histoire avec la coréenne, comme si celle-ci venait de mourir. Ce n'est pas le cas. Non. J'peux pas retourner en France maintenant. Sun-Hi me doit des explications. Ni une, ni deux, j'me retrouve dehors dans un taxi. J'engueule le chauffeur parce qu'il ne va pas assez vite. Je crois que je suis énervé. Oui. Je ne suis plus triste mais énervé. Et c'est d'ailleurs ainsi que je toque à la porte de chez Sun-Hi. Cette dernière semble surprise de me voir. Effectivement, je lui avais dis que mon train n'arrivait qu'à 19h pour avoir le temps d'aller lui acheter des fleurs. Ces fleurs, je les ai bien achetées avant de prendre le taxi. Des roses jaunes, signe d’infidélité. Mais au lieu de lui donner en main propre, je les jettes à ses pieds en franchissant le paillasson. « Tu me demandes si ça va ? Toute la ville, que dis-je, le pays entier voire les 7 milliards d'habitants de ce monde sont au courant que tu me trompes avec un autre mec et moi, comme un con, j'débarque à Londres dans le but de te serrer dans les bras, te dire que tu m'as terriblement manqué et que je suis amoureux de toi. Non, Sun-Hi, ça ne va pas. » Mes yeux brûlent de colère, j'arrive même pas à regarder les iris de la coréenne. Mon point d'attache : la porte. Je risque de la prendre très bientôt. En attendant, j'ai d'autres choses à dire avant que la demoiselle ne prenne la parole. « Tu pensais sérieusement que je n'allais pas être au courant ? Bon sang ! Tu comptais me le dire quand ? Je.. » Les larmes montent. Ma gorge se serre de plus en plus. « J'crois qu'on a plus rien à faire ensemble Sun-Hi. » J'me sens trahi. Humilié. Violé une seconde fois. Brisé. Ce matin, ce n'était pas le pire. Non, le pire était à venir.

Cette histoire de tabloïd mensonger m’embête. Si mes proches doivent bien savoir que ce n’est pas moi, tous ces inconnus qui vont le lire, vont me prendre pour une femme que je ne suis pas. Une meuf qui trompe son copain. On a beau dire, qu’on ne devrait pas se préoccuper de l’avis des autres, tout ça, mais mine de rien, je n’ai pas envie que les gens se mettent à me détester – peut importe que je ne les connaisse pas. On n’a pas envie de s’entendre traiter de trainée dans la rue. Heureusement Sega doit venir cet après midi, cela illuminera cette journée qui a mal commencée. Surtout qu’il n’est pas venu souvent à Londres, c’est seulement la deuxième fois. D’habitude c’est moi qui viens à Paris. Alors je suis toute excitée à l’idée de passer du temps avec lui. D’ailleurs, j’entends frapper à la porte, et surprise, il est là. On devait se retrouver à la gare, alors je ne m’attendais pas à tomber sur lui, sur le palier de mon appart. Sauf que tout de suite, je sens que quelque chose ne va pas. Et lorsqu’il se met à jeter rageusement les fleurs qu’il tenait en main au sol, mon excitation retombe immédiatement, comme un soufflet. Je suis choquée, qu’est ce qui lui prend ? Je le regarde avec de gros yeux ronds, interloquée par la situation. Je comprends bien vite l’origine du problème : ce foutu tabloïd. Je pensais qu’il comprendrait qu’il y avait eu méprise sur la situation. Pas un seul instant je m’étais dis qu’il pourrait réellement croire que c’est moi sur cette foutue photo. Bon sang ce que je suis naïve. Il se défoule sur moi. C’est la première fois que je le vois dans cet état. 7 milliards de personnes qui sont au courant, bien sur. Normalement, je resterais bloquée sur une information : il vient d’avouer qu’il est amoureux de moi. Depuis le temps que j’attends qu’il me l’avoue, je devrais être remplie de joie, sauf que la joie, c’est bien le dernier sentiment qui me traverse en ce moment. Non j’aurais plutôt envie de pleurer. Parce que ses propos sont blessants. Comment peut-il penser ça de moi ? Mais je ne vais pas pleurer non, pas maintenant. Parce que pour l’heure la colère prend le dessus sur la peine. Je referme violemment la porte d’entrée (mine de rien, on ne va pas continuer à gueuler la porte ouverte), même si les voisins doivent entendre quand même. « Ouais non mais t’as raison, je vois quelqu’un d’autre. Je ne savais pas comment te l’annoncer, alors je me suis dis que le meilleur moyen pour toi de l’apprendre c’était de m’afficher en public avec. Surpriiiiiise ! » Quel con. « D’ailleurs, j’aurais aimé que tu t’annonces, parce qu’il se cache dans la chambre là. » Bah oui il m’a prit par surprise, je devais aller le chercher à la gare n’est ce pas. Je n’ai pas eu le temps de virer mon amant. « T’es vraiment trop con ma parole. » Manquerait plus qu’il aille se mettre à chercher dans la chambre, ça ne m’étonnerait même plus là. « Pas une seule seconde tu t’ais dit que peut être, il y avait erreur sur la personne ?! Noooooon hein ! Sautons sur les conclusions hâtives, croyons ce ramassis de conneries plutôt que de faire confiance à sa copine. » Enfin copine hein, pour combien de temps ? Après tout il vient de dire qu’on n’avait plus rien à faire ensemble. « Je ne sais pas ce qui est le plus blessant, que tu ne saches même pas reconnaître ta petite amie, ou que tu me penses capable de faire une chose pareille. P’tain ! » Bon si je sais ce qui est le plus blessant, la deuxième. « Tu…Tu devrais t’en aller. » Parce que là je sens que les larmes veulent sortir, et que je pourrais craquer très bientôt.

Jamais je n'aurais pensé que Sun-Hi puisse me tromper. Je comprends vraiment pas. D'accord, la distance était dure à supporter et parfois intenable mais notre relation allait quand même très bien. Dès qu'on se retrouvait, c'était le nirvana. Et je parle pas seulement sur un plan sexuel. Non. J'en suis dingue de cette nana et j'crois que c'est pareil pour elle même si elle ne me l'a pas avoué ouvertement. Du moins, je croyais. Tous mes projets secret d'avenir avec elle sont parti en éclat à la vue de ce putain de journal de merde ! Et me voilà à présent face à elle, enragé, incapable de la regarder dans les yeux. Honteux. Trahi. Brisé. J'lui en veux. Terriblement. Et j'serai incapable à présent de lui pardonner cet acte. C'est trop. Beaucoup trop. Et encore, je ne dois pas être au courant de toute l'histoire avec ce mec. Si ça se trouve, ça fait un bon bout de temps qu'elle le fréquente. Elle a peut-être.. non, rien que d'y penser, ça me rend fou de rage. Je suis pas du genre jaloux mais là, elle a dépassée les limites et a brisé ma confiance. J'pourrai pas lui pardonner, c'est clair. Et autant que ça soit dit. On ferait mieux d'en rester là. J'veux plus entendre parler d'elle. Je m'apprête à quitter la pièce quand celle-ci ferme la porte violemment et commencer à parler, d'un ton tout aussi sec que moi. Elle paraît en colère. Je reste à mon tour interloqué. Chaque mot qu'elle ajoute me tue. Elle se vante de son amant. En plus, elle me dit qu'il est présent chez elle. Elle est sérieuse là ?! Je dois aller vérifier le placard et lui en coller une à ce connard ? Puis v'là qu'elle me traite de con. Ça c'est la meilleure ! Je m'apprête à lui crier dessus et la remettre à sa place une bonne fois pour toute quand elle m'annonce qu'il y a erreur sur la personne. Là, je reste sur le cul. Je dois la croire, vraiment ? Ou elle se moque de moi ? Merde ! Et là elle me dit que je sais pas la reconnaître. Je comprends plus rien. Elle essaye de m'embobiner là ? Ni une, ni deux, je sors de ma veste le journal que j'ai pris soin d'emporter, probablement histoire de me faire encore plus de mal. Je le pose sur la première table venu et je pointe le magazine et Sun-Hi qui embrasse l'autre mec. Putain ce que cette vision me fait mal ! Mais si il le faut, je suis prêt à lui coller le magazine sur la tronche pour qu'elle m'avoue sa connerie. Qu'elle assume au moins le fait de m'avoir trompé ! Merde !« Et là, c'est pas toi, peut-être ? » Pour la première fois, j'ose la regarder dans les yeux pour tenter de déceler le vérité. Mais j'y vois seulement des larmes. « Tu vas me dire que c'est un montage, c'est ça ? » Dans le bénéfice du doute, j'examine la photo une nouvelle fois afin de bien vérifier qu'il ne s'agit pas d'un montage. Non. Ça se voit quand même ! C'est Sun-Hi. Elle porte un bonnet mais elle reste reconnaissable. « Ou que c'est ton sosie ou ta.. » Oh merde ! Serais-ce Min, la sœur jumelle de Sun-Hi ? Putain, je l'avais complètement zappée celle-là. Pour le coup, je me mets à douter pour la première fois. Et si c'était ça ? Sun-Hi me regarde mais ne dis rien. Elle semble meurtri par toutes mes accusations. Oh bon sang ! Comment ais-je pu ne pas y penser plutôt ?! Elles se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Seul la coupe de cheveux les différencie et là, avec le bonnet, on ne peut faire la différence entre les deux asiatiques. « C'était Min, c'est ça ? » Ma voix s'adoucie tout à coup et mes mains se veulent tremblantes. J'me sens affreusement mal. Soulagé mais mal vis-à-vis de ce que j'ai pu dire. J'en suis sûr maintenant, j'me suis planté. C'était pas Sun-Hi sur ce foutu tabloïd.

Hier, j’attendais cette journée avec impatience. Aujourd’hui, je n’ai qu’une envie, qu’elle se termine au plus vite. Cette journée devait être merveilleuse. Je devais retrouver Sega, ses bras, son odeur, sa voix… Alors oui certes, je l’ai bel et bien retrouvé. Mais cela ne se passe absolument pas comme je me l’étais imaginé. Cela vire carrément au cauchemar. Ses premières paroles pour moi, sont de m’accuser de trahison. De l’avoir fait cocu devant le monde entier. Alors que s’il prenait le temps de réfléchir deux minutes, il saurait que dans le fond je ne suis pas capable de faire ça. Enfin…Je ne sais plus rien à vrai dire. A l’évidence, il ne me connait pas aussi bien que ça. Ses propos sont comme des coups de poignard, ils me blessent. Peut être tout autant que lui se croit blessé. Sauf que ce n’est que dans son imagination. En règle générale, je suis quelqu’un de douce et calme. Pas un mot plus haut que l’autre, tout ça. Mais quant on me blesse…C’est une toute autre histoire. Je suis sarcastique, je lui parle de mon amant caché dans le placard. Je vois que ça l’énerve encore plus. Qu’est ce qui l’empêche alors d’aller vérifier si je dis vrai ? Au point où on en est… Mais ce sont probablement mes prochaines paroles, comme quoi il y a erreur sur la personne. Là je dirais qu’il a l’impression que je me fou de sa gueule. D’ailleurs, il sort le tabloid de sa veste, et me le jette sous le nez. Merci, je l’ai déjà vu, pas besoin d’un rappel. « Et là, c'est pas toi, peut-être ? » La seule chose que je me contente de faire, c’est de le regarder, les yeux brillant de larmes. Je le laisse s’agiter tout seul. Peut être qu’il arrivera enfin à additionner 2+2. C’est alors que je pourrais presque percevoir la lumière se faire dans son cerveau. Alléluia ! Il a enfin comprit où je voulais en venir. Mais c’est un peu tard. Il me demande si c’est Min. J’ai un regain d’énervement. Houste les petites larmes, dégagez. « Nooon, tu crois ? » Toujours ce sarcasme. Mais il me permet de repousser un peu la peine. « Serait-il possible qu’il y a eu méprise sur la personne, et que ça soit ma sœur qui embrasse ce mec ? Hm je ne sais pas, ça me semble quand même plus probable que ça soit moi qui te trompe…Avec un mec…A la vue de tout le monde…Donc bon, à toi de me le dire. » En plus, si je devais le tromper, ça ne serait certainement pas avec un mec, mais une fille. Il est le seul qui m’intéresse de ce côté-là. Et en plus, je pense être un peu plus intelligente que ça, je ne le ferais pas dans la rue, complètement exposée. Non seulement il n’a pas confiance en moi, mais il me croit si stupide ? « Tu veux peut être qu’on l’appelle, pour que tu puisses décider qui croire hm ? » Que je lui demande en sortant mon portable de la poche. Après tout peut être a-t-il besoin d’une confirmation le bonhomme. Ou peut être devrais je lui fournir mon alibi, pour savoir où j’étais au moment du crime, et qu’il puisse ainsi se rendre compte, que cela ne pouvait pas être moi. Oui en ce moment Sega a le droit à une toute autre Sun-Hi. Qu’il n’a jamais eu affaire auparavant.

Franchement, je me demande comment j'ai pu être aussi naïf pour croire à ce foutu tabloïd mensonger ! Peut-être la fatigue, l'histoire de la plainte, ou.. non, je n'ai pas d'excuse. J'aurai dû comprendre qu'il s'agissait là d'une erreur ou d'une méprise. Je n'ai certainement pas autant confiance en Sun-Hi que je ne le pensais. C'est pas facile en même temps d'accorder une entière confiance à une personne et à défendre cette personne coûte que coûte malgré des preuves accablantes. Et j'crois que c'est ça qui a joué dans la balance. Plus le fait que des inconnus se soient permis de me juger et de m'humilier. Ouais, je m'suis senti vraiment mal dans cette foutue gare entouré de personnes me traitant limite de cocu. Je crois que ça a été une des pires humiliations de ma vie. De quoi me rendre fou et me faire perdre la raison concernant Sun-Hi et cette histoire. Mais j'me dis que maintenant, c'est Sun-Hi qui doit se sentir humiliée. Se faire accuser injustement d'adultère par son copain, ça doit pas être facile à endurer. Et j'me sens mal de lui avoir fais subir cela. J'entends à peine ses parole et son sarcasme, que je ne comprends même plus. Seul m'importe son pardon. Et autant dire, qu'il ne sera pas facile à obtenir. « Je.. Je te crois. » Le doute s'est maintenant dissipé. Sun-Hi ne m'a pas trompé. C'était une connerie de croire ça. Et j'veux pas lui faire plus de mal en demandant confirmation à sa sœur. Ça serait inutile. D'ailleurs, j'attrape la main de la demoiselle avec douceur afin de ranger son téléphone dans sa poche. Elle n'en aura pas besoin non. « Excuses-moi. » A cet instant précis, j'sais pas quoi dire d'autre à part ça. J'me sens naze. En même temps, j'ai pas envie de la perdre pour une histoire de ce genre. C'est pas ça qui va nous séparer, non. Hors-de-question. Pour autant, la demoiselle semble toujours énervé, pire, j'crois qu'elle veut reprendre la parole pour m'engueuler. Mais j'laisse pas ça arriver puisque je la plaque contre le mur d'une main et je m'empare de ses lèvres sauvagement sans les lâcher une seconde. Elle semble vouloir s'écarter et reprendre la parole mais je l'en empêche une nouvelle fois en m'emparant de ses lèvres. De là, j'vois qu'elle se laisse aller dans le baiser qui se veut plus tendre. D'ailleurs, mes paupières sont lourdes tout comme les siennes. Alors que la jeune femme semble mettre plus d'entrain dans l'échange buccal, je rompt le contact en positionnant mes lèvres contre ses oreilles. « Je crois que tu n'as pas bien saisi. » Plus question de colère cette fois mais de domination. « Je t'aime et c'est pas un journal de merde qui va nous séparer. » Que ce soit clair. Je me retire d'elle pour attraper le journal sur la table et arracher la première page d'une force inestimable.

« Je.. Je te crois. » Encore heureux. Manquerait plus qu’il me traite de menteuse. Qu’il pense que je lui sorte la carte de la sœur jumelle juste pour m’en sortir. Là je pense que ça serait la fin de notre relation. Il fait bien de changer de position, dès maintenant. De ne pas demander confirmation auprès de mon double. Parce qu’après, cela serait trop tard. Déjà qu’il va devoir galérer pour se rattraper. Un je suis désolé ne suffira pas. Comme si cela pouvait suffir. Pas après m’avoir accusé de le faire cocu devant le monde entier. Dire que cela devait être une bonne journée. Une de celles que j’attendais avec impatience. Et bien là j’aurais préféré ne pas voir Sega. « Excuses moi. » C’est tout ce qu’il trouve à dire ? Qu’est ce qu’il croit, que je vais me contenter de ça ? Oh bah c’est pas grave, on oublie ? Je m’apprête à reprendre la parole, sauf que Sega m’en empêche, me plaquant contre le mur, et prenant subitement possession de mes lèvres. Hm je ne m’attendais pas à ça. Il me prend de cours. Je tente de me détacher de lui, mais je ne suis pas franchement convainquante, alors qu’il m’embrasse de nouveau. Ma capacité de résistance diminue exponentiellement. La vérité, c’est que je finis par m’abandonner au baiser, y répondant. Gosh ce que je suis faible. Il mériterait un coup de genou bien placé plutôt que ça. Mais je ne peux pas penser clairement quand il m’embrasse. Le salaud. Il faut que je coupe court à ce baiser, alleeeez. Sauf que c’est lui finalement qui rompt le contact, pour me dire quelques mots à l’oreille. J’aurais mal saisi selon lui. Ah oui ? Et quoi donc ? « Je t'aime et c'est pas un journal de merde qui va nous séparer. » Et sur ce, il déchire le journal. Hm je le déteste. Je le déteste parce qu’il vient de prononcer les trois petits mots que j’attendais depuis tout ce temps. Mais il n’a pas le droit maintenant. Je devrais être en colère contre lui. Le frapper, je ne sais pas. Et lui là…il me sort qu’il m’aime comme ça. Pour m’attendrir. Me rendre toute chose. Et je le déteste oui, je le déteste parce que ça marche. J’ai envie de lui sortir un haan c’est vrai ? Lui déclarer la réciprocité de mes sentiments, et l’embrasser, encore. Mais non il ne faut pas que ça arrive, gosh reprends toi ma cocotte. Il est où ton côté féministe là oh ? Tu ne vas pas te laisser amadouer parce qu’il vient de te dire qu’il t’aime. T’es pas aussi faible que ça quand même si ? Non, non, non et « Non ! » En fait ce non est plus une réponse à mon conflit intérieur. Je me parle plus à moi-même là, que ça n’est adressé à Sega. Je pose mon regard sur lui, avant de reprendre. « Tu crois qu’il suffit que tu me dises que tu m’aimes pour que j’oublie d’un claquement de doigts tout ce qu’il vient de se passer ? Tu crois vraiment que c’est aussi simple que ça ? Alors que tu viens de m’accuser il n’y a même pas deux minutes d’être une salope qui te fait cocu devant le monde entier ? » Bon certes il n’a pas prononcé le mot salope, mais ça revient au même. « Tu sais ce que c’est la base d’une relation, pour qu’elle fonctionne ? La confiance. Je croyais qu’on avait ça, mais…mais maintenant… » Ma voix se brise, par l’émotion. Et bah je ne serais pas restée forte très longtemps. Les larmes que je refoulais depuis tout à l’heure remontent toutes d’un coup à la surface, et roulent sur mes joues. « Je ne sais plus… » Je le vois qui tente une approche. « Non s’il te plait… » Je l’implore. Mais c’est comme si tout à coup, toute énergie s’était envolée de mon corps. Je n’ai pas la force de le repousser, ni de crier, rien. Il me prend dans ses bras et je le laisse faire. Je pose même ma tête sur son épaule. « Je te déteste… » Que je dis faiblement. Tu parles, à qui je veux faire croire ça ? Si je le détestais je ne serais pas dans ses bras là.

Honnêtement, j'sais vraiment pas quoi dire d'autre que je suis désolé. Je suis en tord, point. Il n'y a pas à discuter là-dessus cent cinquante ans. J'aurai pu jouer les bonhommes et ne pas m'excuser mais je tiens trop à Sun-Hi pour ça donc j'ai ravalé ma fierté et ma virilité pour elle. C'est déjà beaucoup. Puis je me suis pas enfoncé non plus en lui demandant confirmation de toute cette histoire auprès de sa sœur. Non, je la crois. Je n'ai pas de doute. Sun-Hi dit la vérité. La confiance en elle que je croyais avoir perdu suite à cette histoire est toujours là et elle est pas prête de s'envoler. Mais puisque je n'arrive pas à trouver des paroles pour faire mon mea-culpa, je décide d'agir. Et pour moi, outre le fait de regagner les lèvres de l'asiatique, la solution c'est de tourner la page définitivement et de passer à autre chose. Je déchire donc non sans violence la première page du fameux magasine mensonger. Mais tout ça ne semble pas suffire. Non. NON ! Ce sont les propos de la jeune femme qui me font frémir. Visiblement, elle n'a pas encore passé l'éponge et tourner la page. Elle m'en veut terriblement et ça s'entend face à la ténacité de ses propos. Sun-Hi est en colère et à la fois en larme. Et moi, j'me retrouve au milieu de tout ça tel un chiot qu'on engueulerait parce qu'il aurait fait une bêtise. Sauf que je ne suis pas un chiot. Non. Et j'ai jamais traité Sun-Hi de salope non plus. Mais qu'importe. Je la laisserai pas partir. Hors-de-question. S'il faut que je dorme nuit et jour sur son paillasson dans le but de me faire pardonner, je le ferai. J'espère toutefois ne pas en arriver là. « Je te fais toujours confiance. » J'ose enfin réouvrir la parole quand l'ex-candidate semble s'adoucir et devenir plus faible. Mais ce n'est pas pour autant un abus de pouvoir. Ce que je veux, c'est la rassurer. « Même encore plus qu'avant. » La rassurer mais aussi la prendre dans mes bras. Je m'exécute délicatement en espérant ne pas la brusquer. Mais évidemment, elle me demande de cesser tout contact. C'est trop tard. Je la tiens déjà. Et je crois qu'elle avait besoin d'être prise dans des bras et d'être rassurée. Je la laisse évacuer toutes ses émotions sur moi. Je me contente de l'étreindre et de déposer un baiser sur son front. Puis elle déclare qu'elle me déteste. Ça me touche beaucoup. Je sais qu'elle le pense. Elle serait peut-être mieux sans moi, après tout. « Tu.. tu le penses vraiment ? » Si ça se trouve, elle a dit ça sous le coup de la colère. Je sais plus. Je suis perdu. « Parce que si c'est le cas alors je.. je.. enfin je veux pas que tu souffres avec moi. » C'est trop dur pour moi de lui dire que si elle est malheureuse avec moi, je la laisserai partir et être heureuse avec quelqu'un d'autre. « Donc si tu me déteste, je.. je te laisserai être heureuse sans moi. » Je me détache aussitôt de la demoiselle et j'essuie les perles ornant mes iris discrètement. A présent, je laisse la jeune femme prendre une décision en quelque sorte. C'est pas un ultimatum. Enfin pas vraiment. « Mais si tu me détestes pas alors.. » Mon regard se confronte au sien pour la première fois depuis longtemps. J'attends maintenant une quelconque réaction de sa part parce que je crois que je parle trop là.