When I try to forget you, I just keep on remembering
What we had was so true, somehow we lost everything.

Avec les années, les choses changent. On change. C'est inévitable. Tout change, rien n'est permanent. Le temps fait toujours son travail. Cassidy a changé, lui aussi. Pas radicalement, il n'est pas devenu le contraire de ce qu'il était avant, mais il pense sincèrement avoir changé. Par contre, sa relation avec Ambrosia n'a pas changé, échappant au travail encourageant du temps. Elle n'a pas évolué vers quelque chose de meilleur, de plus stable. De plus calme. Loin de là. Ils ont pourtant discuté à plusieurs reprises du fait que leur relation allait devoir changer pour qu'elle continue. Mais rien n'y a fait. Ça s'est dégradé, toujours un peu plus. Des engueulades plus courantes. Des engueulades quotidiennes, comme une mauvaise habitude dont on ne peut se passer. Et puis, l'inévitable. Quelques ruptures qui ne durent qu'une journée ou deux. Pour reprendre exactement la même routine ensuite. Comment pourrait-il se passer d'elle ? Il n'en a pas été capable. Que ça soit quand elle était avec d'autres types. Quand il a eu cette petite histoire avec Riley. Quand ils se sont engueulés, encore et encore. Quand elle est partie, rien que pendant quelques jours. Il ne peut pas se passer d'elle, c'est une chose qui est établie depuis longtemps maintenant, non ? C'est comme ça, leur relation est comme ça. Était comme ça. Depuis quelques mois et une dernière dispute, c'est l'absence totale de contacts. Pas que Cassidy ne souhaite pas l'appeler, la retrouver. Bien sûr qu'il voudrait. Aussi pathétique cela puisse être, il prend parfois son téléphone en main et cherche son numéro dans sa liste de contacts enregistrés. Et il hésite. À l'appeler, à lui proposer de se voir afin de pouvoir s'excuser. Lui promettre de ne plus agir comme ça avec elle. Mais autant ne pas se voiler la face, il l'a déjà dit, ça. Il l'a déjà dit, il l'a répété sans jamais être capable de s'y tenir. Peut-être que le problème tient tout simplement dans leur relation. Dans la façon dont il la voit. Dont il l'aime. Oh, peut-être que tout était plus simple quand il ne s'avouait pas ses sentiments. On peut au moins dire qu'il a quelque chose à blâmer maintenant. De quoi se voiler un peu plus la face. Oui, sûrement. Mais si elle n'était pas autant ancrée en lui, les choses seraient peut-être plus simples. La simplicité... Quelque chose qu'ils ne connaissent pas. Il soupire en faisant les cent pas dans son appartement. C'est vide sans elle. Il préférait quand ils vivaient encore ensemble. Des mois déjà. Le temps passe si lentement. Les quelques distractions qu'il trouve sont loin d'être suffisantes. Il a besoin de la voir. Il y a pensé toute la journée. C'est presque impossible pour lui de se retenir de se rendre jusqu'à chez elle. Dont il connaît l'adresse par cœur, bien entendu. Après tout, il peut bien lui rendre visite. Surtout qu'il pense à ces quelques affaires qu'il n'est jamais venu récupérer. C'est l'excuse idéale. Il ne prend pas plus le temps d'y penser qu'il se retrouve devant chez elle, faisant entendre trois coups légers contre sa porte. En y pensant deux secondes, il se dit qu'il aurait mieux fait de l'appeler avant. Parce qu'il risquerait de se prendre un beau vent, là. Ou pire ? Il ne sait pas trop. Oh, il suppose qu'il ne va pas tarder à savoir ce qui va lui tomber dessus.

Il n'est pas certain de savoir ce qu'il fait. Il n'est pas certain qu'il s'agit d'une bonne idée. Il ne sait pas grand chose, sur le moment. Un peu hébété. Se sentant terriblement con. Il doute que sa présence soit vraiment désirée ici. Il ne sait pas ce qu'il va trouver là, derrière cette porte. Oh, peut-être que le mieux serait qu'elle soit absente. Et c'est bien entendu en se disant cela qu'il entend la poignée s'activer avant de repérer ce visage qu'il connaît si bien. Est-ce qu'elle pourrait sincèrement être plus jolie ? Il en doute. Il sourirait bien mais il semble en avoir momentanément perdu la capacité. À vrai dire, pendant quelques secondes, il semble ne plus avoir la capacité de faire quoi que ce soit. Puis il réalise le long moment d'attente et il se demande si elle ne va pas lui claquer la porte à la gueule. Il entend presque son propre cœur tambouriner, à croire qu'il souhaite absolument se faire remarquer, celui-là. Il voit tout de même la porte s'ouvrir en plus grand, ce qui le rassure. Elle lui laisse la possibilité d'entrer, ce qu'il fait. Quant à cette histoire de ne pas claquer la porte, il s'exécute, fermant la porte sans la moindre brutalité. Il loge ses mains dans les poches de son jean en se tournant à nouveau vers elle. Il observe un instant cet endroit qu'il n'a pas la chance de connaître plus. « Sympa, l'appart'. » lance-t-il en observant le désordre ambiant. Quoi ? Il a le droit de faire la remarque, non ? D'accord, si elle se retrouvait dans son appartement, à lui, il ne pourrait pas tellement faire le fier. Pas non plus qu'il dit cela sur un ton critique, non. Il ne sait pas trop pourquoi il le dit. Il ferait mieux de répondre à sa question, oui, bonne idée. « Je crois que t'as encore quelques affaires qui m'appartiennent. Ça ne pourrait pas me faire de mal de les récupérer. » Il hausse les épaules, il la joue détaché, désabusé alors qu'il ne peut pourtant pas quitter son visage des yeux. Et c'est sûrement plus simple de sortir cette excuse banale et sans conséquences plutôt que de balancer autre chose. Comme des excuses auxquelles elle ne croirait pas forcément. Ou un discours sur ce vide horrible qu'il ressent sans elle. Pas que ça ne servirait à rien de se mouiller, il sait juste que rien ne changerait. Ça semble impossible. Même en n'étant plus avec elle, il ressent toujours ce même besoin, celui de l'avoir pour lui uniquement. Et rien que penser qu'elle est peut-être déjà sortie avec d'autres types pourrait le rendre dingue. Cette emprise qu'elle a sur lui est peut-être trop grande, trop malsaine pour qu'ils puissent être ensemble. Mais comment il pourrait lui en vouloir ? Il ne le peut pas. Ça serait totalement con de lui en vouloir, n'est-ce pas. Tout demeure juste tellement compliqué. Si quelqu'un a la solution pour ajouter un peu de facilité à son quotidien, Cassidy est prêt à écouter.

Certes, il débarque à l'improviste alors c'est plutôt déplacé de sa part de faire la moindre remarque. Ah mais il ne peut pas s'en empêcher. Sinon, il aurait sûrement fait en sorte de la fermer. Ça serait dommage que leur relation se dégrade encore un peu plus. Déjà qu'elle s'est bien cassée la gueule depuis quelques temps, autant ne pas aggraver les choses. Quoique, c'est pas en lui disant que son appartement est un gros foutoir qu'elle va le détester encore plus, si ? Oh, allez, il a envie de croire qu'il a déjà fait bien pire et que cette petite remarque n'est qu'une broutille. Elle lui pose ensuite une question, qui lui semble plus être une simple remarque. Oh, non, il n'est pas tellement plus ordonné qu'il ne l'était. Il s'est peut-être un tout petit peu arrangé mais c'est bien tout. « Oh non. Enfin, si, ça traîne toujours. Mais je t'ai toujours pensé moins bordélique que moi. » Oui, tout simplement. Il faut croire qu'elle cachait son bordel sous le sien, quand ils vivaient ensemble. Ou bien il n'a juste jamais fait gaffe avant. Ou... ou c'est juste qu'il débarque au mauvais moment, ce qui est très probable. Bref. Il vient récupérer ses affaires, à l'origine. Et hm, quand elle part dans une autre pièce, il est supposé faire quoi ? Dans le doute, il la suit. Et si vraiment elle ne souhaite pas qu'il fasse une telle chose, elle ne se gênera sans doute pas pour le dire. Donc des chemises. Peut-être qu'il en a laissé, oui. En fait, il n'en sait rien. Il suppose qu'il n'a rien oublié d'indispensable puisqu'il vit très bien sans depuis quelques mois. Oui, vous pensez bien que ce n'est pas parce qu'il a besoin de tous ces trucs qu'il est venu chez elle. Bien sûr que non. « Hm, oui, sûrement. » qu'il répond sans plus de conviction alors qu'elle est déjà en pleine recherche dans sa penderie. Il a le temps d'observer un peu cette nouvelle pièce, de laisser son regard s'égarer avant de récupérer quelques chemises. Sauf une, qu'elle reprend vite. Hm. Non, mais puisque ce n'est pas du tout son genre d'être jaloux, vous pensez bien qu'il ne va rien dire. Évidemment. Ça paraît logique. Non, en fait, c'est un peu trop gros pour qu'il ferme sa gueule, là. Il n'est pas venu pour se disputer mais eh. « C'est bon de savoir que tu es passée à autre chose. Ça aurait été dommage de rester sur cette histoire de rupture, hm. » Il a sans doute l'air quelque peu ironique et comment dire... il l'est, oui, oui. Il aurait préféré éviter de savoir qu'elle avait déjà une autre chemise dans sa collection. Il est un peu crispé, a perdu le peu de bonne humeur qu'il avait. Mais au moins, il n'est pas en train de crier. Vous voyez comme il a évolué, Cassidy. « T'as pas un de mes appareils photo, par hasard ? » demande-t-il ensuite. À vrai dire, il sait bien que non puisqu'il les a bien tous chez lui. Jamais il ne laisserait traîner un de ses appareils, c'est évident. C'est juste pour passer un peu plus de temps ici. Puisque chercher quelque chose qui ne se trouve pas dans cet appartement devrait lui gagner un peu de temps. C'est une technique comme une autre, après tout. Oui, on peut voir les choses ainsi.