Je caresse avec tendresse le capot de ma vieille marguerite une dernière fois. Oh elle, c'est ma partenaire, celle qui a faillis me lâcher au moins trois fois pendant le trajet, celle qui m’accompagne dans tout mes grands moments et que j'oublie le reste du temps. Je suis persuadé qu'une fois encore, elle me portera chance aujourd'hui. parce qu'elle est laide, vieille et qu'il n'y a qu'elle pour vivre aussi longtemps. Si ce n'est pas une preuve, ça, qu'elle a un truc que la Mercedes d'à côté n'a pas ? j'enfonce les clés dans ma poche et trottine joyeusement. tant que je n'ai pas monté les escaliers, que je n'ai pas croisé de gens vachement bien habillé, tout va bien et tout ira bien. Ce n'est qu'un parking, ça pourrait être celui de n'importe qui, même de franprix, alors ouai, je respire normalement. je fini par m'arrêter au bout de quelques pas pour me mettre à fixer mes pieds. je sais pas...il y a un truc qui me gêne. le bas, le haut, j'ai l'impression d'être habillé comme un sdf. Pourtant, j'ai passé 3h dans la salle de bain pour arriver à ce résultat. 2h30 sous la douce et une petite demi-heure devant le placard. Je tire un peu sur mon pull. Réajuste ma veste. Je ne suis pas du genre coquet, mais je n'ai pas envie qu'on me jette parce que j'ai l'air de venir du carton posé devant l'entrée. Ce serait foutrement chiant. Je n'aurais même pas eu le temps de voir la gueule des animateurs. je relève le nez, regarde un peu autours de moi et retiens un sourire gêné. Ok, y'a une blonde à côté qui aurait potentiellement pu me voir mater mon body. C'est un crime ou bien ? Je fronce les sourcils et m'approche un peu. Qu'est-ce qu'il a de si fascinant son sac ? c'est du Chanel ? elle cache un truc à l'intérieur ? une bombe, un flingue ? les trois en même temps ? qu'est-ce que tu fais, t'es sur d'aller bien toi ?. Je prend place l'air de rien juste à côté d'elle. J'ai le temps. entre nous, tu auras beau le regarder comme ça, ton sac, il ne viendra pas à toi tout seul. je passe une main dans mes cheveux et il ne s'ouvrira pas de lui-même non plus....bon après, si c'est du Chanel, je dis pas.

Alors ok, t'es sympa, tu prends même le temps d'accoster les gens, de leur parler un peu, histoire "de" et voilà le résultat. Je comprend pas, pourquoi tenter ce genre d'émission ? histoire de prouver à des millions de personnes qu'il n'y a pas plus stupide dans le mètre carré que soi ? blondie avait l'air sympa de loin, paumé, légèrement hystero c'est vrai, mais sympa. puis voilà que je pose mes fesses sur le banc et qu'elle se révèle plus vrai que nature, c'est le thon sous la sirène. C'est quand même décevant comme première rencontre. Je fais la moue quelques secondes et l'observe, les yeux plissés. C'est quel genre de créature cette fille là ? une donzelle en manque de reconnaissance ? une écervelé dédaigneuse ? tout et rien à la fois ? Je vaux mieux que ça. Alors je tente de décrocher un sourire, comme un spot lumineux de sociabilité. je me suis habillé comme un brèle mais au moins je suis sympa. t'es odieuse là, non ? tu devrais te regarder un peu. et la main sur le torse, je rajoute d'un air compatissant t'as pas de poitrine, t'es maigre comme tout, t'es affreuses quand tu fronces les sourcils, t'es affreuse tout court et bon. ça va, t'as l'air de bien le vivre, non ? et je rajoute, plus sérieusement Alors perso, je vis bien mon allure de pouilleux. oh, ce que j'aimerais poser ma main sur son épaule, l'air d'être son nouvel meilleur ami, juste pour l'emmerder un peu, mais je sens que l'idée est mauvaise, alors je m'installe tranquillement, un petit air de pépère-rien-ne-presse sur la figure. du temps, du temps, c'est tout ce qui me reste. je ferme les yeux, inspire un grand coup et tourne légèrement la tête vers elle. et puis t'es drôle toi, d'où tu me prends pour un clochard alors que t'as pas de sous ? c'est se foutre de la gueule du monde. j'ouvre un œil, observe ma tenue instant...ok...c'est définitivement abusé, c'est vrai. bon, t'as pas tort...mais la veste est quand même sympa, non ? aller ?