Sido s'ennuyait. Elle réprima un bâillement en flânant de pièce en pièce en recherche d'une quelconque distraction. Les candidats vaquaient à leurs propres occupations. Elle se trouvait en solitaire. Ça ne le dérangeait pas d'habitude, mais elle avait besoin d'être distraite. Elle parcourut la demeure, erra ça et là, telle une âme en peine en traînant les pieds. Elle finit par capituler et rentra au dressing, frustrée et contrariée. Elle s'étira, bailla et se dévêtit dans l'idée de faire une sieste. Elle était sur le point de se changer qu'elle se ravisa. Elle chercha du regard la penderie d'un des candidats. Ses prunelles s'attardèrent sur celui de Jorah. Elle s'approcha et fouilla dans son armoire. Elle trouva une chemise qu'elle enfila. Elle ne portait en-dessous qu'une culotte. Il faisait chaud, donc elle prenait ses aises. Elle traversa le couloir aux miroirs et pénétra au hasard dans l'une des chambres. Elle entraperçut la silhouette de Jorah. Elle marcha vers le lit, s'y étendit à côté du candidat endormi. Un sourire amusé s'esquissa sur ses lèvres. Elle l'observa sous toutes les coutures. Son visage, surtout. Il avait de long cils, on dirait. Ses doigts aventuriers se posèrent délicatement sur ses paupières, puis descendirent sur sa joue et jouèrent avec son nez. Soudain, elle entendit un grognement. Elle rit. « Je ne t'ai pas réveillé, j'espère ? » Non, pas du tout pensa-t-elle en le voyant émerger à son rythme. Elle patienta et le dévisagea à la fois, un rictus en coin. Elle n'était pas désolée en plus. Un lueur espiègle brillait dans ses yeux azurés. Elle avait besoin de se défouler, de se décharger de sa lassitude, de se détendre. Elle préférait paresser auprès d'une personne dont elle appréciait particulièrement la compagnie. Et cette personne était lui. Elle arborait la chemise qu'elle portait avec fierté. « J'ai piqué une de tes chemises. », souffla-t-elle faussement gênée, mais fière de son coup. Elle se positionna sur le ventre, se dressa sur ses coudes et le dévisagea en mordillant la lèvre inférieure. Elle miaula : « Ça ne te dérange pas hein ? » Son pied vint toucher son torse pour le titiller un peu. Un rire badin s'échappa de sa bouche alors qu'elle se lova contre lui, mutine.

Si durant la phase de castings, le décalage horaire entre l'Azerbaïdjan et l'Irlande avait déjà causé quelques problèmes d'adaptation à Jorah, ça n'était absolument rien comparé à ce qu'il vivait maintenant, en prenant méchamment dans les dents les quatorze heures de décalage entre Bakou et Hawaï. Autant dire qu'il lui faudrait un peu de temps pour dépasser la phase d'acclimatation, qui pour le moment se résumait à subir coup de fatigue sur coup de fatigue et notamment à se recoucher à n'importe quelle heure de la journée. Pourtant d'habitude d'un naturel vif et peu fatigable, Jorah pouvait difficilement se passer de ses micro-siestes, lui qui déjà commençait à afficher de vilaines valises sous les yeux. Il s'était donc remis au lit et n'avait pas mis bien longtemps à s'endormir, loin de se douter, à ce moment-là, qu'on viendrait lui rendre une petite visite. Car le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il fut pris au dépourvu lorsqu'il sentit des doigts se poser sur ses paupières, puis explorer son visage de façon inattendue. Instantanément, il fut tiré de son sommeil et laissa échapper un grognement plus machinal qu'autre chose. Parce qu'en soi, une telle manifestation n'était en rien désagréable, mais ça n'était quand même pas tous les jours qu'il s'éveillait aux cotés d'une ... charmante blonde, dites donc. Une charmante blonde nommée Sido, d'ailleurs, puisqu'il n'eut aucun mal - en dépit de celui qu'il eut au départ à ouvrir les yeux - à reconnaitre celle avec qui il avait déjà eu l'occasion de sympathiser. La question de la jeune femme lui tira alors un petit rire, tandis qu'il tâcha de reprendre suffisamment de contenance pour ne pas lui articuler une réponse trop approximative. « Oh mais non, penses-tu » fit-il, dessinant une moue amusée, se frottant exagérément les yeux comme pour dramatiser la situation. Oui bon, elle l'avait effectivement réveillé, mais pas sûr qu'il y perdre au change parce que ça devait bien faire cinq mois qu'il n'avait pas profité d'une aussi charmante compagnie dans son lit. Sido disait alors lui avoir piqué une chemise, ce qu'il n'aurait pas tellement remarqué tout seul, à vrai dire. « Et en quel honneur, mademoiselle ? » qu'il l'interrogea, plus par curiosité que par réprimande, parce qu'il se fichait pas mal qu'on lui pique quoi que ce soit. « Hm, je dirais que ça va dépendre de la réponse que j'obtiendrai à cette question » reprit-il, sondant son regard avec sérieux, quand son doigt glissa sur le bras de la blonde. « C'est possible de souscrire un abonnement pour être réveillé comme ça tous les jours ? » Bon, pas sûr que Danica apprécie autant que lui, mais ça c'était un problème qu'il laissait pour le moment de coté. Réfléchir à une seule chose à la fois, croyez bien que ça n'était déjà pas simple.

Comme un lion en cage, elle tournait en rond, piégée dans un quotidien morne. Pour bousculer les choses, elle entreprit d'enfiler une chemise ne lui appartenant pas et de se faufiler dans le lit du propriétaire. Elle le réveilla intentionnellement de sa sieste avec espièglerie. Sa visite n'était pas fortuite. Elle se réfugia contre le corps du candidat, après le réveil de ce dernier. Il avait l'air de prendre bien le comportement de la parisienne à son égard. Il s'en amusait. Pourquoi porter sa chemise ? « Juste comme ça. Une envie, un caprice. » Son impulsivité la poussait à faire des tas de choses surprenantes et inattendues. Un savant mélange d'effronterie mêlée à la malice et à une pincée d'insouciance. On pourrait la qualifier de sans-gêne. Elle était d'un naturel versatile. Ça avait l'air de ne pas gêner le principal concerné, saluant son audace. Elle sentit son doigt sur son bras et lui sourit en captant son regard. Tout dépendait de la réponse de la française à sa prochaine question. Une question d'abonnement. Elle arqua un sourcil interrogateur. Elle fit mine de réfléchir et répondit : « Tout dépend. » Elle afficha un sourire énigmatique. Elle déposa son index sur le haut de son torse et descendit le long de celui-ci. « Si tu es sage ... », qu'elle lui murmura au creux de l'oreille. Elle se détacha un peu de lui, s'humecta les lèvres et reprit la parole : « Encore faut-il savoir si c'est dans tes moyens, chéri. Les frais de déplacements, etc. C'est pas donné tout ça, hmm. » Elle disait ça pour la taquiner un peu. En vérité, elle acceptait volontiers de le réveiller ainsi, tous les jours. Mais il ne fallait pas que ça devienne une habitude. En connaissant la française, ce n'était pas prêt d'arriver. « Je suis trop chère pour toi, je pense. », renchérit-elle. Histoire de le faire mariner un peu. Sa tête s'accola contre le torse du brun. « A moins qu'on trouve un compromis. Une idée ? » Elle le titillait davantage. Tout ceci n'était que plaisanterie, bien sûre. Elle se jouait de lui mais en toute amitié, dénuée de mauvaises intentions.

Ainsi donc, Sido avait consciemment enfilé l'une de ses chemises. Ça n'avait rien d'un crime aux yeux de Jorah, qui se voyait mal lui en tenir rigueur après qu'elle l'ait réveillé d'une façon tout à fait agréable. Alors la raison pour laquelle il chercha à savoir ce qui avait motivé son action fut simplement qu'il était curieux de nature. Sa réponse le fit sourire, parce qu'il avait effectivement pu noter qu'elle était de ces jeunes femmes qui se laissaient aller à de petites envies soudaines, et étant de temps à autres dans le même cas, il appréciait ça. Finalement, et alors qu'il était loin de se laisser embarrasser par leur proximité - c'est surtout qu'il était encore un tantinet en phase d'émersion - le brun laissa entendre qu'il déciderait de si cet emprunt le dérangeait ou non en fonction de la réponse qu'elle donnerait à sa question, celle-ci portant alors sur un hypothétique abonnement donnant droit à ce genre de réveils quotidiennement. Oui, c'était beau de rêver. Suspendu à ses lèvres, il plissa les yeux lorsqu'elle se montra mystérieuse. Sage, il le serait volontiers dans ces conditions. Pour ce qui était de ses moyens, par contre, il afficha une moue boudeuse. « Tu abuses, je ne t'ai même pas encore réclamé le supplément petit-déjeuner » qu'il souffla d'un ton déçu, intensifié par une grimace lorsqu'elle affirma être potentiellement trop chère pour lui. Et dire qu'il avait espéré qu'elle le fasse de bon cœur, simplement motivée par l'envie de lui faire plaisir. « J'ignorais que ma béatitude devait avoir un prix ... Tu ne l'entends pas, mais ce qui me servait de cœur y'a encore une minute est entrain de se briser. » Et il en rajoutait à peine une couche, bien entendu. Finalement, la blonde créa une étreinte renforcée qui eut peut être, pour le coup, un tout petit peu tendance à lui faire monter le rouge aux joues et laissa entendre qu'ils pourraient trouver un compromis. « Si j'exige de récupérer ma chemise en cas de refus, je suppose que ça compte plus comme du chantage, non ? » qu'il soumit, l'air de rien, avant de sourire et de se mettre à chercher la vraie bonne idée. « Si tu acceptes, je te montrerai comment - avec pas grand chose - je peux donner vie à des créatures cauchemardesques, et tu m'assisteras à titre exclusif » souffla-t-il finalement, parce que ce serait pour lui l'occasion de partager ce qu'il aimait faire avec elle, lui qui avait le sentiment qu'elle saurait voir plus loin que le caractère bizarroïde de sa passion, contrairement à beaucoup.

Sa chemise enfilée, la belle pouvait sentir le parfum du candidat sur elle, égayant de plus en plus son visage poupon et son humeur du jour de surcroît. Elle se trouvait en présence du compagnon idéal. Maintenant qu'elle avait son entière attention, elle en profita pour se glisser dans ses draps et pour prendre ses aises. Elle ne se gêna pas. Elle vint se blottir automatiquement contre lui sans arrières pensées pour une fois. Elle aimait sa présence. Il dégageait un je-ne-sais-quoi d'intriguant et qui attisait sa curiosité. Il était question d'abonnement. Elle clarifia très vite les choses en suggérant qu'elle n'était pas ses prix. Il se sentit offusqué. Ce qui amusa la française. Il lui parla d'un supplément petit-déjeuner. « Tu aurais été hors-budget, de toute façon. », ironisa-t-elle. Dans ce semblant de joute verbale, elle se plaisait à embêter son camarade. Les réactions de ce dernier l'amusaient de plus en plus. Mais au final, c'est elle qui aurait le dernier mot. Pour le moment, elle l'enquiquinait sur plusieurs détails du dit abonnement. Résultat, il avait le cœur brisé. Sans une once de compassion, elle lui jeta un regard presque dédaigneux tout en réprimant un sourire avec difficulté. Elle n'arrivait pas à garder son sérieux dans ce genre d'échange. « Je brise le cœur de plus d'un. Tu viens de l'apprendre à tes dépens, mon ange. », qu'elle rétorqua avec ne légèreté teintée d'amusement. Elle ne se prenait pas du tout au sérieux et espérait qu'il ne lui en tenait pas rigueur pour un tel comportement envers sa personne. Tout ceci n'était plaisanterie. Il la « ménage » alors. Faussement outrée, il fit la moue. Oui, c'en était bel et bien de chantage. «  De toute façon, je ne me laisserai pas faire. Je le garderai en otage, s'il le faut. » Elle ne plaisantait pas pour le coup. Elle comptait bien la garder, cette chemise. Pour quelques temps disons jusqu'à ce qu'elle s'en lasse. C'était bien parti pour durer, en tout cas. Elle commençait déjà à s'attacher à ce bout de vêtement en plus. Cette chemise avait une valeur quasi sentimentale à ses yeux. Bon d'accord, elle dramatisait un peu. Elle la lui rendrait. Un jour ... Pour l'instant, elle la gardait et point c'est tout. Le candidat lui fit part d'une autre une idée bien plus intéressante qu'elle n'aurait jamais imaginé. « C'est vrai ?! », qu'elle s'exclama, enthousiasmée par la proposition qui venait d'être faite. Elle avait toujours été quelqu'un de curieux, Sido et aimait découvrir de nouvelles choses. Des choses hors du commun la plupart du temps. Elle était partante pour tout, cette fille. Elle ne restait jamais dans son zone de confort. Toute expérience était bonne apprendre dans le nid d'amour, les possibilités étant multipliées et hétérogènes. Elle continua à faire sa difficile pour le simple plaisir de le taquiner davantage. « Qui me dit que ce n'est pas une arnaque hein ? » Elle plissa les yeux d'un air suspicieux. Elle lâcha d'un ton solennel :  « Je veux des preuves. » Comme feu Saint-Pierre, elle ne croyait ce qu'elle voyait. Aussi simple que ça. Elle croisa les bras, ne quittant pas du regard le jeune homme et attendit qu'il fasse ses preuves. Et pas d'entourloupes, hein.

Manifestement, pour espérer vivre des réveils comme celui-ci à l'avenir, il faudrait qu'il mette le prix. De quoi le décevoir, lui qui espérait qu'elle se contenterait de vouloir lui faire plaisir. Soupirant aux propos de la belle, il écarquilla de grands yeux tristes lorsqu'elle sembla se moquer éperdument de lui avoir - prétendument - brisé le cœur. Pire encore, elle prétendait en briser plus d'un, et bien qu'il soit présentement question de second degré, il ne put s'empêcher de la croire un peu sur parole malgré tout, imaginant bien qu'une jeune femme comme Sido, qui avait à la fois un charme indéniable et un tempérament intriguant devait bien faire quelques ravages, et quelques malheureux. « Alors c'est bien ce que je craignais, je ne suis qu'un type parmi tant d'autres à tes yeux ... Qui sait si je ne suis pas la dixième dans le lit de qui tu t'invites aujourd'hui » qu'il laissa entendre, sur un ton exagérément dépité. Il savait être assez drama queen quand il s'en donnait les moyens, et en l’occurrence il aimait assez le caractère ironique de son échange avec la blonde. Quant à cette chemise, il pourrait bien décider de la récupérer, en effet, si mademoiselle ne lui donnait pas ce qu'il voulait. Là encore, rien de bien sérieux, il ne se permettrait jamais d'exiger d'elle qu'elle la lui rende, déjà parce que ça ne le dérangeait pas le moins du monde qu'elle l'ait sur le dos, et aussi parce qu'il se doutait qu'elle n'avait pas grand chose en dessous ... Donc non, pas de vrai chantage ici, mais une Sido manifestement décidée à ne pas se laisser faire si c'avait été le cas, ce qui le fit sourire. « Tout ça pour me faire payer une rançon, hein. Tu n'en as qu'après mon argent, va, j'ai bien compris ... » Oui, après l'abonnement hors-budget, qui sait si elle ne s'arrangerait pas pour lui faire raquer de quoi récupérer sa précieuse chemise. Une chemise pas si précieuse que ça, d'ailleurs, parce qu'on ne pouvait pas dire qu'elle ait en plus choisi celle à laquelle il tenait le plus. Mais ça, il s'abstiendrait bien de le préciser. Finalement, Jorah lui proposa, en l'échange du fameux abonnement, de l'assister dans la création d'une créature horrifique. Autrement dit, il lui montrerait comment il s'y prenait pour modeler un masque, créer des prothèses, et faire en sorte que l'ensemble soit plus que réaliste. Rappelons que c'était un peu son métier. Et puis, ça lui dirait vraiment de partager ça avec Sido. Cette dernière, pourtant, parut perplexe. Exigeant des preuves, elle le prit au dépourvu. Mais très vite, il eut une idée. « Très bien » qu'il énonça alors, quittant aussitôt le lit mais sans aller bien loin puisqu'il se contenta de tirer de dessous son lit sa valise, dans laquelle il avait laissé des biens qu'il ne se voyait pas ranger au dressing. Sortant de celle-ci une prothèse qui ne datait pas d'hier, il la cacha derrière son dos et vint se rallonger. Là, profitant de la présence de la couverture, il approcha doucement l'objet de la peau de sa camarade, puis l'attaqua au niveau des côtes, dans un rire sinistre. « Eh, je suis gentil, je t'ai choisie la plus soft. J'ai une main de lycanthrope aussi, mais je tiens pas à ce que tu désertes le lit ... » N'empêche qu'il était de bonne foi, lui qui espérait que cette preuve lui suffirait.

Les échanges continuaient à fuser. Tout avait un prix dans ce bas de monde. Elle faisait croire au candidat que l'abonnement n'était pas donné alors que c'était totalement faux. Elle le faisait marcher, c'est tout. Elle nota qu'il se prenait volontiers au jeu, jouant le éperdus au cœur brisé à la perfection. L'ironie en était d'autant plus amusante. Tout était ceci vraisemblablement très théâtral. Son sourire s'effaça un instant lorsqu'il sous-entends qu'il n'était pas le seul à qui elle a rendu visite aujourd'hui. Elle fronça les sourcils. « Si tu veux tout savoir, t'es le premier et sûrement le dernier, qui sait. », dit-elle avec sincérité, en reprenant soudainement son sérieux. Un vrai ascenseur à émotions, cette fille. Elle était capable de passer du rire aux larmes en un battement de cil. Elle n'était pas réellement offusquée. Elle affichait un semblant de frivolité, mais en vérité, elle ne l'était plus tellement. Disons que le temps l'avait assagi. Et le fait d'avoir été marié l'avait conduit à réduire considérablement ses excès. Son travail demandait un certain maintien. Elle ne pouvait se permettre ce genre d'écart de conduite, surtout à son âge. Rien ne l'empêchait de jouer avec cette ancienne facette de sa personnalité. Son sourire revint très vite quand elle eut l'idée de prendre en otage sa chemise. Il comprit que c'était une histoire de rançon. Encore un autre moyen de lui piquer son fric en toute impunité. « Ah oui, qu'à ton argent hein ? T'en es sûre ? », qu'elle lui demanda d'un ton suave. L'index de la parisienne longea le long de la mâchoire en une caresse sensuelle. Elle plongea son regard dans le sien et le dévisagea, un rictus charmeur en coin. Il lui fit une proposition des plus alléchantes par la suite. Celle de donner vie à des créatures cauchemardesques. Ça intriguait fortement la jeune femme. Etant amatrice de films d'horreur, elle aimerait connaître quelques secrets de fabrication. Néanmoins, elle se méfiait. Elle voulait la preuve de ce qu'il avançait. Chose qu'il fit en sortant de la valise sous son lit, une main ensanglantée qui chatouilla ses côtés. Elle rit et se saisit de cette main. « Oh putain ! », s'exclama-t-elle dans son français natal. En l'observant sous toutes les coutures, elle lâcha : « C'est génial ! » On dirait un vrai, sérieusement. Son regard était empli à la fois d'admiration et d'étonnement. Il faisait ce genre de prothèses pour vivre. Il aurait voulu lui montrer, celle du lycanthrope mais il ne voulait pas la faire peur. « T'as de la chance. J'adore les films d'horreurs. » Elle déposa la fausse main sur son torse et lui fit un clin d'oeil. « Si c'est ça ton métier, chapeau bas. », le félicita-t-elle. Elle était réellement impressionnée pour le coup. Quelle autre surprise lui réservait-il ? En tout cas, cela méritait bien un baiser. Elle déposa ses lèvres sur sa joue et lui murmura : « Je suis prête à annuler mes honoraires, si tu m'en montres davantage. Qu'en dis-tu ? » Elle parlait de l'abonnement, bien sûre. Elle lui proposait tout simplement un marché. Il lui montrait son art en échange de ses services.

Cet abonnement, Jorah allait finir par croire qu'il n'en verrait jamais la couleur. Parce qu'il avait beau avoir conscience que la compagnie d'une jeune femme comme Sido valait son prix, il ne pouvait décemment pas se ruiner dès le départ. Heureusement que leur échange était plein de second degré, parce qu'il aurait vraiment été peiné de constater qu'il ne valait même pas la peine qu'elle baisse un tout petit peu ses prix. A noter que Sido sembla reprendre subitement son sérieux en rebondissant sur les propos du brun, qui afficha un sourire assez attendri. Il la sentait sincère et ça lui faisait plaisir, même s'il n'irait jamais lui interdire de squatter d'autres lits, en dépit du fait qu'il préférerait bien sûr qu'elle ne destine pas ce genre de réveils à tous les garçons du nid, parce que ça voudrait dire qu'elle ne le faisait pas forcément de bon cœur. Sauf qu'il commençait à la cerner et à comprendre comment elle fonctionnait, ce qui était rassurant. Quant à cette chemise, si vraiment elle ne voulait plus la quitter, il ne lui ferait pas une scène. Même si ici, il parlait de rançon et croyait savoir qu'elle ne faisait de toute façon ça que pour l'argent, en l’occurrence le sien, bien qu'il ne soit que très relatif ici. Là encore, le sérieux de sa camarade le déstabilisa un tout petit peu, et ses joues s'empourprèrent sûrement à nouveau quand l'index de la blonde caressa sa mâchoire et que son regard, décidément captivant, s'encra dans le sien. « Non, c'est vrai, t'en as surtout après mes chemises, dans l'histoire » qu'il souffla, évidemment sans grand sérieux, peut être simplement pour oublier qu'il était un peu en manque de tendresse et que ce petit geste qui pour elle fut sans doute des plus anodins lui avait un peu réchauffé le cœur. Finalement, par la suite, il lui proposa d'oublier la rémunération du fameux abonnement contre le fait de l'assister dans la création d'une créature comme il avait l'habitude d'en créer. Il n'avait certes pas tout le matériel de d'habitude, mais il n'allait jamais nulle part sans quelques indispensables, ainsi il lui serait possible d'improviser quelque chose de tout aussi précis et réaliste, sans utiliser grand chose d'autre que sa technique et son imagination. Mais mademoiselle était perplexe, alors il lui montra directement l'une de ses créations, la prenant par surprise toutefois, et s'amusant de sa réaction. « On en verra ensemble, alors » qu'il fit, dans un sourire, en apprenant qu'elle aimait les films d'horreur. Le concernant, c'était un peu particulier, il n'était pas hyper friand de ceux de maintenant mais c'est parce qu'en la matière il était un peu plus difficile que pour le reste. « C'est mon métier, oui. J'ai un atelier à Bakou. » C'était un métier qu'il aimait exercer parce qu'avant tout c'était une passion. Il n'avait pas fait ça toute sa vie, mais il était heureux de s'être lancé. Lorsque Sido déposa un baiser sur sa joue, Jorah laissa échapper un rire conquis. « C'est ce qui est prévu, mademoiselle ! Ainsi j'en dis que c'est un très bon compromis. Et si je te fais faire des cauchemars, tu auras le droit de me réveiller avec une petite variante : le seau d'eau glacée. A utiliser avec modération, toutefois. » Même s'il doutait qu'elle soit du genre impressionnable, cette jeune femme.