+ Ollie-Blake

Je sais pas trop ce que j'ai mais je me sens barbouillé depuis le petit déjeuner. J'imagine que c'est un des trucs dégueulasse qui se trouve dans le cellier qui m'a fait tomber malade. En tout cas j'ai mal au bide, et ça va en empirant. Il vaudrait mieux que j'aille aux toilettes, juste histoire d'être sûr que je vomisse dans un endroit propice à ce genre d'activités dégoûtantes. Je me déplace lentement mais je finis par arriver jusqu'à la porte du trône que je trouve fermé. Non. Impossible. Mais comment ose-t-on faire n'importe laquelle des commission alors que je suis en train de me battre contre un putain de virus ?! Mais j'y crois pas ! Les gens ont rien d'autre à faire que de chier à n'importe quelle heure du jour et de la nuit ? Remarque, ça serait franchement la panique s'il y avait une heure précise pour pisser ou chier mais...Bordel ! Je me mets  à frapper à la porte pour dire que je suis là, que j'attends devant le seul toilettes de l'étage, du nid tout entier s'il faut. « Écoutes, toi, la personne à l'intérieur : je sais pas qui t'es, je sais pas ce que tu fais, à la limite je m'en fous, me raconte surtout pas, mais si tu tiens à la vie et que tu veux pas que je te colle un procès t'as intérêt à vite finir ton...affaire. » Je déconne pas quand je lui dis que je pourrais lui faire un procès, les gens ont déjà fait des scandales du genre pour moins que ça, enfin je crois.

Ici, t’as l’impression de boire comme un chameau. Tu sais pas si c’est l’aventure ou l’île qui te fait ça – probablement la deuxième, si on considère les températures – mais tu fais que ça. Tu bois des litres et des litres d’eau, vidant toutes les réserves dans le cellier. Mais tu vas pas te laisser crever de déshydratation. Ca, non. Et forcément, à force de passer autant de temps à boire, t’as besoin d’aller faire la vidange. C’est le début d’après-midi. Certains dorment, d’autres sont déjà à la plage pour faire bronzette, et il y en a quelques-uns dans la cuisine. T’en profites donc pour aller aux chiottes. Et alors même que tu rentres et que tu commences à faire ton affaire, t’entends tambouriner fortement à la porte. « Écoutes, toi, la personne à l'intérieur : je sais pas qui t'es, je sais pas ce que tu fais, à la limite je m'en fous, me raconte surtout pas, mais si tu tiens à la vie et que tu veux pas que je te colle un procès t'as intérêt à vite finir ton...affaire. » Tu arques un sourcil, tournant la tête vers la porte sans pour autant t’arrêter. Et limite, ça te fait rire. « Qu’est-ce qui a ? T’as le cigare au bord des lèvres ? » Certes, c’est pas glamour comme expression, mais tant pis. Il attendra. « Tu sais que je vais t’appeler Pause-Caca, maintenant, qui que tu sois ? » Et toi, t’es toujours là, à pisser, le faisant patienter le plus possible.

Je pensais pas qu'à cette heure-ci il aurait quelqu'un d'autre que moi à avoir besoin d'utiliser les toilettes, donc je suis assez étonné et désespéré quand je trouve la porte fermée, ce qui me fait légèrement perdre mon calme, au point de frapper dessus comme un gros bourrin. En même temps, ils sont débiles à la production de ne mettre qu'un seul trône. Ça serait vachement plus simple s'il y en avait plusieurs, au moins on éviterait la queue. Enfin, heureusement, les chances pour que tous les candidats aient besoin d'utiliser les cabinets au même moment est relativement faible. Pourtant là, je me retrouve obligé d'attendre que quelqu'un ait fini de faire je ne sais trop quoi pour occuper les toilettes. Je ne sais pas vraiment par quel côté ça va sortir en fait, tout ce que je sais, c'est que je me sens assez barbouillé et que je risque d'évacuer pas mal de choses dans les instants à venir. En conclusion, si seulement le mou du genou qui m'avait devancé pouvait se dépêcher, ça m'arrangerait. « Qu’est-ce que ça peut te faire, putain ? Arrête de parler, je suis sûr que ça te ralenti ! » Que je lui réponds d'un ton agacé. Je sens que mon repas est en train de remonter dans ma gorge mais j'arrive à retenir le tout encore un peu, ce n'était qu'un simple petit haut le coeur, pour l'instant. Il me fait ensuite remarquer qu'il allait m'affubler d'un surnom ridicule maintenant, peu importe qui je suis. Il m'appellerait pas Pause-caca si j'étais la reine d'Angleterre, j'imagine, mais le fait est que je ne suis pas Elizabeth II. « Si ça peut te faire plaisir, ne te gêne surtout pas... Mais magne-toi ! » Que je grogne en cognant mon front contre la porte dans un mouvement de désespoir. En réalité j'ai pas envie qu'il m'appelle comme ça, j'ai un prénom, plutôt beau en plus de ça donc je vais pas me laisser faire sans réagir, mais à l'heure actuelle je suis prêt à tout accepter du moment qu'il sort vite des chiottes pour que je puisse y aller.

Ton envie, elle était pressante. Mais vraisemblablement, pas autant que celle du type qui tambourine à la porte. S’il pouvait la défoncer, il l’aurait fait depuis un bon moment, tellement il semble avoir hâte de se libérer. Mais t’as pas envie de lui faire le plaisir de te dépêcher, surtout vu comment il agit. Non, au contraire, tu prends ton temps, tu parles avec lui, et tu lui demandes même pourquoi il veut à tout prix prendre ta place. « Qu’est-ce que ça peut te faire, putain ? Arrête de parler, je suis sûr que ça te ralenti ! » T’exploses de rire, tellement il a l’air en détresse, ce garçon. Ouais, ça te ralentit, mais c’est le but, bien évidement. Ca lui donnera une leçon, faut pas te déranger dans un tel moment. C’est pourquoi tu continues à prendre la parole, l’avertissant qu’à présent, il aurait droit à un superbe surnom digne d’American Pie. « Si ça peut te faire plaisir, ne te gêne surtout pas... Mais magne-toi ! » Tu finis ton affaire, mais encore, tu te rhabilles lentement. « Minute, j’ai pas envie que la dernière goutte finisse dans mon boxer. », ironises-tu. T’as quand même envie de lui laisser une petite surprise, juste pour l’embêter. T’éteins la lumière et utilises ton Ipad pour t’éclairer, puis tu grimpes sur la cuvette pour retirer l’ampoule au plafond. Finalement, tu la caches dans une de tes poches, et t’ouvres la porte. « Le trône est à toi, pause caca ! » Tu sors des toilettes, mais tu restes pas loin pour entendre sa réaction.

Je m'énerve contre la porte et contre le type à l'intérieur des toilettes en même temps. Il veut savoir pourquoi je suis si pressé mais j'ai pas l'intention de lui répondre, de toute façon il le saura bien assez tôt si j'en viens à vomir sur la porte fermé ou sur lui s'il sort à ce moment précis. Je suis sûr que ma taper la causette l'empêche d'aller plus vite, et puis ça me donne encore plus envie de renvoyer ce que j'ai avalé à midi. Il se met à rire. J'hausse un sourcil. Non mais moi je suis hyper sérieux, je vois pas ce qu'il y a de drôle. Il veut me donner un surnom débile. Bah qu'il le fasse, je veux juste avoir accès aux chiottes, je m'en fous du reste pour l'instant. Il me dit d'attendre encore un peu, qu'il veut pas que la dernière goutte finisse dans son slip. Je vais la lui faire avaler sa putain de dernière goutte, moi, ça va être vite vu. Au bout d'un petit moment il sort enfin. Je lui lance un regard mauvais en l'entendant me dire que le trône est à moi. Oui, bah merci, je sais. « Tu plaisantes ou quoi ? T'as passé je sais pas combien de temps là-dedans et tu prends pas deux secondes pour tirer la chasse ? Franchement... » C'est dégueulasse. Bah ouais, je comprends pas là, autant me faire chier jusqu'au bout. Mais de toute façon ce type est débile, c'est sans doute un attardé, surtout pour me surnommer « pause-caca ». Mais bon, de toute façon, pas le temps d'en dire plus, je sens que mon repas remonte vraiment vers la sortie la plus proche. Je fonce donc dans les toilettes, essaye d'allumer la lumière mais ça marche plus. Tant pis, pas le temps de comprendre. Je régurgite tout mon plat de ce midi, ainsi que le fromage et le dessert. Plus jamais je ne fais confiance à une tarée qui croit savoir faire la bouffe. J'aurais qu'à me faire réchauffer un plat surgelé, c'est certainement plus sûr. Une fois mon « affaire » terminée, je m'essuie le visage avec du papier toilette que je mets dans la cuvette avec mon vomis et la pisse de l'autre et j'envoie le tout en enfer. Je sors et je lui lance un regard qui veut tout dire. « Tu te crois drôle ? » Je suis pas débile, moi, contrairement à lui. J'ai vu qu'il y avait de la lumière quand il était à l'intérieur donc je sais que c'est lui qui a trafiqué un truc, je sais pas quoi, mais c'est forcément lui. Bon, au fond je m'en fous, j'ai très bien fait sans, mais c'est quand même un con ce mec, il faut dire ce qui est.