+ Apolline

J'ai marché longtemps, très longtemps, sans raison, et je n'aime pas marcher sans raison, mais tant pis pour cette fois, je n'aurais qu'à trouver une raison plus tard. Je suis finalement arrivé à proximité d'une sorte de barque que j'ai emprunté, en plein nuit. Moi je n'ai peur de rien, je suis un aventurier. Après tout, il parait que mes amis Zia et Tao avons découverts les cités d'or alors je peux bien prendre un bateau de nuit et risquer ma vie pour rejoindre le phare. C'était un peu fatiguant d'arriver jusqu'à ce grand machin mais j''ai finalement réussi à l'atteindre. Quel soulagement. J'aurais pas pu ramer plus, j'ai les bras en compote. Oui, il en faut peu, à peine quelques mètres. Bref. Je ne pensais pas tomber sur quelqu'un dans ce coin du nid, et surtout pas à cette-ci et pourtant je me retrouve face à face avec la fille aux cheveux arc-en-ciel. Apolline, je crois. Elle a dû choisir entre deux candidats lors du dernier prime si je me souviens bien, mais c'est pas comme si j'avais été vraiment attentif et présent ce soir-là. Je la regarde un instant, cherchant quelque chose de pas trop débile à dire. « Ça rend mieux de jour, tes cheveux. » Que je lance comme ça. Wahou, la super remarque ! Elle doit déjà être au courant. Pour la révélation de l'année je repasserais un autre jour. Non mais il faut pas m'en vouloir, j'ai fais un super gros effort pour ramer jusqu'ici, puis j'avais marché un bon bout de temps avant donc il me faut un peu de temps pour que mon cerveau se repose avant de pouvoir sortir mes magnifiques répliques de dragueurs accompli. Ou pas.

Comme à mon habitude, j'ai tendance à dormir très tard, je ne supporte donc pas de rester à rien faire. C'est pourquoi vers une heure du matin, j'ai pris la route vers le phare, parce que j'avais envie de découvrir à quoi l'intérieur ressemble. A vrai dire, depuis le début il m'intriguait, mais je n'avais aucune envie de ramer. Ouais, je suis pas très manuelle alors faire autant d'effort juste pour visiter un phare, j'étais pas très motivée jusqu'à cette nuit. J'ai marché alors jusqu'à l'endroit où sont placés les barques et j'en ai emprunté une. Au départ, j'ai galéré à manœuvrer, parce que c'est pas facile de bien diriger une barque même si l'eau n'est pas agité. C'est au bout d'une dizaine de minutes que j'arrive enfin au phare, alors que je suis sûr que certains y arrivent très facilement en cinq minutes montre en main. Lorsque je descends de la barque, je sens une certaine douleur au niveau des bras, c'est vrai que c'est chiant de ramer quand même. Je rentre dans le phare silencieux, d'ailleurs les seuls bruits que j'entends c'est les quelques vagues qui tape contre les pierres ou encore mes pas sur le sol. Cependant, j'entends rapidement d'autres pas venir dans ma direction. Je me retourne et je croise un candidat. On se fixe bêtement sans piper mot, tout les deux surpris à l'idée de croiser quelqu'un ici. Il me dit alors que mes cheveux rendent mieux le jour. Je souris alors à ses propos. C'est vrai que les couleurs sont beaucoup plus rayonnante au soleil. Je perds son regard un instant pour fixer l'escalier qui doit mener jusqu'au sommet du phare, puis je pose de nouveau mon regard sur le candidat qui m'accompagne. « On fait la course jusqu'en haut ? » Et avant d'attendre son consentement, je me mets à grimper les escaliers de deux en deux, arrivant alors au sommet complètement épuisé, au point de finir sur les fesses et de respirer très fort. Aucune endurance, ça c'est sûr.

Je ne pensais pas trouver quelqu'un ici à cette heure, et pourtant, je me retrouve en face d'Apolline, la candidate arc-en-ciel. Je ne trouve rien de fascinant à lui dire, ce n'est qu'une vérité vraie, comme quoi la teinture de ses cheveux rendrait mieux de jour. C'est d'une logique à tomber par terre en même temps. Quoi que, la lumière de la lune lui donne une espèce d'aura magique aussi, mais les couleurs de sa tignasse ne se voient pas des masses dans l'obscurité. Bref. Il faut que j'arrête de parler de cheveux avec les autres candidats, déjà la dernière fois c'était avec Jorah, ça m'a suffit. Je n'ai rien contre les gens qui se coiffent différemment mais j'ai juste l'impression qu'ils font ça pour qu'on les remarque, qu'on se souvienne qu'untel est coiffé comme ça et qu'unetelle à ça sur la tête. Mais bon, peut-être qu'il y a un sens caché que le mec au gel dans les cheveux que je suis ne peux pas comprendre, sait-on jamais. On se regarde un instant sans rien dire avant qu'elle propose finalement qu'on fasse la course. J'hausse les épaules puis me met à courir comme un con alors qu'elle est déjà partie. Ah, petite tricheuse, elle ne m'a même pas averti du départ, alors forcément, elle arrive avant moi. Une fois arrivé tout en haut je m'étale par terre et ferme les yeux. « Sache que je t'ai laissée gagner. » Bien sûr, tout le monde va croire ça. Non mais je n'ai jamais été doué en sport, ce n'est pas aujourd'hui que ça me venir soudainement, même si ça plairait bien au père. Non mais malheureusement pour lui, je ne suis qu'un petit con prétentieux et bon à rien. Et puis je viens de me faire battre par une fille. Si mon égaux en prend un coup, je n'ose même pas imaginer la honte que doit ressentir mon paternel s'il me voit à l'heure actuelle.

Bon, je suis pas une grande sportive, donc courir jusqu'en haut de ce phare, c'est assez compliqué pour moi, mais j'y arrive quand même. Avec une presque crise d'asthme en plus. Faut simplement que j'arrive à reprendre ma respiration et tout ira bien. Je suis finalement rejoins par Esteban qui s'étale sur le sol et ferme les yeux. Dis donc, il n'a pas l'air d'être un grand sportif non plus. Il me dit qu'il m'a laissé gagner et du coup, je me mets à sourire, amusée. « Mensonge. » En effet, il ne m'a pas laissé gagner, c'est juste un mauvais perdant, alors que moi j'ai tout donné pour arriver au sommet en première. Je m'approche alors d'Esteban et j'allonge alors ma tête sur ses cuisses. Ouais, d'accord on se connait pas vraiment, mais on vient de vivre un moment intense avec cette course, donc on peut bien passer outre les présentations. « Chez moi, souvent quand on mens, on a un gage. » Enfin chez moi, c'est vite dit. Disons plutôt que c'est avec mes amis, car je me vois pas du tout proposer un gage à ma frigide de mère. Je lève alors les yeux vers le blond pour lire sa réaction sur son visage, toujours petit sourire en coin. « Alors, tu joues ou tu joues pas ? » Bah ouais, après tout il a menti, c'est normal qu'il joue je pense. Moi, je l'aurais fait.

C'est un détecteur de mensonges cette fille ou quoi ? A peine je lui dis que j'ai fait exprès de la laisser arriver en haut avant moi qu'elle dit que je mens. J'imagine que ça se voit sur mon visage que je suis juste un peu frustré d'avoir été battu par une donzelle, parce qu'en fait elle ne peut pas vraiment savoir si je mens ou pas. Si ça se trouve je suis tellement gentleman que je laisse toujours un peu d'avance aux femmes dans ce genre de compétition sportive, histoire de me faire passer pour un mec galant. Mais non, hein, j'ai ma fierté quand même, donc oui, j'ai menti, autant être honnête du coup, même si c'est quelque chose qui ne m'arrive pas si souvent que ça. De toute façon, maintenant ça ne sert plus à rien de faire mon mauvais joueur. Je me redresse sur mes avant bras alors que j'étais allongé. « Oui, bon, d'accord, j'ai menti, je suis juste nul en sport. » Que je dis en baissant la tête d'un air coupable. Puis elle vient poser sa tête sur mes jambes. Ouais, d'accord. C'est un peu précipité, là, non ? Enfin, je ne vais pas la chasser, ça serait pas cool. Surtout qu'on vient de faire un sacré effort et puis elle est pas moche donc je vais pas la repousser. Disons que c'est simplement un peu bizarre qu'une fille m'approche d'aussi près en premier. D'habitude c'est moi qui vais vers les femmes, mais bon, le changement ça n'a rien de mal, il me semble. Apolline m'annonce alors que chez elle, quand on ment on a droit à un gage. « Chez moi, mentir c'est une habitude, donc si on se donnait un gage à chaque fois on serait pas sorti de l'auberge. » Je n'exagère qu'à peine en insinuant que mon père et moi mentons comme on respire. C'est un truc de famille, le mensonge, que voulez-vous. La demoiselle me demande si je veux bien jouer le jeu. Je la regarde un instant.  «Ouais, allez, fais péter le gage. » Que je dis d'un air enthousiaste même si en fait j’appréhende un peu. Non mais vu la couleur de ses cheveux je m'attends au pire, hein.