J’ai pas vraiment compris la vanne de Maxence et je connais pas la chanson, ça doit être un truc propre à la culture française. En tout cas, j’ai pas l’impression de rater quelque chose. Par contre, j’apprécie pas son petit ton, non mais oh, il se prend pour qui. Il me tire la langue, en plus. « En attendant, la fausse blonde elle a été plus loin que la plupart des vrais blonds. » Que je dis en croisant les bras et en faisant une petite moue. Si on s’attaque à ma couleur de cheveux, maintenant, je vous jure. Je propose ensuite à Silas de me frapper si je viens à pleurer. « Je savais que je pouvais compter sur toi. » Trop sympathique le type. Les révélations s’enchaînent, je suis plutôt surprise du secret d’Ulysse, et je trouve celui de Babou original.  Alix m’appelle, et c’est maintenant à mon tour de dévoiler mon secret. Je suis plutôt contente de l’avoir gardé jusqu’ici, d’autant plus que les indices dévoilés lors du précédent prime me semblaient particulièrement faciles, même s’il n’y avait que deux. Mais j’imagine que je suis pas objective puisque j’en connais l’intitulé, hein. Je respire un grand coup, et je me lance. Je vais être brève, j’aime pas m’étaler sur ma vie privée, ou sur ma vie tout court. « Je vais pas faire durer le suspense, je souffre du syndrome de Rokitansky. » En réalité, le nom complet est syndrome de Rokitansky-Küster-Hauser, mais c’est un peu long, hm. Maintenant, ils savent tout. Je suis tentée de m’arrêter là, mais je pense que je leur dois quelques explications, je suis pas sûre que cette maladie soit particulièrement connue. « C’est un nom un peu barbare pour désigner un truc des plus simples, le fait que je suis née sans vagin et sans utérus. Ceci dit, on m’a diagnostiquée seulement au début de mon adolescence, vu que l’un de ses signes est le fait de ne pas avoir ses menstruations, et c’est bien le seul truc cool avec cette connerie. Mais que je vous rassure, je suis pas une sorte de monstre même si on m’a traitée comme tel, je suis à peu près normale maintenant, je peux avoir des relations comme les autres, même si c’est parfois un frein d’être ‘’anormale’’ de base. Il n’y a pas vraiment de traitements pour ce syndrome, mais à coup de chirurgie ou de… dilatateurs, oui, c’est charmant, et bien, j’ai réussi à avoir un organe normal au fil des ans. » Je m’arrête là, ça suffit comme explication, et j’ai pas spécialement envie de leur faire tout le topo de mon vagin inexistant, ça reste intime même si j’ai accepté de défendre ce secret. L’essentiel est qu’ils connaissent désormais l’intitulé de celui-ci, et qu’ils savent que ça n’empêche pas d’avoir une vie amoureuse, ou plutôt sexuelle, épanouie, enfin dans la mesure du possible, aussi surprenant que ça puisse paraitre.

Visiblement ma gentille pique avait fait mouche ? Sans rire, depuis quand Rowan était-elle susceptible ? « Heey mais je plaisantais, te vexe pas ... Désolé. » Je ne disais pas ça méchamment moi, c'était une boutade, et d'habitude Rowan était plutôt du genre réceptive. Pas ce soir visiblement, bon, tant pis pour moi alors. Revenant aux révélations, j'écoutais Ulysse, les indices que j'avais reçu au cours des semaines de jeu trouvant tous miraculeusement une explication tandis qu'il arrivait au bout de son récit. Bon, ce n'était pas hyper moral mais d'un autre côté si ça faisait raquer des établissements qui se rendaient coupables de discrimination ... j'ai envie de dire que c'était un mal pour un bien, hein. « Tu viens de déclencher une vocation chez tous les candidats repartis sans cagnotte, là. » avais-je simplement commenté d'un ton amusé. Enfin non pas tous, mais c'était une façon de parler, quoi. Etait venu ensuite le secret de Babou, elle nous avait d'abord parlé de ses études - celles-là même où je n'avais toujours pas trop saisi en quoi ça consistait si j'étais totalement honnête avec vous - puis de ce qu'elle faisait à côté pour gagner un peu d'argent ... On pouvait vraiment mettre une somme aussi colossale pour assurer le fait de se casser un ongle ou de se couper en épluchant des carottes ? Je trouvais ça un peu indécent, de dépenser autant de fric pour quelque chose comme ça, mais bon ... Si cela lui permettait de payer ses études et de mettre de l'argent de côté pourquoi pas, c'était bon pour elle en tous les cas. C'était en tout cas au tour de Rowan maintenant ; Là aussi j'étais curieux, les indices que j'avais reçu m'embrouillant plus qu'ils ne m'avaient aidé en fin de compte. Et effectivement je ne savais pas trop où j'étais avec mes idées mais ce qui était certain c'est que j'étais à côté de la plaque, pour ne pas changer. Heureusement qu'elle avait expliqué un peu en tout cas, parce que l'intitulé seul me parlait autant que n'importe quelle phrase en chinois. Bien, c'était au tour de Titi maintenant.

Comme Jasmine sourit, elle sourit aussi, parce qu’elle ne va quand même pas pleurer. Surtout qu’après les secrets sont pas si triste que ça. « Oh. C’est nul, je trouve… » Qu’elle dit, toujours un peu perdue parce que c’est tellement pas Ulysse. C’est au secret de Rowan. Titi fait de gros yeux, pire encore que pour Ulysse, en voulant rire, mais elle se retient. « Mais du coup elle peut pas faire pipi, si elle a pas de… » Elle fait un geste vers le bas. Elle ne comprend absolument rien non plus, mais elle ne veut rien dire de trop bête pour ne pas vexer quelqu’un. Elle ne comprend rien, mais c’est à elle de dire son secret. Olala, c’est n’importe quoi comparé aux autres en plus. Elle se lève pour parler. « Alors… Comme j’ai déjà dis, j’ai pas de travail, parce que j’ai déjà essayé une fois d’en avoir un et je suis partie rapidement parce que c’était vraiment trop nul et fatiguant et que c’est pas possible pour moi d’avoir mes mains sales, tout ça… Mais en vérité j’ai un travail, mais c’est pas un vrai travail, mais je gagne quand même de l’argent, c’est pour ça que je dis que c’est un travail. Du coup, c’est aussi pour ça que j’ai de l’argent et que j’ai pas besoin d’un vrai travail en fait, parce que je travail un petit peu à côté et qu’en faisant quasiment rien, je gagne beaucoup. » Elle commence, ne sachant pas vraiment si les gens la comprennent ou pas. « En fait j’avais cherché un travail pas fatiguant, mais ça n’existe pas les travails pas fatiguant… Et puis un beau jour j’ai trouvé dans un journal une fois, un site internet qui parlait de se faire des amis. J'ai rigolé. Moi, j'ai besoin d'amis peut-être ? Bah non quand même pas… Et puis j'ai eu un flash ! » Elle lève les bras en l’air, avant de lâcher un rire. « Je me suis dis que c’est e-xac-te-ment le travail qu'il me faut ! Mais oui ! Je parle beaucoup, je suis divertissante, drôle, belle… » Elle se lisse les cheveux avec un sourire malicieux. « En fait, mon secret c’est que je suis ‘une amie à louer.’ Je rigole pas. Je vais vous expliquer : C’est un service pour les personnes qui sont seuls, qui n’ont pas la chance d’avoir des amis comme moi. Ca existe vous savez les gens comme ça et c’est trop triste… Parfois, ils aimeraient bien faire comme tout le monde : aller au cinéma, au restaurant, au théâtre, au musée ou même partir en voyage ou en croisière, mais ils ne veulent pas le faire tout seul, parce que ça craint quand même. Et bien moi je suis la solution à leur problème. Même rien que pour partager des trucs simples, comme une journée à la maison devant la télé en pyjama, ou faire des trucs tout bêtes comme des ateliers… C’est pour ça que je sais danser des trucs à deux, c’est un petit vieux qui voulait apprendre à danser. Enfin voilà, ces gens-là peuvent me « louer ». Pour un temps défini, n’importe où en France et pour n'importe quoi... Vous m’appelez, on fixe une date et non seulement vous me payez genre la croisière, le repas au restaurant, le ticket de cinéma, mais en plus vous me payez pour vous accompagner… Genre, 10 ou 20 ou 30 euros de l’heure un truc comme ça. En gros, je gagne beaucoup d’argent et vous, vous n’êtes pas seul… Je suis une « amie à louer » quoi ! C’est le mei-lleur boulot du monde ! » Elle en parle avec grand plaisir parce qu’elle le pense, c’est vraiment le meilleur boulot qui soit. Mais soudainement elle ouvre de gros yeux, avec une mine choquée. « Mais attention ! Je ne suis pas une prostituée, ni une escort girl ou je ne sais pas quoi. Je ne couche jamais, ni embrasse, ni rien… Parce que c’est un service aussi bien pour les hommes que pour les femmes, de 18 à 100 ans et moi j’aime pas les femmes et pas les plus de… Quarante ans ou cinquante ans ! » Qu’elle finit, avec un petit sourire. Voilà tout, c’est pas la mort ni la honte.

Ils vont s’en remettre. Et peut être pas qui sait. « Tu sais pas, ça se trouve il va y avoir des vagues de suicide. » Rien que ça. Ouais bon en vrai je pense qu’ils s’en remettront. Une nouvelle pop star va faire son apparition, et on l’aura remplacé. Regardez les Jonas Brother, Tokio Hotel tout ça, on les a déjà oublié. Bordel, me demandez même pas comment je les connais. Titi est bien silencieuse je trouve. Elle qui cause tout le temps.  Profiter, attendre que ça se tasse et peut être faire des études. » J’hoche la tête. « Bonne idée. » Que de faire des études. C’est ensuite au secret d’Ulysse. Titi ne comprends rien. En même temps faut dire qu’il n’a pas été très clair dans ses explications, même si j’ai capté l’essentiel. Faut dire que j’étais aidé parce que je le savais déjà. Il m’en a voulu de l’avoir nominé à ma place, quand lui dans la vie de tous les jours, escroque les hotels pour se faire du fric. M’enfin, ça n’a pas grande importance. Babou quant à elle, a des mains qui valent un million d’euros. Et bah dis donc. C’est possible ça ? Bah faut croire que oui. C’est qu’elles doivent être vraiment spéciales. Tant mieux pour elle, elle a trouvé le bon filon. Ça doit être le rêve quand même, être grassement payé juste pour montrer tes mains. Place au secret de Rowan. Elle est née sans vagin et utérus. Ah ouais quand même. Mais bon tant qu’aujourd’hui tout va bien, et qu’elle peut avoir une vie sexuelle épanouie, et bien c’est le principal. Bon par contre pour avoir des gosses c’est une autre histoire. Allez, maintenant celui de Titi. Une amie à louer. Ça me fait rire. Je ne savais pas que ça existait, mais en même temps c’est pas étonnant. Les gens sont prêt à payer pour tout. « Et t’as de vrais amis sinon, ou il faut qu’on paye pour passer du temps avec toi ? » Que je lui demande amusée. « Parce que bon moi je suis fauchée. ». Secret de Danica ensuite. Ah ça m’intéresse.

Se moquer de ma couleur de cheveux, c’est petit, vraiment. C’est un point sensible. Raison pour laquelle je me gène pas de répondre. Je laisse échapper un rire quand je constate que Maxence me pensait sérieuse.  « Depuis le temps, tu devrais savoir que je ne me vexe pas aussi facilement. Je suis déçue, pour le coup. » Ah oui vraiment. Ceci dit, c’est plutôt comique de le voir se confondre en excuse, limite j’aurais dû le laisser croire que je plaisantais pas. Il n’a pas tort quant au fait que ça a dû déclencher des vocations chez certains. « Tiens, c’est pour toi Silas. » Vu qu’il a à tout prix besoin d’argent, hein. Je révèle mon secret. J’ai passé des détails, parce que voilà, je parle quand même de mon anatomie et de sa … spécificité, et je veux en garder un peu pour moi, hein, je veux pas être un livre ouvert. Je jette un œil à la pièce, aux potentielles réactions. J’ai un peu peur qu’on me considère comme un ‘’monstre’’ vu que j’ai déjà eu le droit à ce genre de remarque. J’entends brièvement la remarque de Titi, ce qui a le don de me faire sourire. Bon, ça m’apprendra à vouloir être le moins précise possible. Mais qu’elle se rassure, c’est pas un problème ça. Peut-être que j’aurais dû reprendre exactement ce que j’ai dit à propos mon secret lorsque je me suis inscrite ici, le fait que j’en avais bien un à la naissance, mais qu’il faisait que 4 centimètres de profondeur, plutôt que de passer par un raccourci pour éviter de trop en dire. Ouais, mais c’est crade, hein, encore une fois, je veux pas exposer mon intimité à tout le monde. C’est gênant, hein. Quoi qu’il en soit, en parlant de Titi, c’est à son tour de révéler son secret. Même si c’est un secret qui lui va bien, je suis assez mitigée sur celui-ci. Je trouve ça bien qu’elle éloigne des gens de leur solitude pour quelques heures, ou quelques jours je sais pas, mais je suis plutôt contre l’idée de devoir payer sa compagnie pour qu’elle fasse semblant d’être leur amie. Quoi que, Titi s’attache vite, je pense pas qu’elle fasse vraiment semblant. M’enfin d’un côté, elle a pas tort, si c’est de l’argent facile, tant mieux pour elle. C'est ensuite au tour de Danica, et je dois dire que celui-ci est plutôt ... affreux. Je comprends pourquoi elle tient tant à son bateau, maintenant.