Alors qu’autour de lui les gens remportent des sommes d’argent – plus ou moins conséquentes – des indices, la possibilité de choisir une activité à insérer dans le futur nid, ou encore un baiser de la part d’un animateur, lui vient de remporter une raquette. Une raquette. Il vient de remporter une simple raquette, et Cupidon n’a même pas pensé à lui fournir une balle de tennis ou une deuxième raquette – soyons fous – pour qu’il puisse partager son lot de malheur avec quelqu’un. Il ne sait pas s’il doit en rire ou en pleurer, dans le doute il se contente de pousser un long soupir d’exaspération tandis que sa tête vient frapper le mur derrière lui. En même temps, il n’avait aucune raison de s’attendre à quoi que ce soit de sympathique, la chance lui ayant toujours fait défaut. Maintenant qu’il est fixé sur son sort, il n’a plus aucune raison de s’attarder dans cette pièce, d’autant plus qu’elle se rempli peu-à-peu et que cela le met clairement mal à l’aise. Mais il repense à Peter et aux efforts qu’il lui a promis de faire. Alistair jette un coup d’œil à sa montre. S’il tient dix minutes de plus en compagnie de tous ces gens, ce sera déjà une victoire. S’il vient à être sélectionné, il ne pourra pas échapper indéfiniment aux autres, alors autant commencer à faire des efforts maintenant. Toujours prostré au fond de la pièce, il reste silencieux tandis qu’il joue avec la cigarette qu’il compte fumer dès qu’il sera sorti d’ici. Il observe un peu les autres, sans jamais s’attarder longtemps sur eux. Il a tout de même le temps de s’attarder sur quelques filles qui ne sont pas désagréables à regarder. Et puis, il essaie de suivre ce qu’il se passe autour de lui. Une rouquine attire l’attention et en vient à se jeter un saut d’eau sur la tête, il n’esquisse pas même un sourire. Il écoute les lots que d’autres remportent et en vient à les jalouser, il grimace légèrement quand il réalise qu’il a hérité du lot qui est certainement le pire sur lequel on puisse tomber, jusqu’à ce qu’un garçon soit proclamé boniche des autres pendant une semaine. Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Alistair jette un nouveau coup d’œil à sa montre. Seulement deux minutes ont passé, plus que huit à tenir.

Andreja n'était d'ordinaire pas particulièrement chanceux au hasard, il était ce genre de personnes qui ne gagnaient jamais rien au jeu de hasard et qui y perdaient surtout de l'argent. Le genre qui, sur un tatamis, perdait toujours au pile ou face lorsqu'il devait être utilisé ... Alors disons qu'il n'avait pas vraiment d'espoirs démesurés quant au prétendu cadeau qu'il venait de choisir. Il se demandait ce qui pourrait être pire qu'une douche d'eau glacée, ou plus inutile qu'une raquette de tennis sans sa jumelle ni même une balle pour jouer. Ou peut-être de sous ? Il ne courrait pas après dans l'immédiat, mais c'était toujours sympa, des sous ... Non, finalement lorsque Cupidon se manifesta à nouveau ce fut pour lui annoncer qu'il venait de remporter trois indices. Il était resté dubitatif un moment, sans trop savoir s'il devait considérer cela comme un cadeau intéressant ou non ... quant à Cupidon il avait eu la gentillesse (?) de lui demander s'il avait bien compris. « Oui. Je compris ... » à en juger par le ricanement qu'il entendit un peu plus loin, il y avait comme qui dirait un truc qui n'allait pas. Maintenant qu'il y réfléchissait, le ton employé par Cupidon pouvait bien avoir quelque chose de moqueur ... C'était difficile à dire, la voix en elle-même était déjà déroutante, et pas ce qu'il y avait de plus simple à entendre. Il avait levé les yeux au ciel, exaspéré ; Est-ce qu'on prenait les touristes étrangers pour des abrutis ? Non. Alors pourquoi est-ce qu'il serait nécessaire de s'adresser à Andreja comme tel, sous simple prétexte qu'il ne maîtrisait pas la langue autant qu'il le souhaiterait ? Ces anglo-saxons n'avaient aucun savoir vivre. Un peu blasé le jeune homme s'était éloigné du centre de la pièce pour aller se poser dans un coin, remarquant rapidement la présence de "l'homme à la raquette" non loin de lui. « Tu toujours avoir chance comme ça, ou juste aujourd'hui ? » Le type en question avait l'air moyennement satisfait, on pouvait le comprendre remarquez ... Andreja voulait juste tenter de le dérider un peu.

Tout s’agite, et j’ai quelque peu du mal à suivre. Une fille se retrouve trempée, et puis finalement Cupidon intervient pour annoncer les fameux cadeaux. Il faut l’avouer, je suis carrément déçu. 1000 euros de plus sur ma cagnotte, c’était un cadeau carrément pourri. L’argent me passait bien par dessus la tête, et ce n’était clairement pas quelque chose qui m’intéressait. De toute manière, j’avais beaucoup trop l’habitude d’être fauché pour pouvoir apprécier la valeur de l’argent. J’aurai largement préféré quelque chose de plus original. Et puis, il y en a un qui est désigné pour être larbin la première semaine. Evidemment, je retiens bien sa tête ainsi que son prénom, ça pouvait toujours être utile, même trèèèèès utile. Cupidon fait alors une autre annonce qui me surprend un peu. J’avais été désigné par une certaine Daniela pour lui donner un baiser passionné. Comment est-ce que cela avait pu se passer dans la même salle où je me trouvais sans même que je le remarque ? A peine arrivé il fallait que j’embrasse quelqu’un. Oh, ça ne me dérangeait pas vraiment, ce n’était pas comme si je ne savais pas y faire. Et puis, à part si mon cerveau m’avait joué un mauvais tour, il me semblait bien qu’il n’y avait que des canons dans cette pièce. Et sinon, comment est-ce que j’étais censé savoir qui c’était, cette Daniela, moi ? Tant pis, ça sera au feeling. Je dépose alors mon fameux paquet cadeau par terre et je me dirige vers une fille au hasard (Clémentine). Sans même parler pour lui demander si c’était Daniela ou non, je l’attrape par les hanches pour l’attirer à moi et je l’embrasse passionnément comme Cupidon me l’a demandé. Je la fais même pencher en arrière comme dans ces films romantiques hollywoodien. Et une fois m’être bien appliqué à l’embrasser, je la remets debout en lui souriant et la regardant un court instant, sans dire un mot, avant de retourner à ma place comme si de rien était. Et sur le chemin, je pose ma main sur l’épaule de Neuville le larbin. « Oh, moi j’aime bien les oeufs au plat et du jus d’orange pressé le matin. Et les massages aussi. Tu retiendras ? » je souris assez pour dévoiler mes dents blanches et parfaitement alignées.

Je souriais donc en entendant l'annonce de Cupidon, j'attendais donc qu'il vienne m'embrasser passionnément. Entre temps, j'avais pu regarder les différents lots de chacun et remarquer qu'Alyssa était là aussi. La pauvre fille qui devait faire le Ice Bucket Challenge me faisait quand même un peu de peine il fallait l'avouer. Surtout qu'elle avait l'air morte de trouille. Bon, il y avait déjà assez de gens qui la réconfortait et je ne voulais pas me mêler de ce genre d'histoire, ça ne m'intéressait pas. Je tournais ensuite mon regard vers Ghika que j'avais vu plutôt, bon, il n'avait l'air de ne pas avoir une bonne opinion sur moi mais je n'ai rien contre lui, au contraire. Je m'attardais ensuite sur Lou, le candidat qui devait m'embrasser. Il fallait l'avouer, le candidat avait tout pour lui. Un corps de rêve, une belle gueule. Je suis même sur que c'était un beau coup. Je commençais donc à m'imaginer toute sortes d'image sordides le mettant en scène lui et moi. Non, Daniela pas maintenant, tu n'es pas là pour ça. Je le scrutais un instant en remarquant qu'il n'était pas bien réceptif avec ce qu'avait dit Cupidon. Je m'impatientais un peu. Il se décida enfin à bouger, se levant et se dirigeant vers moi. Je n'étais pas venu ici pour rien finalement. Je décroisais les bras, mettant une main sur ma hanche. Il s'approcha et .. oh surprise ! Il n'avait pas pris la bonne personne, et se retrouva à embrasser une inconnue. Il le faisait exprès, avouez ! Faut pas non plus être bigleux pour le remarquer. Je me mis donc dans son champs de vision avant de faire un geste des doigts «Euh .. je suis là.» lui dis-je avec un petit sourire. Le coquin en profitait, c'était sur.

Un cadeau aussi empoisonné que le mien, je m'en serai bien passée. Alors que les autres candidats remportaient des indices pour pouvoir bien commencer la chasse aux secrets une fois de le nid je me voyais contrainte d'en céder deux sur le mien. Je n'avais jamais été très chanceuse au jeu et nous en avions encore la preuve aujourd'hui. Maudit numéro 13. Cette tombola commençait à devenir complètement folle. Un seau d'eau glacée sur la tête, un karting dans le nid et un potentiel homme à tout faire lors de la première semaine. Finalement, on pouvait dire que cette animation commençait à tenir toutes ses promesses. Je me tenais à l'écart du groupe observant ce qui m'entourait avec curiosité mais aussi avec une certaine pointe d’appréhension. Tout ce monde me mettait mal à l'aise et puis, bordel, qu'est-ce qu'on crevait de chaud dans cette pièce.  La clim c'était pas trop demander pour une émission aussi reconnue que Fake Lover ?  Les gens qui s'agitaient autour de moi me firent sortir de ma rêverie. Un homme, un certain Lou, venait d'embrasser à pleine bouche une petite blonde. Il se passe quoi au juste là, c'est la chaleur qui l'excite comme ça ce pauvre garçon ? A voir le visage de cette fille je pouvais parier que ce baiser lui avait fortement déplu. Un autre fille s'approcha les mains fermement campées sur ses hanches. C'est qui elle au juste, sa petite amie ? Ah oui, cela me revenait. Monsieur parfait était obligé d'embrasser Madame parfaite dans le cadre d'un défi mais il venait tout bonnement de se tromper de fille. Instinctivement je levais les yeux au ciel, amusée mais en même dépitée par le ridicule de la situation. « Oh pitié, j'ai l'impression de me trouver dans un mauvais remake des Feux de l'Amour » laissais-je échapper en soupirant. Les intéressés n'avaient pas pu entendre cette remarque cinglante, heureusement pour moi, mais mon voisin lui avait très bien saisi la portée de mes mots. Il sourit, visiblement amusé par mon intervention. De toute évidence, la discrétion n'avait jamais été mon fort.  

posée près de la porte, mon regard voguait de visages en visages. tous insignifiants et plus banals les uns que les autres. ils hurlaient, riaient aux éclats comme si Cupidon leur avait lancé à tous leur première mission secrète: se faire le plus remarquer. aucun n'avait réellement retenu mon attention, c'est pourquoi mes yeux se posèrent presque instinctivement sur les cadeaux situés au fond de la salle. replaçant ma casquette et une mèche de cheveux derrière mon oreille, je jouais des coudes pour parvenir à l'endroit tant espéré. déambulant avec aisance sur mes talons aiguille, je séparais les corps se trouvant sur mon chemin, quitte à jouer des coudes. après quelques secondes de dur labeur, la table se présenta à moi. jaugeant les petites boîtes dispersées devant moi, je finis par prononcer ces quelques mots. "le numéro 33, s'il vous plaît." comme une évidence. 33 ans, l'âge du christ... et comme par hasard, ce nombre n'avait pas encore été choisi. un signe. un sourire maquillant mes lèvres, je tournais mon visage pour faire face à la foule, détaillant peut-être mes futurs adversaires tout en attendant que mon cadeau -empoisonné?- soit dévoilé.

Regard à droite. Regard à gauche. J'ai l'impression de passer inaperçu. C'est parfait. C'est le but. Je veux juste participer à la tombola tranquillement et partir. Faut que je retourne m'entraîner. J'ai pioché une boite à cadeau verte comprenant le numéro 44. Plus ou moins du hasard. Le verdict ne se fait pas trop attendre. Je remporte un indice sur le secret de la personne de mon choix en cas de sélection dans le jeu. Je pense que je peux d'ores et déjà choisir, non ? Allez, ça sera plus drôle. Il y a pleins de têtes qui m'inspirent. Le tatoué de la tête au pied. Celui qui devra jouer les larbins dès la première semaine. La blonde qui a jeté un saut d'eau sans scrupule sur la rousse. La rousse. Ou alors.. « Un indice sur le secret de mister chopeur. » Alias Lou. Mais je connais pas son nom. Tout ce que je sais, c'est qu'il aime fourrer sa langue n'importe où. Bref, je finis mon jus de raisin, je le jette, puis je file en direction du parking pour rentrer.

Cette journée est terriblement longue, qui aurait cru qu’autant de monde se serait présenté aux castings de cette nouvelle édition de Fake Lover ? Difficile de prendre conscience de la foule qui peut être attirée par l’émission lorsque nous sommes tous habitués à découvrir uniquement une trentaine de candidats lors du premier prime, nous ne voyons jamais les étapes de castings comme ça pourrait être le cas pour un télé crochet et on ne peut donc pas prendre conscience du monde qui se présente en espérant être retenu lors des présélections. Je me dis que l’équipe chargée de recevoir chaque candidat pour une petite interview risque d’en avoir marre assez rapidement, j’ai déjà repéré pas mal de stéréotypes ambulants, la bimbo siliconée, le sportif macho à souhait, la grande folle… Il y a le parfait cocktail pour le lancement d’une télé-réalité kitch à souhait, par chance, Fake Lover évite ce genre de personnages pour se concentrer sur des personnes plus distinguées et ce n’est pas plus mal. J’attends toujours mon tour, il viendra très rapidement, du moins je l’espère, mais Alix a l’idée d’organiser une tombola. Soixante sacs sont disposés devant nous et chacun renferme un avantage pour le jeu, un inconvénient ou quelque chose d’autre, certaines personnes sont déjà passées par la case sac et ont déjà leur gain. Je m’approche d’un pas nonchalant et j’attrape le premier sac que je trouve, le numéro dix-neuf.