De mon poste d’observation je peux voir tout le monde ou presque. J’ai l’impression qu’il s’est déjà passé tellement de chose, certains ont même l’air de déjà bien se connaître, alors que finalement, on ne s’est pas rencontré vraiment. C’est assez déroutant. Un type super discret me tire de mes rêveries. Je crois pas avoir déjà vu quelqu’un de si discret. Et du coup, automatiquement, je me demande pourquoi une personne qui semble être timide maladive s’inflige une telle épreuve. J’ai envie de le rassurer, de lui dire que personne ne va le manger, mais j’ai peur de l’effrayer. Et puis je n’ai même pas le temps d’ouvrir la bouche, qu’une jeune femme s‘adresse à moi. Je pose mon regard sur elle. Elle a un visage doux, pourtant je n’arrive pas à savoir si elle est sympa ou pas. Elle est ironique ou bien ? « J’avais peur qu’elle passe inaperçue. » Je lui lance accompagné d’un clin d’œil, comme si elle était maintenant dans la confidence. « J’ai l’impression que t’es pas séduite ? Je suis dégouté, on m’a pourtant juré que c’était un piège à femme ! » Puis plus par reflexe qu’autre chose, je me sens obligé passé ma mère sur ma barbe comme pour la rassurer. Moi je t’aime comme tu es barbichette. Après quoi, Cupidon me donne mon cadeau. Et là, soulagement, c’est une bonne nouvelle, j’ai le droit de lui poser une question, n’importe laquelle. J’ai bien envie de lui demander si je fais partie des sélectionnés, mais je suis presque sûr qu’il ne me répondra pas, du coup je pars sur autre chose. « Cupidon, peux-tu me dire, en admettant que je rentre dans l’aventure, le nom d’un candidat dont je devrai sacrément me méfier ? » Je perds pas de vue que je suis là pour avancer dans le jeu, autant commencer le plus tôt possible.

Voilà, c'était fait. Son entretien pour ces fameux castings était à présent terminé. En sortant de la pièce, la production l'avait mis au courant qu'une activité allait se tenir en salle de détente. Il s'était donc machinalement dirigé vers cette pièce. Il était bien curieux de savoir ce qui allait se passer. Enfin, il espérait que ce soit surtout une activité sympa et non un truc débile qui le ferait grandement regretter d'être venu ici. Pas mal de personnes se trouvaient déjà dans la pièce lorsqu'il arriva. Tout en observant la pièce du coin de l’œil, Stan se dirigea vers les distributeurs automatiques afin de se prendre un café. Ça l'aiderait à patienter, en plus de ça. Pour une fois, il préféra s'immobiliser. Il s'était donc installer sur l'un des canapés présents dans la pièce. Il observait, simplement. Après tout, s'il venait à être sélectionné, il aurait à faire à certains d'entre eux dans le jeu. Alors, c'était déjà un moyen comme un autre d'apprendre à les connaître. L'activité fût rapidement annoncée. Au programme, soixante numéros correspondants à soixante lots. Bon, d'accord, il devait l'avouer, c'était plutôt sympa comme idée. Rapidement, plusieurs personnes prirent la parole en lançant un nombre au hasard. Stan observait toujours, pour le moment. D'ailleurs, en voyant le résultats de certains cadeaux, il esquissa un sourire. Oui, ça le faisait rire. Quand même, sur certains lots, la production avait eu de l'humour, hm. Il porta son gobelet à ses lèvres tout en réfléchissant à un éventuel nombre qu'il pourrait donner. Même si, après tout, il se fichait pas mal du nombre qu'il donnerait. Il espérait juste tomber sur quelque chose de cool. Parce que bon, il ne voulait pas recevoir lui aussi une raquette de tennis ou une raquette électrique, c'était moyen quand même. « Numéro seize. » ajouta t-il à son tour, alors qu'un petit blanc auprès des demandes de lots s'était formé. Allez, Cupidon, à toi de jouer !

Les distribution de cadeaux s'enchainaient, toujours avec plus ou moins de chance, mais peu semblaient avoir aussi peu de chance que le type à la raquette ; On faisait difficilement cadeau plus inutile. Du moins ici ce n'était pas très utile, après rien ne l'empêchait de s'inscrire dans un cours de tennis une fois sorti d'ici, histoire de rentabilisé tout cela ... Andreja le lui aurait bien conseillé, mais à en juger par la tronche que tirait le type en question il n'avait pas l'air d'être un marrant, le dérider semblait être une tâche perdue d'avance. Mais il faut croire qu'Andreja n'était pas effrayé par les causes perdues, et pour cette raison il avait fini par engager la conversation avec ce type, lui demandant à tout hasard s'il avait toujours autant de bol ou bien si aujourd'hui était un jour spécial ... Visiblement c'était on ne peut plus habituel chez lui, belle perspective. Il lui avait retourné la question, par politesse sans doute, ou bien dans l'espoir de trouver quelqu'un d'autre pour lui confirmer qu'il n'avait pas le monopole de la poisse. « Malchance aussi, d'habitude ... mais aujourd'hui non. » Faut croire que l'aimant à poisse de l'inconnu était plus puissant que cela d'Andreja. C'était moche mais c'était comme ça. Au bout d'un moment pourtant un autre jeune homme sembla vouloir leur faire concurrence puisqu'il se retrouva lui aussi propriétaire d'une raquette ... Mais une raquette électrique, le genre supposé flinguer les moustiques. « Tu perdu, maintenant. Lui t'as battu. » avait-il commenté d'un ton relativement neutre. Cela lui faisait une belle jambe, certes, mais peut-être ainsi pourrait-il arrêter de tirer la tronche comme si Cupidon avait décidé de l'affubler du bonnet d'âne ou de lui retirer un bon point. Il y avait toujours pire, il voyait bien.

Finalement, la jeune femme se fend d’un sourire. Et j’ai déjà l’impression qu’on va bien s’entendre. C’est important parce que j’avais peur que mon apparence physique impressionne et freinent les candidats. Finalement, c’est pas le cas. Et puis si un mec totalement tatoué arrive à tirer son épingle du jeu, il est presque évident que je peux le faire aussi. Je pousse un soupir de soulagement posant ma main sur mon cœur. « Ouf, tu m’as fait peur !! » dis-je dans un large sourire en direction de la jolie brunette. « Ah mais ça, c’est ce que je dis toujours, tout est une question de point de vue. » Il est clair que sortir avec moi, ça signifie aimer un minimum la virilité ou tout du moins la pilosité faciale. Elle est marrante la petite. Je parviens pas à lui donner un âge, mais elle doit être assez jeune. Pourtant, elle a l’air super mature. C’est agréable. « Ah je te comprends tellement, parce qu’on va pas se mentir c’est tout de même bien moins alléchant ce machin qui pendouille ! » que je lui lance en me fendant à nouveaux d’un large sourire. Non, mais je suis sincèrement rassuré. Non, là c’est clairement pas ma barbe qui pose problème, c’est un grand soulagement. Et non, je ne suis pas obnubilé par ma barbe, pas du tout. « Je pense qu’on va bien s’entendre, on aime déjà les mêmes choses. » C’est vrai, ça nous fait déjà deux points communs, ma barbe et les vagins. Ca rapproche indéniablement ce genre de centre d’intérêt. Cupidon, me tire alors de notre conversation en répondant à ma question. Je m’attendais à cette réponse. Il est clair que je dois me méfier de tout le monde, mais je voulais un petit indice. Bon, je vais attendre d’être sûr d’entrer avec de me prendre la tête avec ce genre de chose. Il faut pas que je m’emballe trop vire, je risquerai de leur faire peur.

Certains avaient eu le droit à de l'argent, ou même à des indices, au cas-où ils se verraient sélectionnés. Ce qui était pas mal comme lots. Vraiment bien, même, à vrai dire. Mais non, Stan n'avait pas eu le droit à l'un de ces lots. Non. Lui, il avait juste le droit de se prendre un seau d'eau glacé sur la tête. Il avait tellement bien choisi son lot. Le jeune homme souffla avant de se lever du canapé sur lequel il s'était assis. En plus, il se devait de le faire puisque, s'il ne le faisait pas et qu'il était sélectionné, il se verrait directement privé de la moitié de sa cagnotte. Ce qui, malheureusement, n'était quand même pas négligeable. Il ne tarda pas à poser son gobelet sur l'une des tables présentes. Puis, d'un pas décidé, il se dirigea vers le buffet et attrapa le seau d'eau. N'empêche qu'il était déçu. C'était ça, alors, une télé-réalité ? Faire des trucs débiles ou en étant simplement filmé ? Hm, il regrettait déjà presque d'être venu. Il était maintenant au centre de la pièce, regardant quelques-uns des candidats qui étaient là. « Qui voudrait avoir l'honneur de me verser ce truc sur la tête ? » lança t-il d'un air ironiquement exagéré tout en tenant fermement le seau dans ses mains qu'il avait été cherché lui-même.