Cela faisait maintenant sûrement plus d'une heures que j'attendais dans cette fameuse salle d'attente qui ne ressemblait pas à grand chose. Des murs blancs, sans âme, accompagné d'une atmosphère lourde, un espèce de mélange d'égo, de stress, de jugements et pleins d'autres sentiments dans le genre. J'avais l'impression d'être cloitré dans une salle d'attente de médecin, quelque peu lugubre, voir très. A partir d'un certain moment j'ai eu l'envie de partir, saoulé de cette attente interminable sur une chaise que je présume être Ikea, vu son côté "très" confortable... De plus, je ne savais pas réellement ce que je faisait là, pourquoi d'un coup je m'intéressais suffisamment à une émission de télé-réalité pour dire de vouloir m'inscrire dans l'une d'elle. Pour tout dire, je ne m'y intéressais pas trop, c'était plutôt un sentiment d'obligation provoqué par une intuition que j'ai eu lorsque l'annonce des casting est passé un peu partout, à la télé, dans les panneaux publicitaire, sur internet... Partout quoi... Et lorsque je ressens ce genre de sentiment je suis obligé de m'y plier, c'est un peu comme si une malédiction me tombais dessus si je ne m'exécutais pas. Il m'arrivais que de la merde en gros. Mais lorsque j'eus l'envie de me lever pour prendre la porte, mon prénom fus cité par un membre de la production, c'était donc enfin à mon tour de passer à cet interrogatoire. Après m'être fait décortiqué de questions, un homme vint me cherché pour me conduire dans une nouvelle salle, je le suivis sans rien dire, me contentant de regarder un peu autour de moi pour dire de me repérer un peu, de savoir où j'étais. Il m'arrêta dans une salle, "le coin détente", du moins j'en déduis vu l'écriteau qu'il y avait à l'entrée de cette dernière. Là bas, se trouvait encore plus de personnes que j'imaginais, peut-être une quarantaine, voir même plus. Il était impossible de s'entendre penser tant de le bruit était conséquent, j'en étais presque impressionné. On était en quelque sorte rangés, tel des espèces de LEGO's emboités les uns dans les autres. Comment était-on arrivé à mettre autant de monde dans une si petite pièce ? Je détourne le regard, à droite, à gauche, essayant de trouver ce qui pouvait réellement être détendant dans cette environnement. Sur le chemin, je croise le regard de certaines personnes qui m'intriguaient, parfois trempées de la tête au pieds, parfois avec des objets tel qu'une raquette de tennis ou encore un ballon de foot... Il ne me fallut pas longtemps pour me rendre compte qu'ils n'étaient certainement pas arrivés ainsi. Je tombe ensuite nez à nez avec un genre de stand, il y avait des cadeaux positionnés sur celle-ci, tous munis d'un chiffre ou d'un nombre. Certains numéros étaient manquant, sûrement ceux déjà distribués aux autres prétendant de cette émission. Je regarde attentivement les boites, faisant quelques pas de chaque côté du stand tout en réfléchissant à celle que j'allais prendre. ~ Quarante-sept, s'il vous plaît... ~ Dis-je d'une voix neutre à celui qui avait l'air de tenir les rennes de cette "tombola". Je n'ai pas réellement d'attirance pour ce nombre, mais il ne m'a pas l'air inquiétant... On verra.

Mon entretien individuel avait eu lieu depuis un moment déjà, mais je ne cessais de me le repasser en tête, en quête d'une faille éventuelle, d'une réflexion spontanée qui aurait trahi quelque chose, ou bien d'un impair, tout simplement. Si bien que, à l'heure où chacun des candidats faisait plus ample connaissance avec leurs rivaux et potentiels futurs colocataires, je souriais d'un air tristement ironique en songeant qu'au lieu de me déclarer comme étant célibataire, j'avais précisé être "divorcé". Ainsi donc, mon statut n'était pas celui d'un homme libre, à qui il restait encore de trouver quelqu'un avec qui passer sa vie. Mon statut était celui d'un homme délaissé par sa moitié, privé de celle qui pendant longtemps avait été sa femme, sans espoir qu'il en soit autrement à l'avenir. J'étais fixé sur le passé, au lieu de vivre dans le présent en pensant à l'avenir. Le verre n'était pas seulement à moitié vide : il était hermétiquement fermé, et plus rien ne pouvait venir combler ce vide obsédant. Plongé dans mon introspection, je ne prête que peu d'attention à ce qui se passe autour de moi, et ce n'est que tardivement, une fois que les candidats autour de moi se sont tous, à tour de rôle, levés pour aller piocher un cadeau dans le tas, que je consens à quitter le douillet canapé pour aller enfin chercher mon cadeau. Il y en a considérablement moins, ce qui facilite mon choix - qui s'effectue bien sûr au plus grand hasard. "57" je lis, vaguement curieux de connaître mon gain, espérant que ma poisse légère ne m'a pas accompagné jusqu'ici.