Soirée éprouvante hier. Elle avait cru jusqu'au dernier instant qu'elle allait y passer Pia alors entendre son nom parmi les rescapés ça avait été une réelle délivrance. Elle n'aurait pas cru attacher autant d'importance à sa place dans ce simple jeu télévisé, pourtant, parce que ce n'était que ça, non ? Et pourtant. Retrouver son lit sous les comètes et se glisser aux côtés d'Andreja sous la couette ça avait été meilleur que tous les caramels du monde réunis, et pourtant dieu sait qu'elle aime le caramel comme si c'était son gosse, voir plus, même. Sans doute pour ça qu'il vaut mieux qu'elle ne prévoie pas de pondre pour l'instant. En tout cas, toujours transpercée par les émotions contradictoire, le cerveau en vrac, elle s'était glissé l'espace d'une nuit dans la peau d'un insomniaque et l'expérience n'avait pas été plaisante. Elle avait eu du mal à tenir la journée complète, rêvant d'aller se tourner et retourner sur le matelas king size qui l'attendait dans la chambre, et maintenant qu'il fait nuit elle ne ressent plus ce besoin de sommeil. C'est comme si on lui avait enlevé le poids qui pesait sur ses paupières depuis le début de la journée. Un subit regain d'énergie, qu'on pourrait appeler le second souffle dans le domaine de la course. Mais en l’occurrence, elle ne compte pas en profiter pour aller faire quelques tours de terrains, ce n'est pas son style. Elle avance sur le sable, glacé comme la bouteille qu'elle tient à la main et réprime un frisson avant de se laisser tomber sur la plage, face à la mer. Ce n'est pas souvent qu'elle a l'occasion d'écouter les vagues chanter en s'enfilant du bon vin, alors elle en profite. Et le fait d'avoir volé cette bouteille dans la cave du nid ne risque pas trop de lui gâcher ce plaisir. Elle porte la bouteille à ses lèvres et avale une gorgée. Elle n'est pas fan de vin, mais c'est pour le style, et puis elle n'a pas trouvé de whisky dans la réserve, certains étant sans doute déjà passés avant. En tournant la tête elle remarque une silhouette qui se découpe dans l'ombre, se rapprochant. Elle plisse les yeux avant de reconnaître Felice. Elle se souvient bien de son prénom parce que cette nana a des tatouages bien trop cools, et aussi parce qu'elle était dans la même galère qu'elle hier soir. « Tu viens réfléchir au sens de la vie avec moi ? », elle lance, d'une voix forte pour couvrir le bruit de la marée. « J'ai du bon vin. ». Pas si bon que ça mais elle l'ajoute quand même, dans le but de la convaincre de se joindre à elle, se sentant un peu seule à sa réunion d'alcooliques anonymes.

J'ai eu toute la journée pour me remettre du prime de la veille, de toutes ces émotions contradictoires qui m'ont assaillit pendant de si longues heures. De la peur, à l'angoisse jusqu'à la délivrance et la joie, mon cœur avait fait les montagnes russes pendant toute la soirée. J'avais attendu si longtemps qu'Alix dise enfin mon prénom, ce mot de passe si précieux qui me permettait de prolonger mon aventure d'une semaine supplémentaire. Je me voyais déjà retourner à Seattle et reprendre ma vie d'avant en faisait comme si rien de toute cette aventure ne s'était vraiment passé.   Et puis surprise, alors que je me voyais déjà partir, le public avait décidé de me sauver. L'euphorie du moment ne m'avait pas quitté même après avoir fêté ça avec mes compagnons de prime. Je n'avais pas fermé l’œil de la nuit et pourtant je ne ressentais aucune sorte de fatigue. Je tourne en rond dans toutes les pièces de la maison alors que tous les autres candidats, encore éreintés par le prime de la veille, partent progressivement se coucher. Je profite de ce moment pour m'offrir une petit escapade nocturne en solitaire. Je marche dans la nuit sombre traversant le jardin puis la forêt pour déboucher enfin sur la plage. J'enlève mes chaussures pour profiter du contact du sable sur ma peau et je reste immobile un instant, seule face à l'immensité de l'océan. Je ne suis pas seule puisque non loin, j'observe la silhouette frêle de Pia éclairée par la Lune. Tiens une rescapée du prime, elle aussi. Elle semble remarquer ma présence et m'apostrophe. Elle voulait que je vienne réfléchir au sens de la vie avec elle autour d'une bonne bouteille de vin. Elle marquait un point. « S'il y a du vin alors je ne peux pas dire non ». Je m'approche d'elle  et finis par m'asseoir à ses côtés sur le sable, le bruit des vagues guidant mes pas. Je n'ai pas encore eu l'occasion de lui parler depuis le début de l'aventure, je connais que son prénom mais c'est déjà un très bon début. « Tu faisais quoi toute seule sur la plage avec ta bouteille ? » Je lui demande curieuse da savoir la vérité sur sa présence ici.        

« S'il y a du vin alors je ne peux pas dire non ». Elle sourit en cessant de brandir la bouteille pour prouver ses dires et reprend une gorgée. Elle l'observe du coin de l’œil jusqu'à ce qu'elle vienne la rejoindre sur son coin de sable. La jolie tatouée lui demande ce qu'elle pouvait bien foutre toute seule sur la plage à regarder les vagues danser tout en s'enfilant une bouteille de rouge. C'est vrai que c'est peut-être une question qui s'impose lorsqu'on regarde la scène de l'extérieur. Elle hausse les épaules. « Je sais pas trop.. J'ai eu envie de boire du vin en écoutant la mer et j'me suis pas posé la question plus que ça. Mais si ça peut te rassurer, je ne suis pas alcoolique, pas encore du moins. ». Un coin de ses lèvres légèrement plus relevé que l'autre en un demi-sourire. « Ce que j'aime ici c'est que tu peux faire tout ce que tu veux et n'importe quand. ». Comme une enfant capricieuse elle aime avoir ce qu'elle désire au moment où elle le désire. C'est un peu la Wendy qui est en elle qui parle. Elle a tendance à réfléchir aux conséquences de ses actes sortis du Wonderland seulement quand il est un peu tard. Heureusement pour le moment cela ne lui a pas porté trop préjudice. « C'est un peu pour ça que j'avais peur de partir hier soir. J'ai pas envie de quitter l'aventure pour rentrer chez moi maintenant. En plus, j'ai pas de vin et y'a pas la plage. ». Elle rit un peu alors qu'en réalité l'idée d'être mise sur le banc de touche option renvoi définitif lui a réellement retourné le crâne pendant toute la semaine. Elle sait ce qu'elle quitte et elle sait ce qu'elle retrouve, et c'est sans doute ce qu'il y a de plus déprimant dans l'idée de ce départ. Refermer la porte des journées qui ne se finissent jamais pour retourner à la routine métro-boulot-dodo. « Si t'avais eu à partir hier.. Qu'est-ce qui t'aurait manqué le plus ? ». Elle l'interroge avant de lui tendre la bouteille, parce qu'après tout c'est ce qui a attiré la brune en premier lieu.

Pia remarque ma présence et m'invite à la rejoindre sur le sable autour d'une bonne bouteille de vin, chose que j'accepte avec grand plaisir étant donné que je n'avais encore jamais eu l'occasion de lui parler seule à seule. Je prends place à côté de la jolie rouquine face à l'océan. Je me demande ce qu'elle peut faire toute seule sur cette plage à boire une bouteille de vin face à la nature. C'est un comportement très curieux et je ne peux pas m'empêcher de me poser certaines questions. La jeune femme me rassure en m'avouant qu'elle n'est pas une alcoolique comme j'aurai pu le penser, que c'était juste une envie soudaine et précipitée. « Ah ça me rassure » . Si jeune et déjà alcoolique, voilà qui aurait été tellement dommage pourtant c'était de plus en plus fréquent. Je commence à me détendre et je bois les paroles de ma voisine à défaut de pouvoir boire le vin qu'elle m'avait promis. Elle s'ouvre un peu à moi en me disant que ce qu'elle préfère ici c'est la liberté de faire tout ce que l'on désire. « C'est vrai, pas d'obligations, pas de comptes à rendre, c'est un peu la paradis » je lui réponds. Elle devait être comme moi et être une amoureuse de la liberté. J'aimais pouvoir me lever quand bon me semble, manger à l'heure que je souhaite et où je veux. Le nid nous offrait toutes ses possibilités et c'est une des raisons pour laquelle je n'avais pas envie de partir hier soir. « Je … je te comprends » je finis par lui répondre, ne sachant trop que dire. J'étais une quiche dans le relationnel et lorsqu'il s'agissait de m'ouvrir aux autres. C'est tout ce que j'avais trouvé à lui dire. Ma vie d'avant me manquait parfois mais je n'avais vraiment pas envie de partir si tôt. Elle avait été dans la même galère que moi hier soir et elle voulait savoir ce qui m'aurait le plus manqué si j'avais eu à partir tout en me tendant la bouteille de vin. J'en prends une bonne gorgée. « Elle n'est pas si bonne que ça cette bouteille, tu m'as menti » je fais remarquer avec le sourire aux lèvres avant de répondre on ne peut plus sérieusement à la question. « De vouloir partir explorer les moindre recoins nid pour être seule et au final toujours tomber sur un candidat ». Fake Lover m'avait fait comprendre que je n'étais pas faite pour la solitude, c'était le destin.