C'était surement la journée la plus éprouvante que j'avais vécu depuis le début de l'aventure. J'avais formulé le désir de dormir seul cette nuit, ce pourquoi j'étais étalé de tout mon long dans le lit que j'avais jadis partagé avec Billie-Jean, profondément endormi. J'avais curieusement trouvé l'apaisement après une bonne heure à tourner en rond dans mes draps, à ressasser l'épisode du balcon en boucle, à littéralement flipper même. Je l'avais dis, je l'avais fais, je n'oserais plus regarder Sydney sans rougir désormais, et ce même si mes sentiments étaient définitivement réciproques. J'aurais pu être heureux, je l'étais, mais aussi désagréablement nerveux face à cela. Rien n'aurait pu briser ma tranquillité néanmoins, rien sauf une voix qui vint soudainement me secouer, à je ne sais quelle heure, pour visiblement réclamer mon attention. Si je faisais semblant de ne rien entendre, peut-être me lâcherait-elle la grappe. Des mains vinrent soudainement jouer les percussions sur mon abdomen, et je grognais aussitôt, poussant à l'aveuglette la visiblement jeune femme avant de me tourner sur le ventre.

Elle cherchait vraiment à m'énerver? Je voulais profiter de ma nuit, il était clair que si elle continuait à m'embêter, elle allait rapidement se faire envoyer valser par dessus le lit! J'appréciais Rusty, mais je détestais me faire réveiller (sauf exception) alors que j'étais paisiblement plongé dans un profond sommeil. C'est pourquoi je fis abstraction de ses coups dans mon dos, plaçant ma main en arrière pour la repousser de nouveau, n'y parvenant pas néanmoins. Elle me menaça ainsi de me mordre, menace que je n'aurais pas dû négliger, je le savais. Je sentis ainsi ses dents se planter dans ma joue.

RAAAAH!

Je me redressai aussitôt, fusillant la jeune fille du regard en me frottant la joue, hésitant à vraiment l'immobiliser sur la moquette pour lui faire bouffer celle-ci. Elle revenait à la charge, je la repoussai, furibond et boudeur avant qu'elle ne s'écrase les fesses sur le sol. Je me penchais sur mon lit, sans pouvoir m'empêcher de rire, moqueur.

Ca t'apprendra, gros cul!

Sa réponse fut sans appel étant donné qu'elle m'assena aussitôt un coup de coussin. Je lui fis les gros yeux avant de lui rendre le coup, l'assommant littéralement avec mon oreiller dans une envolée de plume.

Arrête maintenant, gonflante la nana hein!

Je plaisantais et riais nerveusement, mais plus parce que j'étais poussé à bout qu'autre chose, j'avais VRAIMENT envie de dormir, la jeune femme ne se rendait pas compte du danger qu'elle courrait en m'enquiquinant ainsi. Elle fit néanmoins une nouvelle déclaration sur le fait que je n'étais pas le seul à être blessé dans cette maison. J'arquai un sourcil, Rusty ne faisait plus vraiment parler d'elle ces derniers temps. Bon.

Je te garantis pas de rester éveillé plus de deux minutes, alors fais vite.

J'ouvris la couette sur la place vide à mes côtés, l'invitant à s'allonger à mes côtés alors que je me recouchais moi-même sur le dos en soupirant.

La jeune femme s'installa ainsi sur le bord du lit, ne venant pas curieusement s'allonger à mes côtés comme je m'y étais attendu. Elle semblait fixer quelque chose que je ne parvenais pas à saisir, jouait-elle encore? J'en doutais. Je me perdis ainsi dans la contemplation du plafond alors qu'elle commençait à parler. Elle mentionna son partenaire, et la solitude qu'elle ressentait depuis qu'il était parti de la maison. Je tournais alors la tête, une expression étonnée sur mon visage, curieuse, mais aussi peinée pour ma nouvelle partenaire qui je le comprenais, devait se sentir bien seul désormais. Soupirant légèrement, je me trainai sur le lit vers elle, m'installant sur mon flanc de façon à pouvoir voir son visage, ou du moins son profil, ma joue reposant dans ma paume.

Je comprends parfaitement ce que tu ressens je t'assure... mais je suis là moi maintenant!

Je lui fis un grand sourire, posant mon autre main sur la sienne, l'intimant de me rejoindre sous la couette pour discuter de tout ça.

Je contemplais toujours le point invisible, les yeux perdus dans l'obscurité, le flou, triturant inconsciemment mes mains. Me trouvant soudainement pathétique et même stupide. Depuis quand avais-je besoin de 'compagnie'.. Ridicule. Les souvenirs de "l'accident" qui m'avaient tiré de mon sommeil me revenaient maintenant en tête, hantant mon esprit, avant que je ne les chasse.
Je comprends parfaitement ce que tu ressens je t'assure... mais je suis là moi maintenant! dit il ensuite en arborant un grand sourire. Je soupirais puis vrillais mes prunelles vers lui, esquissant un sourire. Et me laissais entraîner sous la couette.
..et toi ? fis-je simplement avant de tourner la tête vers lui. Quoique tu as l'air de bien tenir le 'choc' ajoutais-je, le taquinant.

Elle ne répondit pas, les yeux dans la vague. Je ne savais que dire, à vrai dire, je n'étais pas doué pour réconforter les autres, ce n'était pas dans mes préoccupations premières et même avec mes rares amis, ce n'était pas ce à quoi j'étais voué. Consoler les gens. Je m'en soucie tellement peu à vrai dire que je ne vois pas comment avoir l'honnêteté nécessaire pour aider quelqu'un. Contrairement à ce que l'on pouvait croire, Fake-Lover ne m'avait pas changé tant que ça. C'est pourquoi je n'ajoutai rien, la laissant s'installer à mes côtés, mains derrière la nuque.

Tenir le choc... c'est pas aussi facile que ça en a l'air. Parfois je me surprends à vouloir partir d'ici... comme tout le monde je suppose, mais je pense être assez fort pour continuer jusqu'au bout. Numériquement, peu de choses me retiennent ici, mais elles ont un poids considérable dans ma vie désormais. Alors je tiens comme ça.

J'haussai les épaules, hagard.