+Jaheim

Il y a tout juste trois quart d'heure, Cupidon annonçait le retour de Jaheim. C'était inespéré, et automatiquement je l'avais pris dans mes bras, façon vieux potes qui se retrouvent. C'était bref et amical, loin de l'image du baiser de la veille qui m'avait un peu travaillé cette nuit-là, je l'avoue. Mais je me suis surtout dis que c'était une blague de sa part, vu que depuis le début je le séduisais pour m'amuser, un cadeau de départ on va dire. Ce qui me perturbait le plus, c'était son départ en lui-même, et la façon dont ça s'est passé. J'ai même pas pu m'y préparer... Et tans mieux puisqu'il est revenu dans l'aventure pour de bon. Je peux pas dire à quel point je suis heureux à vrai dire, même si j'aimais bien Auguste... En public, je me montre pas très démonstratif, je me contente de sourire et je le laisse tranquille, le temps qu'il reprenne ses marques. Finalement après l'avoir laissé trois quart d'heure en paix, je vais le chercher dans notre chambre, ou plutôt ancienne vu que ses affaires ont disparu. Je vais donc voir dans la chambre orientale, là où son nouveau partenaire dort. Bingo, il est en train de s'installer, alors qu'il n'y a personne dans la chambre. Je suis passé de la déprime profonde à l'euphorie continuel. C'est simple, je n'arrive plus à perdre mon sourire. Je referme la porte doucement, et alors qu'il est de dos, je m'approche de lui et vins saisir ses hanches pour le rapprocher de moi, venant déposer un baiser sur sa joue.   « Tu m'as fais peur. » Je murmure sincèrement à son oreille. Bien sur que j'aurais pu continuer l'aventure sans lui, y a encore des tas de personnes que j'apprécie mais chaque relation est différente, et celle que j'entretiens avec Jaheim me plait tout particulièrement. Je commence à chatouiller ses côtes, et évidemment il réagit, tellement que je le fais tomber sur le lit. Je m'assois naturellement sur lui à califourchon, en toute innocence. « Le bisou hier soir, c'était un bisou magique pour le bobo je suppose ? » Le bobo qu'il m'aurait laissé en partant.

Je ne réalise pas, comment parvenir à relativiser quand vous avez vécu un tel ascenseur émotionnel en l’espace de quoi… Même pas douze heures. Je me suis retrouvé nominé par une stupide activité et par la majorité de mes camarades en plein milieu de la soirée et avant même que je n’ai eu le temps de moufter et j’ai été éliminé dans la foulée. Autant vous dire que la déception a été immense et que j’ai eu du mal à avaler la nouvelle, oui mon élimination précipitée m’est restée en travers de la gorge. Je ne pourrais pas en dire plus sur ce que j’ai ressenti puisque j’ai noyé mon désespoir dans l’alcool une bonne partie de la soirée et encore plus après avoir été éliminé. Je me souviens malgré tout de pas mal de trucs et notamment d’une chose que j’ai faite sous l’impulsion du moment, je crois que j’ai eu peur et que j’ai agi impulsivement pour être sûr… J’y ai cogité une bonne partie de la nuit, insomniaque après tant d’émotions mais ce n’était rien comparé à ce que j’ai éprouvé lorsqu’un membre de la production est venu me trouver pour m’annoncer que je ne rentrais pas et que suite à l’abandon d’un autre candidat j’étais réintégré au jeu. J’ai fait mon grand retour il y a moins d’une heure et je me sens tout étrange, cette maison me manquait déjà cruellement mais j’ai l’impression que je vais devoir reprendre mes marques comme à la première semaine. Je change de partenaire et de chambre, une grande évolution. Je déballe mes affaires près du lit qui est à présent le mien, dormir avec un garçon ça va me faire bizarre, surtout dans le même lit vraiment l’un tout proche de l’autre. Je sens tout à coup deux mains qui se glissent le long de mes hanches et un bassin qui se colle à mes fesses bombées et musclées, je n’ai pas besoin de faire face à cette personne pour la reconnaitre. Son parfum, sa présence, Aaron est particulier et je ne sais pas si je dois aimer cela ou, au contraire le détester. Un frisson me traverse aussi fort qu’un bon coup de foudre et je me sens cruellement mal à l’aise lorsqu’il dépose un bref baiser sur ma joue. « Tu m'as fais peur. » Me murmure-t-il à l’oreille et je ne peux retenir le sourire qui nait sur mes lèvres, je respire la joie de vivre et l’avoir auprès de moi… Je ne saurais comment le décrire mais ça me fait un petit quelque chose, c’est inédit et c’est justement ce qui me fait toujours très peur, ce qui me donne envie de le repousser et de vite imposer des limites. Mais comment faire une telle chose alors que j’ai dépassé les bornes en l’embrassant hier soir. Pourquoi ai-je fait ça aussi ? Je n’aurais pas pu lui serrer la main, aller, lui donner une accolade ? Je ne sais pas ce qu’il m’arrive et c’est ce qui me perturbe le plus. « J’ai eu peur aussi mais revenir… Je n’ai pas de mots pour exprimer à quel point je suis heureux aujourd’hui, le plus heureux des hommes ! » Ses mains sur mon corps me procurent un effet diablement dérangeant et je suis sur le point de le repousser pour reprendre le contrôle et profiter d’une distance raisonnable pour arrêter de… De me sentir en sécurité dans les bras d’un mec mais il se met à me chatouiller et ma réaction est immédiate. Je me mets à crier et à me dandiner, optant pour une position couchette en pensant qu’il s’arrêtera mais je me trompe. Il me rejoint, prends la place du dominant en me chevauchant, à califourchon contre ma peau étrangement brûlante. J’étouffe, mes deux mains se plaquent contre ses jambes, prêtes à le repousser mais… Mais je ne sais pas, je ne fais rien, je me contente de le regarder et de dévier dès que nos yeux se croisent. Que m’a-t-il fait ? Je ne suis pas homosexuel et je ne le serais jamais, c’est ce que je me répète fièrement, la leçon que mes parents m’ont apprise depuis que j’ai l’âge pour comprendre ce genre de choses. « Le bisou hier soir, c'était un bisou magique pour le bobo je suppose ? » Je baisse la tête, tentant de ne pas montrer que je suis gêné même si ça saute clairement aux yeux. Mes mains remontent le long de ses hanches et je le repousse assez gentiment sur le côté pour pouvoir m’asseoir en tailleur et lui faire face. « Note à moi-même, ne plus abuser de l’alcool en plein prime ! » Je souris bêtement. « Ce baiser ne voulait rien dire, c’était… J’sais pas, juste comme ça ! » Je me suis répété cela toute la nuit et toute la matinée. « Si j’étais réellement sorti, je t’aurais manqué ? » Que je demande innocemment, curieux comme tout.

Je suis tactile, et Jaheim le sait depuis le temps. Mais faut l'avouer, c'est pas avec tout le monde... que lorsque je sens au fond de moi que j'en ai envie, et avec Jaheim, j'ai tout le temps envie de le toucher, que ce soit ses hanches comme maintenant ou juste ne serait-ce qu'un doigt. « J’ai eu peur aussi mais revenir… Je n’ai pas de mots pour exprimer à quel point je suis heureux aujourd’hui, le plus heureux des hommes ! » Son enthousiasme est contagieux. Cette élimination de quelques heures a eu le don de le recharger en ondes positives faut croire, il a l'air encore plus motivé qu'avant, et ça fait franchement plaisir de le voir dans cet état. Je le taquine en venant lui faire des chatouilles, vu que je sais qu'il craint atrocement ça, et je me retrouve à califourchon sur lui. Évidemment, cette position ne me gêne absolument pas, c'est presque naturel finalement. Ses mains viennent se poser sur mes cuisses, et je dois avouer que je ne sais plus du tout si c'est toujours un jeu entre nous, le jeu du mec qui séduit alors qu'il sait qu'il n'a aucune chance, ou si ça devient réel. Il m'écarte sur le côté, et je me laisse docilement faire, venant m'allonger alors qu'il se met en tailleur. « Note à moi-même, ne plus abuser de l’alcool en plein prime ! » Il aurait donc trop bu, c'était pour ça le baiser alors ? Je lâche un léger rire. Je dois avouer que je suis un peu déçu, mais c'est peut-être mieux ainsi. « Note à moi-même : faire boire Jaheim plus souvent. » Toujours mon espièglerie dans ma voix, et bien que cela soit dit sur le ton de la plaisanterie, je ne suis pas sur que cela en soit vraiment une... « Ce baiser ne voulait rien dire, c’était… J’sais pas, juste comme ça ! » Je secoue légèrement la tête, venant lui adresser un sourire rassurant. Il a pas à se justifier, il est en train de se perdre lui-même. « J'ai compris, ne t'en fais pas. » Je dis pas ça amèrement, je comprends et il n'y a aucun problème. « Si j’étais réellement sorti, je t’aurais manqué ? » Franchement, je dois vraiment répondre à cette question ? Parce que ça se voit quand même, non ? Et ça m'étonne de ne pas lui avoir dit, c'est que je l'ai pensé tellement fort que ça me parait évident comme réponse. « Bien entendu idiot... » Je souffle avec un fin sourire, loin de vouloir être agressif, ce serait plutôt le contraire, je cherche à être affectueux. Je vois pas comment il pourrait en douter. Je me lève soudainement, cherche des feuilles et des crayons que je trouve assez rapidement dans la chambre. Je me repose sur le lit, en tailleur à mon tour et lui fait face. J'ai envie de lui dire plein de trucs, mais seul à seul, sans que les caméras ou les micros puissent l'intercepter. « Qu'est-ce que t'as ressenti quand tu m'as embrassé ? » J'écris, et lui glisse discrètement.

De tous les candidats avec qui je m’attendais à potentiellement devenir proche je peux vous assurer que je ne pensais pas forcément à Aaron. Depuis le début il est un peu l’outsider qui grimpe en flèche et qui fonce tête baissée dans les barrières qui se hissent sur son chemin. Il pourrait se les prendre en pleine gueule et prendre la gamelle de sa vie mais non, à la place il les bousille et passe à la suivante sans se démotiver et je crois que c’est justement ce qui me plait chez lui. En trois semaines je me suis énormément attaché à lui et je l’ai compris au moment de sortir de la maison hier soir, il est pour l’instant LA rencontre de mon aventure, reste à voir ce qu’il adviendra de cette impression dans les jours, semaines à venir. A vrai dire je commence à me demander s’il n’est pas grand temps de mettre des limites ou s’il n’est pas trop tard, je me sens tellement étrangement mal à l’aise et à la fois bien lorsqu’il pose ses mains sur mes hanches, lorsqu’il me touche. Aaron fonctionne exactement comme moi, il s’exprime mieux avec son corps qu’en utilisant les mots, il est donc très logiquement tactile et j’ai de plus en plus de mal à réellement croire que cette réaction qu’il a m’agace. Difficile de vivre dans ma tête n’est-ce pas ? Il a pris note de mes faiblesses et en use lâchement, le vilain me fait des chatouilles et je ne trouve pas d’autre moyen de lui échapper, je me laisse tomber sur le lit et lui offre une occasion particulière puisqu’il s’installe à califourchon sur moi et je ne devrais probablement pas me sentir ainsi. J’opte pour l’éloignement en guise de barrière, je ne veux pas réfléchir, pas aujourd’hui et je n’ai pas la force de le repousser encore, pas sympathiquement. « Note à moi-même : faire boire Jaheim plus souvent. » Je pouffe de rire. « Fais attention, ce n’est pas parce que je suis alcoolisé que je deviens homo tu sais ! » Je lui adresse un petit clin d’œil, me répétant cette phrase dans d’autres contextes, tu n’es pas homo, hétéro tu es et tu resteras. Je me sens obligé de me justifier sur ce qu’il s’est passé et je le fais avec une conviction vraiment bancale, difficile d’expliquer pourquoi j’ai fait ça et surtout de dire pourquoi je ne l’ai pas fait, vous me suivez ? « J'ai compris, ne t'en fais pas. » Parfait, il semble réellement s’en foutre et c’est tant mieux, je ne veux pas le blesser. « Mon père va m’attendre de pied ferme le jour de ma sortie, pas sûr qu’il me pardonne ce baiser un jour. » Je le vois déjà m’insulter, me dire que j’ai foutu la honte à toute la famille en m’affichant ainsi devant la France entière, en embrassant un homme, le pire des sacrilèges au monde. Ma mère et mon père sont allés manifester contre le mariage pour tous, ils sont homophobes et c’est effrayant alors imaginez ma position lorsque j’embrasse un mec, imaginez ce qu’ils doivent penser… Je me dis même qu’ils vont vouloir m’envoyer dans un camp qui est censé faire des miracles et vous redonnez l’âme d’un parfait hétéro… Je ferais peut-être bien d’y aller quelques jours ! Chassez le naturel et il revient au galop, je questionne Aaron, est-ce que je lui ai manqué ? « Bien entendu idiot... » La scène doit paraitre tellement stupide et niaise, je baisse la tête et me met à sourire bêtement, comme un idiot oui. « La production m’a supplié de revenir pour ne pas que tu fasses une tentative de suicide pour tout te dire ! » Je souris, fier de ma connerie alors que c’est tout le contraire qui s’est passé et que mon retour n’a en rien concerné Aaron à la base. Il se lève, s’éloigne et je me demande ce qu’il fait jusqu’à ce que je le vois revenir avec une feuille et des crayons. Il inscrit quelque chose sur cette dernière et me la donne. « Qu'est-ce que t'as ressenti quand tu m'as embrassé ? » Je fais un arrêt sur image, il a posé la question que je redoute, celle qu’il me parait vraiment difficile d’aborder. Je n’ai pas envie de lui mentir mais comment être honnête lorsque vous vous mentez peut-être à vous-même, lorsque vous vous répétez des demi-vérités pour vous sentir mieux ? Mon cœur se met soudainement à battre la mesure tandis que mon poignet se contracte sous l’impulsion du stylo que je presse contre le papier nerveusement. Je lui tends la feuille à mon tour. « J’ai ressenti tellement de choses avec ma nomination, l’alcool, mon élimination que j’aurais du mal à dire vraiment ce que cela m’a fait ! » Répondre à moitié à côté pour se sauver la mise et ne pas avoir à mentir, c’est la seule chose que je me sens capable de faire sans avoir de regrets. Je n’ose plus affronter son regard perçant, j’ai peur qu’il parvienne à apercevoir la petite fissure et qu’il s’y attaque pour creuser là où ça fait mal. « On se fait un jeu ? » Change de sujet Jaheim, fuis pendant que tu le peux. Ce n’est pas mon genre de ne pas assumer mais face à un baiser que j’ai sincèrement apprécié, un bisou qui m’a bouleversé pendant quelques bonnes petites heures difficile de réellement ne pas en avoir honte. J’ai été élevé dans la plus grande des homophobies, j’en ai toujours été plus ou moins dégouté lorsque ça m’atteignait personnellement et là… Non, n’en parlons pas, ce n’est pas la peine puisque je suis hétéro. L’alcool m’a fait apprécier, c’est tout !

« Fais attention, ce n’est pas parce que je suis alcoolisé que je deviens homo tu sais ! » J'ai presque l'impression qu'il me défie vous voyez, en tout cas c'est ainsi que cela sonne à mes oreilles. J'aurais presque envie de le faire, s'il n'y avait pas toutes ses foutus conséquences derrière, et parfois, je les oublie, j'en oublie les limites, j'oublie tout avec Jaheim. Je ne sais pas sur quel pied danser, c'est perturbant. Alors peut-être, dans l'euphorie du moment, je pourrais le faire boire, juste pour voir si ces dires son vrai ou pas... « Mon père va m’attendre de pied ferme le jour de ma sortie, pas sûr qu’il me pardonne ce baiser un jour. » Voila justement l'une de ces foutus conséquences dont je parlais. Je me sens soudainement coupable, parce que par ma faute, il risque d'avoir des ennuis avec sa famille. Je pourrais me révolter, m'indigner, lui dire que ce n'est pas normal de penser ainsi, mais je suis bien placé pour savoir que c'est plus nuancé que ça, et que ce sujet peut faire de lourds dégâts. J'ai perdu mon frère parce que j'aime les hommes, et je ne veux pas que ça arrive à Jaheim juste pour satisfaire mon plaisir personnel. Je sais pas si je pourrais me passer de ce jeu, parce que je suis vraiment attiré par lui, et que ça me vient naturellement, sans que j'y réfléchisse, mais je vais essayer de me freiner de ce côté là. Curieuse question, il me demande s'il m'aurait manqué. Je tourne pas autour du pot, bien sur qu'il m'aurait manqué. « La production m’a supplié de revenir pour ne pas que tu fasses une tentative de suicide pour tout te dire ! » Il m'arrive un rire, et je roule doucement des yeux. « Oh, ils sont si généreux ! » Je le prends bien, et je rentre dans son jeu. Puis je me sers d'une feuille et d'un stylo pour communiquer, pour que les caméras ne puissent pas communiquer notre discussion, cette phrase plutôt... intime que je lui pose. « J’ai ressenti tellement de choses avec ma nomination, l’alcool, mon élimination que j’aurais du mal à dire vraiment ce que cela m’a fait ! » Hm, je pensais que l'alcool ne le rendait pas homo ? J'esquisse un faible sourire, faisant mine de croire tous ses mots écrits. Il n'est pas prêt, j'ai ma réponse, et je ne veux surtout pas le mettre au pied du mur. « On se fait un jeu ? » Je me redresse, mon esprit revint sur la terre ferme, et mon sourire malicieux prend place sur mon visage, comme si de rien n'était. Je ne veux pas l'éloigner de lui pour autant, il est mon pote avant tout hm. « Ce que tu veux, je suis partant. » Je fais le regard assuré. Peu importe son jeu, moi aussi j'ai besoin de me changer les idées.

La liberté est une notion tellement ambigüe. Je n’ai pas à me plaindre de ma vie, je me suis toujours dirigé là où je le désirais et j’ai eu l’occasion de prendre une énorme partie de mes décisions tout seul mais ça n’a pas toujours été le cas et ça ne le sera jamais malheureusement. Tout le monde est conseillé par sa famille et c’est la logique des choses mais chez moi, dans ma communauté, ma famille compte plus que mon propre avis dans mes décisions et ça a tendance parfois à me donner envie d’autre chose. Ma mère a souvent été de bons conseils mais elle m’a, au même titre que le reste des membres de ma famille très proche, parfois imposé certaines choses avec cette fameuse petite menace qui pointe le bout de son nez à chaque fois : Faire honte à la famille si on ne prend pas la bonne décision et ne plus avoir sa place. C’est tellement facile d’utiliser un tel argument quand on sait très bien que l’autre ne va pas moufeter, la famille c’est l’une des valeurs les plus importantes à mes yeux et je ne veux pas perdre la mienne. Je suis toujours resté, à l’imagine d’un petit soldat, dans les rangs et je me suis privé de beaucoup de choses. Ils m’ont assuré une très belle vie, des moyens pour réussir mais ils ne se rendent même pas compte qu’ils m’ont fait souffrir à quelques reprises et que je ne pourrais jamais oublier certains exemples spécifiques. Ma vie n’est plus la même depuis quelques années, depuis que j’ai fui mes responsabilités pour ne pas être renié de ma famille, jamais elle n’avait été au courant de ce que j’ai fait avant aujourd’hui et je suis effrayé par les réactions qu’ils auront à ma sortie. En rajouter une couche en me découvrant une attirance pour un homme serait la cerise sur le gâteau et pourtant… Avec toutes les bonnes volontés du monde je ne peux m’empêcher de ressentir un tas de choses que je ne devrais pas éprouver lorsqu’Aaron est à mes côtés. Sa présence est salvatrice bien qu’elle me donne surtout envie de me saboter et de perdre ce pourquoi je me suis toujours battu, la fierté d’une famille qui me jugera peut-être plus qu’elle ne m’aimera au final. La fierté, qui a eu l’idée d’inventer une telle chose ? Être respecté c’est bien, être fier aussi mais ce n’est pas ce qui rend les autres heureux. Je préfère rigoler de mon retour et du fait de lui avoir manqué pour ne pas avoir à admettre qu’il m’aurait énormément manquer lui aussi. « Oh, ils sont si généreux ! » J’acquiesce en riant. « Ils tiennent à ce que leurs candidats soient au meilleur de leur forme ! » A vrai dire je pense qu’ils s’en moquent, il faut bien un peu de tristesse à vendre à l’écran également pour faire plaisir à l’audience. Il me questionne sur une feuille et je me sens cruellement mal à l’aise, je ne peux pas l’avouer à voix haute, je ne peux pas dire que j’ai apprécié, que ce baiser m’a d’une certaine manière marqué et que j’y pense relativement souvent depuis. Tout ça me perturbe et je n’ai pas les armes pour y faire face actuellement. Je propose donc un jeu pour changer de sujet. « Ce que tu veux, je suis partant. » Zut, moi qui comptait sur lui pour nous donner une idée de génie je suis bien emmerdé maintenant. « Un action, vérité. Sachant que l’on peut également poser quelques questions sur les secrets si l’envie nous prend ! » Je souris, fier de ma trouvaille. « Et je commence par action ! »

Jaheim propose de faire un jeu, c'est plutôt bien comme changement radical d'atmosphère, qui commençait à devenir un peu... pesante ? Je ne sais pas, quelque chose comme ça, gênante et trop sérieuse. Il venait de revenir dans l'aventure, fallait s'amuser, s'éclater, fêter ça et pas broyer du noir ! Donc oui définitivement, le jeu est une bonne idée et j'approuve directement. Mais à lui de choisir le jeu ! « Un action, vérité. Sachant que l’on peut également poser quelques questions sur les secrets si l’envie nous prend ! » Hm, oui, ça me va très bien ! De toute façon, j'ai dis que j'étais partant pour n'importe quel jeu. Le fait de mettre mon secret en danger ne me fait pas peur plus que ça, puisque mon secret est perpétuellement en danger ici. « Pas de problème. » Je souffle avec un sourire malicieux, en décidant de m'assoir correctement sur le lit pour me concentrer sur le jeune homme. Le jeu commence, et c'est à lui que revient l'honneur de commencer. Action donc. Si ce jeu s'était déroulé à peine un jour avant, j'aurais eu tellement d'idées d'action à lui faire faire... Une belle occasion que j'aurais saisi pour jouer encore et encore avec ses nerfs... Mais là, je suis en pleine prise de conscience, et je ne veux pas qu'il ait des problèmes à cause de moi, même si mon attirance est vraiment très forte... et j'ai l'impression qu'il craque de plus en plus, ce qui me rend vraiment confus... J'hésite beaucoup, vraiment... mais je cède à mes pulsions sadiques et je le pousse pour qu'il s'allonge. Je mets de nouveau à califourchon sur lui, le regard malicieux. « T'auras pas besoin de ça... » Je souffle en lui retirant son haut doucement. Mes mains se posent sur ses pectoraux, elle glisse doucement sur ses abdos pour dériver sur ses côtes. J'avoue prendre du plaisir à toucher son corps mais c'est pas le but... « Tu dois tenir une minute entière sous mes.... chatouilles. » Je lâche un rire et aussitôt, je commence à la chatouiller. Je compte dans ma tête, bien que mon attention soit pas mal distraite par le corps de Jaheim qui se débat sous mes mains expertes. Le supplice prend fin et je me décale sur le lit. « Action. » Oui, je décide de prendre la même chose que lui.

Il se passe des choses vraiment étranges ici, je me sens libre pour la première fois de toute ma vie, pas contrôlé par mes proches qui ont toujours eu leur mot à dire sur chacune de mes décisions. Cette liberté, aussi relative soit-elle, me donne des ailes et j’ai l’impression de voir naitre une nouvelle version de moi. Je me sens apaisé et paradoxalement effrayé, moins confiant mais plus ouvert et c’est aussi perturbant que salvateur. Pourrais-je cependant poursuivre sur cette lancée au-delà du jeu ? Puis-je m’offrir la liberté qu’il m’a toujours manqué en m’éloignant de ma famille et de son poids sur la personne que je suis ? Je n’y ai jamais concrètement réfléchi mais je dois avouer que l’idée de prendre mes distances et de vivre un peu pour moi trotte dans ma tête à présent et que je me vois bien choisir de vivre pour moi et plus pour l’honneur d’un groupe de personnes. Ma famille comptera toujours énormément pour moi, la famille c’est sacrée mais n’est-il pas temps que je sois indépendant et heureux en étant celui que j’ai envie d’être ? La question peut sérieusement se poser. Je n’ai pas envie d’y réfléchir maintenant, je suis de tellement bonne humeur qu’il serait stupide de gâcher tout cela pour des réflexions qui auront leur place plus tard, dans un moment mieux choisi que celui-ci. Je propose donc un petit jeu à Aaron. « Pas de problème. » Parfait, il s’agira donc d’un action, vérité. Le jeu qui me permettra d’en apprendre plus sur lui, de mener l’enquête sur son secret mais également de m’amuser et de repousser d’éventuelles limites en faisant des trucs dingues. Je décide de commencer avec une action. Son sourire malicieux me fait peur et je crois que j’ai raison d’être effrayé puisqu’il glisse ses doigts le long de mon ventre pour me pousser à m’allonger. Je me laisse faire comme un gentil petit esclave, le souffle court, le cœur battant à en faire rompre mes vaisseaux sanguins. Ses doigts descendent jusqu’aux extrémités de mon t-shirt qu’il soulève. « T'auras pas besoin de ça... » Je l’empêche de faire remonter mon t-shirt en plaquant l’une de mes mains contre la sienne, je suis hésitant et dévoré par quelque chose que je ne connais pas, dont j’ignore tout. Je desserre mon emprise pour le laisser faire, ne le quittant pas des yeux, je ne sais pas ce qu’il a derrière la tête mais je me sens bizarrement prêt à découvrir ce qu’il peut bien avoir envie de me donner comme action. Je l’aide à me retirer mon t-shirt, me retrouvant torse nu. Ses mains habiles et douces se perdent sur mon torse et je frissonne, je me sens tout engourdi, comme si des milliers de papillons avaient pris leur envol à l’exact même moment et qu’ils parcouraient mon corps tout entier. Mes yeux sont étonnamment bavards, ils expriment tellement le bordel qui prend le dessus sur ma vie qui a toujours été relativement simple. « Tu dois tenir une minute entière sous mes.... chatouilles. » Je ne m’attendais pas à cela, j’ai sombré dans des pensées vraiment très impures que j’ai honte d’avoir imaginées, j’ai honte de ce que je pourrais devenir alors que ça me fait me sentir… Tellement bien ! Il passe à l’attaque et je me mets à glousser immédiatement, comment tenir une minute entière, soixante longues secondes sous ses doigts qui chatouillent habilement mes côtes ? « Arr… Arrêtes… AHHH ! » Mes supplications sont entrecoupés par mes éclats de rire, il n’y a rien à faire, je n’arriverais jamais à être indifférent lorsqu’on me chatouille. La minute est probablement écoulée puisqu’il arrête de me couvrir de gilis, il glisse le long de mon corps pour se laisser retomber à côté de moi et sa présence me manque, j’aime lorsque sa peau me touche, j’aime… Non mais attendez, je perds la tête ou quoi ? Je ne devrais pas dire de telles choses ! Je ne suis pas homo, je ne suis pas une tapette… Je ne suis pas… Que suis-je ? « Action. » Un sourire sadique fait tressaillir mes lèvres. « Dis-moi une chose que tu n’aurais jamais osé me dire en temps normal ? »

Lors de l'action, j'en profite pour me rapprocher de lui, je l'avoue. Et comme toujours, y a cette ambiance étrange entre nous deux, cette ambiguïté qu'il n'y a normalement pas dans une relation purement amicale, une tension si forte que mes gestes sont naturellement sensuels. Alors que je m'apprête à enlever son tee-shirt, il m'arrête, et je pourrais le rassurer, mais mon regard reste encré dans le sien, plein d'envie malgré moi. Et malgré ça, il me laisse faire, comme s'il donnait me donnait son consentement pour franchir une limite qu'il s'est fixée... Je mets fin à cette ambiance lorsque je lui révèle ce que je compte faire : des chatouilles. Il tient une minute, gigotant de tous les côtés sous mes doigts. Décidément, il est vraiment chatouilleux, ça a du être une véritable torture pour lui. Après cette minute passée, je me décale sur le côté pour qu'il me donne son action. « Dis-moi une chose que tu n’aurais jamais osé me dire en temps normal ? » J'esquisse un sourire, le regard malin.  « Ce serait pas une vérité ça plutôt ? » Plutôt qu'une action hm ? Ça y ressemble vachement plus tout de même. J'ai beau faire mon malin, je perds doucement cet air en réfléchissant à ce que je pourrais dire, parce que j'hésite. Si je n'ose pas lui dire, c'est bien parce qu'il y a une raison et je sais pas si je suis prêt en fait. Ou même, si lui est prêt à l'entendre... Mais je ne recule généralement pas devant un défi, alors je souffle, et je me lance. « J'ai envie de toi... » Je murmure en le regardant, très sérieusement. Il m'attire, est-ce que c'est vraiment une révélation finalement ? Mais je n'ai pas terminé. « Et... je pense que c'est réciproque mais que tu as peur. » Et il a absolument toutes les raisons pour avoir peur. Je n'attends pas de confession de sa part, je sais bien que c'est difficile. Je baisse les yeux un instant en me mordant la lèvre, je regrette un peu de l'avoir mis au pied du mur comme ça... Vaut mieux que je le laisse tranquille, oui.