depends on who you are
ft. Ghika & Andreja

Cela allait bien plus loin que le pacte qu'il avait fait avec Lou, bien plus loin qu'un simple accord de principe consistant à ne plus boire d'alcool pendant un temps donné, pour purger le trop plein consommé pendant ces huit premières semaines de jeu. Il était simplement temps pour Andreja de donner un coup de collier et de recommencer à agir de manière réfléchie, de faire attention, de reprendre le contrôle. Et il n'y avait pas pour lui trente-six manière d'arriver à ses fins, il se connaissait assez pour comprendre comment il fonctionnait et ce dont il avait besoin pour se canaliser ; Cela passait par le sport. L'effort, la bonne fatigue, celle qui tirait sur les muscles et donnait l'impression de se décharger d'un poids imaginaire. Il avait eu un professeur il y a des années, un type qu'Andreja avait longtemps vu comme une personne désabusée parce qu'il disait ne croire en rien et que se donner à cent pour cent sur un tatami valait pour lui toutes les confessions du monde, mais au fil de ces trois dernières années il avait commencé à comprendre le raisonnement, et presque à le partager. Il n'en reniait pas ses croyances pour autant, il tenait à la croix orthodoxe autour de son cou comme à la prunelle de ses yeux, mais il avait pris vis-à-vis de tout cela une certaine distance au fil de quelques évènements. Alors peut-être qu'à se fatiguer ainsi c'était une sorte de pénitence, peut-être qu'à chaque traction il lavait une infime partie de ce qu'il avait sur la conscience ; L'important ce n'était même pas que ce soit le cas, mais surtout que cela lui en donne l'impression. Il ne s'était pas interrompu lorsque Ghika était entré dans le gymnase, il s'était contenté de le suivre des yeux sans pour autant se déconcentrer, les chevilles croisées au dessus du vide et les doigts couverts de magnésie. Il ne savait plus quoi penser de Ghika. Et sans dire qu'il l'avait évité au cours de la semaine il n'avait assurément pas fait d'effort particulier pour engager la conversation avec lui jusqu'à présent ; Il se méfiait, réflexe automatique du mec qui n'acceptait pas le manque de fiabilité chez les autres. Ça l'emmerdait parce qu'il avait toujours apprécié Ghika jusqu'à présent, et qu'il se demandait maintenant si le type qu'il avait appris à apprécier existait réellement ou s'il ne s'agissait que d'une comédie. Finalement il avait relâché la barre de traction et atterri sur ses deux pieds, dans un bruit mat amorti par le tapis. « Ça être quoi, ton but ? » Voilà, finalement il avait fini par formuler la question silencieuse qui lui trottait dans la tête depuis le début de la semaine. Curiosité teintée d'incompréhension, parce que si Andreja comprenait entièrement le fait de devoir protéger un secret, il avait beaucoup plus de mal à comprendre la volonté de mentir pour ... pourquoi, en fait ? C'était ce qu'il se demandait, justement. « Tu espérer quoi, quand tu décider de jouer un rôle ? » Outre le fait de se moquer ouvertement des homos en poussant la caricature à son paroxysme, s'entend.

Cela fait quatre jours que la nouvelle a éclaté et Ghika n'est toujours pas sûr de savoir comment les gens l'ont pris. A la façon dont il est accueilli dans le gymnase par Andreja, il suppose que certains sont donc dubitatifs et qu'il va devoir rendre des comptes. Ghika n'est pas le genre de mec qu'on piège avec deux questions bien placées. Ghika est intelligent, il est malin, il les a bernés et il en est sûr c'est ça qu'ils n'avalent pas. Son but ? Non mais il croirait presque rêver. Il n'a jamais menti sur son but, contrairement à tous les petits idéalistes qui viennent en disant qu'ils veulent trouver l'amour... DANS UNE EMISSION DE TELE-REALITE ! Ghika va répondre, parce qu'il répond toujours parce qu'il n'a rien à perdre. « Je ne peux pas parler de mon but principal, je ne suis pas Jaheim. Mais j'espère gagner de l'argent. Et toi ? » rétorque-t-il. C'est bien beau de poser les questions mais il faut être prêt à y répondre. Et Ghika attend de l'honnêteté, à la hauteur de la sienne, pas une petite réponse bien pensante du genre... « l'expérience humaine ». Et voilà que la seconde question vient. Celle qu'il a vraiment envie de lui poser. C'est Andreja, alors bon Ghika ne s'attendait pas nécessairement à une clarté monumentale, mais il va répondre de son mieux. Sauf qu'il est passablement irrité par la façon dont la question est posée. « On se fout de la gueule de qui dans ce jeu ? Tu joues un rôle, que tu l'admettes ou non. Tu joues un rôle. Et je te parie que la moitié des candidats joue un rôle aussi. Et si vous voulez me faire croire que vous êtes tous des agneaux blancs comme neige, tous parfaitement honnêtes alors je vous le dis à tous. Vous vous mentez à vous même. » crache-t-il presque. Non, mais Ghika s'en doute hein, si on leur demande à tous, ils sont des agneaux, ils sont des anges. Même Cupidon ne leur arrive pas à la cheville. Lui au moins il ne ment pas, il a endossé un rôle mais jamais menti. Et puis il décide de compléter sa réponse, parce que l'exhaustivité est la reine des principes de vie de Ghika. « Quant au rôle que j'ai décidé de jouer, j'estime que c'était un rôle plutôt bien interprété puisque personne ne s'est douté de quoi que ce soit. Ceci étant dit, qu'on me montre un moment où j'ai menti éhontément et je m'expliquerais. Je n'ai aucune excuse à fournir. J'ai décidé de vous faire croire que j'étais gay et j'avais mes raisons, je ne vous dois aucun compte, mais dans l'esprit de coopération qui m'anime si tu as des questions plus spécifiques je veux bien fournir des réponses plus spécifiques. » Pragmatique, efficace, tranché. C'est un Ghika au top de sa forme qui est prêt à s'abattre sur Andreja. Il a beau être bien plus frêle que lui physiquement, Ghika a des années de débat derrière lui, il est entraîné, c'est un monstre. Il attaque à la jugulaire et laisse son adversaire se vider de son sang. Si Andreja veut discuter, ils discuteront. S'il veut attaquer, il verra se déchaîner l'enfer que Ghika est capable de déchaîner sur les gens qui le croisent.

Sur le principe cela ne lui faisait ni chaud ni froid, les penchants sexuels de Ghika, ou de n'importe qui d'autre dans ce nid. Il pouvait bien décider de fantasmer sur une nana, un mec ou sur un porte-manteau ce n'était pas ce qui risquait de changer son opinion sur le rouquin ... En revanche, jouer au plus malin en considérant avoir fait un coup de génie, alors qu'il n'avait fait que jeter de la poudre aux yeux des autres candidats depuis, il n'avait pas encore décidé s'il parvenait à l'avaler ou non. Peut-être que c'était le fait de s'être senti berné, peut-être que c'était une question d'égo ... Un peu des deux, sans doute. Ghika faisait partie des personnes qu'il avait appris à apprécier au fil de ses semaines ici, et maintenant il se demandait si la personne qu'il avait appris à connaître existait réellement. Il avait probablement juste besoin de comprendre, de voir où était le but de cette mascarade qu'il avait joué pendant sept semaines, mais volontairement ou non il n'avait pas compris le véritable sens de la question qu'il venait de poser « Je ne peux pas parler de mon but principal, je ne suis pas Jaheim. Mais j'espère gagner de l'argent. Et toi ? » Oh il ne se posait pas vraiment cette question là à vrai dire, les réponses étaient toujours tellement banales en fin de compte, l'argent, la curiosité, la volonté d'avoir ses trois minutes de célébrité à la sortie ... Ou bien d'autres raisons moins avouables, car comme venait de le souligner Ghika ils n'avaient pas tous envie de suivre le même chemin que Jaheim. C'était encore pire que l'élimination en fin de prime. « Ça pas vraiment être ça ma question, mais d'accord. Et je être là pour trouver solution à un problème. Je pas pouvoir te dire plus que ça. » Pour les mêmes raisons que lui, de toute évidence, alors il lui pardonnerait sans doute son manque de précision. L'argent en revanche il ne courrait pas vraiment après, l'argent c'était bien si on pouvait le dépenser, et lui n'en avait plus vraiment l'occasion ; Ce qui ne voulait pas dire qu'il cracherait sur sa cagnotte, si par chance il parvenait à la valider il en ferait profiter ses neveux et nièces, il les gâterait à distance. A défaut de pouvoir le faire dans les faits. Voyant en tout cas que sa question n'avait pas été comprise telle qu'il l'aurait souhaité, il avait tenté de formuler cela autrement, quitte à heurter la sensibilité de Ghika ; Cela semblait avoir plus que marché, puisque si Andreja n'avait pas haussé la voix ou perdu son calme depuis le début, le rouquin était lui monté au créneau presque automatiquement. « On se fout de la gueule de qui dans ce jeu ? Tu joues un rôle, que tu l'admettes ou non. Tu joues un rôle. Et je te parie que la moitié des candidats joue un rôle aussi. Et si vous voulez me faire croire que vous êtes tous des agneaux blancs comme neige, tous parfaitement honnêtes alors je vous le dis à tous. Vous vous mentez à vous même. » Un rictus passablement amusé s'était étiré sur les lèvres du serbe tandis qu'il suivait des yeux Ghika durant son monologue, frottant machinalement ses mains l'une contre l'autre pour se débarrasser des restes de magnésie qui lui blanchissait encore les paumes. « Je juste poser la question calmement. Pour essayer de comprendre. » Autrement dit il n'y avait nul besoin de sa part de réagir de manière aussi vive, comme si Andreja venait de l'agresser verbalement. Il en fallait un peu plus pour que le serbe n'en vienne à agresser quelqu'un, que ce soit par les mots ou par les poings, et pourtant il ne niait pas avoir le sang chaud. « Et tu avoir tort. » Marquant une pause le blond s'était baissé vers le tapis pour récupérer son tee-shirt et l'enfiler malgré la sueur glissant le long de sa colonne vertébrale. « Je sais pas les autres, je parler juste pour moi, là. Je pas jouer de rôle. Je pas être moi-même comme ça depuis longtemps, des années, parce que d'habitude les gens se arrêter à mon secret, ils pas souvent chercher plus loin. Ici ça être la première fois je pouvoir être juste moi, que je pouvoir prouver je pas juste être une mauvaise personne. » Il n'était pas là pour ça à la base, il n'y avait jamais réfléchi sous cet angle avant d'intégrer le nid et il avait été le premier surpris de voir la possibilité que lui offrait sa participation à cette émission : celle de se montrer sous un autre jour. Celle de prouver à tous ceux qui l'avaient un jour jugé sur un passé, sur des actes, qu'il pouvait être chose, qu'il n'était pas que l'étiquette qu'on vite fait de lui coller sur le front. Au fond il n'en avait rien à foutre que Ghika le pense faux, qu'il pense que la totalité des candidats étaient faux, Andreja lui savait ce qu'il était. Et ça ne répondait toujours pas à la question que le serbe avait posé, en fin de compte, mais semblant lui-même s'en rendre compte Ghika avait fini par reprendre « Quant au rôle que j'ai décidé de jouer, j'estime que c'était un rôle plutôt bien interprété puisque personne ne s'est douté de quoi que ce soit. Ceci étant dit, qu'on me montre un moment où j'ai menti éhontément et je m'expliquerais. Je n'ai aucune excuse à fournir. J'ai décidé de vous faire croire que j'étais gay et j'avais mes raisons, je ne vous dois aucun compte, mais dans l'esprit de coopération qui m'anime si tu as des questions plus spécifiques je veux bien fournir des réponses plus spécifiques. » Andreja n'appréciait pas le ton qu'employait Ghika avec lui. C'était comme si le rouquin essayait de trouver une raison pour rendre cette discussion hargneuse, comme si au fond il n'attendait que cela, une excuse pour pouvoir rentrer dans le lard des candidats comme il n'avait pas encore eu l'occasion de le faire. Est-ce que c'était une volonté latente, un truc qu'il gardait au fond de lui depuis le début et auquel il donnait libre court maintenant, ou bien est-ce que c'était simplement la question d'Andreja qu'il interprétait de façon plus vindicative qu'elle ne l'était ? « Je pas attendre des excuses. » lui avait-il alors répondu d'un ton tranchant. Qu'on soit bien clairs, de base Andreja n'avait rien contre Ghika, sans dire qu'il était une des personnes dont il se sentait proche ici il s'entendait malgré tout bien avec lui ... Mais qu'il lui parle comme ça, comme s'il se pensait mieux que lui parce qu'il avait réussi à berner tout le monde, qu'il s'imagine maitre du nid parce qu'il avait réussi à tenir deux mensonges au lieu d'un, cela agaçait le serbe. « Je juste pas comprendre. Je pas comprendre pourquoi tu décider tu avoir besoin de être quelqu'un qui pas être toi pendant toutes ces semaines. » Pourquoi est-ce qu'être lui-même ne lui était pas apparu comme la seule option, pourquoi avait-il décidé qu'il valait mieux montrer un visage qui n'était pas vraiment le sien, pousser la blague plus loin chaque semaine, laisser croire à Auguste des choses qui probablement n'étaient pas vraies ... Il ne comprenait pas. Et il n'allait pas prétendre le contraire simplement pour faire plaisir à Ghika, qu'il lui ait été jusqu'à présent sympathique ou non. « Est-ce que on pouvoir encore te faire confiance ? » C'était une question sincère, une question à laquelle il attendait une réponse véritable. Il voulait savoir si maintenant qu'il était débarrassé de ce "rôle" Ghika allait être lui-même ou bien s'ils devaient s'attendre à un nouveau retournement de situation du même genre. Il voulait savoir si Pia, ou Tilda avait raison de s'attacher autant à lui, si elle ne serait pas déçue au bout du compte ... Probablement que cela il ne pardonnerait pas, si les actes de Ghika devaient faire souffrir une de ces deux femmes.

Spoiler:

Ghika écoute avec attention la réponse d'Andreja, parce que c'est ce qu'il fait toujours, être attentif, même quand il fait semblant de ne pas l'être son cerveau est sur le qui-vive. Une solution à un problème. Ça c'est intéressant, voilà une voix que Ghika peut suivre, une piste à traquer, mais pas maintenant, pas là entre les altères et les autres engins de musculation. Ghika avance et commence à rebondir sur le trampoline, c'est devenu son meilleur ami dans ce gymnase récemment. Ghika le voit un peu comme une métaphore de l'aventure, des hauts et des bas, des rebondissements, une envolée dans les airs à la nomination et puis un atterrissage plus ou moins contrôlé le dimanche soir. « Et ça avance comment ta recherche d'une solution ? » demande-t-il quand même, pas pour avoir des informations, par politesse ou quelque chose du genre. C'est plus des convenances que de la curiosité mal placée et Ghika ne s'attend pas à des confidences personnelles. Mais c'est quand Andreja commence à dire qu'il pose la question ''calmement'' que Ghika comprend que son ton n'était pas approprié pour les gens qui n'étaient pas habitués à sa façon de s'exprimer lorsqu'il a un point à prouver. Ce qu'il prend pour de l'agressivité n'est en fait que de l'aplomb, un Ghika énervé n'était ni plus ni moins qu'un cerbère enragé. Andreja n'a pas le pouvoir de le faire sortir de ses gonds à ce point. « Crois-moi, ça, c'est moi qui te réponds calmement. » dit-il en arrêtant de rebondir pour le regarder dans les yeux. C'est presque un avertissement, même si au fond c'est surtout une confession. Pour être tout à fait honnête le monstre qu'il devient lors d'un débat est à la fois l'aspect de sa personnalité qu'il préfère et qui lui fait le plus peur à la fois, parce qu'il pourrait abattre son meilleur ami en appuyant sur tous les bons boutons, en détruisant chacun de ses mots sans lui laisser le moindre répit. Alors qu'Andreja confesse qu'il n'est pas toujours lui-même, qu'il n'est jamais lui-même à l'extérieur du nid, Ghika sent l'hilarité lui prendre les tripes. Il pourrait se rouler par terre et se faire dessus tellement il trouve la situation comique et hypocrite à la fois. « Si tu as l'habitude de jouer un rôle à l'extérieur, tu devrais comprendre qu'on ne le fait pas par plaisir et si le fait qu'on ne connaisse pas ton secret te permet en quelque sorte d'être toi-même pleinement c'est très bien. Moi c'est l'inverse, je dois protéger mon secret et pour ça j'ai décidé de faire un sacrifice, j'ai préféré endosser un rôle, pas très différent de qui je suis, juste assez pour pouvoir être tranquille quelques temps et observer. » confesse-t-il en recommençant à sautiller histoire de calmer le rire nerveux qu'il sentait monter en lui quelques secondes avant. Alors qu'Andreja lui dit qu'il n'a pas à s'excuser Ghika se laisse tomber bras en croix sur le trampoline. « Tant mieux alors, parce que je n'ai pas envie de m'excuser. » répond-il en fixant le plafond. Tout ça pour rien alors ? Il avait eu l'impression d'entrer dans une cour de justice, d'être appelé à la barre pour juger de sa culpabilité alors que son camarade n'attendait pas d'excuses. C'était parfait. Mais c'est alors qu'il se relève qu'Andreja tue dans l'oeuf sa paisible accalmie. Il ne comprend pas pourquoi il a fait ce qu'il a fait ? Ghika ne sait pas quoi répondre et pendant un instant il est décontenancé. « J'ai du mal à te suivre... tu viens de dire que c'est la première fois depuis des années que tu peux être juste toi. Tu crois pas que tu es bien placé pour comprendre que parfois on ne peut pas dire toute la vérité et être à cent pour cent soi-même pour une bonne raison ? » questionne-t-il finalement, toujours un peu perplexe. A ce moment là il se demande si Andreja est en train de se moquer de lui, s'il est idiot ou s'il essaye juste de tirer de lui des confessions menant à son secret. Ghika doit juste prendre sur lui, prendre le temps de la réflexion, un temps qui n'est jamais très long dans son esprit d'ordinateur sur pattes. « Est-ce que tu me faisais confiance avant d'apprendre que je suis hétérosexuel ? » rétorque-t-il quand Andreja manifeste ses doutes quant à sa fiabilité maintenant qu'il a révélé son petit secret. « Parce que si tu ne me faisais pas confiance avant, je ne vois pas ce que ça change. Mais pour être honnête je pense être une personne digne de confiance. » conclut-il enfin. C'est une déclaration honnête, Ghika estime qu'il est une personne en qui n'importe qui peut avoir confiance, en qui n'importe qui devrait avoir confiance. Mais peut-être n'est-il pas le mieux placé pour juger.

Andreja voulait bien assumer le fait que son accent et ses difficultés à assimiler le fonctionnement linguistique de l'anglais puisse parfois lui porter préjudice et l'empêcher d'être compris, mais il savait tout de même jusqu'où se situaient ses difficultés et à quels moment il était clair ou non. Alors il ne savait pas trop si c'était volontaire ou si Ghika ne faisait simplement pas attention, mais le fait était qu'il avait compris sa question de travers et répondu totalement à côté, sans se gêner pour lui retourner la question ensuite. Mais après tout c'était de bonne guerre, et surtout Andreja avait déjà répondu à cette question un bon nombre de fois depuis qu'il était ici, alors il n'était plus à cela près. Il était ici pour trouver une solution à un problème, sa réponse n'avait pas varié depuis le début de la saison, et n'était pas subitement devenue plus précise non plus ; Il ne pouvait rien dire de plus, même s'il en avait éventuellement envie. Ghika pourtant ne semblait plus considérer cette justification comme une fin en soit, puisqu'il avait ensuite questionné « Et ça avance comment ta recherche d'une solution ? » Le serbe s'était contenté de hausser les épaules. Loin de lui l'envie de se montrer désagréable avec le rouquin, mais le ton qu'il employait avec lui ne lui plaisait que moyennement, et après tout s'il n'avait que faire de la réponse pourquoi perdre du temps à poser la question ? « Comme je te dire, je pas pouvoir dire plus que ça. » Ou peut-être qu'il pourrait malgré tout, se contenter d'une précision même encore un peu vague, Cupidon ne lui interdisait pas de répondre à cette question en particulier, mais il n'en avait pas forcément envie, là tout de suite. D'autant plus que Ghika n'y mettait pas vraiment du sien, à répondre ainsi comme si Andreja venait de l'agresser alors qu'il n'en était rien. « Crois-moi, ça, c'est moi qui te répond calmement. » Il avait levé les yeux au ciel, réenffilant ses baskets d'un coup de talon, avant de reposer les yeux sur Ghika. Qu'est-ce qu'il croyait, qu'il parviendrait à l'intimider à coup de grandes phrases et de remarques moqueuses ? « Je dire ça autrement alors. Je te parler avec du respect, alors tu pas me parler comme à un chien juste parce que tu perdu ton bonne humeur. » Est-ce que c'était trop demandé, un peu d'amabilité ? Parce que le rouquin l'avait de toute évidence oubliée avant de rentrer le gymnase, et Andreja n'appréciait pas des masses d'en faire les frais alors qu'il s'était contenté de poser une question qu'il estimait tout à fait légitime. Ghika les avait volontairement dupés pendant sept semaines, il ne pouvait pas non plus s'attendre à des félicitations ou à ce que le reste des candidats lui disent amen sans se poser la moindre question sur sa sincérité. Andreja s'en posait, lui, il se demandait ses préférences sexuelles étaient la seule chose sur laquelle Ghika ait maquillé la vérité, ou bien si l'entièreté de la personne qu'il avait côtoyé durant deux mois n'était que l'interprétation d'un personnage qui n'existait pas. Tout le monde ne jouait pas un rôle et n'avait pas pour but de duper le reste des candidats, contrairement à ce que tentait d'insinuer le rouquin, sans doute pour essayer de se dédouaner ou de minimiser ses actes. « Si tu as l'habitude de jouer un rôle à l'extérieur, tu devrais comprendre qu'on ne le fait pas par plaisir et si le fait qu'on ne connaisse pas ton secret te permet en quelque sorte d'être toi-même pleinement c'est très bien. Moi c'est l'inverse, je dois protéger mon secret et pour ça j'ai décidé de faire un sacrifice, j'ai préféré endosser un rôle, pas très différent de qui je suis, juste assez pour pouvoir être tranquille quelques temps et observer. » C'était la seconde fois en moins d'une minute que Ghika réinterprétait les paroles d'Andreja pour les faires coller à sa thèse, de toute évidence il avait une façon bien à lui de se sortir d'une conversation dans laquelle on ne lui donnait pas raison. « Non, je jamais dit je jouer un rôle dehors. Je pas jouer de rôle, pas ici, pas ailleurs, mais ici j'ai une chance pour prouver qui je suis. Dehors les gens s'en fiche de qui je suis, ils juste voir mon secret et ils pas vouloir connaître autre chose ... alors j'ai aucune raison pour mentir sur qui je suis ici. »  Aucune, une chance de prouver sa bonne foi et de laisser aux gens le temps d'apprendre à connaître le bon avant de découvrir le mauvais il n'en aurait pas une seconde. « Mais observer ? Ça être quoi pour toi, les autres candidats, une expérience ? Des souris de laboratoire ? » Parce que cela ne faisait que conforter Andreja dans son impression d'avoir été utilisé, si tel était le cas, et il ne risquait pas de pouvoir accepter d'avoir été le pantin inconscient d'il ne savait quel dessein que pouvait avoir Ghika, parce que cela confirmerait que le rouquin n'avait fait que se servir d'eux en faisant mine de sympathiser tout en ayant une idée derrière la tête. Pour autant ce n'était pas des excuses que le serbe attendait de la part de Ghika, il voulait simplement comprendre. Pour savoir si oui ou non il devait se méfier de lui plus qu'il ne se méfiait des autres ici. « Tant mieux alors, parce que je n'ai pas envie de m'excuser. » Et ça tout le monde avait déjà du le remarquer. Il doutait de toute façon que qui que ce soit en soit venu à lui demander une telle chose, après tout Ghika avait semble-t-il avoir agi en son âme et conscience. Ce qui ne rendait toujours pas la chose plus compréhensive aux yeux d'Andreja ceci dit, il ne voyait toujours pas quel intérêt Ghika avait pu tirer du fait de se faire passer pour autre chose que ce qu'il était. « J'ai du mal à te suivre... tu viens de dire que c'est la première fois depuis des années que tu peux être juste toi. Tu crois pas que tu es bien placé pour comprendre que parfois on ne peut pas dire toute la vérité et être à cent pour cent soi-même pour une bonne raison ? » Est-ce que c'était ça sa technique, retourner chacune de ses phrases contre lui pour essayer de le faire se contredire ? Il n'y par viendrait pas, Andreja savait très bien ce qu'il disait, et contrairement à ce que semblaient penser un certain nombre de candidats ici il était tout sauf stupide ou simplet. « Et je avoir compris si tu mentir pour protéger ton secret, mais là ? Si ça être ton secret Cupidon te mettre dehors avec Elsa dimanche. Alors non, je pas comprendre pourquoi tu jouer avec nous pendant deux mois si ça pas être pour protéger son secret. » Et Ghika pourrait bien se trouver toutes les excuses du monde Andreja ne changerait pas d'avis, à moins que le secret de Ghika ne fasse la lumière nécessaire sur tout ça pour qu'il ne puisse y trouver un sens. En attendant la question de la confiance que l'on pouvait accorder à Ghika se posait très nettement, parce qu'au fond s'il avait menti là-dessus - et il ne préférait même pas revenir sur ce que Ghika considérait comme ne pas être un vrai mensonge, quoi qu'il serait intéressant de retourner demander son avis à Auguste sur la question - quelle garantie y'avait-il sur le fait qu'il ne mente pas sur tout le reste ? « Est-ce que tu me faisais confiance avant d'apprendre que je suis hétérosexuel ? Parce que si tu ne me faisais pas confiance avant, je ne vois pas ce qui change. Mais pour être honnête je pense être une personne digne de confiance. » Non, il ne lui faisait pas c onfiance avant. Pas parce que c'était Ghika particulièrement, mais parce qu'il ne faisait confiance à personne dans ce nid. La confiance ne se gagnait pas en huit semaines, pas pour Andreja du moins, la confiance était quelque chose qui se construisait sur les années ou, dans certains cas, sur les situations périlleuses. Ils n'étaient ici ni depuis des années, ni en situation de danger. En revanche Ghika faisait partie de ceux à qui il était prêt au fil des semaines à laisser le bénéfice du doute. Jusqu'à maintenant. A présent il ne savait plus trop, ce n'était ni un oui ni un non, c'était un peut-être en attente de pouvoir se faire une idée plus définitive. « La confiance ça pas venir comme ça, ça rien à voir avec toi. » En ce qui le concernait, si d'autres se sentaient de faire confiance rapidement tant mieux pour eux, Andreja fonctionnait différemment. Sa question était plus générale, il ne faisait pas uniquement écho à son propre cas. Peu importe, Ghika avait répondu à sa question, c'était tout ce qui comptait. Soupirant, le serbe avait quitté le tapis, posant machinalement une main sur le rebord du trampoline. « Je en ai rien à foutre, Ghika, de avec qui tu préférer coucher. Mais je crois je quand même préférer le ancien Ghika, parce que lui il me parler en égal, et pas comme si il croire il être mieux que moi, ou comme si je être un abruti, juste parce que je pas être d'accord avec lui. » Un abruti ou un demeuré, au choix, mais ce qui était certain c'était que Ghika lui parlait avec condescendance, et comme on le ferait avec quelqu'un de naturellement stupide. Et c'était peut-être ce qui le décevait le plus venant du roux ; Il était plus déçu maintenant qu'au début de la discussion, en fin de compte, mais plus pour les mêmes raisons. Et parce qu'il estimait avoir suffisamment été pris pour un jambon pour la journée il n'avait pas attendu Ghika pour rejoindre les vestiaires du gymnase.