Lorsque j’ai précisé à Cupidon que mon péché mignon était la pizza, je ne blaguais pas à moitié. Oh non. J’adore la pizza, j’en mangerais tous les jours si c’était humainement possible, et peu importe que ce soit au déjeuner, au dîner ou au souper. Voir à chaque heure que contient une journée – sauf celles où il faut dormir, bien sûr, je me dois quand même d’être raisonnable. Alors, en cette belle fin d’avant-midi, quand j’ai décidé d’investir la cuisine pour me préparer un encas pour combler ma faim, nul besoin de vous dire l’idée qui m’a traversé l’esprit. J’avais tout sous la main pour concocter la meilleure pizza maison qui soit, et rien ne pourrait m’en empêcher. Rien, sauf peut-être mes charmants camarades, mais j’imagine que je pouvais partager… un peu. Une pointe, voir même deux, mais c’est tout. Pas question d’en donner plus à autrui, sinon, il n’en resterait pas assez pour me satisfaire. Oui, j’étais littéralement un véritable glouton quant on parlait de ce met. Je sais, c’est terrible. J’avais donc rassemblé tous les ingrédients nécessaires à la fabrication de ce merveilleux repas, et je préparais doucement ma pâte lorsqu’une jeune candidate s’invita dans la pièce, surement en quête de quelque chose à se mettre sous la dent. Enfin, j’imagine, car c’est majoritairement pourquoi les gens se présentent ici même. Je levais seulement quelques secondes les yeux avant de retourner à ma préparation, mais je sentais néanmoins le regard de la brunette rivé sur mes faits et gestes. « Je prépare de la pizza. Tu m’aides et je t’offre deux pointes. C’est bon pour toi? » Voilà, elle serait l’unique chanceuse qui savourerait l’appétissante œuvre culinaire que je concoctais. Du moins, si elle acceptait mon offre… qui, soit dit en passant, ne se refusait pas. Qui ferait une telle chose?

Mon offre ne tombe visiblement pas dans l’oreille d’une sourde. La candidate qui vient de pénétrer dans la cuisine semble totalement ravie par cette proposition que je lui fais, et elle s’exclame positivement à cet égard. Je sens toutefois une petite hésitation de sa part. Lorsqu’elle me demande, incertaine, s’il y a de la viande, je me doute de la phrase qui va suivre. Rien qu’à voir la grimace qui apparait sur son petit minois, j’en déduis, avant même qu’elle ne se prononce, que la jeune candidate que j’ai devant moi est végétarienne. Je jette un coup d’œil rapide à ma table de préparation : certaines viandes y apparaissent, mais rien n’a encore été libéré de son emballage.  Je pense pouvoir m’adapter à sa demande. D’un geste de la main, je chasse ses soucis. « Une bonne pizza végétarienne, ça fera amplement l’affaire! » lui dis-je finalement pour la rassurer. J’étais une mangeuse assidue de viande, mais une grande aimante des fruits et légumes. Et en tant qu’amoureuse de la pizza qui se respectait, je n’en n’appréciais pas qu’une seule sorte : je les aimais toutes, sans exception. Même les plus farfelus ou étranges. Ou les plus nutritives, comme dans le cas présent. Une belle alternative à ma dépendance. Quoique j’ignore si je serais capable de ne manger QUE ce style de pizza. Fort à parier que la réponse est non. « Je termine de préparer la pâte et la sauce, tu peux couper quelques légumes? » Le sujet était désormais clos, nous mangerions végétariens, et je requérais maintenant de ma jeune amie qu’elle accomplisse sa part du travail. « Au fait, je suis Christa. » J’essuyais rapidement ma main sur le tablier que j’avais enfilé, avant de la lui tendre.