Ezéquiel

Bordel de merde. Il était onze heures et demie du matin et une bonne partie de mes camarades - la moitié sans mentir -, se voulait encore endormie. Si ils roupillaient encore à cette heure-là, c'était sans doute parce qu'ils veillaient tard le soir. Eh oui, si je préférais toujours aller dormir avant qu'on ne change de jour afin de conserver cette forme olympique et cette mine absolument resplendissante, ça n'était pas le cas de tout le monde ici. Mais n'étant pas du genre à aider mon prochain, je n'allais certainement pas les réveiller. Non, ils pouvaient bien tous crever la bouche ouverte, étouffés par leur salive, que je n'en avais fichtrement rien à secouer. Et puis, au moins, ça me faisait des vacances. Je pensais donc me diriger vers un dressing dans lequel je me retrouverais seul, mais c'était sans compter sur la présence de ce grand black, là, graah... c'était quoi son nom à ce mec ? Oh et puis zut, ce devait être un nom imprononçable. Comme ceux de beaucoup de personnes en ces lieux. Le grand gaillard était visiblement en train d'essayer quelques unes de ses chemises, hideuses celles-ci par ailleurs. Vu comme il se tortillait, il devait probablement se demander si celle qu'il venait tout juste de passer lui allait bien. Je sentis d'un coup que je pourrais m'avérer fortement utile. Alors, quand on peut rendre service... « La réponse est non » fis-je d'une voix monotone, avant d'avancer dans la salle en direction du grand black. « Non, cette chemise ne te va vraiment pas. J'vais même te dire... c'est limite si les coutures ne vont pas céder tant tu es serré là-dedans. Allez, tu t'fais du mal. Change de chemise et on en parle plus. » Il avait une belle carrure, et devait donc mettre celle-ci en valeur à mon humble avis. Oh mais au fait, connaissait-il au moins le nom de ce beau et grand blond qui venait de lui balancer la vérité en pleine tronche ? « Andreas. » Je ne comptais pas lui tendre la main ou quoi que ce soit d'autre. Je me présentais, voilà tout, histoire qu'il puisse par la suite savoir à qui il s'adressait exactement. Bon, et pourquoi j'étais venu ici au fait moi ? Ah, oui bien sur : parce que je n'avais pas eu envie d'aller ailleurs. Quelque part, j'avais senti qu'une mission m'attendait dans cette pièce. L'instinct, vous connaissez ?

Franchement je sais pas ce que je fous là. Pour l'instant, je navigue et j'essaye de pas faire mon clown. Clown comme celui qui vient de me rejoindre. Le bouffon bilingue de la première soirée. Je sais pas ce qu'il cherche, s'il me cherche il ne me trouvera jamais tellement sa présence ne me fait ni d'impact, ni d'effet réel. Pour moi, c'est un fantôme comme ces nombreux candidats qui n'ont ni âme ni entité physique... Et dire qu'ils pensent vivre. Ce Clown porte le nom d'Andreas. ça m'interesse pas. Pour moi, c'est soit victime N°6, soit la 7, faut voir après dans quel ordre je vais le mettre. Le N°6 ou la 7, c'est presque identique, ça reste une victime, ça marque juste l'ordre de passage et l'effet qu'il me fait : Dans ce cas là, rien. J'essaye mes chemises sans me soucier de ses paroles dénuées d'un respect moral. Pour l'instant, je vais garder celle qu'il pense ''serrée''... Peut être que je vais la changer, mais si ça venez à l'être, ça serait surement de mon plein gré. Je lève la tête vers lui. Il est franchement identique à tout ce que j'ai pu voir jusqu'ici : à dire de la pure merde. « Ezéquiel » Voilà pour toi monsieur. Maintenant, il faudra que j'expulse de ma vision cet obstacle avant de rejoindre la chambre,mais il semble s'être planté ici, devant moi et semble vouloir me parler... Qu'il se rassure, j'ai rien à dire.

J'avais quand même hâte de connaitre un peu mieux ce type dont je n'avais entendu que le pire depuis quelques jours. On le disait dépourvu de toute âme, mi-homme, mi-animal et, surtout, vraiment très énigmatique. Mouais. Moi il ne m'impressionnait pas, loin de là. Au contraire, je me sentais en position de supériorité à ses côtés, au même titre qu'avec tous les autres par ailleurs. La chemise qu'il venait d'enfiler ne mettait juste pas du tout sa carrure en valeur, et le boudinait plus qu'autre chose. Je n'osais imaginer ce qu'une telle chemise aurait donné sur moi. Voilà, justement, je ne voulais pas l'imaginer, tout à fait satisfait du style qui était le mien, élégant et sophistiqué. Tout comme je l'étais. Après m'être présenté au grand black, j'espérais que celui-ci ferait de même. Parce bon, entre nous, j'avais complètement zappé son nom quoi. « Ezéquiel » Voilà qui ne sonnait pas franchement irlandais, ni britannique. Bref, rien à cirer. Et, sinon... je pouvais aller me brosser pour n'obtenir ne serait-ce qu'une parole supplémentaire de sa part ? Visiblement le jeune homme ne ressentait pas l'envie de parler, comme je ne ressentais pas l'envie de partir. Quand il s'agissait de mettre fin à un blanc dans une conversation, on pouvait compter sur moi. « Tu la gardes alors, cette chemise ? Vraiment ? Mais euuh... ils faisaient pas la même pour mec ? » Outch. En même temps, je n'avais fait que lui signifier de la manière la plus subtile ô combien il paraissait efféminé dans cet accoutrement. Attendez, ça n'était pas lui qui se retrouvait en binôme avec un autre mec ? Aaaaah, tout s'expliquait à mes yeux. Ou pas, en fin de compte. Mais cette chemise, par contre, était à proscrire et pour de bon.

Son cirque ne semble pas vouloir s'estomper. Pas de problème alors, je vais faire avec. Je jette des regards par-ci et par-là. J'essaye d'oublier cet énergumène qui se tient devant moi et me focaliser sur autre chose, justement, y'a rien devant moi, juste lui et une brochette d'objets empilés les uns sur les autres. C'est quoi déjà ça ? J'arrive pas à donner une définition à ce que je vois. Linge ? Pas vraiment, y'a un string rose tout neuf, une casquette et des babioles en plastiques pour des fêtes ou je ne sais quel festivité merdique. Et puis ça tombe bien, je pourrais réquisitionner le string pour me fabriquer un lance-pierre. La ficelle, si elle porte la propriété de Mr Fantastique, me servira à peaufiner le beau morceau de bois que je compte sculpter plus tard. Si personne ne chope le string, c'est moi qui le rafle et je ne serais pas prêt à le rendre. Bref, ce mec là rajoute avec sa voix de branquignolle allemand. C'est quoi ce déchet ? Il parle combien de langues déjà, car si c'est plus que deux, le surnom de bouffon bilingue disparaîtras et laissera sa place à ... Faut que je réfléchisse intérieurement à un substitut...« regarde » J'arrête mes réflexions pour lui montrer un tour de magie, le seul que je connaisse. J'enlève ma chemise et avec une cruauté et une sauvagerie sans épigone, je maltraite son tissu en forçant sur les deux bouts. La force que j'emploi est largement supérieur à la résistance des fibres et à un moment donné, ça finit par céder. Avant première de ce que risque de subir les chromosomes comme lui. Maintenant, torse nu, j'attends « Là? » Je fais allusion à ma chemise nature dont je suis légèrement fier, à dire ma peau laiteuse et emblématique. Maintenant, il se barre ou pas encore ?

Mais c'était quoi, ce grand machin ? Je parle de ce grand black dont le nom était "Ezéquiel" et qui, de toute évidence, dissimulait le pire. Allez savoir de quoi il pouvait être atteint, ce mec. Autisme ? Franchement, ça ne m'aurait pas plus étonné que ça car on avait quand même vu plus bavard. J'avais limite envie d'applaudir à chaque fois qu'il faisait l'effort de parler, tant cela semblait être nouveau pour lui. Il était genre réservé ? limité mentalement ? juste pas du tout à l'aise pour faire la conversation ? Et encore, le mot était bien grand comparé au véritable échange que nous avions sur le moment. Ouais, ça parlait chemise moulante. Rien de bien passionnant, je vous l'accorde, mais il me fallait bien axer le tout sur un sujet, même futile. D'ailleurs, cette chemise, il n'allait tout de même pas la garder sur le dos ? Parce que pour le coup, il semblait paré pour la gay pride. « regarde » fit-il alors, avant de ne jouer les bêtes sauvages et de ne retirer le présent tissu avec une force démesurée. Un strip-teaseur l'aurait fait avec plus de délicatesse, quand même. Non, là vraiment il me fit penser à Hulk. « Là? » me demanda-t-il finalement, torse nu. Eh beh, j'avais bien raison en fin de compte : il y avait quelques muscles derrière cette chemise tout à fait hideuse. Il avait presque bien fait de l'enlever, même si ce torse ne me faisait absolument aucun effet. Qu'on se le dise. « Si ce petit numéro était un prétexte pour m'en mettre plein la vue, c'est raté. Mais t'es mieux comme ça, oui c'est certain. » Il lui faudrait faire encore un peu de gonflette pour obtenir un résultat comme... le mien. « Vise un peu ça. » À mon tour d'ôter ma chemise, mais avec élégance et en ne manquant pas de me dandiner au passage. Pour le coup, c'était moi qui avait l'air d'un strip-teaseur. M'en fous, j'avais des atouts dont il me fallait jouer. « Ça, c'est d'la tablette de chocolat, vieux. » J'avais presque envie d'embrasser mes biceps, dites donc. Non mais franchement, qu'on me présente celui qui pourrait prétendre être mieux, ou ne serait-ce qu'aussi bien foutu que je l'étais.

Il veut pas encore se barrer. Que lui faut il alors pour qu'il me laisse tranquille ce gros con ? Je note que monsieur est du genre narcissique. Et puis c'est quoi son cirque, il m'imite c'est ça ?. Perroquet. Il se désape de ses fonctions de gentil homme pour me suivre dans ma nudité de premier niveau, le stade 1, important à précisé. Franchement faut pas m'imiter car je suis prêt à partir très loin... Même très loin que même monsieur avec son corps de branquignolle endimanché ne pourra même pas me rattraper, et par 'loin', je veux bien dire la partie inférieur. Je le laisse un moment me dévoiler ses formes que monsieur n'hésite pas à montrer avec un excès de confiance. Il frime, mais ça m'importe peu. Qu'il soit plus musclé que moi, ou que je le sois plus que lui n'est pas dans mes loisirs. On ne compare pas l'incomparable. Je ne me compare pas à ce minable et ces tablettes qu'il me montre avec fierté et qui n'ont pas de réel effet sur mes convictions : C'est à dire, que je suis bien supérieur à lui. Et d'habitude, je ne parle pas sans connaissance de cause. Je l’assomme en deux coup, l'un en bas de son oreille droite pour lui provoquer des bourdonnements, l'autre au centre de son coccyx avec une puissance de frappe similaire à une semi-remorque. Après, je peux soit décidé de passer à coup de scalpel son abdomen en prenant soin de ne pas 'abîmer ses tablettes de chocolats fondantes' - que je compte garder dans un bocal stérilisé comme unique trophée de victoire- soit lui connecter une batterie de voiture, l’installer sur un canapé et passer un à un le bout de ses doigts en enfonçant profondément des aiguilles fines à diamètre négligeable, provoquant ainsi une sensation de déchirement cellulaire au niveau du cerveaux, comme si de l'acide remplissait l'espace vide de ses synapses... Quant aux batteries reliées à ses seins ou autre extrémité pendante, elles sont là pour amplifier la souffrance : Le cerveau se meurt, les décharges serviront spécialement à le tenir assez pour pouvoir jouir de cette cruelle propagation d'amertume cérébrale, anhilant ses fonctions motrices et neuronales à une vitesse méphistophélique et lente. Et ça, toute cette procédure expérimentale n'est qu'un échantillon des noirs dessins qui se disputent le règne de mon esprit... Un conseil mon ami : Casse-toi au plus vite. « Je viens de perdre une chemise à cause de toi. » Malheureux constat. « Je vais mettre la tienne. » en espérant qu'elle ne soit pas aussi serré que la première...

Deux possibilités s'offraient maintenant à moi : je pouvais me barrer d'ici vite fait bien fait et éviter d'avoir à rester plus longtemps auprès de cette énergumène au nom imprononçable... ou bien je pouvais ne pas bouger d'un cil, conserver la place qui était actuellement la mienne. Ouais, j'allais plutôt faire ça au final. Bon, ma présence ici semblait clairement le faire chier, mais je m'en foutais pas mal à vrai dire. Au contraire, savoir que je dérangeais me poussait encore d'avantage à rester - et oui, plus je me savais encombrant, plus j'avais envie de l'être. J'avais une bien drôle de mentalité, oui, je l'admets. Mais voilà, je n'allais pas changer maintenant. Après tout, c'était un peu dans ma nature que de faire chier mon monde. Et jusque là cela ne m'avait pas causé énormément de soucis. Jusque là je dis bien. Car ce grand black était tout de même un peu inquiétant. Je le soupçonnais d'ailleurs d'avoir de bien macabres pensées, limite machiavéliques. Son regard n'inspirait pas confiance, et je ne parlais même pas de ses poings serrés. Est-ce que je faisais bien de l'emmerder ? Est-ce que je risquais quelque chose, genre, ma peau en ce présent lieu ? Bah, il n'oserait pas me faire le moindre mal avec toutes ces caméras autour de nous, pas vrai ? Gloups. Désormais nous nous retrouvions tous les deux torse nu, et je vous laisse deviner lequel surpassait l'autre question musculature. Eh ouais, nous ne jouions pas dans la même cour. « Je viens de perdre une chemise à cause de toi. » Non, sans blague. Je n'avais fait que lui exposer les faits tels qu'ils étaient, à savoir lui signifier le plus clairement du monde combien sa chemise était laide et clairement mal portée. Personne ne lui avait demandé de l'arracher comme une bête, hein, non plus. « Je vais mettre la tienne. » Hin hin c'est ce qu'il croyait, le bonhomme. Seulement je n'étais pas forcément d'accord avec cette affirmation. Car c'était une affirmation, il ne me demandait même pas mon avis, et ça sonnait presque comme une mise en garde du genre "file-moi ta chemise et ferme ta gueule ou je te trucide, te lapide, t'éventre et te bouffe". Un vrai psychopathe, je vous dis ! « Mmmm... non. J'y tiens pas forcément. » J'étais vraiment pas du genre prêteur, mes affaires étaient et resteraient les miennes. Pas touche, donc, à cette chemise monsieur le fou. « Et puis j'vois pas l'intérêt, tu vas flotter dedans. » Nous n'avions pas le même gabarie lui et moi. « C'est la dèche ou comment ça se passe ? T'as pas une autre pauvre chemise à te mettre ? » On était bien dans un dressing, si je ne m'abuse. Alors au pire il tendait le bras, se saisissait d'une autre de ses chemises et hop, l'affaire était réglée. Toutefois il me sembla qu'il faisait comme une fixette sur la mienne - c'était peut-être ma chemise qu'il voulait, mais il ne l'aurait pas. Ah ça non ! D'ailleurs je serais celle-ci avec force et détermination dans ma main droite. Qu'il vienne la chercher, qu'on rigole un bon coup.

Ce que je comptais faire si Cupidon n’était pas venu nous interrompre : Lui arracher sa chemise coûte que coûte. Maintenant que ce gros con vient de nous jouer sa musique caca, j’oublie l’idée de lui piquer sa culotte… Attendez, on aurait comme dit que cette intervention chirurgicale in extremis de ce gringo joufflu n’est pas le fruit du hasard, que la production avait senti qu’un bordel allait naître et que si on nous avait laissé deux minutes de plus, le pire aurait survenu : je parle du pire lorsque monsieur, par excès d’amour propre et pour garder sa dignité et son image de grosse masse, essayera de se défendre, ce qui n’attirera que mes foudres qui ne se gêneront pas à s’abattre sur lui. L’affront reçu, monsieur voudra ‘sauver’ ce qui peut être sauvé le plus rapidement possible, les choses vont dégénérer en un combat de catch filmé en direct et il m’attaquera à son tour; je laisserais faire pour le plonger avec moi et pour ne pas être le seul à sortir... Si on me vire, autant chopper avec moi un lot de consolation. Il demeure néanmoins une chance infime de 0,01% pour que ce gros lardon se roule par terre et fasse la salope victimisée… Je passerai logiquement pour le méchant de l’histoire mais monsieur sera élu par la population black ‘la pupute indienne’, la race blanche n’hésitera pas à le vilipender sur la toile et son poids au sein de cet émission plongera autant que moi je plongerai pour mes crimes, j’en aurais rien à foutre d’ailleurs… Mais pour lui, ça sera le The End romantique d’un bref parcours sur la chaine BBC ?… Fini l’ère grosse gueule, limite je dirais qu’il termine gay dans deux semaines, la prod’ attendra quand même qu’il se fasse fourrer devant une caméra (pour l’audience messieurs) et là on le propulse avec sa valise sur para-island. C’est pour ça que j'estime que ça reste 0,01%. Je le vois bien sortir pour violence que par féminité.. Ce mec ne se laisserait jamais faire. Si j’étais moi, je lui conseillerais de faire la pute pour qu'il sauve sa peau –comme sur les terrains- mais vous voyez, je préfère, intérieurement qu’il se présente en homme. Bon, tout ça ne se passera pas vu que monsieur l’ange ne veut pas perdre deux perles de son nid (on est si important que ça monsieur Doncupi ?) mais j’ai pas aussi l’envie de l’embrasser pour préserver ma cagnotte. Limite je dirais que j’aurais préfère la baston qu’a devoir poser mes lèvres sur ses babines… Mais bon, pas le choix. J’oublie sa chemise que je déverrouille et place ma cible à présent sur sa bouche… T’emballes pas ça prendra quatre millisecondes, pas plus et pas moins. Je m’approche du mec et je pratique sur son torse une force supérieur, assez pour pouvoir le plaquer contre le mur. Ma main droite bloque son épaule, le bras allongé et mon triceps qui se déchire et se dévoile pour présenter à la caméra (fais coucou au public mon petit) mais je crois que ces gros nazes voudront plus voir le baiser que mon triceps, bon… Je lui donne ce maudit baiser, le plus vif possible, un baiser qui vaut 1000 euro alors calmos. Le spectacle clôturé, je force sur son épaule – si c’était un autre, il aurait explosé- mais lui, il semble résister, je n’attends pas mieux de lui. J’utilise une force de buffle mais j’ai pas à me faire de sa santé, il résiste donc j’ai pas à me soucier de lui. « J’ai pas envie de te recroiser… » Je le lâche finalement, on dirait que le mur tremble mais pas lui, peut être légèrement mais ça passe quand on voit le rendu. Et on se calme la prod’, je vais pas le bouffer et lui non plus, fallait pas mettre deux lions dans la même cage non plus si vous vouliez garder vos effectifs intacts. Je reste toujours de marbre face à lui, le visage d’une indifférence remarquable, je lui adresse, sur le même ton froid. « Evite de te mêler de mes affaires… » Sinon quoi ? Attends-je réfléchis à un exemple… Predator 8 Le Combat final tu connais ? Après, dans un futur proche ou éloigné, je crois qu’il voudra s’interposer entre Anabel et moi lorsqu'il saura pour mes noirs dessins, et là ça deviendra franchement un obstacle… Donc autant clarifier les choses dès maintenant…

Bon alors, on allait se foutre sur la gueule ou bien, le grand black et moi ? Non parce que c'était bien clair dans mon esprit, il ne l'aurait pas ma chemise. Au risque de passer pour un gamin de huit ans, je décidais de ne pas prêter mes affaires - eh ouais, cette chemise était bien trop classe pour lui. Il n'était pas né le pouilleux qui serait un jour amené à porter l'une de mes chemises à deux-cent euros. Et puis, au vu de l'état de la sienne de chemise, je préférais encore garder la mienne en main. Si c'était pour la retrouver déchirée et en milles morceaux, je ne voyais pas l'intérêt. Parce que bon, il pouvait toujours prétendre vouloir me la piquer pour se la foutre sur le dos, au final elle finirait bien par subir le même sort que ce bout de tissu, par terre. Je regardai le grand bonhomme droit dans les yeux, en croisant les bras et fronçant les sourcils - histoire de lui faire bien comprendre qu'ici, dans cette pièce, le mâle dominant c'était bien moi. Il ne me faisait pas peur, même s'il était un poil inquiétant. Allez, j'en avais vu d'autres. Et qu'il ne me cherche pas trop ou très vite ces poings qui serraient avec force mon vêtement finiraient par venir s'écraser contre son visage. Soudain, comme sortie de nulle part, une mélodie se fit entendre. Oh bordel, c'était quoi cette grosse blague ? Juste au moment où on commençait à s'amuser, quoi. Non vraiment, la prod' avait mal choisi son moment. Ou... peut-être nous épiait-elle dans l'ombre et avait pris peur. Bref. Qui dit musique toute cucu dit baiser, non ? Oui bah il ne fallait pas compter sur moi pour embrasser ce grand singe. Non vraiment, le miroir me faisait plus envie... et pour cause, il fallait voir le reflet aussi. Seulement alors que je restai planté là, sans bouger, King Kong fit plusieurs pas en ma direction avant de n'entreprendre de me plaquer contre le mur. Non, il n'allait quand même pas... et si, il allait le faire. Un instant plus tard, alors que je fermais les yeux de dégout, je sentis ses lèvres se coller contre les miennes. Ça ne dura qu'un instant, mais bien assez longtemps pour m'en donner la nausée. Dé-gueu-lasse. Une force considérable m'écrasa encore un peu plus contre le mur. Il voulait vraiment s'en manger une, lui, je ne voyais que ça. « J’ai pas envie de te recroiser… » Devais-je prendre ça comme une menace ? Non, plutôt comme une mise en garde tout à fait amicale, je présume. « Dans ce cas évite de te trouver sur mon chemin. Avise-toi de me toucher une nouvelle fois et t'as plus de dents. » Il ne pouvait s'imaginer à quel point j'étais amené à parler sérieusement. Il ne fallait pas me chercher, et encore moins me toucher comme il venait de le faire. C'était quoi, là, cette pression sur mon épaule ? Il s'était cru où le grand machin, dites-moi un peu ? « Evite de te mêler de mes affaires… » Il semblait imperturbable, mais je l'étais tout autant. Qu'on se le dise, le fait qu'il puisse rester de marbre ne m'impressionnait en rien. « J'crois qu'on a plus rien à s'dire, toi et moi. » Je tournais finalement des talons, après avoir fusillé le jeune homme du regard. Attention, je l'avais désormais dans le collimateur. Autant dire que le plus en danger, dans cette histoire, n'était pas forcément celui qu'on croit. Avis aux téléspectateurs : Cupidon venait peut-être d'éviter un véritable bain de sang. La porte se referma derrière moi, laissant le grand black seul, et sans doute en pleine réflexion.

sujet terminé pour Andreas.