Tweedy

Tweedy n'était qu'une inconsciente. Et ça, bien sur, elle n'en avait pas conscience. Les inconscients n'ont pas conscience de leur inconscience. Ce sont des ignorants. Tweedy était une ignorante. Cherchez pas, j'étais un grand philosophe. Bref, après ce qu'il s'était passé lors du prime, il nous fallait avoir une discussion la demoiselle et moi. Et au plus vite. En me levant ce matin j'avais décidé que celle-ci aurait lieu aujourd'hui même. La demoiselle avait parlé de son intention d'aller faire un tour dans la forêt au déjeuner, alors j'attendis qu'elle s'y rende cet après-midi pour l'y suivre. Je n'étais pas bien discret - la filature et moi ça faisait deux -, néanmoins elle ne m'entendit même pas marcher derrière elle. Une fois au beau milieu des arbres et de la nature, il sembla qu'elle perçu le bruit de mes pas. C'est lorsqu'elle entreprit de se retourner que je pris la parole. « On a du te tomber dessus bien avant moi, mais... » Mais je ne voyais pas pourquoi je n'aurais pas droit, moi aussi, à des explications. Croyez-moi, elle me les devait bien. Car je ne comprenais rien. Rien du tout. « .. tu m'expliques ce qu'il t'est passé par la tête hier ? » En clair, qu'est ce qui lui avait pris de changer de partenaire ? Préférer le grand black à son Finnick adoré, non mais il fallait avoir une case en moins pour prendre une telle décision. Je pensais que Tweedy était une demoiselle intelligente et réfléchie. Mais c'était tout le contraire qu'il m'avait été donné de voir, la veille au soir. Après, je ne demandais qu'à me tromper, qu'à ce qu'elle me donne une bonne raison qui ait pu la pousser à faire ce choix-là. Mais honnêtement, il y en avait-il vraiment une ?

Quel timbré, cet Andreas. Vraiment, quel timbré. Ne lui avait-on jamais dit qu'il était particulièrement déconseillé de se faufiler dans le dos d'une jeune femme déjà angoissée de nature, rien que pour lui faire encore et toujours la morale ? Parce que Tweedy ne s'était absolument pas attendue à le voir surgir de nul part, bondir derrière elle, la faisant sursauter au point qu'elle en eut le souffle coupé pendant au moins cinq secondes. Il était définitivement timbré, l'allemand. Parce que Tweedy marchait le plus tranquillement du monde dans cette forêt, profitant du fait qu'il n'y ait personne, et même pas le moindre bruit, pour y passer un moment de pure détente. Mais c'était bien évidemment sans compter sur cette intrusion fort déplaisante, hm. Soyons clairs, Tweedy appréciait véritablement Andreas, et généralement, elle se plaisait à passer un peu de temps en sa compagnie. Sauf qu'à cet instant précis, elle était un peu trop occupée à reprendre son souffle pour apprécier sa venue. En plus, à la manière dont il prit la liberté de s'adresser à elle, la jeune femme comprit bien vite qu'il allait remettre cette histoire de changement de partenaire sur le tapis. Autant dire qu'il était peu probable que cette discussion lui plaise franchement. Si Andreas estimait mériter des explications, autant dire qu'il se trompait. Rien ne l'impliquait dans cette histoire, rien. A la rigueur, que Keelan se sente impliqué, que Finnick se sente impliqué, qu'Ezéquiel se sente impliqué ... D'accord, c'était bien normal. Mais Andreas ... Non, il n'avait rien à voir là dedans. « Et si toi tu m'expliquais plutôt ce qui te pousse à t'intéresser autant à cette histoire ? » demanda-t-elle, lorsqu'il lui posa une question qu'elle jugea inappropriée. Andreas prenait un peu trop de libertés, et tôt ou tard, même Tweedy finirait par s'en lasser. « J'ai décidé de changer de partenaire et je peux comprendre que ça en laisse plus d'un perplexe, mais je n'estime pas pour autant avoir des comptes à rendre à tout le monde dans ce château. Tu sembles considérer que je te dois quelques explications. Et de quel droit, au juste ? » Oui voilà, c'était bien ça la question. De quel droit, hm ?

Maintenant que je me retrouvais seul avec Tweedy, nous allions pouvoir parler. Enfin ça, c'était ce que j’espérais mais la demoiselle ne tarda pas à me faire des reproches. Tout ce qu'il m'importait de savoir, c'était ce qui avait bien pu la pousser à faire le choix tout à fait absurde de changer de partenaire à la surprise générale, la veille. Sans doute estimait-elle que je n'avais pas à me mêler de tout ça. Oui mais voilà, je me mêlais de tout moi. Surtout de ce qui ne me regardait pas. « Et si toi tu m'expliquais plutôt ce qui te pousse à t'intéresser autant à cette histoire ? » J'avais bien envie de lui rétorquer qu'ici, c'était moi qui posait les questions, mais j'allais peut-être éviter hein. De toute évidence, l'attention que je portais à cette affaire la dérangeait profondément. Pour une fois que je me préoccupais de mon prochain, je m'en prenais plein la gueule. Allez y trouver la logique vous. « La bêtise humaine, sans doute. » Car à mon sens Tweedy avait agit sans réfléchir aux conséquences qu'une telle décision pourrait entrainer. Mais ça, bien sur, ça lui passait au dessus de la tête. Qu'est ce qu'il lui fallait pour se rendre compte qu'elle avait fait le mauvais choix ? Finir avec la gorge tranchée dans les prochains jours ? « J'ai décidé de changer de partenaire et je peux comprendre que ça en laisse plus d'un perplexe, mais je n'estime pas pour autant avoir des comptes à rendre à tout le monde dans ce château. Tu sembles considérer que je te dois quelques explications. Et de quel droit, au juste ? » De quel droit est-ce que j'estimais avoir droit à ses explications ? Peut-être qu'elle ne me devait rien, en fin de compte. Ouais, la vérité résidait sans doute ici. « Oh mais tu ne me dois rien, et je m'en rends bien compte. Je te trouve juste bien inconsciente, et franchement idiote. Mais t'es majeure, hein, alors à priori ça n'est pas à moi de te dire quoi faire ni quoi dire. Comme je te l'ai déjà signifié, j'suis pas ton grand frère. Alors non, tu ne me dois rien c'est vrai. » Je terminai par lâcher un long soupire. Tweedy était incompréhensible... À force, je n'allais même plus chercher à la cerner. J'avais réellement l'impression de perdre mon temps.

Très honnêtement, si Andreas ne semblait pas comprendre la décision prise par Tweedy, cette dernière ne comprendrait pas pourquoi il en faisait tout un plat. Encore une fois, tout cela ne le concernait pas, il n'était en rien impliqué dans cette histoire, alors qu'il évite de faire comme si c'était le cas. Lorsqu'elle lui demanda ce qui pouvait bien l'intéresser autant dans cette histoire, le jeune homme lui répondit que c'était la bêtise humaine. Ah ouais, cool. Qu'il se rassure, il n'était assurément pas le seul à la prendre pour une sacrée imbécile. Lors du prime, Keelan lui avait par exemple dit qu'elle n'avait rien dans la tête. Si ça, ça n'était pas une preuve, hein ... Tweedy répondit alors par un petit haussement d'épaules. A quoi bon le contredire, puisque de toute manière, Andreas ne devait pas être le genre de type à aimer qu'on s'amuse à s'opposer à son point de vue. Et puis, il avait bien raison, non ? Bien sûr que oui, puisqu'il s'agissait d'Andreas. Le savoir universel, vous savez bien. Finalement, la petite brune prit le risque de lui faire clairement savoir qu'il n'avait aucunement à attendre d'elle la moindre explication, dans la mesure où toute cette histoire ne le concernait pas directement. Il serait particulièrement prétentieux de penser le contraire, m'enfin, ça n'était pas comme si la modestie était l'une de ses qualités, hm. Donc, aux yeux d'Andreas, Tweedy était non seulement une inconsciente, mais une idiote en plus. Bien. Il disait n'être pas son grand frère - c'était bien vrai ça - et n'avoir effectivement rien à attendre d'elle. Bon, visiblement, il commençait à comprendre. Fort bien tout ça, fort bien. Tweedy hocha alors la tête, histoire de le féliciter d'une certaine manière en approuvant ses propos. « Tu sais, je peux comprendre que mon attitude te dépasse, qu'elle t'horripile peut être. Tu n'es clairement pas le seul, c'est une certitude. Mais j'ai toujours été très dure à suivre, tu sais. Personne n'y est jamais vraiment parvenu. Pas même ma famille, alors je n'attends d'aucun de vous d'y parvenir. » Autrement dit, que tout le monde la prenne pour une petite timbrée, pour une folle des risques, ça lui importait relativement peu. « Juste une chose, la manière dont tu t'es adressé à moi, dimanche soir ... la manière dont tu m'as agressé ... je n'ai pas tellement apprécié. Il y a des manières de dire les choses Andreas. Il serait peut être temps que tu en prenne conscience, hm. » A la rigueur, qu'il ne comprenne pas son choix, c'était une chose, mais qu'il le lui fasse comprendre de la sorte, c'en était une autre. Et, effectivement, ça ne lui avait que très moyennement plu comme formulation.

J'allais certainement paraitre vachement lourd dans les minutes à suivre mais j'assumais absolument tout. Je veux dire, y'a un moment où faut arrêter de mesurer ses actes et ses paroles. Tweedy avait commis un erreur monumentale hier, et aujourd'hui elle osait me demander ce qui pouvait bien me pousser à revenir là-dessus, sérieusement ? Elle ne comprenait donc pas qu'une telle décision, surtout venant d'une jeune fille reconnue comme étant réfléchie par tous ici, n'était pas compréhensible ? « Tu sais, je peux comprendre que mon attitude te dépasse, qu'elle t'horripile peut être. Tu n'es clairement pas le seul, c'est une certitude. Mais j'ai toujours été très dure à suivre, tu sais. Personne n'y est jamais vraiment parvenu. Pas même ma famille, alors je n'attends d'aucun de vous d'y parvenir. » Elle le comprenait alors ? Miracle. Ce qu'elle reconnaissait, là surtout, c'était le fait qu'elle était incroyablement compliquée à suivre. Personne n'avait compris sa décision, personne. Et encore aujourd'hui le trouble régnait autour de celle-ci. J'allais finir par croire qu'ils avaient un secret en commun ces deux-là... « Je voulais savoir pourquoi tu l'avais prise, cette décision. Mais sans doute ne le saurais-je jamais. » Car elle blablatait, encore et encore, mais elle ne s'expliquait pas pour autant sur son choix et le pourquoi du comment de ce dernier. « Juste une chose, la manière dont tu t'es adressé à moi, dimanche soir ... la manière dont tu m'as agressé ... je n'ai pas tellement apprécié. Il y a des manières de dire les choses Andreas. Il serait peut être temps que tu en prenne conscience, hm. » Ah oui vraiment, ça l'avait genre blessée ? Mais elle allait s'en remettre, non ? Il était peut-être temps qu'elle réalise que je n'avais pas de respect envers les femmes. Et elle ne faisait pas exception à la règle. Pour moi, elles n'étaient que des bouts de viande dont je me servais et que je jetais presque aussitôt après en avoir bien profité. Quand j'étais contrarié, je le faisais savoir. Cela avait été le cas hier, lors du prime. Sa décision ne m'avait pas plu, je le lui avais montré. « T'es excessive, là. Agressée... je t'ai pas giflée, ni... étranglée ou étouffée, hein. » Non non, je ne faisais bien sur là aucune référence tout à fait subtile à son grand black de partenaire. Ou devrais-je dire nouveau partenaire. « Oh mais au fait, c'est un peu ce que tu risques dans les prochains jours, ça non ? » D'accord, j'y allais fort, néanmoins elle ne semblait pas se rendre compte à côté de qui elle allait dormir. J'étais déjà vachement content du fait qu'elle eut été vivante aujourd'hui, d'ailleurs, car elle avait passé sa première nuit avec l'autre psychopathe hier. Mais resterait-elle en vie encore bien longtemps ? Là était la question que nous étions tous en droit de nous poser.

Bien sûr que cette décision était incompréhensible aux yeux de tous. Bien sûr que Tweedy passait pour une sombre idiote, une jeune femme décidément inconsciente et étant prête à se mettre en danger par simple fierté. Bien sûr. Mais cela donnait-il le droit à n'importe qui de lui faire la morale, hm ? Assurément pas. Et pourtant, n'était-ce pas ce que faisait précisément Andreas, à cet instant précis ? Si, visiblement. Pour qui se prenait-il au juste ? Vous savez, Tweedy avait beau l'apprécier, et le considérer comme un jeune homme bien plus sympathique qu'en apparences, elle n'était pas pour autant prête à accepter cette immersion inappropriée dans sa vie. Il agissait très clairement comme si toute cette histoire le concernait, comme s'il en était l'un des principaux protagonistes. Oubliait-il qu'il n'avait qu'une vision extérieure de la chose ? Oui, visiblement. Et voyez-vous, c'était justement ça le problème aux yeux de Tweedy. Bien sûr, la jeune femme était la première à reconnaitre qu'il était la plupart du temps difficile pour ses proches, ou pour n'importe qui, de la suivre. Parce que cette brune brune était une jeune femme compliquée, tout simplement. Mais au moins, elle gardait toujours une part de lucidité. Andreas disait vouloir savoir pourquoi elle avait prise une telle décision. Un fin sourire gagna alors les lèvres de la petite brune. « Je te croyais plus perspicace » fit-elle alors, presque l'air de rien. Oui, c'était clairement une manière de lui dire qu'en faisant preuve d'un esprit moins critique, et d'un sens de l'observation un peu plus développé, il parviendrait peut être à saisir l'une des nombreuses raisons qui avaient poussé Tweedy à agir comme elle l'avait fait. Par la suite, Tweedy ne manqua pas de signifier à Andreas que celui-ci l'avait clairement agressée lors du prime. Oui, c'était très clairement le sentiment qu'elle avait eu lorsqu'il avait bondi devant elle et qu'il avait failli la mordre. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la réponse du grand blond prêtait à rire. « Oh ben non, t'avais pas intérêt. Tu sais bien que c'est très mal vu par ici » fit-elle alors, dans un haussement d'épaules. Mais là, il allait un peu loin tout de même. « Qu'est-ce que tu crois, on a déjà prévenu ma famille, contacté les Pompes Funèbres ... » Non, elle ne plaisantait pas, c'était juste des propos très très très ironiques. « Je ne risque rien » conclut-elle, sur un ton déterminé. Qu'allait-il trouver à dire à cela, hein ?

Je devais me rendre à l'évidence : Tweedy ne comptait pas me dire ce qui avait bien pu la pousser à faire ce choix absurde. Pourtant c'était réellement ce que j'attendais de notre échange, cet après-midi. Des explications, pures et simples. Je concevais bien volontiers qu'elle ne me devait rien. Mais nous étions tout de même en droit de nous poser certaines questions, non ? « Je te croyais plus perspicace » Ah et donc j'étais censé deviner ? J'avais même pas droit à un misérable indice ? De toute manière, à quoi bon ? Nous savions tous qu'il n'y avait aucune logique derrière tout ça. Cette décision, elle l'avait prise sur un coup de tête. Voilà tout. Alors elle voulait que je me montre perspicace, vraiment ? « En général je le suis. Mais là c'est tellement incompréhensible qu'il m'est impossible de lire dans tes pensées. » Et puis j'étais pas devin non plus. Allez, elle espérait juste se le faire le grand black, non ? Comme Élise se l'était fait la semaine passée... Non mais j'avais un œil partout, moi, vous savez bien. En tout cas, si vous voulez mon avis, elle n'avait clairement pas misé sur le bon cheval. Elle me reprochait de l'avoir agressée. Pourtant j'aurais pu me montrer bien plus brutal - user de la violence, par exemple. « Oh ben non, t'avais pas intérêt. Tu sais bien que c'est très mal vu par ici » Oui merci nous l'avions un peu tous remarqué quoi. Ça l'avait conduit à la nomination d'office le bonhomme. Je savais à quoi m'attendre si je venais à toucher ne serait-ce qu'à un cheveu de la petite brune. Ce que je ne prévoyais pas de si tôt d'ailleurs. « Qu'est-ce que tu crois, on a déjà prévenu ma famille, contacté les Pompes Funèbres ... » Okay d'accord, super joyeux ça dites-moi. Il ne manquait plus qu'on nous apporte un cercueil et on pouvait commencer l'apéro. Enjoy mes frères. « Là t'en plaisantes... mais tu feras moins la maligne quand il t'auras tranché la gorge. » Moi par contre je ne rétorquais pas cela avec humour, du tout. « Je ne risque rien » C'était censé nous rassurer ça ? Tu parles ! C'était facile de se convaincre de ça, sur l'instant, mais qu'elle savait-elle au fond ? « Oh pitié ! C'est ta conclusion après avoir eu deux-trois "discussions" avec lui, après que vous vous soyez trouvé un point commun, et encore ça j'en suis pas sur, après avoir passé une première nuit sans encombres ? Tu sais rien de lui. Il est imprévisible ce type. Si toutes tes copines en ont peur aujourd'hui, c'est surement pas pour rien tu vois. » Je ne disais pas là que je comprenais toutes ces folles, car entre nous il ne fallait pas le craindre ce grand nounours. Seulement il avait étranglé et étouffé des demoiselles ici. Preuve qu'un vaisseau avait pété dans son cortex cérébral. C'était bien beau de prétendre ne rien risquer. Elle n'en savait strictement rien. Qu'est ce qui nous garantissait qu'il allait réellement calmer ses ardeurs ? Il en avait rien à foutre de cette aventure, alors au pire il serait exclu. C'était ma vision des choses - soit la vision de tous. Car l'opinion d'Andreas était l'opinion du peuple. Simplement.

Si Tweedy était considérée comme une obstinée par pas mal de monde autour d'elle, l'on pouvait clairement dire qu'Andreas n'était pas mal non plus en la matière. Disons qu'il se défendait bien, lui aussi, dans cette catégorie. Parce que le jeune homme semblait véritablement attendre de Tweedy qu'elle lui fournisse quelques explications, ou disons qu'il espérait qu'elle lui dirait ce qui avait bien pu lui passer par la tête au moment de faire ce choix jugé si absurde par le grand blond, mais aussi par la plupart de leurs camarades. Sauf qu'il s'y prenait plutôt mal, le Andreas. Pour preuve, il s'était carrément permis d'agresser Tweedy lors du prime, en lui gueulant dessus et en lui faisant savoir qu'elle était une belle idiote d'agir d'une manière si irréfléchie. On peut dire qu'il y avait mieux pour l'inciter à se confier à lui, hein. Autant dire qu'il avait déjà perdu de sacrés points, et qu'à moins de passer un oral de rattrapage brillant, il pouvait s'assoir sur son diplôme du bon confident, hm. En tout cas, Andreas ne faisait pour le moment pas tellement preuve d'une grande perspicacité, sinon, il aurait probablement été en mesure de comprendre certaines des raisons qui avaient pu pousser Tweedy à agir comme elle l'avait fait. Mais soit, ça n'était pas le cas et personne n'allait en mourir. « Remarque, ce n'est pas un drame en soit » fit-elle, dans un mince haussement d'épaules. Au pire, il ne connaitrait jamais la vérité à ce sujet - parce que Tweedy n'était pas certaine de vouloir la lui dire aussi simplement - et ce ne serait effectivement pas un drame. Bon, après avoir plus ou moins plaisanté au sujet de la violence prohibée au sein de cette aventure, voilà que Tweedy s'amusait au sujet de sa propre mort. Oui, un rien pouvait aisément l'amuser, celle-là. Andreas, par contre, avait autant d'humour qu'un tournevis. Hm. « Tu regardes trop de films d'horreur, Andreas » lui signifia-t-elle gentiment, dans un petit sourire. Parce que bon, de là à ce qu'Ezéquiel commette un vrai crime, n'exagérons pas. Et lorsque Tweedy eut le malheur de dire qu'elle ne risquait rien, voilà qu'Andreas partit en plein délire. Alala. « Je sais ce que je dis. Je lui fais confiance, et je vais tâcher de l'aider. Après, libre à toi de trouver ça ridicule ... J'ai de toute manière l'habitude qu'on ne prenne rien de ce que je fais au sérieux, alors toi ou un autre, franchement ... » Elle ne voulait pas être méchante, simplement, il devait comprendre que Tweedy avait foi en son "projet", celui qui visait à aider Ezéquiel. Oui, parfaitement.

Y'avait pas écrit "devin" sur mon front, quoi. Si elle ne s'expliquait pas, je n'allais pas non plus deviner les choses par moi-même. Certes j'étais un garçon fort brillant, mais de là à pénétrer dans son cerveau pour y dénicher les informations souhaitées... peut-être pas quand même, hein. « Remarque, ce n'est pas un drame en soit. » Bon allez, je préférais encore ne pas insister. Je m'en foutais en fait de ses raisons. Elles n'étaient en aucun cas valables et ne justifiaient sans doute pas quelque changement de partenaire que ce soit. Alors tant pis, je jetais l'éponge. « Tu regardes trop de films d'horreur, Andreas » fit-elle ensuite. Le truc, c'est que ce type était un film d'horreur à lui tout seul. En fait elle devait être trop naïve pour s'imaginer les pires des scénarios. Elle accuserait bientôt la prod' d'avoir truqué les images de Laoise et Anabel se faisant agresser par le grand black. Pourtant nous les avions tous vues ces images. Elles parlaient d'elles-même. « Non, c'est pas du tout mon truc. Je préfère les films pour adultes, tu le sais bien. » Ou alors j'allais le lui apprendre. Dans tous les cas ça ne serait une surprise pour personne. Mais les films pour adultes, bah Tweedy elle ne connaissait certainement pas. Au pire j'en avais deux-trois à lui conseiller. Mais pas maintenant, bien sur. Sinon à part ça, j'étais en mesure d'affirmer qu'elle ne connaissait rien de son nouveau partenaire, non ? En fait je pense qu'elle croyait le connaitre, mais qu'en fin de compte c'était tout le contraire. « Je sais ce que je dis. Je lui fais confiance, et je vais tâcher de l'aider. Après, libre à toi de trouver ça ridicule ... J'ai de toute manière l'habitude qu'on ne prenne rien de ce que je fais au sérieux, alors toi ou un autre, franchement ... » Ridicule, oh oui ça l'était à mes yeux. Stupide et inutile, également. Que voulez-vous, selon moi le grand black était une sorte de cas désespéré, à mon image. Ni lui ni moi ne pouvions être amenés à changer ici, même avec la plus grande volonté du monde. Mais tout à fait franchement, je n'avais aucune volonté et je doutais du fait que lui puisse en avoir. Tweedy perdait juste son temps en somme. Mais en avait-elle seulement conscience ? Bien sur que non. Elle voulait toujours se montrer gentille, attentionnée, dévouée... Tout ceci finirait par la perdre. Trop de sympathie finit par tuer la sympathie. « Oui mais lui, il veut que tu l'aides ? » Certainement pas. Vous l'aviez vu ? Ce type était pire que moi encore. « Entre nous Tweedelia,... heu Tweedy,... si tu souhaites que l'on prenne ce que tu fais un peu plus au sérieux, il serait peut-être temps de... » Je lui disais franco ? D'un autre côté, je ne souhaitais pas non plus la froisser voyez-vous. Hm, valait peut-être mieux que je ferme ma gueule là. « ... Non laisse tomber. Considère que je n'ai rien dit. » C'était préférable, oui. Après, connaissant la jeune femme et sachant qu'elle était bornée et curieuse, elle ne tarderait probablement pas à vouloir me tirer les vers du nez. Oui mais voilà, ce que je m'apprêtais à lui dire était vraiment vache. Et venant de ma bouche ça ne manquerait surement pas de la heurter. Moi je voulais la préserver, hein. Après, si vraiment il fallait que je les sorte ces mots, et bien je le ferais. De toute façon quand j'avais quelque chose à dire, je finissais toujours par le faire.

Attendez voir, pourquoi Andreas lui apparaissait subitement comme un jeune homme borné mais surtout extrêmement casse-pieds, hm ? A croire que Tweedy ouvrait enfin les yeux sur son compte. Non, bien entendu, la jeune femme ne changeait aucunement d'opinion sur son cas. Elle constatait juste qu'il avait - comme tout le monde - un coté quelques peu agaçant et qu'il parvenait visiblement à en faire très bon usage à cet instant précis. Encore une fois, ça n'était pas en jouant les gros lourds qu'il allait obtenir un quelconque renseignement de la part de Tweedy sur cette histoire de choix. Déjà, elle ne comprenait pas en quoi cela pouvait bien l'intéresser, puisqu'il semblait être du genre à s'intéresser à rien, si ce n'est à lui même ou disons à un cercle de choses très restreint, et que surtout, ça ne le concernait absolument pas. De l'avis de Tweedy, Andreas ressentait simplement le besoin de se mêler de tout et de rien, un peu comme elle en fait. Et donc, elle avait tendance à s'empêcher de l'en blâmer, histoire de ne pas passer pour une hypocrite de bien mauvaise foi. Aux yeux de Tweedy, ça n'était de toute évidence pas un drame qu'Andreas reste dans l'ignorance au sujet des raisons qui avaient pu la pousser à faire le fameux choix. Par la suite, elle insinua qu'Andreas regardait trop de films d'horreur - en plaisantant quelques peu, il est vrai - histoire de lui faire savoir qu'il avait peut être tendance à aller un peu loin lorsqu'il prétendait que Tweedy pourrait se faire trancher la gorge par son nouveau partenaire. Okay, Ezéquiel n'avait pas franchement l'air d'un Saint, mais de là à insinuer qu'il irait commettre un véritable crime au sein de ce jeu ... Quoi que, attendez voir, n'était-ce pas ce que tout le monde pensait, ou presque ? Probablement, si. Alala. « Les films pour adultes, tu dis ? Ça doit être franchement passionnant » fit-elle, un peu taquine, lorsqu'il lui parla de son petit penchant pour les films olé-olé. Bon, plus sérieusement, qu'est-ce qu'Andreas trouverait à dire des récentes confessions de Tweedy ? Et bien, il semblait demander à la jeune femme si Ezéquiel voulait de son aide. Franchement, cette question était limite bébête. « Probablement pas, non » avoua-t-elle doucement, dans un haussement d'épaules. Elle disait cela comme si ça n'était pas une fatalité, parce qu'à ses yeux, ça n'en était pas une. Mais là, Andreas lui fit arquer un sourcil. Il commença une phrase sans la terminer, et c'était louche. Très louche. Qu'avait-il voulu dire, au juste ? « Oui ? Si je souhaite que l'on prenne ce que je fais un peu plus au sérieux, il serait peut être temps de ... ? De quoi ? Vas-y, ne te gêne surtout pas pour le dire. Je ne suis plus une petite fille, alors ne te tracasses pas pour ma susceptibilité, hm. » En d'autres termes : parle, homme.