« Je le sais, avoua-t-elle dans un murmure. Mais tu n'es pas obligée de me laisser faire comme tu le fais... » De tout temps, et en tout lieu, il y avait toujours une limite, une frontière, un trait à ne pas franchir, sans quoi elle risquait de s'y brûler les ailes. Mais Deirdre, elle, les repoussait, et les franchissait même. Sans morale ni bienséance. Sans politesse ni égard. Il n'y avait qu'elle et les cercles d'intimité qu'elle violait volontiers, sans se couvrir d'aucune ombre, que ce fût de honte, de scrupule ou de gêne. Pour autant, elle avait déjà été repoussée, violemment bien des fois. Or, ce n'était pas le comportement qu'arborait Alisk à son égard. Encore une fois, Deirdre ne le prenait aucunement comme une quelque espérance (ou alors elle eut espéré le contraire). Son regard inlassablement abîmé dans celui de la jeune femme, elle se recula pourtant. « Tu ne devrais pas te demander pourquoi. Tu devrais t'en satisfaire. Vous autres, vous demandez toujours pourquoi... » Au demeurant, Alisk avait bel et bien rompu quelque chose, puisque c'était bien là ce qu'elle avait cherché. Contre cela, Deirdre ne pouvait rien. Après tout, elle avait laissé la jeune femme gager pour elle de ce qu'il devait en être. Il y eut donc un pas de plus en arrière. « Voilà. » Cela sonna comme une conclusion bien fade. « Tu as ce que tu voulais. » Et la jeune irlandaise, au masque emprunt d'une délicieuse douleur, tourna simplement les talons pour s'enfoncer dans l'obscurité de l'endroit, et disparaître.