« J'espère avoir l'occasion de voir tes compétences au grand jour. » répondit-il avec un sourire et un léger clin d’œil. « Lequel ? » demandais-je, sous entendu "dans quel sport", pseudo innocemment alors qu’il ne me fallu pas deux secondes pour comprendre ce dont il s’agissait et d’où il voulait en venir le fourbe. Et j’ajoutais à ceci un sourire un malicieux.

« J'ai commencé à quatre ans, sans doute pour me trouver une identité que j'avais perdu à la suite de la mort de mes parents et de mon frère. De la quête, j'ai trouvé l'amour pour l'art, puis la liberté. Quand je pratique, elle pulse dans mes veines. Je suis un homme libre chaque jour, mais jamais autant que sur un tatami où je suis ce que je veux être... du moins entre autre. » J’écoutais attentivement sa réponse, plutôt étonnée. Jamais je ne me serais doutée ou ne serait-ce qu’imaginer cela. Putain quel passé de merde. Le pauvre. Oui très fin mais fallait l’admettre c’était bien vrai et je me « rendais » compte que, dans un sens, j’avais plutôt été chanceuse de ce côté-là. « Désolé » fis-je ensuite ne sachant trop que dire. Oui c’était bien cela que l’on disait lorsque quelqu’un parlait d’un drame. Bref.

« Tu vois ce que c'est ? » me demanda-t-il ensuite en prenant mon poignet entre ses doigts, sentant ensuite mon pouls battre rapidement, reprenant cependant doucement une allure normale, essayant du moins. Je baissais les yeux vers mon poignet, et je me rappelais toutes les sensations que je ressentais lorsque j’évoluais sur scène ou lorsque je glissais sur les vagues. La sensation d’une étrange liberté, d’une paix intérieure, la possibilité de faire ce que l‘on voulait, de se sentir libre, être qui l’on veut, ce qu’on l’on veut, s’exprimer, se laisser aller sans réfléchir. Se sentir vivre, se sentir vivant, comme si le meilleur de nous était exposé au reste du monde, comme si nous étions entrés dans une bulle où plus rien ne compte que l’espèce d’osmose qui se crée entre les éléments et nous, parfois même les gens, le public… Do I sound crazy… puis je relevais les yeux vers lui. « Complètement. » soufflais-je toujours éprise par les sensations qui, à peine pensées, m’avaient submergé, presque désarçonné, mes prunelles se noyant désormais dans l’azur de ses yeux.

Son innocence ne me trompait guère car d'illusions en illusions, on se comprenait tous deux parfaitement. La fixant intensément, je lui fis un clin d'œil accompagné d'un sourire bourré de sous entendu, simple, légèrement furtif, tandis que mes yeux plongeait dans les siens avec une intensité que je ne retins pas. Mes doigts tenaient toujours ses mains, tandis que j'aimais à glisser sur sa douce peau pour remonter sur son coude. Je ne m'éternisais donc pas sur mon passé triste, qui avait envie de voir une seconde fois voir les yeux d'une jolie femme compatir à un passé révolu, pour continuer à caresser sa peau, l'effleurer du bout des doigt pour lui faire découvrir mes sensations favorites. A son regard, je devinais rapidement qu'elle le vivait tel un souvenir, l'ayant donc déjà ressentit. Un sourire faible flottait sur ses lèvres, inédit et je la fixais avant qu'un drôle de bruit n'intervienne. Une sorte de grésillement qui me fit lever la tête et donc perdre le contact avec le doux regard de la jolie brune. L'ampoule s'éteignit quelques secondes avant de perdre progressivement une intensité qui finit par disparaître. Le noir nous immergea tandis que je ne quittais sa main avant de baisser de nouveau la tête, fixant l'endroit où son visage se trouvait.

-Ceci me rappelle étrangement notre première rencontre dans le salon. Nous sommes abonnés aux coupures de courant.

Lâchant sa main, je me redressais légèrement avant de murmurer amusé.

-Trouver l'interrupteur ne sera pas facile.

La situation était drôle en réalité. De mon combat d'art martial avec un matelas, j'étais désormais privé de lumière en compagnie d'une magnifique jeune femme. Attrapant un objet, je le lançais contre l'interrupteur, du moins l'endroit où je pensais qu'il soit, sans que rien ne se produise.

-Manqué.

Un grésillement fugace me sorti de mes pensée, je clignais des yeux plusieurs fois, revenant à moi et affichais un sourire en soupirant. Sentant ses doigts parcourir ma peau, un frisson me parcourra l’échine alors que contradictoirement mes lèvres s’étirèrent en un sourire malicieux, le dévisageant de mes prunelles brunes. Puis, soudainement, plus rien. Le noir. Je clignais des yeux, étouffais un hoquet de surprise et fronçais les yeux. Que se passait-il ? Mais, nous étions maudit ! Si je devais remémorer toutes les fois où nous avions été interrompu dans une discussion dès plus chaste, j’oserais dire que c’est un complot !

« Ceci me rappelle étrangement notre première rencontre dans le salon. Nous sommes abonnés aux coupures de courant. » dit-il en lâchant ensuite ma main alors que je tentais vainement d’habituer à l’obscurité de la pièce puis mon rire cristallin retentit à l’évocation du souvenir. « Et eau gelée ! Puis.. quoique j’vais essayer de ne pas t’électriser.. » fis-je d’un ton mutin alors que mes yeux restaient fixés la où son visage était il y’avait quelques secondes. « Trouver l'interrupteur ne sera pas facile » ajouta-t-il amusé alors qu’un nouveau sourire s’étirait sur mes lèvres. « J’te le fais pas dire… mais qui a dit que nous étions obligé de la rallumer » ajoutais-je malicieuse, un regard presque fauve –toute façon qui l’aurait vu hein-, avant de rire puis me leva, me retrouvant à une distance déraisonnable de lui, voire même une distance inexistante alors que je sentais son souffle sur ma peau, je me doutais que s’en devais être de même pour lui, du moins, qu’il l’aurait remarqué. Puis sciemment je reculais amusée. La minute d’après sursautais en entendant un quelque chose se fracasser contre un mur. « C’était quoi ca ?! » demandais-je aussitôt. « Manqué. » fit-il ensuite, donnant réponse à ma question alors que je levais les yeux aux ciel. Une « idée » me traversa l’esprit et j’affichais un sourire, je m’avançais, passais à côté de lui, mon bras effleurant le sien avant que le bout de mes doigts ne s’attardent quelques secondes sur sa peau. « Trouves moi » murmurais-je mutine avant de m’éloigner de ce dernier, me dirigeant vers le mur en face de moi, posant mes mains sur la surface lisse, histoire de chercher l’interrupteur.