Le jeu prenait un tout autre tournant, tandis que le silence retombait, Franz ne répondant rien. Betty le regarda alors prendre son poignet dans ses mains puis tremper son index qu’il fit ensuite glisser sur le long de son nez, la faisant alors frémir tandis qu’elle l’observait, silencieuse. Et alors qu’il se rapprochait, elle eut un léger mouvement de recul, mais elle le laissa tout de même s’approcher, entrouvrant ses lèvres lorsqu’il glissa son souffle chaud sur ces dernières. Il fit ensuite trainer sa langue sur son nez, tandis qu’elle fermait délicatement les yeux, comme pour mieux profiter de cet instant. Ce mec était..incroyablement adorable et excitant à la fois. Betty rouvrit finalement les yeux, croisant son regard, pleine de désir. Il venait de réveiller la bête qui sommeillait en elle. Sans attendre, la jeune blonde prit une fraise entre ses doigts, puis sans quitter Franz des yeux, elle rapprocha son visage du sien, croquant dans le fruit a quelques centimètres de la bouche du candidat, avant de lui faire croquer le reste de la fraise, laissant glisser deux doigts sur sa langue. Un sourire satisfait aux lèvres, elle récupéra ses doigts, avant de murmurer, toujours aussi proche de lui, un faux air de reproche sur le visage. « Ce n’est pas raisonnable voyons. » Elle lui tira la langue, à moitié rieuse, à moitié joueuse.

Je ne savais pas vraiment si ce que l'on faisait, Betty-Jayne et moi, était très raisonnable. Les gestes que nous avions l'un envers l'autre étaient plus qu'ambigus et n'importe qui passant par là aurait pu se monter un film. Quoi que, peut-être était-ce justifié, la jeune femme était plus qu'attirante. Je croisai ainsi son regard dont la lueur malicieuse avait laissé place à un certain éclat plus... intense et percutant. Un rictus satisfait sur les lèvres, je la laissai ainsi se pencher vers moi, croquant dans la fraise qu'elle venait elle-même d'entamer, laissant ma langue trainer dans un geste provocant et sensuel sur ses deux doigts. N'y avait-il pas plus subjectif comme geste? Dans un autre contexte, le dos de la jeune femme se serait déjà brutalement écrasé sur le bois de la table sous mon poids. Tout le monde parlait de son pseudo-couple avec Alcéo. Je n'en croyais rien, mais je ne préférais pas m'aventurer trop loin pour m'attirer les foudres du gagnant toute catégorie de fake-lover, me contentant de jouer en compagnie de l'attirante candidate avec un certain plaisir non-dissimulé.

Ce n’est pas raisonnable voyons.

Son murmure comme un appel, ma main vint glisser sur sa nuque dans un geste lent et ampli d'une incroyable douceur alors que j'approchais mes lèvres des siennes. Je me mis à susurrer contre celle-ci, les frôlant presque.

Alors arrête moi si tu le veux.

Scellant ma bouche avec la sienne aussitôt, je glissai ma langue entre ses dents, entamant un baiser, fougueux.

Comment décrire cette sensation? J'avais l'impression d'embrasser une poupée, littéralement. Betty-Jayne avait provoqué en moi une certaine attirance soudaine que je n'avais pas su contrôler, à vrai dire je ne contrôlais pas grand chose au sein du nid. C'était une erreur, une grosse, énorme, monumentale et bien stupide erreur de lui avoir ainsi volé un baiser. Je passais pour le pire des idiots, des chauds-lapins, j'en avais conscience et même si l'avis d'autrui concernant ce dernier trait m'était égal, je détestais cette idée d'être vu comme un paria de l'aventure, complétement écervelé, un véritable bouffon. Elle me repoussa. Sèchement, froidement, elle semblait essoufflée, éprouvée par cette épreuve, et mon égo n'en fut que touché encore plus après son discours. Les gestes suffisaient et parlaient d'eux-mêmes, il était ainsi inutile de remuer dans la semoule comme elle le faisait. Me mordant la lèvre, franchement honteux, je baissai la tête en déposant ma main sur mon front, chaud. Glissant mes doigts dans mes cheveux, je détournai finalement le visage du sien pour m'éloigner pour de bon, une boule de nerf au creux de l'estomac, mon amour-propre touché à vif.

Je suis incapable de t'expliquer vraiment pourquoi, mais.. C'est juste que.. Je suis conne quoi.

Pivotant sur moi-même tout en rangeant la chaise sous la table, j'esquissai un léger sourire forcé, l'expression quelque peu pincée.

Ton discours est dérisoire et superflu BJ, j'ai parfaitement compris le message que tu essayes de me faire passer et je le conçois, je suis peut-être allé trop loin en "m'amusant" avec toi. C'est pas grave, je te laisse.

Je sortis ainsi dans le jardin pour prendre l'air, étrangement las et découragé. Quelle profonde idiote.