JORAH

Je vais chercher Jorah dans sa chambre en lui demandant si on peut s’isoler un peu. Juste pour quelques heures, même pas. Evidemment il accepte. Je l’entraîne dans mon sillage sans plus attendre, le tirant par la main. Je crois qu’en ce moment j’ai vraiment du mal avec les autres, ça toujours été le cas, mais j’imagine que c’est les deux mois d’aventure qui se font sentir, je pense. On se décide pour la petite maisonnée perchée vu que mon adorable partenaire –hm- nous a offert très récemment l’accès. J’ouvre la marche en suivant le parcours pour y arriver. J’entre la première et referme la porte juste derrière le candidat. Je découvre un instant la pièce, en même temps de lui. On dépasse le voile blanc, j’attends que Jorah s’installe dans le lit, pour m’allonger en délicatesse sur lui. Mes mains se rejoignent pour s’appuyer sur son torse, j’y dépose, en douceur, mon menton. Je vrille mes prunelles claires aux siennes. « Jorah ? » je demande en essayant de capter son attention. « Tu sais à propos de ce que tu m’as dit la dernière fois » j’amorce alors en faisant allusion à la fois où il m’avait vaguement raconté qu’il avait essayé de comprendre un peu la personne inutilement compliquée –si vous voulez mon avis- qu’est Silas. Bref, s’il m’avait parlé de cette initiative, j’aurais essayé de l’en dissuader, surtout. Parce que selon mon humble avis, il perdait son temps. Je me racle la gorge, un instant, ne sachant pas tellement comment enchaîner. « Bah ...  tu sais le prime où on a appris que la moitié –ou presque- du nid était nominée ? » Je commence alors parce que ce n’est pas trop une question en fait. Je sais très bien qu’il s’en souvient, il est encore trop jeune pour voir des problèmes de mémoire et cela ne date que de deux semaines. J’ai vraiment l’impression de tourner autour du pot alors que ce n’est pas mon genre. « Et bien Silas, juste après, m’a embrassé » je lâche ma bombe, désolée mais je ne savais pas comment le dire autrement, je ne suis clairement pas faite pour cela. La délicatesse et moi, on ne fait pas la paire. En même temps je n’allais pas jouer à chaud/froid ou même faire un pendu pour lui faire deviner cela. Non ? Au moins, là, j’ai l’impression d’être assez claire. « Donc je préférerais que tu n’ailles plus trop essayer d’arranger les choses ou je ne sais quoi avec lui » je continue alors en soutenant son regard. Libre à lui de prendre l’information comme il le souhaite mais je n’ai pas envie de prendre trop de temps avec cela, ça m’a déjà occupé la tête dans le mauvais sens du terme, j’ai simplement envie que cela s’arrête là. J’attends simplement qu’il réagisse, ou non, je n’en sais trop rien. J’appréhende un peu quand même. Un peu, j’ai dit. Et puis du temps, on n’en n’a plus beaucoup en fait. Je suis lucide au moins, c’est déjà cela.

Cet accès à la maisonnette perchée, Jorah était ravi d'en avoir bénéficié avec Krisjana, parce que ça n'aurait eu aucun sens de s'y rendre en compagnie de quelqu'un d'autre. Et puis, cette semaine, l'idée de s'isoler un peu avec elle lui disait bien, parce qu'il avait cette impression déroutante de perdre les personnes qui lui étaient chères les unes après les autres. Et tandis qu'il entrait dans la fameuse petite pièce en compagnie de la brune, il prenait conscience qu'il leur faudrait vivre à fond le temps qu'il leur restait à passer ici, sans s'interdire quoi que ce soit, sans se frustrer surtout. S'allongeant sur le lit, il esquissa un doux sourire lorsqu'elle se coucha sur lui, ses yeux se plantant dans les siens à travers un regard témoignant de son affection grandissante pour la brune. Elle prit la parole, et il arqua un sourcil. « De ce que je t'ai dit … ah, oui » qu'il fit, comprenant qu'elle ne pouvait faire référence qu'à ce qu'il lui avait confié sur Silas, sur sa tentative de communication avec lui. Le truc, c'est qu'il ne voyait pas pourquoi elle lui parlait de lui, qui n'avait rien à foutre là. Il la sentait un peu déstabilisée, et son allusion au prime d'il y a deux semaines l'intrigua d'autant plus, parce que là vraiment il ne voyait pas le rapport. Il acquiesça donc doucement, ses yeux cherchant des réponses à ses interrogations dans ceux de la brune, quand soudain elle lui confia quelque chose qui le prit complètement de court : Silas l'avait embrassé, ce fameux soir. « Je comprends pas ... » qu'il souffla, les sourcils légèrement froncés. « Tu dis qu'il t'a embrassée, pourtant en deux semaines t'as pas trouvé une occasion de m'en parler ... » Il n'était pas fâché, simplement déboussolé. L'apprendre comme ça, alors qu'il croyait que tout était devenu plus simple, plus clair, ça lui faisait mal. « C'est parce que ça a compté pour toi que tu me l'as caché ? » Elle ne devait pas imaginer combien ça lui coûtait d'imaginer qu'elle ait pu le lui cacher parce qu'elle avait été marquée par ce baiser. La gorge serrée, il préféra fuir son regard un court instant, parce qu'il avait espéré que ce moment soit introduit sur une note un peu moins douloureuse. Car là où ça la soulageait certainement de le lui avouer, lui il repensait à sa discussion avec Silas, avec le fait qu'il le savait toujours autant attiré par la brune. « Je sais à quoi m'en tenir avec lui, alors non on ne m'y reprendra pas » qu'il confia, avant de vriller de nouveaux ses pupilles aux siennes, sa paume caressant fébrilement sa joue. « Et toi, est-ce que tout est clair dans ta tête ? Parce que si tu sais pas où t'en es, je préférerais le savoir. Tu sais que j'ai souffert qu'on m'ait menti, plusieurs fois, et je refuse de me poser plus longtemps des questions sur vous deux. Tu lui plais, ça je le sais, mais si y'a le moindre risque pour qu'il se passe un jour quelque chose avec lui, je veux pas l'apprendre une fois que ce sera fait. » Tout ce qu'il lui demandait, c'était de creuser au fond d'elle-même pour voir ce qu'elle désirait. C'était maintenant qu'il voulait être fixé sur tout ça. Il voulait pouvoir se dire qu'il ne faisait pas une bêtise en s'attachant à ce point à elle. Qu'elle lui ait caché cette histoire de baiser, passe encore, mais qu'elle ne lui cache plus rien d'autre, c'est tout ce qu'il demandait.

Je m'installe, squattant son corps, même si je ne sais pas si c'est l'idée du siècle sachant ce que je vais lui dire. Tant pis. Je suis bien là. je me lance. Jorah a l'air un peu surpris, pris de court, c'est normal. Pourquoi j'ai mis autant de temps pour lui en faire part ? Je me demande encore. Vraiment. « Je ne trouvais pas le bon moment » j'explique simplement en le regardant. Non, en fait, ce n'est jamais le moment. Je ne pouvais pas lui en parler pendant la plage, ni à la bibliothèque.  « Je ne voulais pas gâcher » je lance alors. Gâcher les moments qu'on passait ensemble. C'est aussi simple que cela. Déjà que Jorah me fait assez souvent part de ses doutes, je ne voulais pas en rajouter un couche parce que je trouvais ça mal venu, mais bon. Jorah aurait pu partir au dernier prime, et je préfère lui dire avant qu'il ne l'apprenne par quelqu'un d'autre ou même sur le net. Je crois que ça m'a un peu décidé, ça. Il évite un instant mon regard, j'en viens à me demander si j'ai vraiment merdé, là, mais je ne pense pas, pourtant. Je secoue négativement la tête, de droite à gauche, lorsqu'il me demande si cela a compté pour moi, pas du tout, non. Jorah m'annonce qu'il n'essayera plus, je lâche un léger soupir de satisfaction parce que je préfère cela. Je l'écoute parler avec une certaine attention, tendant l'oreille. Ce n'est pas le bordel dans ma tête. Clairement pas. Je n'ai même pas envie de le laisser finir parce que c'est des conneries tout ça. « Non, non, non » je le coupe alors en levant les yeux au ciel. Non, il ne se passerait jamais rien avec Silas, je comprends pas pourquoi ce dernier avait pu penser le contraire, dès la première semaine j'avais été claire. Faut croire que récolter du mépris, il adore ça. Mais je pense que cette fois-ci, le message est passé, enfin, j'espère, sinon je ne sais plus quoi faire là. Et s'il pourrait se passer un truc avec Silas, je ne serais pas comme ça avec lui, non ? Ça me semble assez évident. Je dégage une mèche rebelle de mon front, la calant dernière mon oreille. « Non, je sais très bien ce que je veux, Jorah » je lui dis. En l’occurrence: lui. Je crois que c'est assez clair, non ? Et je suis une fille assez décidée à la base, quand même. « C'est peut-être que je n'arrive pas à te le montrer, correctement, je ne sais pas » je suppose d'une voix un peu traînante, non, je ne sais pas faire. Ce n'est pas nouveau. Mon visage s'approche lentement du sien avant d'y sceller un doux baiser. Je ne veux pas qu'il doute de moi.

S'il y avait bien une chose que Jorah ne s'attendait pas à apprendre à cet instant, c'était qu'il y avait eu un baiser entre Krisjana et Silas. Il ignorait dans quelques circonstances celui-ci avait eu lieu, et ça n'était pas le plus important, car tout ce qu'il se demandait c'était pourquoi elle avait gardé ça pour elle pendant près de deux semaines, alors que tous les deux s'étaient rapprochés et qu'il s'était pris à rêver, c'est vrai, qu'ils avaient quelque chose à vivre l'un avec l'autre. Ce n'était pas tant de l'amertume que de l'incompréhension qu'il exprimait ici, parce qu'il aurait certainement mieux vécu les choses si elle lui en avait parlé tout de suite. La brune disait alors qu'elle n'avait pas trouvé le bon moment, et il poussa un doux soupire. Il imaginait que ça n'avait pas été simple, en effet, mais elle aurait du s'employer à le trouver, malgré tout, ce moment. A sa prochaine réplique, il se pinça la lèvre. « Tu penses que ça aurait changé quelque chose à ce qu'on a partagé tous les deux ? » qu'il lui souffla, plus comme une question rhétorique qu'autre chose. « J'aurais assumé mes envies quoi qu'il arrive, tu sais. Je peux comprendre que t'aies eu peur des conséquences, mais je regrette que tu n'aies pas eu suffisamment confiance en moi, en nous, pour me le dire plus tôt. » Si elle lui avait parlé de ce baiser lors de leur rencard, il aurait taché de faire la part des choses. En tout cas, ici il ne voulait pas lui en vouloir, parce que ce serait donner trop d'importance à ce baiser qui apparemment n'avait pas compté pour elle, comme sembla en témoigner son hochement de tête, qui le rassura. En ce qui le concernait, il n'essaierait plus de comprendre Silas, parce que son initiative de la dernière fois avait été mal interprétée, et il avait perdu son temps. Ce qui l'inquiétait alors, à cet instant, c'était que Krisjana puisse douter, qu'elle puisse ne pas être exactement sûre de ce qu'elle voulait. Jorah ne voulait plus avoir à se demander si elle finirait par se rapprocher de Silas, étant donné qu'ils avaient quand même semblé proches pendant toute une partie de l'aventure. Alors oui, si elle avait le moindre doute quant à ce qui pourrait un jour se passer avec lui, il préférait qu'elle le lui dise. Pourtant, non, Krisjana semblait certaine de savoir ce qu'elle voulait, et ses yeux sondèrent les siens avec une douceur infinie, comme pour se rassurer. Un fin sourire étira ses lèvres lorsqu'elle reprit la parole. « Détrompes-toi, j'ai conscience des efforts que tu fais pour me témoigner ton affection » qu'il souffla, parce qu'il l'avait vu devenir plus tactile, plus compréhensive, plus disposée à lui montrer qu'elle tenait à lui. S'il doutait, ça n'était pas parce qu'elle s'y prenait mal. Il répondit alors à son baiser, une main s'égarant dans ses cheveux et l'autre entreprenant de caressant son dos. Leurs lèvres se séparant, c'est lui qui cette fois prit l'initiative de doubler l'échange en laissant ses lèvres retrouver les siennes, insufflant une certaine passion à ce second baiser, tandis que la main qu'il avait placé au niveau du dos de la brune releva légèrement son haut pour apposer une caresse à même sa peau, dans un geste délicat.

J'ai mis du temps, je sais, pas besoin d'appuyer sur ce point, ce défaut dans l'histoire. Ce simple défaut qui pourrait légitimement le faire douter de moi. Parce que même moi, à sa place, c'est ce que je pourrais faire. Franchement. Si cela aurait changé quelque chose ? « Non » je réponds docilement à sa question avant d'hocher la tête et de l'écouter à nouveau. « Mais j'ai confiance ... » je proteste parce que pour moi ce n'était pas une question de confiance, mais d'utilité en fait. Ça ne me paraissait pas utile de lui en parler sachant qu'il ne m’intéresse pas, mais vu que Jorah est allé lui parler, ça change la donne. Sa remarque suivante m'arrache un sourire. « Je sais pas si tu as conscience d'être un homme avec les goûts les plus étranges du monde ? » Je lui demande en arquant un sourcil. Parce qu'un homme n'est pas sensée remarquer des efforts, bref, je me comprends, j'veux dire, parfois, ça m'échappe. Je ne le comprends pas. Parce que tout le monde pense qu'il est trop gentil, trop doux, trop bien pour moi, et franchement, je rejoins ses avis, mais je suis tellement égoïste que je ne ferais jamais part de ces réflexions à voix haute, dès fois qu'il est une réelle prise de conscience, on ne sait jamais, je ne veux pas trop tenter non plus. Il répond à mon baiser avant de glisser sagement l'une de ses mains sous mon débardeur, au niveau de mon dos. Je peux sentir ses doigts se promenant le long de mon dos. J'esquisse un sourire. « Encore ! » je demande avec une voix un brin autoritaire avant d'aller chercher un nouveau baiser, justement. Oui, je suis exigeante, hm, j'aime bien profiter, pour une fois qu'on est pas entouré, c'est tellement rare. Mes lèvres s'approprient les siennes une nouvelle fois pendant un long moment. Ma bouche s'écartant de la sienne, le bout de mon nez frôle encore le sien lorsque j'esquisse un léger sourire. Je finis par me laisser tomber sur le côté pour le libérer de mon poids plume. L'une de mes mains s'en va lisser le haut de Jorah que je venais de froisser avant que je ne m'installe plus confortablement sur le dos, à ses côtés, l'une de mes mains venant de caresser l'une des siennes. « Je n'ai pas envie que, ça, m'empêche de profiter de toi » je dis de ma voix rauque. Le "ça" désigne l'ensemble des candidats ainsi que le lot d'embrouille qui rythme notre vie quotidienne. « Par contre, ne vois pas le sous-entendu là où il n'y en a pas » je souligne, narquoise, juste au cause où ... Ouais, ouais, je n'avais pas oublié sa remarque de la dernière fois !

Cette révélation arrivait un peu tard, c'est certain, et Jorah aurait préféré qu'elle se risque à lui en faire part avant, car ça ne l'aurait pas dissuadé d'agir comme il en aurait eu envie. A ses yeux, ça n'aurait rien changé aux moments qu'ils avaient passés ensemble. Krisjana semblait penser comme lui, et laissa entendre qu'en dépit du fait qu'elle ait tardé à lui parler de cette histoire, elle avait confiance. Peut être alors qu'elle était partie du principe que puisque ce baiser n'avait pas compté pour elle, il n'avait pas à en avoir connaissance. En tout cas, Jorah avait bel et bien conscience de tous les efforts qu'elle faisait pour lui apparaître plus affectueuse, pour lui prouver qu'elle tenait à lui. Il émit un rire à sa réplique. « Éclectiques, plutôt » qu'il souffla doucement, à travers un fin sourire. « Tu ne cesses de me surprendre, Krisjana, et ce que j'ai découvert de toi, ces dernières semaines, m'a rendu fier de ton épanouissement. Aujourd'hui, je ne suis plus seulement intrigué, je suis charmé » qu'il reprit, on ne peut plus sincèrement. Ce qu'il voulait qu'elle comprenne, c'est qu'en dépit de leurs différences notables et du fait qu'ils n'étaient peut être pas les mieux assortis à première vue, tout ce qui comptait à ses yeux c'était de l'avoir vu s'épanouir sous ses yeux. Il se doutait qu'elle n'était comme ça qu'avec lui, ou du moins à un tel niveau, mais c'était bien la preuve qu'elle était beaucoup plus que ce qu'elle pouvait essayer de laisser penser au départ. Lui, il n'avait cessé de découvrir une Krisjana plus fascinante au fil des semaines, et c'est vrai qu'il était littéralement tombé sous son charme. Il répondit alors à son baiser et tandis qu'il laissa sa main caresser la peau de la brune, celle-ci réclamait d'ors et déjà que leurs lèvres soient à nouveau réunies, ce qui le fit rire. Un nouvel échange fut alors initié, avant que Krisjana ne se laisse tomber sur le dos et que ses yeux s'ancrent dans ceux de la jeune femme. Il l'écouta reprendre la parole puis émit un rire à sa petite précision. « Non mais oh, je refuse de passer pour celui qui a toujours l'esprit mal placé ! » qu'il articula, amusé, avant d'orienter ses mains sur les côtes de la brune, en la surplombant légèrement pour qu'elle n'ait pas dans l'idée de s'enfuir. Prenant un air excessivement malicieux, il apposa ses lèvres contre son cou pour y déposer de bruyants baisers, très caricaturaux dans le genre eux aussi. Il finit par reprendre un peu de sérieux et par lui sourire avec douceur. « Rien ni personne ne nous empêchera de vivre ce qu'on a envie de vivre, je te le promets » qu'il souffla, d'une voix tout de suite plus douce, en remontant sa main jusqu'à sa joue pour la caresser. « Parce que moi aussi, figure toi que je sais exactement ce que je veux » Il redéposa alors ses lèvres sur les siennes, lascivement. « Maintenant que t'es entrée dans ma vie, je compte pas te laisser en ressortir de si tôt, j'espère que tu le sais » qu'il reprit, contre ses lèvres, dans un sourire équivoque.

Il se permet de protester, tiens, j'arque un sourcil en attendant la suite. Ça me fait rire. Comme je le dis bien trop souvent, Jorah embellit bien trop les choses, il voit toujours que le meilleur, et puis là, on ne peut pas dire qu'il doit d'une objectivité à toute épreuve. Il est fier de mon évolution, de mon épanouissement. « Je sentais que tu allais recommencer à délirer comme ça » je soupire en esquissant un sourire narquois, ma main s'en va caresser discrètement sa joue. Ça recommence, comme à la piscine avec "les nuances" de ma personnalité, non, je n'avais rien oublié de cela, non plus. « Tu n'es pas encore guéris » je laisse entendre à voix basse. Oui, il se peut que mon attitude ait un peu évoluée, peut-être. Seuls les autres peuvent me le confirmer. « Mais ce n'est qu'avec toi » je lui fais remarquer. Parce que quoi que j'ai dis pendant le prime j'ai très bien conscience que c'est uniquement Jorah qui me tire vers le haut, principalement. Parfois, je suis en période de rechute, clairement. C'est simplement que je n'ai pas envie de faire d'effort avec les autres en général, c'est bien plus facile de faire la fille asociale pour moi, je l'avoue. C'est inné. J'évite tous sous-entendus. « Ça ne peut qu'être toi, moi, je suis trop pure ... » je laisse entendre en empruntant une voix cristalline et chantante, pour mieux coller au personnage. Je me trouve assez crédible je dois dire, mais évidemment, ça n'engage que moi. Sa réaction me fait rouler des yeux, qu'il est con, avant de m'arracher un léger sourire. Lui aussi, autant crédible que moi quand ce rôle là. Il sait ce qu'il veut, bah j'espère bien. Je réceptionne ses lèvres. Je l'écoute avec attention. « Non, mais je suis ravie de l'apprendre » je complète alors. « De toute façon ce n'est pas comme si mon but était d'y dégager » D'y dégager, de sa vie. Je préfère ajouter cette précision car je me souviens de notre discussion sur le plage lorsqu'il me confiait qu'il ne retenait jamais les gens lorsqu'ils voulaient le quitter, bon, ce ne sont pas ses mots, exactement mais l'idée est belle et bien présente. J'enroule l'une de mes jambes autour de son corps pour l'attirer contre moi. « Bon, tu dors avec moi ce soir ? » je lui propose alors en captant son regard, en toute innocence, bien sûr. Mais je n'ajoute pas non plus cette précision parce que bon, je l'ai déjà fait une fois, ça va aller je pense. Parce que j'ai déjà essayé de dormir avec Jorah et Benjamin mais je n'y suis pas arrivée, l'heure après, je rejoignais déjà mon petit lit, exilée dans ma chambre. Et puis, je peux promettre à Benjamin que je n'emprunte son partenaire qu'une nuit, je ne voudrais pas abuser non plus.

Ses goûts n'étaient pas tant étranges qu'éclectiques, car Jorah appréciait simplement de petits détails que beaucoup ne remarqueraient pas, qu'il aimait notamment voir les gens évoluer, comme c'avait été le cas avec Krisjana ces dernières semaines. Elle s'était épanouie et même si pour elle ça n'était pas grand chose, pour lui c'était bien la preuve qu'elle l'étonnerait toujours. Sa réplique le fit rire légèrement, parce qu'il s'était attendu à ce qu'elle revienne sur la fois où elle lui avait déjà fait remarquer qu'il voyait du bon en chacun. Il ne répliqua pas, haussant juste doucement les épaules, tandis quelle précisa qu'elle n'était comme ça qu'avec lui, et il afficha une moue contentée. « C'est sûrement égoïste de ma part, mais ça me plaît bien » qu'il confessa. Il avait beau lui souhaiter de s'épanouir d'un point de vue général, le fait qu'elle n'y soit jusqu'ici parvenue qu'avec lui avait tendance à lui plaire, parce qu'il la sentait différente quand ils étaient tous les deux, et ça rendait leurs moments d'autant plus privilégiés. Il se sentait véritablement chanceux d'être le seul à véritablement connaître cette Krisjana-ci. En tout cas, il ne put la laisser dire qu'il pourrait voir des sous-entendus là où il n'y en avait pas, un peu comme si c'était tout à fait son genre, juste parce qu'il avait plaisanté une fois sur le sujet. « Oh oui, tu es l'innocence incarnée, je sais même pas comment j'ai pu ne pas m'en rendre compte » qu'il souffla, taquin, avant de laisser entendre que rien ni personne ne les empêcherait de vivre ce qu'ils voudraient vivre, parce que lui aussi savait ce qu'il voulait, à savoir être avec elle, sans se poser de questions, et sans avoir l'impression de devoir justifier quoi que ce soit. Et comme il l'articula après avoir conquis ses lèvres, il ne la laisserait pas ressortir de sa vie. Sa réponse le fit sourire, tandis qu'il caressa son menton. « J'espère bien. » Là, il sentit l'une des jambes de Krisjana l'entourer, et sa question l'amena à se pincer doucement la lèvre. « Ça dépend, c'est une question ou une requête ? » qu'il souffla, en déposant un baiser contre sa mâchoire, avant de laisser ses mains descendre et relever partiellement son haut. Il caressa son ventre avec pudeur et délicatesse, avant de se pencher de manière à y poser ses lèvres, pour le parsemer de baisers et remonter tout doucement à mesure que l'une de ses mains s'employait à remonter son haut. Ses yeux retrouvèrent les siens. « Entre nous, je suis pas certain d'avoir très envie de dormir » qu'il confessa. Pas dans l'immédiat, en tout cas. C'était sa façon à lui de laisser entendre que si ça lui disait, ils pourraient profiter du lieu et de cet isolement pour se découvrir d'une façon inédite, et voir où ça la mènerait. La seule chose qu'il craignait, c'est qu'elle s'imagine qu'il sautait sur l'occasion. Ce n'était pas le cas, à vrai dire il n'avait jamais pensé qu'ils puisse un jour être véritablement seul avec elle, mais ce serait mentir que de prétendre qu'il ne l'avait jamais espéré.

Ce n'est qu'avec Jorah que je suis ainsi, enfin, il a suffisamment réussi à s'imposer dans mon quotidien que je me suis peu à peu laissée aller avec lui. Les autres n'y ont pas le droit, j'imagine que c'est pour cela qu'ils se demandent quasiment tous ce qu'on peut se trouver, autant lui que moi. Je pense que c'est en partie du à cela. De toute façon il n'y a que Jorah digne d'intêret, et Benjamin, le reste est négligeable. Égoïste ? « Tu peux te le mettre, tu l'es jamais» je laisse entendre avant de lui sourire. C'est vrai, non ? Jorah ironise se permettant de douter de mon innocence. « Une nuance de ma personnalité que tu as ignoré jusqu'à présent, surement » je siffle alors en affichant un rictus narquois, oui, je reprends ses mots, précisément. En tout cas, c'est la seule explication que je vois à ce problème. Je lui demande de rester avec moi ce soir. Je scrute son visage pendant une poignée de secondes. La question de Jorah me fait lever les yeux au plafond. « Comment cela, ça dépend ? » je répète, un air presque prétentieux se dessinant sur mon minois, comme s'il pouvait me dire non et qu'il avait réellement besoin de réfléchir pour trouver une réponse adaptée à cette question. Aucune crédibilité. Je vous jure. D'un léger geste de la main, je balaie la chose. « C'est un ordre » je réponds. C'était juste une question pour la forme, pour la politesse, on va dire. De toute façon, je ne pense pas que je lui aurais laissé franchir la porte de la maisonnée, en fait. Donc il n'a pas vraiment pas le choix ni le temps de prévenir son partenaire qu'il découchait ce soir. Pendant ce temps, l'une des mains de Jorah se fait aventureuse, j'esquisse un léger sourire lors que ses lèvres progressent sur mon ventre. Je l'écoute avec attention. Il n'a pas envie de dormir, hm, j'avais cru comprendre, effectivement. « Je vois ça » je lâche simplement, j'avais remarqué. Dire que mon envie n'était pas raccord à la sienne serait mentir.  « Ce que tu me proposes me semble ... » je commence alors en croisant son regard clair avant d'esquisser un sourire taquin.  « ... potentiellement plus intéressant » je modère alors avant que mes lèvres n'aillent trouver les siennes dans un baiser un peu plus poussé. Je m'écarte de lui, le temps qu'on retrouve une respiration moins anarchique, mes mains remontent le long de son buste pour aller défaire délicatement les boutons de sa chemise, un par un, minutieusement, en prenant mon temps, ce n'est pas comme si on manquait en plus. En douceur, je l'aide à se débarrasser de son haut, laissant tomber le tissu sur le sol. Ma bouche se pose sur mon épaule désormais nue un instant, avant que mes mains ne remontent tout le dos de Jorah, mes doigts frôlant sa peau, avant d’atterrir dans sa nuque. Mes prunelles cherchent celles de Jorah, une nouvelle fois.

Jorah était tenté de se satisfaire du fait que Krisjana soit particulièrement affectueuse quand elle était avec lui, car en dehors du fait qu'il aurait évidemment du mal à la savoir aussi câline avec d'autres, c'était aussi le fait d'avoir l'impression de véritablement compter pour elle, d'être le plus privilégié de ses liens, celui pour lequel elle s'était grandement épanouie. Alors oui, c'était peut être égoïste de sa part, mais Krisjana semblait dire qu'il pouvait se le permettre, lui qui ne l'était jamais. « Et puis, une fois n'est pas coutume à ce qu'il parait » qu'il souffla, en riant. Il usa ensuite d'ironie quant à cette innocence qu'il lui prêtait faussement, car même s'il ne lui avait jamais vu aucun mauvais côté, il fallait bien avouer que Krisjana savait se montrer doucement mesquine quand elle le voulait. Il hocha la tête à sa répartie, les yeux plissés comme pour indiquer qu'il réfléchirait sur le sujet. Vint alors cette question de Krisjana à laquelle il répondit en laissant planer une sorte de suspense, alors qu'en soi, qu'il s'agisse d'une question ou d'une requête, sa réponse était évidente. Bien sûr que ça lui plairait de dormir avec elle, à vrai dire il aurait sûrement fini par le lui proposer. Il s'amusa du fait qu'elle rétorque en mimant un certain agacement, levant les yeux au ciel pour se donner un air très innocent, avant de lâcher un rire à ce qu'elle lui précisa ensuite. « Alors si c'est un ordre ... » qu'il fit, en haussant les épaules, l'air faussement résigné. Son sourire prononcé indiquait néanmoins qu'il était évidemment partant à l'idée dormir ici, avec elle, cette nuit. Et tandis qu'il laissa ses lèvres couvrir de baisers le ventre de la brune, il se risqua à lui faire savoir que dormir, à cet instant, n'était pas ce dont il avait envie. C'était un commentaire assez équivoque, et ici il n'irait pas prétendre qu'il n'y avait aucun sous-entendu. Le but n'était pas de lui faire un féroce rentre-dedans, juste de lui faire partager ses envies. Elle semblait trouver ça intéressant, et il arqua un sourcil amusé avant qu'elle ne lie leurs lèvres dans un baiser presque déroutant. Après s'être laissé emporter par la passion de l'échange, il la laissa faire lorsqu'elle déboutonna minutieusement sa chemise puis qu'elle la lui retira, frémissant à plusieurs reprises au contact de ses lèvres puis de ses mains sur sa peau. Leurs regards se croisèrent et il en profita pour lui sourire avec tendresse, tandis qu'il s'affaira à son tour à lui ôter son haut, ses mains débarrassant ses épaules de sa chevelure pour y poser quelques caresses, tandis que ses lèvres revinrent s'abreuver des siennes avec appétit. C'est au niveau de ses flancs que ses mains finirent par atterrir, le baiser prenant quant à lui fin pour que ses lèvres se posent sur son buste. Il la cambra légèrement pour la rapprocher de lui, l'une de ses mains glissant bientôt le long de son ventre pour venir jouer avec le bouton de son jean, sans toutefois oser le défaire. « Dis-le moi si ça va trop vite pour toi » qu'il susurra, parce que c'était une chose qu'elle se soit familiarisée avec les contacts physiques, et une autre qu'elle se retrouve dans cette situation. Il ne voulait pas la brusquer, ils iraient de toute façon au rythme qui lui irait le mieux.