La nuit glaciale s'était déjà installée sur l'Irlande depuis quelques heures et j'avais combattu l'ennui jusque tard dans la soirée. Cela faisait à peine plus d'une semaine que j'étais entrée, que nous étions entrés dans le Nid et la monotonie se faisait ressentir à chaque minute, chaque seconde. Je m'étais finalement isolée dans l'une des chambres loin de l'agitation de certains. Assise en tailleur sur un lit, je contemplais le clair de lune qui s'immisçait difficilement entres les lourds rideaux de velours. Seule dans la pièce, et c'était rare je poussai quelques soupirs d'agacement tracassée par l'attitude de mon frère. En effet, depuis quelques jours il était le Don Juan de la maison, ou encore le candidat dont j'avais le plus honte. Je déviai la tête lorsque j'entendis la porte grincer, un timide visage s'incrustai dans la fente. Je lui fis signe de venir s'asseoir à côté de moi. Nolan et moi n'avions eu que de très brèves occasions de nous parler et c'était l'occasion d'en connaître un peu plus l'un sur l'autre.

Nolan. déclarai-je, souriante. Ça n'a pas l'air d'aller ?

Un peu rapide ? Tu déconnes, c'est pire que pathétique. Mais bon, cela ne nous regarde pas, hein. Et puis, Alice est quelqu'un de sympathique, je pense qu'elle vaut mieux que ça quand même.

J'avais aussi envisagé le fait qu'Alice et Austin nous menaient tous en bateaux. Que leur pseudo-amourette n'était que stratégie et je n'avais aucun doute sur cette hypothèse car contrairement aux autres habitants j'étais convaincue que la jolie blonde n'était pas si bête qu'elle n'en paraissait. Je souris légèrement à la réplique de Nolan puis me laissai basculer sur le lit, comme exténuée. Un court silence se fit et je pris finalement la parole.

Alors, tu es venu ici pour défendre la communauté gay ou tu es rescapé d'un crash d'avion ? demandai-je, sarcastique.

Le buzzeur n'avait pas retentit beaucoup depuis le début de l'aventure. C'est donc assoiffée de découvertes sur les mystères de chacun que j'avais tout naturellement posé cette question.

Peut-être, qui sait ?

J'affichai un faux sourire qui masquait mon embarras. Je n'excellais définitivement pas dans l'art de brouiller les pistes. Mais quelles pistes ? Nolan ne s'imaginait rien. Mon sourire se fit malicieux lorsque le jeune homme poursuivit sur le cas Franz. Je pouffai de rire avant de répondre.

Oh que non, on ne se ressemble pas. Drôle de coïncidence pour un frère et une sœur tu n'trouves pas ? Je t'ai dit que c'est l'aventure qui liera et qui a à présent lié nos destins. Qu'en penses-tu ?

Je me stoppai net, posant un regard amusé sur Nolan qui avait dû perdre le fil de mes allusions.

Il est vulgaire, je ne le suis pas. Il est impulsif, je suis réfléchie. Il fait rire les gens, moi j'ai du mal. Tu vois, tout nous oppose mais pourtant on s'adore. Comme quoi les opposés s'attirent.