Tit marche au bord de l’eau. C’est toujours agréable de faire ça et puis, parfois à la plage c’est une vraie gamine. Enveloppée dans sa robe de plage, couvrant son énième maillot de bain rose, elle longe l’eau et joue un peu dedans, en ayant la ferme intention de la quitter pour de bon aujourd’hui, afin d’aller manger et plus tard, ce coucher. Pourtant il n’en sera pas question. Une voix l’interpelle et celle-ci la fait légèrement sursauter. Elle se retourne, l’étonnement se lisant sur son visage. Elle ne pensait pas ou plutôt elle ne s’attendait pas à elle. Jasmine. Elle pensait qu’elle n’aurait pas à lui parler durant un bon bout de temps. Non pas qu’elle n’attendait que ça au contraire, mais elle pensait que depuis la semaine dernière, un froid était bien présent entre elles. Elle ne fait qu’un mouvement de la tête, doucement, de haut en bas en réponse à son salut. Non pas qu’elle ne veuille pas la saluer, ni lui parler, mais elle est assez gênée. Elle ne sait pas trop quoi dire. D’ailleurs ça se voit, elle essaye de fuir le regard de la jeune fille. Ca ne semble pas déranger celle-ci, puisqu’elle continue. Elle lui demande même si elle aurait des chances d’être pardonnées un jour. Tout ceci ne tient qu’à elle alors et ça lui met une sorte de pression. Elle n’a jamais voulu tout ça et maintenant, c’est elle qui doit décider si un jour ou l’autre, elles auront de nouveau une bonne relation. Titi ne peut pas fuir. Ses yeux ont été capturés par ceux de la brune devenu blonde et elle ne peut faire que répondre. Alors, en dodelinant de la tête, elle lâche très maladroitement : « Je… euh… Je crois que oui… » Du bout des lèvres. Forcément qu’elle va lui pardonner un jour et ce jour tend à arriver rapidement. Titi ne peut pas supporter d’être en froid avec quelqu’un, même si ce quelqu’un s’avère être quelqu’un qui lui a fait un mal de chien, qui lui a piétiné le cœur et lui a donné la sensation d’être la plus conne des connes. Peut-être même qu’elle aurait l’air encore plus conne de lui pardonner aussi vite ces semaines passées à s’être foutue de sa gueule, mais elle est comme ça. Peut-être pas à ce point là, mais quasiment la bonté incarné. La naïveté en tout cas. Parce que lorsqu’elle avait déclamé veiller à toujours faire attention à ce qu’on lui dira à présent et bien, ce n’est pas totalement la vérité. Ce n’est même plus vrai du tout, puisqu’elle ne fait jamais attention. Elle parle de lui dire désolé, si ça pouvait changer quoique ce soit. « Non ça changera rien… » Qu’elle lâche, se mordillant un peu sa lèvre inférieure. « Ca changera rien parce que je crois que.. Que je t’en veux plus… » Qu’elle dit en haussant les épaules. Peut-être que si, encore un peu, mais elle relativise – sans savoir ce que ce mot veut dire. « Tu sais je… Je ne te déteste pas. J’ai dis ça parce que j’étais en colère, mais c’est pas vrai. » Pourtant elle aurait eu matière à la détester et à pester contre elle. « Même si je comprends toujours pas pourquoi tu m’as fais ça et que ça m’a fait mal sur le moment et la semaine dernière et bah je serais bête d’être méchante avec toi pour ça et de plus te parler... » Après avoir lâché ça, elle redevint silencieuse. Elle ne sourit pas, bien qu’un léger rictus au coin de ses lèvres la trahi un peu.

Sa question était de savoir si elle pourrait lui pardonner un jour. Lorsque l’on connaît un minimum Titi, on sait que forcément que la réponse sera oui. Oui elle pourra la pardonner, c’est d’une évidence enfantine. Elle pardonne tout, peut-être un peu trop à tord et à travers, mais ce n’est que sa nature. Elle est comme ça et personne ne la changera. Elle ne réfléchit pas forcément à ce que les autres lui ont fait ; elle ne réfléchit pas plus que d’habitude on pourrait dire. Alors elle n’essaye pas de cacher la vérité. Elle pense ne plus lui en vouloir et même si elle sent que ça sera encore difficile pour les quelques jours à venir, elle sait que tout sera oublié bientôt. Jasmine semble à la fois heureuse, mais assez dubitative. Pourtant, Titi est on ne peut plus sincère. Si c’est vrai ? Elle bouge sa tête de haut en bas pour lui montrer que oui, c’est vrai. Elle ne ment pas, quasiment jamais. Elle aurait tendance à le faire peut-être pour cacher son secret et encore, elle ne l’a pas encore fait, ou pour vraiment pas blesser une personne. Sinon elle dit toujours ce qu’elle pense parce que justement, elle ne réfléchit pas aux conséquences. Dans la situation présente, les conséquences n’ont que très peu d’importances, puisqu’elles ne seront que positive. Comme elle lui dit que oui c’est vrai, elles vont redevenir amies tout simplement. Pas aussi fortement qu’avant, mais presque. En tout cas, elle lui fait savoir qu’elle ne la déteste pas, qu’elle ne le pourrait pas. Elle pince un peu ses lèvres, pour finalement lui répondre timidement. « Je sais, mais je n’en ai aucune envie… » Une personne censée se trouverait plus intelligente de dire ça que de détester Jasmine. Elle, elle ne réfléchit pas à l’intelligence de cet acte. Elle sait juste qu’elle ne peut faire de peine à Jasmine et elle sait que ça lui en fera si elle venait à ne plus vouloir être son amie. Ca lui fera de la même à elle aussi, de toute manière. Elle veut toujours être son amie. Titi ne sait pas pourquoi elle lui a fait du mal, mais tout ce qu’elle sait c’est que cette dernière ne recommencera certainement pas. Elle en est persuadée. Alors quand elle lâche ça, ce n’est pas dans l’optique d’avoir une réponse, pourtant Jasmine lui en fourni une. Elle serait jalouse. Jasmine jalouse de Titi ? Dans la tête de la blonde, c’est impensable. Elle ne voit même pas où elle veut en venir. « Comment ça… Tout ce que tu n’auras jamais… » Qu’elle dit, répétant mot pour mot la jeune femme, un petit air perdu. « Pourquoi tu serais jalouse…? » Qu’elle lui demande doucement.. Enfin beaucoup de personnes autour d’elle sont certainement jalouse sans aucun doute, mais Jasmine ne peut pas l’être. Elle a tout pour elle et même si elle a pas forcément l’air gentille au premier coup d’œil, elle l’est plus que ça et Titi le sait. « Je suis belle, mais tu l’es plus… T’as de l’argent, t’es célèbre… Et puis toi t’es intelligente… Moi je suis bête comme une crevette et j’ai que pour moi le fait de savoir bien parler et me faire des amis facilement. Tu sais, le socialisme… » Qu’elle dit, en baissant les yeux. Oui pour elle, ça plus grande capacité, c’est ça. Du coup, elle ne se sent même pas flatté de susciter chez elle de la jalousie, au contraire. « Mais si tu veux qu’on soit toujours amies, faut pas être jalouse. » Surtout pas.