En soi, Jorah aurait pu lui parler tout de suite plus précisément de sa dernière histoire en date, mais cette première question l'avait un tout petit peu déstabilisé, et il n'avait pas pensé à faire très précis dans sa réponse. Elle faisait alors bien de lui demander quelques détails, après tout elle était en droit d'attendre de lui des réponses informatives, même si sur le moment, il eut l'impression qu'elle se demandait si son ex lui manquait. Si tourner la page n'avait pas été évident, c'était surtout parce que l'ex en question n'avait pas été honnête avec lui au moment où elle avait décidé de partir. Toujours est-il qu'à la question qu'il posa à la brune, Jorah obtint une réponse qui l'amena à lui demander si elle allait bien. Il savait comment elle était, mais il préférait demander. Sauf qu'elle n'eut pas l'air d'apprécier qu'il se risque à le le faire, un peu comme si elle attendait de tout le monde qu'on la traite comme un robot dépourvu de ressentis. Bah lui, en l'occurrence, lui trouvait certainement plus d'humanité que tous leurs camarades. « Pour un être humain, Krisjana » qu'il souffla, le ton rempli du désir de lui montrer qu'avec lui, elle pouvait montrer ce qu'elle pourrait avoir besoin de montrer. Mais peut être parvenait-elle vraiment à passer outre ses sentiments, en toutes circonstances. Sa précision le fit hocher la tête, il n'allait pas se risquer à une autre intervention, de toute façon il respectait le fait qu'elle ait géré ce genre d'épreuves à sa façon. Lui, il en vint à parler de la personne qu'il affectionnait le plus en dehors de sa famille, et même s'il avait quelques fidèles amis, il porta son choix sur un adolescent qu'il avait rencontré lors d'un stage. Puis il chercha à savoir où et comment se voyait Krisjana dans dix ans. Il lui suffisait de se projeter, en somme. Il lâcha un rire sourd à sa réplique, puis l'écouta avec attention. « T'y avais vraiment jamais réfléchi avant ça ? » qu'il s'étonna, juste pour obtenir une précision à son tour. C'est qu'il y en avait qui savaient où ils seraient dans une dizaine d'années, et il était bien placé pour le savoir. Ce fut alors à la brune de le questionner et il prit un court temps de réflexion. « Je crois que je reviendrais juste au jour où mon père m'a promis que le divorce ne nous empêcherait pas de nous voir et qu'on maintiendrait le contact. Je le prendrais entre quatre yeux et je lui dirais que sa promesse, il peut se la garder, vu qu'il a même pas été fichu de la tenir. » Oui, il restait assez amer au sujet de tout ça. Son père n'avait quasiment plus jamais donné de nouvelles, c'était un fait. Et alors qu'il aurait pu vouloir empêcher le divorce en lui-même, ça n'était pas le cas, il savait que sa mère avait été plus heureuse une fois son père sorti de sa vie. « Est-ce que tu regrettes d'être venue t'enfermer ici ? » fut alors ce qu'il chercha à savoir, appréhendant peut être un peu sa réponse, parce que si elle était catégorique, qu'elle disait le regretter formellement, il le prendrait un peu pour lui aussi, forcément. En attendant, il se déplaça pour prendre place à coté d'elle. C'était censé être un rencard, après tout.

Un être humain. On a pas besoin de souffrir pour en être un. Bref, j'esquisse un vague geste de la main. Si je regrette d'être venue ici ? Je vrille mon regard au sien pendant une poignée de secondes. On parle de mon futur. « Non, pas du tout » je lâche alors en le regardant. J'aurais du ? Non parce que je n'ai pas vraiment eu le temps de faire tout ça.  Et puis quand j'avais six ans, je m'imaginais princesse et ultra riche à vingt ans et vous voyez le résultats, alors cela ne sert à rien, strictement à rien ! J’enchaîne avec ma question. Il me parle de son père. Sujet sensible ! Putain, j'ai vraiment l'impression qu'on aborde des sujets glauques. « Il est parti il y a combien de temps ? » je l'interroge avant que ce soit son tour. Si je regrette ? « Les deux premières semaines oui, j'avais l'impression d'être encerclée par des abrutis » je commence alors en esquissant un léger sourire moqueur. Non, parce que c'est vrai, je n'avais pas eu une bonne impression, au début. « Mais après j'ai changé d'avis» je poursuis en haussant les épaules. Et on m'a souvent dis qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, or, je suis extrêmement intelligente, c'est prouvé. « Comme quoi, les miracles arrivent » je souffle de ma voix rauque alors en souriant. Il s’assoit à côté de moi. Je crois qu'on est entrain de faire le rencard le plus étrange de toute l'histoire de fake lover, enfin, je crois que les candidats sautent directement cette étape, en général. Je pense. Ma main va chercher la sienne et j'esquisse des ronds sur sa peau avec mon pouce. Je cherche une question. J'aimerais  aborder un sujet un peu moins lourd sinon il y a vraiment moyen que ça tourne au drame, on va complètement déprimer. « Ma question ne concerne pas ta vie à l'extérieur mais tu es quand même obligé d'y répondre» je commence alors avant de légèrement pivoter ma tête vers lui. « Il aurait pu se passer un truc avec Apolline ? Au début de l'aventure ? » je siffle alors parce que je me souviens encore du prime où il s'était un peu, beaucoup braqué quand j'avais évoqué le sujet avec Junior. D'ailleurs, s'il leur avait trouvé un prénom à eux deux, ce n'était pas pour rien. Je sais que c'était un peu ambigu entre eux au début. Et encore je ne parle pas non plus de leur baiser dans l'ascenseur ou alors quand elle était bourrée, non, non, il ne vaut mieux pas trop entrer dans les détails sinon je tendrais à dire que la réponse à ma question est: oui. « Et ça sert à rien de mentir, je le verrais » j'esquisse un sourire moqueur avant de plaquer le bout de mon nez contre l'une de ses tempes. Qu'il n'allait pas penser que je suis jalouse, de toute façon, personne ne le saura, ni le croira, aussi, alors, hein.

C'est vrai que Jorah avait tendance à oublier que les gens prévoyaient rarement ce qu'ils feraient avec dix ans d'avance. Lui, il respectait le fait qu'elle ait un peu de mal à se projeter. Ainsi il hocha la tête, et répondit à sa question. Il confia alors qu'il aimerait revenir au jour où son père était parti et lui avait laissé miroiter qu'en dépit du divorce d'avec sa mère, ils continueraient à former une famille à part entière « Ça fait treize ans que mes parents ont divorcé, il s'est éloigné tout de suite après. Il a du se sentir obligé de donner des nouvelles l'année qui a suivi, et après plus rien. » Dans le fond, son père n'avait jamais été quelqu'un d'hyper attentionné, mais il s'était étonné qu'il prenne son rôle autant à la légère. Jorah demanda à la brune si elle regrettait d'être venue s'enfermer ici. Et sa réponse l'amena à sourire tandis qu'il s'était assis près d'elle et qu'il pouvait maintenant sentir son doigt caresser la peau de sa main. « Je suis sûre que quand tu parles d'abrutis, tu penses surtout au type qui voulait soit disant se jeter de la côte, tu vois de qui je veux parler ? » qu'il souffla, dans un rire, en référence à la fois où ils s'étaient rencontrés, dans des circonstances assez particulières. Lui, quand il y repensait, il ne s'étonnait pas qu'ils se soient au final si bien entendus, parce que ce jour-là il lui avait trouvé un petit quelque chose de différent, qui l'avait laissé penser qu'elle était l'une des personnes les plus intéressantes qu'il puisse rencontrer dans un pareil endroit. Ce fut alors à la brune de poser sa question et elle annonça d'emblée qu'elle ne portait pas sur sa vie extérieure. Perplexe, il afficha une moue curieuse puis ouvrit un peu plus grands les yeux lorsqu'elle prononça le nom d'Apolline. Il esquissa un sourire amusé lorsqu'elle le défendit de mentir, et ferma les yeux un court instant. « C'était pas mon intention » qu'il souffla, sincère, avant de passer ses doigts entre les siens et de refermer sa main sur la sienne. « Je pense qu'il aurait pu se passer quelque chose si j'avais eu le sentiment de réellement l'intéresser » qu'il commença par souffler, ne pouvant pas prétendre que c'avait été impensable dès le départ. « Moi, elle m'a plu, et j'ai fini par vouloir lui prouver qu'elle était pas qu'une gamine à mes yeux. Mais ça n'est pas allé plus loin parce que ça n'aurait pas eu de sens, parce que je lui plaisais sûrement pas plus que ça, et parce qu'à moi elle me plaisait pas au point de risquer d'altérer notre amitié. » Il aurait pu tenter quelque chose dans l'ascenseur, par exemple, mais à quoi bon. « C'est peut être bête, mais j'ai besoin de savoir que je compte pour la fille, avant de tenter ma chance avec elle. » Et ça il le confessa avec un sourire timide, parce qu'il savait que c'était ça qui devait lui valoir de passer pour un romantique incorrigible. En tout cas, il avait répondu on ne peut plus sincèrement. C'était donc à son tour de la questionner. « Je suis désolé, mais maintenant je suis obligé de te poser la question » qu'il souffla, confus et amusé, avant de prendre une inspiration solennelle. « Est-ce que ça t'aurait fait quelque chose, s'il s'était passé un truc avec Apolline ? » Ah oui, pour le coup, elle lui avait inspiré sa question. Maintenant, il devait savoir. Et il ne le précisa pas, mais elle aussi lui devait la vérité. Il la fixa plus intensément, toujours ce petit sourire en coin qui lui demandait de l'excuser.

Cela fait plus de treize ans. C'est peut-être mieux comme cela, je fais partie de ceux qui pensent que rien n'arrive pas hasard. Mais je ne suis pas sûre que c'est ce qu'il ait envie d'entendre, là, maintenant, il est déjà assez amer comme cela. Il évoque notre rencontre un peu particulière, ouai, je l'avais agressé en lui disant qu'il fallait qu'il saute. « Si tu veux mon avis, j'irais même dire que c'était le pire, celui-là » je commence avec un sourire narquois, bah quoi ? C'est lui commence à m'en parler. D'ailleurs, je maintiens à dire que je l'ai sauvé, il est toujours ici, avec nous, c'est grâce à moi. Je pose ma question. Apolline. Non mais c'est une grande folle, celle-là. J'attends sa réponse, bien décidée à écouter jusqu'au bout. Elle lui plaisait. Dans un sens, je m'en doutais un peu, quand même. Il est désolé. Tu parles. Il a pas vraiment l'air, qu'on se le dise et son petit sourire, ça ne marche pas avec moi. « C'est fourbe, Jorah, très » je ne peux pas m'empêcher de commenter en esquissant une moue boudeuse. Franchement, je crois que j'aurais dû mettre ce sujet dans les sujets délicats à ne pas aborder, mais c'est un peu trop tard. Il faut quand même que je prenne quelques secondes de réflexions, que je ne dise pas n'importe quoi, sinon, il va s'emballer après et je vais en entendre souvent parler, je le sens. « Ça dépend » je réponds simplement avec un sourire insolent, franchement, je suis tentée de le laisser se débrouiller avec ça. Mais bon, vu qu'il a fait l'effort de développer sa réponse précédente. « Si c'était juste pour une nuit, tu vois, ça m'aurait plus déçue parce que j'ai toujours pensé que ça craignait de faire ça, on n'est pas des bêtes, je pense qu'on peut tenir des mois sans se sauter dessus quoi » je commence. Ce n'est que mon opinion, après je sais que la moitié des candidats sont apparemment bien en manque ici. Parfois, ils me donnent vraiment l'impression ne pas être normale. J'veux dire, cela fait bien plus que dix mois, pour ma part, et pourtant, je ne saute pas après le premier venu quoi. Je ne vis assez bien même. Mais ce n'est pas fini.  « Après si ça avait été pour un truc plus durable, ça m'aurait rien fait, principalement parce que pendant les trois premières semaines on n'était pas plus proches que cela » je m'explique ensuite en haussant les épaules. C'est vrai.  « Bon après, si ça s'était passé il y a un peu plus de deux semaines, enfin dans ces eaux-là, ça m'aurait gonflé, je pense. Mais bon, ce n'est jamais arrivé » je souligne en haussant les épaules. Ça m'aurait gonflé, mais je ne l'aurais jamais montré, je sais encore me tenir, merci. Et puis, j'ai quand même une certaine fierté aussi, non négligeable. « Je peux ? » je demande alors en désignant ses lèvres d'un coup de menton. C'est une question, oui, on peut clairement entendre mon ton s’élever pour signifier l'interrogation.

Depuis qu'il était ici, Jorah n'avait jamais évoqué son père, autant parce que personne ne l'avait interrogé sur le sujet que parce qu'il n'avait pas eu nécessairement envie de l'évoquer de lui-même. Le fait est que s'il y avait bien quelqu'un envers qui il demeurait rancunier, c'était lui, parce qu'il avait profité de sa naïveté d'adolescent pour l'illusionner. Quant à la réponse de Krisjana, elle lui inspira un commentaire teinté d'humour, car il fit référence à leur rencontre, sur la côte rocheuse. « C'était un sacré cas, en effet » qu'il acquiesça, son sourire toujours persistant. Et puis vint cette question plutôt surprenante impliquant Apolline et le fait qu'il aurait pu, ou non, se passer quelque chose avec elle en début d'aventure. Puisqu'elle voulait une réponse honnête, et qu'il n'avait de toute façon pas l'intention de lui mentir, il confia qu'il aurait pu se passer quelque chose s'il avait ressenti qu'il l'intéressait réellement. Le fait est que la semaine où, bourrée, elle l'avait embrassé et avait essuyé de sa part le refus d'aller sur ce terrain-là, elle s'était jetée dans les bras de Benjamin. Parce qu'Apolline était du genre inconstante, qu'elle aimait expérimenter la vie de différentes manières, et avec lui ça n'aurait pas pu coller. Et puis finalement, il se risqua à demander à Krisjana si, dans l'hypothèse où il se serait passé un truc avec Apolline, ça lui aurait fait quelque chose. Il ne pouvait pas faire autrement que de le lui demander, parce que forcément sa question l'amenait à supposer que, peut être, et même seulement dans une moindre mesure, ce scénario-là ne l'aurait pas laissée indifférente. Émettant un rire à sa remarque, il plissa le nez en guise de grimace puis écouta avec attention la réponse de la brune. Ce qu'elle commença par articuler le fit sourire doucement. « Je pense aussi, d'autant que le faire pour le faire, c'est plutôt absurde, du moins à mes yeux, et c'est précisément la raison pour laquelle il n'y a rien eu avec Apolline » qu'il souffla, parce qu'il partageait son opinion, et que même s'il respectait les agissements de chacun, il n'aurait pas pu partager une nuit avec une candidate alors que ça n'aurait pas eu de sens. Elle continua pour ajouter que si ça avait duré, elle n'aurait pas été plus dérangée que ça, en début d'aventure du moins, puisqu'elle précisa ensuite que plus récemment, par contre, ça aurait pu la gonfler. « Il me semble que, dans ces eaux-là, tu as obtenu de moi une certaine confession » qu'il souffla, évasif mais faisant bien évidemment référence à la fois où il avait consenti à lui avouer qu'elle lui plaisait. « Et généralement, c'est le gage que je n'irai pas jouer sur un autre tableau. » Il préférait qu'elle en soit sûre, qu'elle ait bien conscience que s'il avait fini par lui avouer son attirance, c'était parce qu'il avait commencé à porter sur elle un regard qu'il n'aurait absolument pas pu porter sur une autre. Finalement, Krisjana lui posa une question d'un tout autre genre et qui l'amena d'abord à plisser les yeux, dans un instant de fausse réflexion. « Je sais pas trop » qu'il souffla, son sourire devenant progressivement malicieux. « Tu penses vraiment que t'as besoin de ma permission pour ces choses-là ? » reprit-il doucement, son visage d'avantage tourné vers le sien, des fois qu'elle doute du fait qu'il puisse être réceptif à ce genre d'initiatives. Pour le coup, sa question à lui, c'était celle-ci. De toute façon, c'était plutôt dans la continuité d'un rencard.

Il s'attarde sur son propre cas. Oui, en effet, il est inoubliable, il n'y a pas de doute. « Ne m'en parle pas, j'ai toujours peur qu'il rechute » je fais mine de dire en prenant un air presque inquiet, non mais ce patient, je l'ai sorti du gouffre, j'ai fais un travail assez remarquable en huit petites semaines. Je m'auto-félicite. Je le mérite. Il m'explique qu'il a un peu la même vision des choses et c'est donc pour cela qu'il ne s'est rien passé avec Apolline. « Tant mieux » je ne peux pas m'empêcher de lâcher, ça venait du coeur. Bah quoi, je ne vais pas m'en plaindre, non ? Ni faire l’hypocrite en disant que c'est bien dommage, ça. Il continue alors en me parlant de l'intervalle de temps auquel je faisais allusion. J'hoche simplement la tête. « Mais tout le monde n'est pas comme toi » je souffle en esquissant un sourire. L'être humain est tellement imprévisible parfois Je lui demande si je peux m'approprier ses lèvres pendant une poignée de seconde. Son "je ne sais pas trop" me fait rouler des billes, c'est que je pourrais vraiment le prendre au mot, pour voir. Non mais il ne faut pas me couper dans mon élan, comme ça. Je ne sais pas, j'en ai envie, maintenant, et c'est tellement rare que je me dois de le souligner. C'est aussi simple que cela. Si j'ai besoin de sa permission ? Non, c'était juste pour faire une question et ... puis pour lui laisser le choix aussi. Il vaut mieux être prévoyante plutôt que se lancer comme cela pour au final se prendre un vent, mais bon, après, chacun sa philosophie de vie, je ne critique pas. « On ne sait jamais » je ne peux pas m'empêcher de balancer, en haussant les épaules, je n'ai pas être prise par surprise à ce niveau là, alors je fais de même avec les autres, enfin au tout tout début quoi, après, il ne faut pas rêver non plus ! Je vrille mes prunelles aux siennes. « Bon, on arrête avec les questions, deux minutes » je propose alors avec un léger sourire. L'une de mes mains va trouver refuge sur sa nuque pour attirer un peu plus sa tête vers moi, je me penche pour que mes lèvres rejoignent les siennes dans un baiser un peu plus décidé et long que la semaine dernière. En même temps, ce n'était pas bien difficile, je l'avoue. Une fois que nos bouches se laissent un peu d'espace ... Evidemment, je l'embrasse une nouvelle fois, pour reconfirmer le premier baiser, histoire d'être bien sûre, voilà quoi, simplement pour ça, avant que je ne m'écarte définitivement.

Jorah esquissa un sourire amusé lorsque Krisjana acheva de témoigner de son état mental plus qu'incertain le jour de leur rencontre, puis lui fournit une réponse aussi sincère que possible quant à sa question au sujet d'Apolline. Il n'avait vu aucun intérêt à falsifier la vérité, d'autant qu'en plus elle n'avait aucune raison de changer quoi que ce soit à leur relation. Quant à ce qu'elle semblait penser du fait de se jeter les uns sur les autres un peu trop rapidement, il est vrai qu'il partageait sa vision des choses. Et en effet, c'était précisément la raison pour laquelle il n'aurait rien pu se passer avec Apolline. Pour le coup, la réplique spontanée de krisjana lui tira un rire. Il aurait pu se permettre un petit commentaire, mais il préférait garder ses pensées pour lui. Il lui confia par ailleurs qu'il n'aurait clairement rien pu se passer avec Apolline ces dernières semaines, étant donné qu'il avait fini par lui avouer son attirance, et qu'il ne le faisait jamais avec l'idée d'aller parallèlement s'intéresser à une autre. Sa remarque le fit sourire, et hocher la tête aussi, parce qu'au fond elle avait raison, c'était une façon de pensée suffisamment 'vieux jeu' pour que peu la partagent. Finalement, Krisjana en vint à lui demander si elle pouvait l'embrasser, ce qui eut le mérite de l'amuser, parce que dans le fond, elle savait bien qu'elle n'avait pas à lui demander la permission, qu'il ne verrait jamais aucun inconvénient à ce qu'elle prenne ce genre de libertés. La semaine passée, ils s'en étaient tenus à des baisers pudiques mais symboliques, et il est vrai que lui-même avait gardé en tête d'en obtenir un autre, ce soir, à l'occasion de ce 'rencard'. Alors il commença par feindre de douter, puis l'incita bien évidemment à se lancer. Et elle avait raison sur un point, y'en avait marre des questions, du moins à cet instant il avait autant envie qu'elle de les laisser de coté. Il la laissa donc initier l'échange, contribuant à celui-ci avec délicatesse, ses doigts glissant parmi ses cheveux, tandis qu'il ne put qu'apprécier le fait qu'il y ait plus de passion dans ce baiser-ci que dans ceux de la semaine passée. Mais voilà qu'alors que ses lèvres s'étirèrent en un fin sourire, elles furent aussitôt recapturées par celles de la brune, dans un second baiser qu'il prolongea tout autant, et qui prit fin quelques instants plus tard. « Ça fait deux minutes, t'es bien sûre de ça ? » qu'il souffla, taquin, simplement pour insinuer que des initiatives comme ça, il en voulait bien à chaque fois. Il finit par déposer un baiser contre sa mâchoire et par passer son bras autour de ses épaules pour qu'elle dépose sa tête sur l'une des siennes. « Je sais qu'on est pas tellement capables de mettre un nom sur ce qu'on partage tous les deux, mais j'aimerais que t'aies bien conscience que ça compte beaucoup pour moi. » Il voulait qu'elle n'en doute jamais, parce que le simple fait de savoir qu'elle resterait pour lui un soutien indéfectible, ça le remplissait de gratitude. Il poussa pourtant un court soupire, teinté d'appréhension. « Même si je sais que tôt ou tard, et d'une façon ou d'une autre, tu apprendras la vérité à mon sujet ... Et je peux pas te promettre qu'elle te plaira, Krisjana. » S'il le disait maintenant, ce n'était pas pour tout gâcher, bien au contraire. Il préférait préparer le terrain, en quelques sortes, car il savait que si sa famille l'avait rejeté à cause de ses choix, Krisjana serait parfaitement en droit de le faire elle aussi. Il voulait juste qu'ils tombent de moins haut, tous les deux. Même si, bien sûr, il espérait qu'aucune révélation ne puisse lui valoir de la perdre un jour.

Je préfère quand même prévenir. Mes lèvres ne tardent pas trop à se rapprocher des siennes pour y sceller un baiser, c'est bon, c'est un rencard normalement, je peux bien me le permettre. J'y reviens une deuxième fois. Il y a quand même une certaine différence avec ceux de la semaine dernière, peut-être un brin d'assurance qui n'était pas présent la semaine dernière. « Oh je n'ai jamais été super précise, tu sais » je balance avec un rictus narquois alors qu'il passe un bras autour de mes épaules. Je laisse ma tête contre son épaule. Je l'écoute avec une grande attention. « Je sais » je me contente de répondre, je ne vois pas lui que c'est pareil pour moi car je pense qu'il le sait. Non ? Sa remarque suivante a le don de me faire tiquer. Ce n'est pas vrai ... « Ça faisait longtemps, tiens » j'ironise alors en poussant un long soupir. Il choisit très mal ses moments, il le sait. Vraiment très mal. Agacée, je redresse la tête et je chasse délicatement son bras de mes épaules pour manifester  mon mécontentement passager afin de pouvoir adopter une position un peu plus repliée, ramenant mes jambes contre ma poitrine. « Tu recommences à tenter de prédire l'avenir »  je souffle comme s'il s'agissait de l'un de ses plus gros défaut. « Ça va être comme ça toutes les semaines ? Histoire que je me prépare » je l'interroge d'une voix calme en arquant un sourcil. Parce que j'en ai marre, il veut réellement me faire peur, me voir m'éloigner ou comment ça se passe ? Sinon, qu'il soit plus clair. Je sais très bien qu'on a tous quelque chose à cacher, j'en ai conscience, il n'a pas besoin de me le rappeler, ça va, je pense arriver à gérer. Je suis assez grande quand même. Sauf si son secret est un truc comme "je suis venu ici pour tester la fidélité de mon couple" ou alors "je suis polygame" dans ce domaine là, bien que j'en doute hein, mais si c'était le cas, alors effectivement ... Je crois que je ne pourrais pas passer au dessus de cela et là, oui, je pars. J'arriverais même pas à le regarder. Or, j'imagine et j'espère que ce n'est pas le cas. En tout cas je note qu'il n'est jamais d'un optimisme fou, toujours entrain de douter ou d'avoir peur que je me barre. Jorah essaie toujours de se projeter. « Parce que si c'est pour sortir ça, je préfère que tu te taises » je lui fais part de ma voix raque, très sincèrement,  avant de reculer pour me mettre dernière lui. Mes jambes s'allongent sur le sol, encadrant son corps. Mon buste s'appuie légèrement sur son dos alors que mes bras s'enroulent rapidement autour de son torse. Mon menton se pose sur l'une de ses épaules.

Ce qu'il y avait de grandement plaisant avec ces baisers, en dehors du fait que les contacts en eux-mêmes furent très agréables, c'est le fait que Krisjana semble être beaucoup moins dans la réserve qu'elle avait pu l'être. Elle semblait plus à l'aise avec les contacts physiques, et venait ici de faire preuve d'une initiative qui semblait indiquer qu'elle était sur la même longueur d'ondes que lui. Une fois leurs lèvres séparées, le brun se permit un commentaire plein de second degré, pour exprimer à sa manière combien ces échanges lui avaient plu. Il fit alors en sorte que la brune se cale contre lui, sa tête posée sur son épaule, avant de lui confier que si elle avait encore un doute sur ce que tout ça pouvait représenter pour lui, il fallait qu'elle ait bien conscience que ça lui était précieux. Elle disait savoir, et il se mit à sourire. Pour autant, c'est une mine plus grave qu'il adopta lorsqu'il lui souffla qu'il craignait qu'elle n'apprécie pas de connaître la vérité à son sujet. Oui, c'était le genre de commentaires qui pouvaient tout gâcher, mais pour tenir réellement à elle, il ne pouvait pas s'empêcher de penser à ce que serait peut être la suite. Il la sentit agacée et se sentit très mal au moment où elle se redressa. « Excuse-moi » qu'il souffla, hébété, sa main se permettant d'aller caresser les pointes de ses cheveux. « J'ai ce besoin constant d'anticiper, et je sais que c'est pénible. » C'était vrai, il n'était pas aussi détaché vis à vis des événements de sa vie qu'il aimait parfois le laisser croire. Il lui fallait toujours prévoir, organiser et envisager des cas de figure parfois extrêmes, simplement parce qu'être pris de court lui faisait horreur.  Elle chercha à savoir s'il lui réserverait le même numéro chaque semaine, parce que c'est vrai qu'à la plage, déjà, il avait voulu voir trop loin. « Je fais des efforts, tu sais. Je te fais pas part d'un quart des doutes que je peux avoir, parce que je sais combien ça te dépasse qu'on puisse à ce point appréhender l'avenir » qu'il souffla alors, parce qu'à cet instant il ne pouvait pas lui promettre qu'il n'y aurait absolument plus aucun moment où il ne pourrait pas faire autrement que de manifester une crainte. « Mais j'ai plus grand monde à qui m'accrocher, alors je crois que je m'accroche un peu maladroitement à toi. » Le fait que sa propre famille l'avait confrontés à des points de vue moralisateurs et blessants. Et pour le peu qu'ils se voyaient encore, il avait chaque fois cette impression étouffante qu'il était pour eux complètement taré. Alors oui, aujourd'hui il partait du principe que personne ne prendrait la peine de comprendre, que tout le monde le cataloguerait comme un illuminé, et il ressentait le besoin de se protéger de ces jugements hâtifs. Il la laissa alors faire lorsqu'elle s'assit derrière lui et qu'elle enroula ses bras autour de lui. Ses mains vinrent les caresser, tandis qu'il ferma un instant les yeux. « Je te l'ai pas dit, mais t'es très belle quand tu joues les jalouses » qu'il souffla en rouvrant les yeux, l'esquisse d'un sourire taquin gagnant ses lèvres, au moment où il fit en sorte de la regarder. Elle ne voulait plus qu'il plombe l'ambiance avec ses craintes ? Lui non plus, alors il lui vint à l'idée de revenir sur ce qui lui avait laissé penser qu'elle était un peu plus possessive qu'elle devait vouloir le laisser croire. Il ne se moquait pas, c'est juste qu'il était flatté, en quelques sortes et ça l'amusait de revenir là-dessus. Oh à tous les coups elle nierait, mais lui il savait ce qu'il avait entendu.

Au moins, il a conscience qu'il tente souvent de se projeter vers l'avant. Chose que je n'ai pas l'habitude de faire et c'est assez agaçant car il voit que les aspects négatifs. Il est pire que moi, il faut le faire. « Profite de l'instant, simplement » Je lui conseille, mais bon, j'imagine que c'est en étant comme lui qu'il ne se vautre pas lamentablement comme moi.  Je pince simplement les lèvres au début de sa phrase. Il n'a plus grand monde. Je me demande comment un garçon comme lui peut se retrouver isolé, sérieusement. Je ne comprends pas. « J'aime bien quand tu t'accroches mais si tu pouvais essayer de ne pas me faire peur en même temps, ça serait encore mieux » Je confie parce que je pourrais presque m'imaginer le pire sur son secret maintenant mais bon ... Je ne suis pas ce genre, et heureusement. Et encore ce n'est qu'une toute petite partie de ses doutes, je ne préfère pas répondre à ça. Jalouse ? Je crois que je n'ai pas bien entendu, ça doit être ça, j'espère bien. Je finis rapidement par l'encadrer, colonisant tout son corps. Je scrute son visage qui se tourne vers moi, ha non, c'est bien ce que je pensais. J'affiche une légère moue boudeuse. «Je valide ta phrase jusqu'à 'belle' simplement » je laisse entendre en poussant un léger soupir avant d'aller déposer mes lèvres sur la commissures des siennes pour simplement l'empêcher de rétorquer. C'est tout une méthode, vraiment. « Je ne suis pas jalouse » je nie alors en secouant la tête de droite à gauche pour bien lui montrer que non. Je suis peut-être à peine possessive mais seulement avec les personnes qui me sont proches, or elles sont tellement peu nombreuses que ce côté de ma personnalité n'a jamais l'occasion de s'exprimer, c'est simplement cela. Et puis de toute façon, je n'irais jamais lui dire cela, je ne suis pas atteinte à ce point. « Et encore moins d'elle » je rajoute en fronçant les sourcils, je ne suis pas jalouse d'un fantôme, il ne faut pas plaisanter ! Il n'y a aucune raison de l'être, non ? Bon okay, ils dorment dans le même lit, mais le jour où j'attends le stade où je viendrais à me soucier de cela, je préfère me tirer une balle tout de suite.  «On est complètement différentes en plus » je fais remarque, un argument de plus. Pourquoi je serais jalouse de quelqu'un qui n'est pas dans ma catégorie ? Faut pas déconner non plus !  Franchement, je ne vois pas même pas pourquoi je me justifie en plus. Je lui lance un regard méfiant mais il a toujours son sourire agaçant qui dit "tu l'es". « Essaie pas de me faire dire ce qu'il n'est pas » je siffle alors, je pointerais bien un index accusateur s'il n'était pas occupé ailleurs.