La seconde activité vient à peine de commencer, j'aurais aimé y participer un peu plus longtemps avant de prendre la fuite mais il m'est impossible de me retenir davantage. J'ai certainement dû boire trop d'eau et ma vessie est désormais prête à exploser. Je marche rapidement, j'essaie de ne pas perdre de temps et m'oriente assez facilement vers ces toilettes que j'ai déjà utilisé un peu plus tôt. Moi qui déteste utiliser les toilettes publiques, je vais certainement être obligée de m'y habituer si je rentre dans l'aventure. J'devrais peut-être envoyer un petit message à Cupidon pour lui demander de me réserver une toilette spéciale Elsa, hum. Je suis pas certaine qu'il accepte cette proposition mais je peux toujours essayer. Toujours à la même cadence, je pousse finalement la bonne porte et entre dans l'une des cabines. Par chance, c'était libre et je n'ai donc pas besoin d'attendre plus longtemps. Avant de commencer à me soulager, j'entame le rituel que toutes les filles connaissent. Vous savez, celui où l'on essuie avec soin la lunette de la toilette avant de l'entourer de milles couches de papier toilettes pour être certaine que nos jolies petites fesses ne rencontrent pas les bactéries qui s'y trouveraient. Ouais, je suis certaine que je ne suis pas la seule à faire ça. Après cinq minutes de préparation, je suis enfin prête à assouvir mes petits besoins. Ce qui ne me prend pas vraiment beaucoup de temps puisque je ressors rapidement de la cabine et tombe nez à nez avec un homme. Encore un homme. N'y-a-t-il que des hommes à ces casting ? Je ne lorgne pas plus sur le candidat, préférant le laisser passer. « J'vous laisse la place.» Et je rejoins le lavabo afin de pouvoir nettoyer correctement mes mains avec du gel douche. Pendant ce temps, je me dis quand même que c'est beaucoup plus pratique d'être un homme, y a moins de contrainte ... La porte s'ouvre peu de temps après et le candidat en ressort. « Après le pipi et le popo, on oublie pas le lavabo.» Phrase machinale. Oups. L'habitude. « Enfin comme vous voulez ... Mais c'est mieux quoi.» Puis il est hors de question que je lui sers la main, ou quoi que ce soit d'autre si il ne lave pas ses mains après avoir touché son tuyau.

De ce qu'il avait compris, la seconde activité venait enfin de commencer il y a plusieurs minutes déjà. Ah. Mauvais timing, le jeune homme avait une envie pressante. Tant pis. De toute façon, si c'était pour se recevoir une nouvelle surprise comme un seau d'eau glacé sur la tête, ça pouvait bien attendre quelques minutes de plus. De toute façon, c'était connu, il n'avait jamais su être ponctuel. Et ce, dès sa plus jeune enfance. Rater les premières minutes d'un cours, un vrai bonheur... Ainsi, il ne tarda pas à entrer dans les toilettes. Ah, et là, désanchantement. Une seule toilette dans la pièce. Toilette occupée, d'ailleurs. Le jeune homme souffla un peu, trépignant d'impatience. Par chance, la porte ne mit pas longtemps à s'ouvrir et une jeune femme en sortit. Stan s'empressa donc de rentrer dans la cabine afin de soulager son envie pressante. Quelques longues secondes plus tard, il en ressort et aperçoit que la jeune femme se trouve toujours là. Elle reprend la parole rapidement, d'ailleurs. Stan la regarde. Il la dévisage un peu, même. Ouais bon, il ne s'attendait pas à recevoir ce genre de remarque de la part d'une inconnue. Genre, qu'est-ce qu'elle en avait à foutre, déjà ? Et puis, il était assez grand pour savoir quoi faire, aussi, évidemment. « C'est bon, je pense que je maîtrise. » lâcha t-il, sans y faire plus attention. Il s'approcha du lavabo et laissa couler l'eau. Ben oui, bien sûr qu'il allait se laver les mains quand même, c'était le minimum. Sans tourner la tête, regardant ses mains, le candidat reprit la parole. « Vous avez passé les castings, vous aussi ? » qu'il demanda. Après tout, pourquoi pas commencer à se familiariser avec certains. Même si bon, à première vue, elle ne lui avait pas fait si bonne impression, pour l'instant.

Je me sens vraiment trop bête de lui avoir dit ça. Trop bête. Je rougis même et je sens mes joues devenir un peu plus chaudes. J'essaie de cacher mes joue, j'hausse les épaules et rentre la tête mais je suis pas franchement convaincue du résultat. Au contraire, je risque un peu de lui paraître bizarre non ? Je souffle un peu. C'est pas contre lui, c'est contre moi. Sans en dire davantage, sans vérifier si il pense bien à mettre du savon, je décide de me coller contre le mur qui se trouve derrière moi. J'étais prête à déserter comme une petite souris mais il en a décidé autrement puisqu'il m'a posé une question. Question qui m'oblige à rester dans cette pièce. «Oui, moi aussi. » Je retourne pas la question puisque celle-ci est très claire. Il a également passé les casting. «Je dois être passée dans les premières je crois. J'étais là assez tôt.» J'ai fais un long voyage pour passer ce casting et si je ne me trompe pas, je faisais partie des dix premières à passer devant le grand jury. Je ne sais pas trop si cela porte chance ou non mais je croise les doigts depuis que je suis sortie de la salle. Je crois en ma bonne étoile. «Je m'appelle Elsa et je ne suis pas aussi bizarre et chiante que ce que tu as dû penser lorsque je t'ai demandé de te savonner les mains »Non pas du tout même. Je suis pas comme ça. «C'est juste que j'ai l'habitude de répéter ça. L'hygiène c'est important.» Mais je suis pas une madame-pipi dans les magasins, faut pas qu'il pense ça. Mon dieu, il va croire que je suis une madame-pipi. Je me pince les lèvres, je fronce les sourcils et j'ose plus rien dire. J'ai pas envie de m'enfoncer encore plus que ça. Il va vraiment croire que je suis cinglée.

Bon, oui, il l'avait trouvé un peu bizarre cette fille. Il sortait tranquillement des toilettes et voici, que d'un petit air enfantin, la demoiselle lui indiquait gentiment de se laver les mains. Bon, d'accord, c'était peut-être vrai que les mecs étaient, en général, plus sales que les filles mais quand même. Enfin. Il lui indiqua tout de même qu'il maîtrisait. En gros, il lui faisait comprendre qu'il n'avait pas besoin de ses conseils. Stan se lavait les mains, donc et il remarqua, à travers le miroir que la jeune femme devait se sentir un peu bête. Pour changer de sujet, Stan lui demanda alors si elle avait passé les castings. A vrai dire, il se doutait bien que oui. Tout le monde semblait être là pour ça. Normalement, en tout cas. Ainsi, c'était bien le cas. Et elle disait être passée dans les premiers, même. Le jeune homme fit un léger signe de tête sans pour autant répondre. C'était juste histoire de dire qu'il avait écouté. Il n'avait juste rien à ajouter. Rapidement, la demoiselle se présenta. Elle s'appelait donc Elsa. Et elle ne manqua pas d'ajouter qu'elle n'était pas aussi bizarre et chiante que ce qu'il pouvait penser. Ah. Elle allait devoir le prouver alors. Parce que pour le moment, c'était bien ce qu'il pensait, malheureusement pour elle. « Vraiment ? » D'autant plus que Stan était très fort pour catégoriser les gens qu'il rencontrait dès la première rencontre. « Et tu fais quoi, dans la vie, pour avoir cette habitude ? » demanda t-il en arquant un sourcil. La pauvre, sa vie devait être passionnante pour avoir cette habitude de répéter cela. C'était définitivement quelque chose qu'il n'enviait pas. « Et sinon, je m'appelle Stan. » termina t-il par se présenter, enfin.

Les toilettes sont tout de même un endroit insolite pour faire une rencontre, pour entamer une discussion et tenter que cela paraisse normal. Rien ne m'arrête et la normalité ne doit certainement pas être le premier adjectif qui vienne à l'esprit du postulant lorsqu'il parlera de moi. J'aurai essayé pourtant mais mes habitudes ont prit le dessus sur la bienséance, juste durant quelques secondes. Secondes de trop puisqu'il est impossible de changer la première impression qu'il a pu se faire de moi. Comme le disait souvent mon père 'on a qu'une seule chance de faire une première bonne impression' et j'ai l'impression que c'est mort avec lui. Lui. Je connais même pas son prénom d'ailleurs. «Je... ça n'a rien à voir avec mon métier en fait.» Cela ne vient pas de ma vie professionnelle mais plutôt de ma vie privée et je n'ai pas envie d'en parler. Je n'ai pas envie d'entrer plus dans le détail à ce sujet et préfère concentrer la discussion sur autre chose. Pourquoi pas le métier justement. «Mais je suis coiffeuse...et toi ?» j'essaie d'imaginer le métier que l'homme pourrait exercer, j'essaie de trouver quels seraient ses passes-temps mais je dois dire que je sais pas trop. Danseur ? Pilote d'avion ? Je préfère -cette fois- attendre qu'il me donne une réponse avant d'émettre des hypothèses. Et alors que l'on aurait dû commencer par cela, nous décidons (enfin) de nous présenter l'un à l'autre. Stan donc. «C'est le diminutif de stanley ? »Ou pas du tout ? peut-être est-ce simplement son prénom. «Moi c'est Elsa. »