Il était probable, quoi que pas tout à fait certain, que Mado et Fitz soient présentement perdus. Ah si, attendez, ils l'étaient bel et bien. Mais était-ce franchement étonnant, dans la mesure où Mado n'avait pas manqué de préciser à son camarade, et ce dès dimanche soir, qu'elle était une quiche en orientation ? Hm, non, sans doute pas. Ainsi donc, ils étaient un tout petit peu perdus dans la forêt, à chercher la chambre secrète, en pleine nuit, et à l'heure où de sordides créatures seraient peut être lâchées par la Production histoire de leur rendre la tâche plus difficile encore. Bref, tout était on ne peut plus rassurant, là. « Avoue, tu regrettes vachement que j'ai donné ton nom, hein. » s'amusa Mado, parce que bon, ils étaient unis pour le meilleur et pour le pire. Ah mais non, ça c'était la semaine passée, à la soirée. Alors disons simplement qu'ils se soutenaient mutuellement dans cette galère commune. Mado ne se vexerait pas du fait que Fitz puisse effectivement regretter d'être ici, avec elle, ou en tout cas d'être paumé. Fort heureusement, ils avaient tout de même pensé à se munir de boussoles, donc avec un peu de chance, tout n'était pas perdu. Sauf que bon, les boussoles et Mado n'étaient pas tellement copines, alors disons qu'elle fondait tous ses espoirs en Fitz, là. « Alors là, tu vois, c'est le moment de m'épater. Vas-y, ne te gêne surtout pas pour craner, je le vivrai bien. » Parce que oui, elle préférait vraiment penser qu'il leur permettrait de tomber sur cette fichue chambre, disons, avant la prochaine Coupe du Monde de Football qui, rappelons-le, était dans un an et demi. Ouais, voilà, donc si Fitz pouvait être brillant, ce serait franchement bien, qu'on se le dise. Mais voilà que, justement, ils réussirent à arriver à bon port. Grâce à Fitz, hein, vu que Mado n'était possiblement là que pour dire des âneries et garder un certain optimisme. La jeune femme, en tout cas pas peu fière d'avoir déjà eu l'occasion de tester cette chambre - mais pas comme on l'entendrait - se permit de passer d'abord, et d'appuyer sur le bouton qui permit à la porte de s'ouvrir. Alala, que d'émotion de retrouver cette chambre. « C'est canon, hein ? » Techniquement, pas des masses, non, c'était simplement chaleureux. Mais Mado appréciait cette ambiance, vous savez. « Bon, je vais te laisser. L'idée, c'était que tu découvres les lieux, mais t'as pas tellement besoin de moi pour ça, si ? » énonça-t-elle subitement, en se rapprochant à nouveau de la porte. Oui, elle tentait la feinte du jacuzzi, à sa sauce. Donc oui, elle espérait qu'il lui demanderait de rester, parce que franchement, elle n'avait pas traversé une dangereuse forêt pour rester cinq minutes. Quand même pas, quoi.

Se perdre en pleine forêt, qui plus est de nuit, ça n'annonçait rien de bon. Peut être auraient-ils du entreprendre de partir en quête de la chambre secrète à une heure moins tardive, ne serait-ce qu'histoire de pouvoir au moins voir leurs pieds. Parce que là, disons qu'il avançaient un tout petit peu à l'aveugle, et que ça n'avait rien de franchement pratique dans la mesure où ce qu'ils cherchaient serait déjà assez dur à trouver comme ça. Mado, pour s'être déjà rendue dans la chambre secrète, savait que l'accès de celle-ci se trouvait derrière quelques feuillages, et qu'il n'était pas improbable qu'ils tombent dessus au moment où ils s'y attendraient le moins. Mais, qu'on se le dise, au vu de son pitoyable sens de l'orientation, elle ne serait pas d'une grande aide. Non, vraiment pas. Bon, est-ce que Fitz regrettait de se trouver ici, ce soir ? Il pourrait, hein, elle ne s'en offenserait pas. Sauf que sa réponse fut plus inattendue, faisant d'ailleurs sourire sa camarade. « C'est fou comme je me sens en sécurité, là tout de suite » commenta-t-elle, en un rire, et de façon très ironique. Elle-même s'imaginait de drôles de bêtes, rodant dans le coin et disposées à dévorer ceux qui n'auraient pas trouvé la chambre à temps. Imaginons donc qu'ils avaient tout intérêt à accélérer le pas et à être plus efficaces. Sauf qu'avec une Mado complètement paumée en matière de boussoles, ça n'aurait rien d'évident. Heureusement pour elle que Fitz semblait s'y connaitre, lui. Il lui parla de nord, de direction, et sembla même vouloir s'assurer qu'elle ait compris. La blague. « Euh ouais, franchement, j'ai tout compris. Mais je vais quand même te laisser faire, tu vois, histoire de mettre toutes les chances de notre coté. » Oui bon, c'était une façon comme une autre de laisser entendre qu'en réalité elle n'y comprenait rien, que ça ne changerait pas ce soir et que donc qu'il serait fortement préférable de ne pas compter sur elle. Et justement, elle fit bien de croire en Fitz, car quelques instants plus tard, ils tombèrent sur l'accès. Un accès que Mado se fit une joie d'ouvrir, et qui leur permit de (re)découvrir la chambre. Mado connaissait déjà les lieux, mais pour son camarade, c'était une première. Alors, verdict ? Oh, il était déçu. Tiens tiens, ça lui rappelait quelqu'un. « Vous, les hommes, vous êtes bien trop difficiles » souffla-t-elle alors, en ricanant légèrement. Bon, c'était pas tout ça, mais elle allait peut être le laisser, hein. Bah oui, pour se familiariser avec la chambre, il n'avait pas nécessaire besoin d'elle, si ? En fait, elle espérait que si, qu'il l'empêcherait de partir, parce que ce serait con, quand même, que sa feinte tombe à l'eau. Mais heureusement, Fitz s'empressa de prétexter que c'était trop dangereux dehors, allant même jusqu'à refermer la porte. Ah, au moins c'était clair. « Ah parce qu'ici, ça n'est pas dangereux ? Je me sens prise en otage, quand même » souligna-t-elle, mutine. Oh, elle serait bien ici, avec lui. Le cadre était joli, la compagnie charmante. Oui, ça risquait d'être une bonne soirée. Sauf que Fitz parlait déjà literie. Ah oui, vraiment ? « Dis-donc, tu ne perds pas de temps, toi. Dois-je prendre ça comme une proposition ? » Bien sûr, elle plaisantait. Non, elle ne le prenait pas pour un pervers, hein. C'était Fitz, pas Myles. « Pour répondre à ta question, j'ai eu l'occasion de dormir sur ce lit, donc cette literie, je l'ai déjà testée, oui. Mais bon, ça date maintenant ... » Ainsi donc, elle ne se fit pas prier davantage pour avancer jusqu'au lit et se laissa littéralement tomber sur celui-ci, au point de s'y étendre. Ouais, cette literie lui avait un peu manqué. « Hm, c'est aussi confortable que dans mes souvenirs. Tu viens ? » Oui parce que c'est lui qui avait parlé de literie le premier, hein, et il fallait qu'il s'en fasse une opinion. C'était inévitable, et vivement conseillé, oui oui.

Il fallait s'en donner les moyens, pour trouver cette foutue chambre, hein. Croyez-le ou non, mais Mado était presque sûre qu'ils mettraient plus de temps cette fois-ci que la fois où elle s'y était rendue avec Israël. Non pas que Fitz soit un handicap, loin de là, c'était plutôt Mado qui, ce soir, était encore moins disposée à être d'une quelconque utilité. Elle voulait bien faire la conversation, surveiller les environs si nécessaire, mais qu'on ne lui demande pas de faire plus, parce que ce serait assurément un coup à se perdre pour de bon. Avouez que ce serait dommage, tout de même, de se perdre en pleine forêt, sans avoir atteint la chambre. L'échec de toute une vie, très certainement. Mais ça n'avait sans doute aucune chance d'arriver, vu que Fitz semblait bien plus débrouillard que la jeune femme. Bon, par contre, il parlait de sangliers, et très franchement, Mado n'aimait pas beaucoup ce genre d'humour. Non, pas ce soir. « Han, vraiment, tu ferais ça pour moi ? J'ai toujours su, au plus profond de mon être, que tu étais un héros. » Oui, bien évidemment. Remarquez, maintenant qu'elle savait ça, elle comptait bien l'utiliser contre lui si vraiment une bête déboulait. Il faudrait qu'il honore sa parole et qu'il la sauve d'une mort terrible, quitte à y passer, hein. Promis, elle brûlerait un cierge en sa mémoire. Pour le geste, quoi. Question boussoles, Mado n'y connaissait rien, en tout cas. Donc là encore, c'était à Fitz de faire tout le boulot. Oh il était bien mignon de lui expliquer comment procéder, mais ça rentrait par une oreille et ça ressortait par l'autre. Inévitable. Ainsi donc, il sembla résigné et se débrouilla. Et cela paya, vu qu'ils atteignirent la chambre. Enfin. Sauf que Fitz trouvait à s'en plaindre, prétextant être déçu. Ah oui ? Et le pire, c'est que lorsqu'elle laissa entendre qu'il était difficile, il sortit un argument bien bidon. « Les femmes, peut être, mais dois-je vraiment préciser que je ne suis pas n'importe quelle femme, moi ? Tout ça, ça n'est pas trop mon truc, tu devrais t'en douter. » Et bien oui, il commençait à la connaitre. Elle n'aimait pas les robes, le rose, et donc tout ce qui était kitch à mourir. Tout ça pour dire qu'elle songea faussement à partir mais qu'il ne manqua pas de fermer la porte, comme pour l'en défendre. Ça ne blaguait pas. « Tu ne me forces à rien » souffla-t-elle, dans une moue amusée, histoire de confirmer qu'elle n'avait pas été sérieuse et qu'évidemment, rester ici ne l'embêtait aucunement. Y'avait bien pire, après tout. Clairement. Quant à la literie, et bien oui, elle avait vu clair dans son jeu. Sauf que lui, il jouait les innocents. Pire encore, il inversait les rôles. Oh, le bougre. « Alors toi, t'es malin. Tu me fais passer pour celle qui a les idées mal placées, alors qu'on sait tous les deux que c'est plutôt toi qui ... qui ne serait pas contre une partie de monopoly. » Alors oui, d'un point de vue extérieur, cette partie de la conversation ne voulait sans doute pas dire grand chose. Mais eux, ils se comprenaient. C'était bien le principal. Mado gagna alors le lit, et Fitz l'y rejoint bientôt. Elle le vit farfouiller dans les tiroirs et ricana à l'idée qu'il ait pu tomber sur ce qu'elle avait elle-même pu observer la dernière fois. Pour autant, elle s'abstint de faire le moindre commentaire, histoire qu'il ne l'accuse pas à nouveau d'être une perverse, hein. « Ça ne m'étonnerait pas d'eux. Après tout, ce lit fait tout l'intérêt de la pièce. » Parce que bon, autant le dire, ceux qui se retrouvaient ici venaient rarement pour papoter. Ce n'était pas n'importe quel endroit. Ce n'était donc pas n'importe quel matelas. Tout ça pour dire qu'un silence ne tarda pas à s'installer. Et c'était justement tout ce que Mado voulait éviter. Cela devenait gênant. « Je ... je suis un peu déstabilisée, tu sais. Je crois que j'ai plus d'une fois espéré qu'on se retrouverait ici, tous les deux, et maintenant que c'est le cas ... ça m’embarrasse. Donc si je me mets à rougir, d'un seul coup, n'y fais pas attention, dis toi que cette accablante chaleur y est pour beaucoup. » Et sur ces mots aussi improbables que pathétiques, elle se releva et se dirigea vers le mini bar, presque en se hâtant. Pas pour le fuir, soyons clairs. « Tu veux boire quelque chose, Fitz ? » tenta-t-elle alors, en tâchant de voir ce qu'il y avait comme choix. Pas mal de choses, visiblement. Mais elle ne se risquerait pas à choisir pour lui, elle se connaissait, ce serait catastrophique.

Il en aura fallu du temps, de la motivation et des efforts pour qu'ils arrivent enfin à bon port. Cette chambre, Mado était d'autant plus heureuse de la retrouver après qu'ils aient tant galéré pour en trouver l'accès. Le principal étant qu'ils soient maintenant au chaud - façon de parler seulement, vu les températures annoncées pour la semaine - et que Fitz ait tout le loisir de se satisfaire de la décoration de l'endroit. Ou pas. Non parce qu'en fait, le jeune homme fit son difficile. Rien d'étonnant, Mado avait déjà eu à faire à un Israël peu emballé, la première qu'elle était venue ici. Les hommes étaient tous pareils. Et franchement, c'était un peu facile de parler des femmes et de leurs goûts globalement kitchs. Dommage pour Fitz, Mado ne partageait pas grand chose avec ses consœurs féminines de ce coté là. Mais visiblement, il n'en avait jamais tellement douté. A son commentaire, un sourire ravi gagna les lèvres de la jeune femme. Ça avait quelque chose de flatteur, de l'entendre dire ça. Oui, elle le prenait comme un compliment, vraiment. Elle en avait envie. Elle ne réagit cependant pas oralement, préférant rester sur cette plaisante déclaration. Non pas qu'elle ait toujours voulu se dissocier des autres femmes ou paraitre plus originale, simplement, elle assumait d'avoir son caractère, ses propres goûts, et d'être parfois aux antipodes de la femme telle qu'on l'imaginait généralement. Parfois, ça n'était pas tellement une bonne chose, il est vrai, mais souvent, elle s'en satisfaisait, oui. Quand à la porte, elle était pour le moment fermée, bloquée par un Fitz visiblement peu désireux que Mado lui fausse compagnie. Naturellement, elle n'avait pas la moindre intention de partir. Loin de là, même. Ce serait idiot, et sans doute un peu frustrant. Pour le reste, par contre, elle ne pouvait pas le laisser dire qu'elle ne pensait qu'au monopoly, parce que clairement, elle n'était pas obsédée par l'idée d'en faire une partie, ici, ce soir. Ah non, ça n'était pas son genre. Là, il reparlait du jacuzzi. Ah oui, il était malin le Fitz. Il voulait vraiment la faire passer pour une petite perverse, hein. Tss. « Certes, mais c'est une chose d'en avoir parlé dans le jacuzzi et une autre de pouvoir y penser ... ici » souffla-t-elle, l'air de rien. Et justement, il est vrai que ce lieu n'était pas franchement anodin. Et là, l'on pouvait se demander ce qu'elle avait véritablement eu en tête lorsqu'elle avait choisi Fitz pour partager cette nuit en ces lieux. Hm. Disons que Mado n'avait pas tellement réfléchi, sur le moment, à ce que ça pourrait impliquer, dans un sens. Ainsi, lorsqu'un silence s'installa, elle ne tarda pas à entreprendre de le briser, un peu maladroitement, en laissant entendre que la situation la déstabilisait un peu. Elle ne voudrait pas qu'il pense qu'elle était venue ici pour se faire sauter, ni vu ni connu. Mado n'était pas comme ça. Il n'était pas dit, vraiment pas, qu'elle serait contre l'idée qu'il s'y passe quelque chose. Mais ça n'était pas une idée-fixe, ni une chose à laquelle elle avait vraiment réfléchi. Du coup, elle se lança dans une prise de parole somme toute un peu ridicule. Mais Fitz se montra rassurant, comme toujours. Il avait toujours le don de la mettre en confiance, de dédramatiser les choses. Elle l'appréciait aussi pour ça. « Je ... je sais, Fitz » formula-t-elle alors, tout doucement, toujours un peu fébrile, avant de se précipiter au bar. C'était une réponse pitoyable, car elle aurait pu saisir l'occasion pour tâcher d'y voir plus clair sur ce qu'elle voulait, justement. Mais elle avait sans doute un peu peur de le découvrir. Ainsi, tout prétexte étant bon pour éviter de se gêner davantage, elle lui proposa à boire. Il proposa une téquila, pour eux deux, et ça la tentait bien. « Allez, soyons fous » s'exclama-t-elle, plus détendue, avant de leur servir deux shots et de revenir vers le lit. Elle lui en tendit un, conserva l'autre et se rassit, plus près de lui, vraiment plus près. Et puis elle resta là, toute bête, sans plus bouger, sans même boire. Okay. Bon. « Tu me trouves désirable ? » finit-elle par souffler, sans oser le regarder, comme si cette question lui avait longtemps brûlé les lèvres mais qu'elle avait un peu honte de la lui poser. C'était une question "existentielle", ce soir. Peut être, oui. Disons qu'elle voudrait savoir si elle pouvait lui faire de l'effet, à un autre niveau que précédemment. Hm, oui, voilà. « Et là, si tu avais le choix entre boire ta tequila et m'embrasser, tu ... tu choisirais quoi ? » Oui, elle venait très sérieusement de lui poser cette question. Question qui, sans doute, devait être la plus saugrenue de toutes celles qu'elle avait pu lui poser. Honnêtement, elle en prenait doucement conscience, là, oui, de plus en plus. Haha, elle aurait presque envie de dire qu'elle plaisantait, mais, comment dire, elle se voyait mal mentir. « Remarque, un shot de tequila, ça ne risque pas de bouder. J'dis ça, j'dis rien. » Hein ? Vous dites qu'elle essayait de l’influencer ? Qu'elle voulait absolument un baiser ? Et qu'en plus, elle empirait son cas ? Voyons, ça n'était pourtant pas le genre de Mado, tout ça ... Hm.

A entendre Fitz, on jurerait que Mado ne pensait qu'au monopoly, qu'elle était bien décidée à en faire une partie, ce soir, dans cette chambre, avec lui. Alala, ce qu'il la connaissait mal. Parce qu'okay, elle avait évoqué le monopoly au jacuzzi, l'autre jour, mais aujourd'hui, il n'était pas nécessairement dit que Mado avait l'intention d'y jouer avec le jeune homme. Okay, la métaphore ne serait pas évidente à tenir sur la durée, hm. Parce que oui, il leur faudrait se remettre dans l'esprit de leur délire de la dernière fois, et il n'était pas dit qu'ils y parviendraient, là tout de suite. Parce que Fitz pouvait bien jouer les innocents et insinuer que Mado était la seule à avoir ce genre d'idées en tête, au moins, il voyait de quoi il était question. Il disait faire simplement le lien, lui, hein. « Oui bah je n'ai pas apporté le jeu, je suis désolée, il ne rentrait pas dans ma poche de jean » glissa-t-elle alors, en riant légèrement. Peut être était-ce une façon comme une autre de laisser tomber la métaphore, justement. Parce que bon, tout le monde savait évidemment à quoi servait traditionnellement une chambre comme celle-ci, à savoir, probablement pas à jouer au monopoly. Il y avait ce lit, cette ambiance particulière, et tant de choses intéressantes dans les tiroirs des tables de chevet ... D'ailleurs, il était certain que quelques candidats avaient déjà eu l'occasion de vérifier la fonction première d'un tel endroit. Mado, elle, était par ailleurs un peu embarrassée par tout ça, par le fait d'être ici, avec Fitz. Peut être que certains avaient interprété son choix de dimanche soir comme le désir d'aller plus loin avec lui, et il n'était effectivement pas exclu qu'elle puisse en avoir envie, dans un sens. Après tout, ils s'étaient rapprochés, et cela relevait du miracle pour quelqu'un comme Mado, alors peut être voudrait-elle voir s'il pouvait y avoir davantage. Ça n'était pas comme si elle ne le désirait pas, après tout. Mais Mado s'inquiétait quelques peu de savoir ce que Fitz pourrait en penser, lui. Elle ne voulait pas donner l'impression de n'attendre que ça, parce que Mado ne fonctionnait pas de cette manière, que ça n'était pas une idée-fixe, simplement quelque chose qu'elle gardait dans un coin de sa tête, qu'elle n'excluait pas. Il se montra rassurant, ne se ficha pas de sa gêne - bien qu'elle n'ait jamais douté du fait qu'il serait compréhensif - et lui fit comprendre qu'elle n'était forcée de rien, ce qui était vrai, et ce qu'elle savait. Ainsi elle se contenta de répondre brièvement et de se rendre jusqu'au mini bar pour lui proposer à boire. De la tequila pour chacun, ce serait très bien. Ainsi Mado revint jusqu'au lit, se rassit, lui tendant l'un des deux shots, avant de se risquer à une question qu'elle n'avait pas prévue, mais qui avait pu lui traverser l'esprit à plus d'une reprise. Là encore, que personne ne se méprenne, elle voulait simplement être fixée, peut être histoire d'être sûre que si elle tentait quelque chose, il ne la rembarrerait pas. La trouvait-il désirable ? Il se montra ironique, plaisantin, et fit d'ailleurs rire la jeune femme. Oui, bon, elle avait compris où il voulait en venir. Bien sûr qu'il l'avait embrassé, mais elle parlait de désir, d'un peu plus qu'une attirance. « Désirer quelqu'un, c'est peut être un peu plus fort, non ? » Non pas qu'elle ait absolument besoin d'être rassurée sur l'effet qu'elle pourrait lui faire, à un plus haut niveau, mais il est vrai qu'elle s'était quelques fois demandée si elle pouvait donner envie de plus, à lui comme à un autre, mais surtout à lui ... La suite, en tout cas, fut tout aussi saugrenue, puisqu'il était question d'un choix. Fitz choisirait-il de boire son shot de tequila, ou de l'embrasser ? Sa réponse fit sourire la jeune femme, qui mettait décidément les deux pieds dans le plat ce soir. « Bonne réponse » souffla-t-elle alors, en un sourire amusé. Et puis il lui fit savoir qu'elle devrait être plus sûre d'elle, et ses propos la firent peut être rougir bêtement. Mado était sûre d'elle dans beaucoup de domaines, mais pas dans celui-ci. Pas avec les hommes, pas quand l'un d'eux lui plaisait ...« J'aimerais, sincèrement, mais ... mais c'est compliqué pour moi, tout ça » articula-t-elle alors, dans un doux soupire. Elle aimerait être certaine qu'elle ne ferait pas tout foirer, pourtant, c'était exactement ce qu'elle redoutait à chaque instant. Elle le vit en tout cas se débarrasser de son shot, puis se rapprocher légèrement. Peut être la trouvait-il lâche de l'inciter à l'embrasser, quand elle pourrait le faire elle-même, comme au jacuzzi. Mais elle préférait être sûre que c'était ce que lui voulait, vraiment. Visiblement oui, car après l'avoir également débarrassée de son shot, voilà qu'elle sentit ses lèvres embrasser le coin des siennes. Un sourire les fendit, tandis qu'elle resta là, sans savoir quoi faire ou quoi dire. Et puis, finalement, elle se leva, tout doucement, ni pour couper court à ce début de baiser, ni pour fuir jusqu'au bar une seconde fois. Elle n'alla d'ailleurs pas très loin puisqu'elle resta simplement debout, face au lit, face à Fitz. Toujours doucement, elle s'assit sur ses genoux, à califourchon sur ceux-ci. C'était peut être maladroit, et un peu abusif, mais maintenant qu'elle savait qu'il préférait l'embrasser que de boire de la tequila - une grande victoire pour elle, oui oui - disons qu'elle n'avait plus envie de se refuser quoi que ce soit. Alors elle déposa ses lèvres sur les siennes, comme si elle tâchait vraiment de prendre confiance en elle. S'en suivit un baiser qu'elle voulut teinté d'envie, mais aussi de reconnaissance. D'ailleurs, lorsqu'elle sépara leurs lèvres, ce fut pour lui souffler un « Merci d'être ce que tu es » sincère et riche de sens. Elle pourrait se lancer dans des remerciements longs comme un certain film qu'ils avaient vu ensemble, mais peut être n'était-ce pas franchement nécessaire. Elle voulait juste qu'il sache, ou qu'il devine disons, qu'il était quelqu'un de formidable, à bien des niveaux, quoi qu'on en dise, quoi qu'il puisse parfois en penser. Si Mado était à ce point attachée à lui, ça n'était pas pour rien après tout.