“ that’s how a superhero learns to fly ”

w/eryk

S'il y avait bien une chose dont Percy ne se cachait pas, c'était de ne pas être quelqu'un de sportif. Il officiait pourtant principalement dans le domaine du sport, mais c'était une chose de gérer des paris et une autre de courir après un ballon. Lui, il était plutôt cérébral, et son esprit tacticien lui avait toujours été d'une plus grande utilité que le moindre exercice physique qu'il aurait pu faire, il en était certain. Du coup, lui qui avait comme la vague impression d'être coincé dans l'ascenseur, en venait à se demander comment il allait bien pouvoir se sortir de là. C'est que sortir par le dessus, on voyait surtout ça dans les films, et il suffirait que la machine se remette en marche au moment où il s'en serait extirpé pour qu'il le regrette rapidement. Mais dans un premier temps, il lui faudrait de toute façon trouver la force de se hisser au dehors de l'appareil, et ça n'était pas gagné quand on sait qu'il lui arrivait d'être essoufflé en montrant les escaliers, qu'il aurait peut être mieux fait d'emprunter aujourd'hui, d'ailleurs. Toutefois, il semblerait que l'ascenseur soit plus capricieux que véritablement défectueux, puisqu'au moment où il se surprit à envisager de sauter à pieds joints pour débloquer l'engin, tout sembla se remettre en marche, jusqu'à ce que les portes se rouvrent et qu'il constate qu'en plus d'être revenu au point de départ, il aurait dès à présent un peu de compagnie, puisqu'Eryk entra à son tour. Ce mec, il n'avait pas franchement l'air d'avoir inventé le fil à couper le beurre, mais il avait ce petit quelque chose d'assez impressionnant. Ça lui venait très certainement de sa taille, qui contrastait un petit peu avec celle de l'anglais. De quoi lui rappeler pourquoi il avait toujours évité de se retrouver à coté de lui. Posant sur son camarade un regard songeur, il se pinça les lèvres et s'adossa à l'une des parois. « T'es dans quel camps, au juste ? » lui adressa-t-il d'une voix on ne peut plus neutre, mais pas dénuée de sous-entendus. C'est qu'il repensait à ce qu'Akela avait montré, à cette scène où Eryk avait soigneusement rappelé à Jessica combien Isaac et lui étaient vilains de jouer à leur petit jeu sordide de compétition de points. Il s'était peut être bêtement imaginé que leurs camarades comprendraient que ça n'était pas bien méchant, tout ça. Mais si tous les mecs rafraîchissaient la mémoire des filles pour leur casser leurs coups, ça n'allait pas franchement le faire. Et la solidarité masculine, dans tout ça ?

Parfois, je peux être une vraie feignasse. Comme aujourd’hui. Au lieu de monter trois pauvres marches pour accéder à l’étage, je préfère prendre l’ascenseur. Je choisis le risque de me retrouver coincé à la sécurité des escaliers, tout ça pour avoir moins d’efforts à fournir. C’est que contrairement à ce que ma carrure pourrait laisser penser, je ne suis pas le plus grand sportif qu’il soit. Même si bon, ça va, je me défends. Je n’en suis pas au point d’être celui qu’on choisit toujours en dernier lorsqu’il y a des équipes à composer. Quoi qu’il en soit, en cette après midi, je pénètre dans l’ascenseur. Je me dépêche, avant que les portes ne se referment sur moi. Un autre candidat se trouve déjà là, Percy. « T'es dans quel camps, au juste ? » Je le regarde. Pas besoin de demander, quelque chose me dit que je sais très bien de quoi il parle. Sa petite compétition avec Isaac. Il a dû voir ma petite conversation avec Jessica. Si lui rafraîchir la mémoire concernant leur petit jeu sordide à permis de leur casser leur coup, je dois avouer en être quelque peu satisfait. Solidarité masculine, solidarité masculine…la mienne a ses limites. « Dix ans en arrière et j’aurais trouvé ça marrant… J’aurais même pu participer. » Autant l’avouer. Alors bon, ce n’est pas moi qui vais leur jeter des pierres, même si je n’approuve pas leur comportement. « Mais ma phase connard est passée depuis longtemps maintenant. » Oh oui, j’ai l’impression que c’était dans une autre vie. Dans quel camp je suis ? « Je suis pour le respect des femmes. » Tout simplement. « Elles méritent un peu mieux que d’être traité comme de vulgaires objets sexuels, tu ne trouves pas ? » Non ? « T’aurais une fille, tu comprendrais. Ça te remet pas mal de choses en perspective, crois moi. » L’idée qu’en devenant plus grande, elle tombe sur des types comme eux…ou comme moi à leur âge… Pour sur, je démolis la gueule de celui qui osera la blesser. Bon et sinon ça se trouve je suis complètement à côté de la plaque, et ce n’était absolument pas de ça qu’il parlait. D’un autre côté, quoi d’autre ? Je pense pas qu’il me demandait mon orientation sexuelle.

Si Percy interrogeait Eryk, c'est parce qu'il se demandait ce qu'il cherchait, en procédant de cette façon. Est-ce que ça le faisait chier, en tant que mec, que deux de ses camarades se lancent dans ce genre de petits jeux ? Est-ce qu'il craignait d'avoir moins de succès auprès des filles, de son coté ? Ou y'avait-il autre chose qui ait pu motiver son intervention auprès de Jessica ? A en juger par sa réponse, il semblerait qu'il ait en fait à faire à un mec prêt à défendre l'honneur de ces dames, et il trouvait qu'il dramatisait presque les choses en soi. « C'est qu'un jeu, tout ça, les filles devraient pouvoir en faire abstraction. Ou quitte à retenir quelque chose, elles feraient mieux de moins s'arrêter aux détails, et plutôt de se sentir flattées de faire l'objet d'une compétition. » Ouais, c'était comme ça qu'il préférait voir les choses, lui. A la base, aucune des filles n'aurait du être mise au courant du barème et de tout ce qui allait avec. Maintenant que chacune connaissait sa valeur, certains egos avaient été mis à mal, et c'était un peu stupide de prendre ça autant à cœur, d'après lui. « Et puis, la plupart auraient écarté les cuisses à un moment ou à un autre, de toute façon. Jusqu'à preuve du contraire, on sélectionne pas des nonnes si on tient un minimum à faire de l'audience. » Encore des propos qui risquaient d'être mal interprétés, mais qu'importe. Ce qu'il voulait dire, c'est que les candidates de télé-réalité étaient rarement là pour faire un beau mariage. Certaines étaient loin d'être bêtes, mais on ne choisissait pas ce genre de programme de façon anodine, a priori. Mais voilà qu'Eryk lui parla bientôt de sa fille, et du fait que c'était surtout elle, en soi, qui avait fait évoluer son point de vue. « Je vais finir par croire que les casteurs ont fait de la propagande dans les airs de jeux. » Parce qu'entre lui et Elsa, plus les quelques autres candidats qu'il avait vaguement entendu parler de leurs mioches, ça commençait à faire beaucoup de parents. Non pas que ça le dérange en soi, c'est juste qu'il trouvait ça assez dingue, vu la moyenne d'âge. « Je suis beaucoup trop nombriliste pour faire des gosses. » Il s'aimait trop, c'était un fait. Et puis, la mère, ce serait à tous les coups une fille pas très respectable, qu'il aurait connu un soir, comme tant d'autres. Faire un gosse par accident, ça faisait rêver personne, même pas l'anglais. « Y'a bien des jours où tu dois regretter celui que t'étais avant, non ? Ne serait-ce que pour les responsabilités que tu n'avais pas à l'époque. » Ou alors, Eryk était vraiment le genre d'hommes que la paternité changeait en tous points. Difficile pour lui de se l'imaginer, vu la façon dont son propre père avait vécu la sienne.

« C'est qu'un jeu, tout ça, les filles devraient pouvoir en faire abstraction. Ou quitte à retenir quelque chose, elles feraient mieux de moins s'arrêter aux détails, et plutôt de se sentir flattées de faire l'objet d'une compétition. » Hm mon dieu, il s’entend parler ? « C’est vrai qu’il y a de quoi être flatté… C’est à se demander même ce qu’elles attendent pour se jeter sur vous. » A ne rien y comprendre. C’est pas excitant d’être comparé à de la vulgaire marchandise ? Ils parlent du fait que de toute façon toutes les filles auraient écartés les cuisses à un moment donné ou un autre. A l’écouter, elles sont toutes dans le jeu pour ça. « Hm je crois qu’ils ont plutôt misé sur la casting gay pour faire de l’audience cette saison. » Ce qui me semble être un pari assez risqué, m’enfin. « Tu mets tout le monde dans le même panier. C’est fou ce que les filles doivent se sentir spéciales en ta compagnie. » Et puis à l’écouter c’est, oh allez quoi, elles allaient ouvrir les cuisses de toute façon, alors elles peuvent bien le faire avec moi, et me laisser gagner non ? « A mon avis ce concours, c’est surtout un bon moyen de se trouver des excuses aux râteaux que vous alliez prendre de toute façon. » que je dis dans un sourire. Je les ai grillé ! Bah ouais. En mode, si elles n’avaient jamais eu vent de notre conversation, c’est sur que l’affaire aurait été dans le sac, j’aurais emballé. Mais là rhooo zut, Akela est venu tout foutre en l’air c’est ballaut. J’évoque ma fille. Percy fait une remarque comme quoi on serait assez nombreux dans le jeu à en avoir. Mouais. Je crois qu’on est juste genre…3 ? Elsa, lou et moi ? Sur plus de 30 ce n’est pas franchement énorme. Bon après je suis peut être passé à côté d’autre personnes, y aurait d’autres parents ? L’est trop nombriliste pour devenir père. Au moins le reconnaît-il. « Un gosse serait peut être justement l’occasion d’être moins porté sur ta personne. » Cela peut changer un homme. « Y'a bien des jours où tu dois regretter celui que t'étais avant, non ? Ne serait-ce que pour les responsabilités que tu n'avais pas à l'époque. » Hm comment ose t’il me poser une question pareille ? On est filmé. « Bien sur que parfois je suis nostalgique de cette époque, ou tout était beaucoup plus facile… D’autant que mes enfants ont cette tendance à me rendre dingue. » Y en a ils ont des gosses tout mignon tout pleins. Les miens ? Oh oui physiquement ils le sont. Mais le caractère… Bon sang, parfois – souvent – j’aurais envie d’en prendre un pour taper sur l’autre. Ils me rendent chèvres. A vrai dire ils aliènent tout leur entourage. Si vous saviez le nombre de baby-sitters différentes qu’on a vu passé… Elles prennent toutes leurs jambes à leur cou au bout du compte. Et je les comprends aisément. « Mais je ne regrette pas de les avoir malgré tout. Ils sont peut être source de beaucoup d’emmerdes, mais tellement de bonheur aussi. »

Certains trouveraient certainement honorable qu'Eryk défende l'honneur de ces demoiselles, mais Percy, lui, trouvait que c'était dramatiser les choses que de les présenter sous cet angle. Après tout, cette compétition était un jeu avant tout, certes dénué d'une grande finesse, mais qui n'avait jamais eu pour but de heurter des susceptibilités. « Ah, toi aussi leur manque de reconnaissance te déconcerte ? De vraies ingrates, ces filles. » Allez, c'est bon, qu'on arrête d'en faire un drame. Parce que oui, quand on y pense, toute nana qui débarque dans le monde de la télé-réalité doit savoir que coucher est le meilleur moyen de faire parler d'elle, alors qu'elles ne jouent pas les prudes, pitié. Eryk, cependant, avança une théorie différente. « Moi-même, j'avoue qu'à la place des téléspectateurs, je vendrais mon âme pour voir une cohorte de métrosexuels se foutre la langue jusqu'au sternum. » Attendez, c'était carrément écrit sur sa tronche que ce genre de trucs constituaient chez lui de vrais petits plaisirs coupables. Car jamais il n'insinuerait que la Production regretterait vite d'avoir misé là-dessus, boh, franchement. « Je fais pas dans le long terme, ça limite les dégâts » fit-il en tout cas suite au commentaire de son camarade, qui avait certainement raison. Percy était bien le premier à reconnaître qu'il ne savait pas être correct avec les filles sur la durée. C'est en tout cas un rire franc qui lui échappa au moment où Eryk y alla de sa petite supposition. « Arrête, si ça avait pas fuité, on sait tous les deux que j'aurais à ce jour en ma possession autant de petites culottes qu'il y a eu de filles dans ce nid. » Est-ce qu'il croyait vraiment à ce qu'il disait ? Un peu, forcément, mais il en rajoutait un petit peu, parce qu'il préférait le prendre comme ça que de lui dire plus froidement qu'il ferait bien de draguer un peu plus au lieu de casser les coups les autres, lui. « Isaac, cela dit, j'en suis moins sûr. » Ouais, tant qu'à faire, il préférait laisser entendre qu'il s'en serait de toute façon mieux tiré dans l'histoire. L'anglais apprit alors par la suite qu'Eryk avait une fille, et il avait l'impression que beaucoup ici avaient des gosses. Ou peut être que ça lui faisait simplement drôle parce que des gosses, lui, il n'en fréquentait jamais. D'ailleurs, il ne se voyait pas en avoir, parce qu'il était toujours trop concentré sur sa petite personne pour tenir ce genre de rôles. « Peut être, ouais, comme tu dis. Mais je pense pas vouloir un jour prendre le risque de constater le contraire. Je veux pas suivre l'exemple qu'on m'a donné. » Parce qu'il savait ce que c'était que de se coltiner un père qui est prêt à refiler son gamin quinze jours à une quasi-inconnue pour son petit business. Percy avait hérité de la ténécité de son père au niveau des affaires, il ne voudrait pas se rendre compte qu'il avait aussi hérité de son absence de fibre paternelle. « Ah parce qu'en plus, t'en as plusieurs ? » Il avait parlé d'une fille, alors l'anglais n'avait pas pensé qu'il avait plusieurs gosses. Il lui confia en tout cas qu'en dépit du fait que ses enfants lui compliquaient parfois la vie, il n'échangerait pas sa vie de père contre celle qu'il avait eu avant. « C'est pour eux que t'es ici ? » Il s'étonnait presque lui-même de poser la question, mais il était forcé d'admettre que ce mec avait l'air d'être un bon père, et lui ça lui faisait potentiellement quelque chose, peut être parce qu'au fond de lui, ouais, il se disait que ce serait un but plus honorable que tous les siens, même s'il ne se l'avouerait jamais complètement.