+ En cette fin de septième semaine va commencer le huitième prime de l'émission et je suis nominée pour la deuxième et peut-être dernière fois, ou pas. Il est évidement trop tôt pour le savoir. Je peux partir ce soir, ou rester encore une semaine, voire plus si c'est ce que veulent les téléspectateurs. Étrangement, je ne suis pas stressée, j'ai juste perdu toute mon assurance et ma confiance en moi d'un coup, d'un coup d’œil, en me regardant dans le miroir dans ma petite robe, mes cheveux peignés, mes bijoux autour de mon cou, les lobes de mes oreilles, mes poignets, mes chaussures aux pieds, un sourire sur mon visage, un air absent et légèrement inquiet au fond des yeux. Je me sens prête à fouler à nouveau le sol du plateau, à m'asseoir dans un fauteuil à côté de n'importe qui, à faire n'importe quoi en attendant que le temps passe, pourvu qu'il passe vite et que je sois rapidement fixée sur mon sort. Mais je sais parfaitement que plus je voudrais savoir, plus le temps passera lentement. Je respire doucement en attendant que ce soit enfin l'heure d'entrer en piste. Je n'étais pas présente lors du dernier prime, mais je ne pouvais pas me dérober cette fois encore, je veux partir la tête haute si c'est ce qu'il doit arriver, je ne veux pas qu'on croit que je me cache, même si j'aimerais mieux ça à devoir m'en aller. Je suis bien ici, finalement, même si c'était quand même mieux au tout début, avec tous les autres. Ça sent de plus en plus la compétition, on en est à la moitié, ça va forcément commencer à se corser et c'est bien normal. Mais de toute façon, je ne serais peut-être plus en jeu pour m'en rendre compte, mais de l'autre côté de ma télévision, à regarder ceux qui sont restés en les maudissant, en prétendant qu'ils n'ont pas leur place dans l'aventure, que je devrais toujours y être. Oui, je me connais, je serai frustrée. Tous les éliminés doivent l'être, sans doute. Ou pas. Mais en fait, je n'ai aucune envie de savoir ce qu'on ressent quand on se fait éliminer. Je veux rester, je vais rester. Voilà, c'est comme ça qu'il faut penser. Et maintenant, il ne reste plus qu'à s'installer tranquillement en attendant n'importe qui pour fait n'importe quoi pourvu que le temps passe aussi vite que possible.

Ghika va à ce prime comme on va à l'abattoir. Il n'est pas sûr d'être super motivé pour passer la soirée à attendre les résultats. Au fond il s'en moque un peu de partir ou de rester. Bien sûr il préférerait rester, mais s'il doit partir, il doit partir, tout ce qu'il aimerait c'est qu'on le lui annonce vite. Il n'est pas angoissé, étrangement, il est impatient. On peut dire ce qu'on veut, il n'a aucune raison d'être inquiet, il n'a plus aucun pouvoir sur le choix des téléspectateurs, tout ce qu'il peut faire c'est attendre que le prime passe. Il sait déjà qu'il risque d'y avoir quelques vagues, parce que l'activité des notes que Cupidon leur a réservé est sujette à faire exploser des petites tensions chez les personnes les plus susceptibles et l'interview de Zoey va probablement être un moment amusant pour lui. Parce qu'il n'a plus besoin de jouer le rôle du mec se travestissant, il enfile un jean skinny noir, parce qu'il reste tout de même obsédé par sa courbe de poids et qu'un jean trop petit signifierait tout de suite une mise au régime, un tee-shirt en maille fine gris et un blouson en cuir noir. Le contact du cuir avec sa peau lui avait manqué, l'odeur du cuir lui avait manqué. Il enfile une chaîne en acier au bout de laquelle pend une plaque. Ce n'est pas le collier que lui a offert son gand-père mais ne rien avoir autour du cou lui semble trop étrange pour qu'il se pointe sans. Un bonnet noir sur le crâne, il débarque sur le plateau. Ce soir le mot d'ordre pour lui, c'est profiter des gens qu'il aime le plus. On ne sait jamais si les votants ont décidé de le renvoyer à Oxford il préfère passer ses derniers instants avec les gens qu'il apprécie vraiment et qu'il ne manquera pas de suivre une fois dehors. Il entre sur le plateau sans être passé entre les mains des stylistes, aujourd'hui il est lui-même à cent pour cent, il n'a pas besoin qu'on lui file un costume, sa tenue lui convient parfaitement. Si c'est son dernier prime, il l'affrontera en étant bien dans ses fringues pas en étant déguisé ou presque. Il retrouve Paloma, voilà une avec qui il accepte volontiers de passer ses derniers instants potentiels dans le nid. Ils ont commencé ensemble aux castings, ils finiront peut-être ensemble sur ce prime. Il lui prend la main, pour un peu de soutien parce qu'en pénétrant sous les projecteurs il sent son cœur se réchauffer et ses mains refroidir. « On se tire de là ? J'ai soif. » lui glisse-t-il à l'oreille, citant mot pour mot les paroles qu'elle lui avait adressées lors de la tombola des castings. C'est une sorte de blague entre eux. Alors qu'ils foulent le plateau ensemble Ghika lui demande : « Tu crois qu'ils vont être déçus de ma tenue ? » parce qu'il n'a pas été élu candidat le plus excentrique pour rien et que le voir habillé sobrement risque de surprendre plus d'une personne. Surtout sur un prime aussi capital pour lui.

Huitième prime. 'Déjà ?' vous me direz, eh bien oui, j'avais par on ne sait trop quel miracle réussi à survivre autant de semaines. Sept à mon compteur, ça n'était pas rien. Je m'étais même rendu plus loin que certains candidats que j'aurais vu aller au bout. Cela dit je n'allais pas me plaindre, non, loin de là même, j'étais sacrément content de mon parcours et n'aurais jamais imaginé survivre à non pas une mais deux nominations. Nous n'étions plus que dix huit, et encore ce soir, l'un d'entre nous allait nous quitter. Je me demandais comment aller Aaron après le départ de Jaheim, nous n'avions pas eu l'occasion d'en discuter. Vous dire que j'étais particulièrement touché par celui ci ? Pas vraiment non, Jaheim me semblait être un gentil garçon, mais clairement, je n'avais jamais été proche du blond. Encore ce soir, il y avait plusieurs candidats que j'appréciais qui étaient nominés, d'autant plus que je connaissais à peu près tout le monde, alors forcément, qu'importe le départ, ça allait être plutôt compliqué de les regarder s'en aller sans pouvoir rien faire. J'avais cette soirée là opté pour une tenue plutôt sympa, moins habillée mais c'était tout de même convenable pour un prime. L'avantage de ne pas être nominé, avant même de ne pas risquer l'élimination, c'était de pouvoir porter à peu près tout et n'importe quoi, sans que ça puisse paraitre comme un affront. Enfonçant ma sucette à la menthe entre mes lèvres, qui me faisait office de dessert, je prenais place sur l'un des canapés, une moue rêveuse. Mes prunelles observaient avec attention les tenues de chacun, et je remarquais que Ghika portait quelque chose d'un peu plus convenable. Ça lui allait franchement mieux, oui, il était mignon comme ça.

(+) TENUE

Je ne voulais pas venir, je ne voulais pas participer à ce fichu prime. J’avais d’ailleurs prévu de rester toute la soirée dans mon nouveau lit, ou peut-être même dans la salle de sport. Qu’importe. Je voulais être partout sauf dans la même pièce que tous les candidats. Ça avait été une mauvaise semaine, pour changer. Mais une fois sous la douche, je me dis que je ne peux plus continuer comme ça. Je ne peux plus continuer à déprimer pour ce qui s’est passé, il faut que j’aille de l’avant. Il faut que j’arrête d’imiter Alistair le croque-mort, et que je reprenne goût à ce jeu. Tant pis s’il fallait que ça continue sans Tilda. C’était dur pour moi, vraiment, mais je ne pouvais pas continuer à m’apitoyer sur mon sort. Il fallait que j’aille de l’avant. Alors finalement, changement de plan. Il fallait que j’arrête de me dégonfler comme ça. Une fois sorti de la douche, j’enfile un pantalon couleur camel, un t-shirt blanc, des baskets, je me coiffe même assez rapidement sans rien faire à ma barbe, comme d’habitude. Et je me rends sur le plateau, avec l’appréhension que les choses se passent aussi mal que la semaine précédente. Mais il fallait que je fasse face à ça comme un grand garçon. J’avais 28 ans après tout. Il fallait que j’arrête de chouiner. C’était la vie. Une fois sur le plateau, je regarde rapidement autour de moi. Ghika est en jean, ce qui me fait cligner plusieurs fois des yeux. Suis-je au bon endroit, ou dans un monde parallèle ? Je regarde rapidement Tilda sans rien dire ni rien faire, avant de vite détourner les yeux. Je n’avais pas le droit de faire quoi que ce soit. Et puis, je décide finalement de me diriger vers Adnan. «  Je peux ? » Je lui demande, en désignant la place à côté de lui.

Il n'était pas en retard, il était même totalement à l'heure et pourtant cela n'était absolument un gage de sa motivation concernant le prime qui se profilait ce soir. Mais ce n'était pas le moment de faire sa mauvaise tête, et pas non plus le moment de sécher comme un élève qui voudrait tenter une rébellion, parce qu'il y avait ce soir sur le banc des nominés trop de personnes qu'Andreja ne souhaitait pas voir éliminées maintenant. Il n'avait aucun contrôle là-dessus, il en avait parfaitement conscience, mais cela ne l'empêchait pas d'avoir son avis sur la question et de croiser discrètement les doigts tandis qu'il faisait son entrée sur le plateau du prime. Mortelle l'ambiance. Des yeux il avait cherché sa partenaire des yeux en se disant qu'elle serait parmi les premières arrivées, ayant sans doute hâte de pouvoir remettre les pieds à l'intérieur ... Mais elle n'était pas encore là. Qu'à cela ne tienne, remarquant Tilda assise dans un coin il avait décidé de prendre place à côté d'elle, en se disant qu'il gardait la place à côté de lui libre au cas où Pia finissait par pointer le bout de son nez. Ne demandant cette fois-ci pas l'avis de l'italienne pour venir envahir son espace vital, il s'était contenté de faire savoir « Tu pas sourire assez pour que je te laisse seule. » Non, à vrai dire elle avait même vraiment l'air de tirer la gueule et pour cette raison - et parce qu'il n'était jamais contre le fait de passer un prime avec elle - il avait décidé de faire du fait de la faire sourire son objectif à atteindre dans la soirée. Mais avant ça il n'avait pu s'empêcher de demander d'un ton hésitant « On est okay ... nous deux ? » Il était tenté de dire que oui, mais il avait toujours cette incertitude qui le mettait un peu mal à l'aise, alors autant être fixé. Et si elle lui répondait non ... ? Il n'aurait plus qu'à changer de place et aller se faire voir ailleurs, certes.

(+ tenue)

Huitième et peut-être dernier prime pour Alistair. À vrai dire, même si sa nomination ne lui a pas plombé sa semaine, il doit reconnaître qu’il part relativement défaitiste ce soir. Certes, l’élimination prématurée de Jaheim fait qu’il n’y aura qu’un sortant, mais il ne peut s’empêcher de penser que ce sera lui. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, il compte bien profiter de ce prime, si celui-ci s’avère effectivement être son dernier. De par son statut de nominé, il a fait le bilan de son parcours ici et bien qu’il ne dirait pas non à rester dans ce nid, il est plutôt satisfait des changements qu’il a opéré depuis qu’il est ici. Certes, il pourrait encore progresser en étant sauvé ce soir, mais dans l’ensemble, il est d’avis qu’il y a un réel contraste entre celui qu’il était lors du premier prime et celui qu’il est maintenant, bien qu’il ne soit toujours pas le plus sympathique ni le plus ouvert des candidats. Ainsi, s’il venait à partir ce soir, son seul regret serait sa cagnotte qui n’aurait plus lieu d’être, alors que l’argent est sa seconde motivation à sa participation ici. Quoi qu’il en soit et comme depuis plusieurs primes, il essaie de faire un effort vestimentaire bien qu’il opte pour la simplicité avec un pantalon noir et une cravate de la même couleur, ainsi qu’une chemise blanche. La seule touche de couleur provient de la veste – légèrement plus longue qu’à l’accoutumée – qu’il a enfilée, qui est d’un bleu clair bien que coupée de noir. Quitte à sortir ce soir, au moins qu’il montre qu’il ne s’en fout plus totalement de son aspect physique, hm. Il observe l’heure et réalise qu’à repenser à son parcours et à sa nomination, il en a oublié sa ponctualité. Il se dépêche de rejoindre l’extérieur, mais s’arrête avant d’entrer le plateau pour fumer deux cigarettes, car il est malgré tout nerveux. Une fois cela fait, il pénètre dans la pièce, se saisit d’un verre d’eau comme à son habitude et passe la pièce du regard, cherchant Mallaury. Celui-ci doit passer le prime avec lui, ils ont passé un accord à voix haute tout de même, ce n’est pas rien. Mais celui-ci n’est pas encore là, alors en l’attendant qu’il le rejoigne ou qu’un autre candidat se décide à venir à ses côtés – plus on est de fou, plus on rit – il prend place sur l’un des canapés encore désert, attendant sagement que le prime commence, non sans une certaine appréhension puisqu’ils ont dû s’évaluer et qu’Alistair ne sent rien de bon dans cette activité.
(tenue)