Elle doit bien le reconnaître, Ranja préfère la compagnie des hommes à celle des femmes. Il n'y a rien à faire, elle a beau essayer, sa vie a toujours tourné dans des sphères où les femmes n'avaient que peu de place. Elle fréquente des hommes en grande majorité, n'a qu'une poignée d'amies qui remontent au lycée. Ses journées consistent en une flopée de grands patrons, financiers, magnats de l'immobilier ou hommes politiques, les femmes desquels ont généralement un petit séjour au spa prévu. C'est à la recherche d'un des garçons qu'elle apprécie que Ranja entrait dans la chambre Elvis. Elle ne la fréquente pas beaucoup, elle y est entrée deux ou trois fois, mais elle n'y voit pas vraiment d'intérêt, se faire enfermer dedans ne représente pas une demi-heure de son temps bien dépensée. Mais parler avec Clarke ne semblait pas être un moment gâché. Alors autant faire un petit tour par là, voir si âme qui vive il y a. « Clarke ? » appelle-t-elle, histoire de ne pas s'engager à l'intérieur s'il n'y a personne -d'intéressant du moins-, on ne sait jamais quel genre de malheur peut arriver dans cette pièce. Personne ? Non ? Tant pis. Du mouvement se fait sentir pas loin. AH ! C'est lui. « Clarke ! » s'exclame-t-elle satisfaite. Avant même de lui laisser le temps de s'enfuir, elle se met à trottiner sur place, trente pas c'est tout ce qu'il faut pour se faire enfermer. Ranja réalise qu'elle doit donner l'impression d'être devenue folle. « AH-AH !  Je t'ai bien eu cette fois-ci. Tu peux plus m'échapper maintenant. » lui lance-t-elle avec un grand sourire et un doigt pointé dans sa direction victorieuse.

On ne pouvait pas dire que j'avais grand chose à faire ces temps ci. Il était à peine quinze heures, et je sentais déjà que les prochaines minutes allaient être sacrément longues, car oui, cela faisait bien une bonne demi heure que je tournais en rond sans même savoir ce que j'avais envie de faire. Tant pis. Au final, on faisait rapidement le tour du nid lorsque l'on y repensait, et toutes les activités avaient été épuisées de mon côté. Alors, j'avais décidé d'aller me détendre un peu dans ma chambre, me laissant chuter sur mon lit avant de fermer les yeux, mains derrière mon crâne, le soutenant sans réel confort. Je ne fermais que les yeux, oui, car j'étais bel et bien incapable de faire la moindre sieste, n'étant pas franchement du genre à pouvoir m'endormir n'importe où n'importe quand. C'était bien dommage d'ailleurs, lorsque l'on savait que j'avais plus d'une nuit à rattraper. Poussant un léger soupir, agacé de ne pas réussir à dormir, je me levais en un bond, m'apprêtant à quitter la chambre. Arrivant au niveau des grilles, c'est à ma grande surprise qu'elles se refermèrent juste devant moi. Je n'avais pourtant pas marché beaucoup pour les rejoindre, alors automatiquement, je m'étais retourné, découvrant une Ranja apparemment toute excitée, me disant que je ne pouvais plus lui échapper. « Je sais que le corps d'Istvan te manque, mais je ne pensais pas que tu pourrais te rabattre sur un morceau de viande bon marché. » m'amusais-je à rétorquer pour la taquiner. C'était elle qui avait commencé après tout.