Les journées étaient lourdes depuis le dernier prime, je m'étais peut être trop fait remarqué au point de m'attirer toutes les foudres des candidats, comme quoi une petite remarque et tout pouvait se retourner contre vous. J'étais donc nominé et vivais certainement ma dernière semaine dans l'aventure. Je ne me faisais pas d'illusions, bien qu'ayant été élu meilleur garçon de la semaine, je savais très bien que si les candidats ne m'aimaient pas, le public n'allait certainement pas me supporter. Je n'étais à la base certainement pas quelqu'un qui parle pour blesser ou même pour insulter quelqu'un, mes proches avaient d'ailleurs certainement du être surpris en regardant les enregistrements. Mais je savais pourquoi j'avais réagi comme ça et avec le recul je trouvais cela tout à fait absurde. Laissant mes affaires sur le sol, j'enfilais seulement un maillot de bain, prenais une serviette sur l'épaule et me dirigeais vers le spa, endroit que je n'avais jamais foulé, et que j'espérais, pourrait me détente, et chasser toute pression encombrant mon corps et mon esprit. M'asseyant un tailleur, je récitais différente prière en espérant qu'un Dieu quelconque m'entende, je devais avoir l'air ridicule mais je l'assumais complètement, après tout, qui reste t-il en dernier recours, d'autre que le Seigneur, ou un d'eux... du moins.

Gabriel avait été nominé d'office au cours du prime précédent, à cause de Maia. Pour être honnête, ça me faisait royalement chier. Je l'aimais bien Gabriel. Il était d'ailleurs un des seuls habitants que j'avais appris à connaître lors de la première semaine (bien que très furtivement). Enfin, pour résumer, j'aurais mille fois préféré que la blonde maigrichonne nomine quelqu'un qui m'était presque inconnu. Ca aurait été trop beau. Bref, j'avais passé une journée plutôt calme, pour ne pas dire morne. Souhaitant continuer dans ma lancée, je me dirigeais vers le spa, simplement vêtue de mon légendaire maillot de bain noir et enveloppée dans un peignoir. Contrairement à ce que je présageais, je n'étais pas la seule ce soir à qui cette idée était venue. Gabriel, puisqu'on en parle, était assis par terre et semblait prier je ne saurais exactement dire quel Dieu ou quelle divinité. Sans un bruit et pour ne pas troubler ses prières (dés fois que ça fonctionne, vous comprenez …) je m'assis en face de lui, si près que je n'eus qu'à me pencher pour pauser ma tête dans le creux de son épaule. « Si tu veux, je peux prier avec toi. » dis-je avec une voix rocailleuse, signe que je n'avais pas énormément ouvert la bouche aujourd'hui. Puis, armée d'un sourire mutin bien dissimilé, j'ajoutais : « Ou si tu veux faire d'autres choses, on peut faire d'autres choses, aussi. »

Dire que la solitude était pesante n'était pas totalement faux, d'ailleurs je me demandais comment tenir avec une moitié du nid qui ne pouvait plus me voir. En une soirée j'étais passé du stade du bon camarade grande gueule à celui de grande gueule à sortir au plus vite, record battu donc. J'étais nominé et je savais que mon aventure allait bientôt se terminait, pourtant je ne regrettais presque rien. Scrutant la noirceur, je laissais mon esprit divaguer vers les cieux. Je ne croyais pas en Dieu, non, mais un petit coup de main de sa part était le bienvenue, genre ajouter 20 000 votes à mon compte ou des trucs du genre. Puis j'entendis quelqu'un pénétrer dans la pièce, je continuais cependant à être aveugle, aveugle de toute chose. Finalement la personne déposa sa tête contre le creux de mon épaule avant de prendre la parole. « Si tu veux, je peux prier avec toi. » je reconnu instantanément cette voix, c'était Sigride, une des seule personne dans le nid qui ne m'en voulait pas pour ce que j'avais fait, dit ou était. Me terrant dans mon mutisme elle reprit alors la parole « Ou si tu veux faire d'autres choses, on peut faire d'autres choses, aussi. » Finalement mes yeux se rouvrirent alors que mon index passait sous la menton de la jeune femme pour relever sa tête. Puis mes lèvres se posèrent délicatement sur les siennes avant d'entamer un baiser passionné. Certes cela pouvait paraitre étrange mais c'était le seul réconfort que j'avais trouvé jusque là.

« Merci » murmurais-je finalement contre ses lèvres avant d'esquisser un sourire.

Son odeur était agréable. Ce n'était pas un parfum, ni même une odeur particulière sur laquelle j'aurais pu mettre un nom. Non, c'était simplement une odeur, banale, son odeur corporelle certainement. Étrangement, je lui trouvais quelque chose de réconfortant et d'agréable. Après avoir respiré ladite odeur quelques secondes, je sentis le doigt du jeune se positionner sous mon menton, me relevant la tête lentement. Puis, il posa ses lèvres sur les miennes et nous échangeâmes un baiser passionné et animé. C'était pour le moins étrange cette relation, ce besoin de trouver dés le début de l'aventure un pilier pour continuer, pour s'aider, sur lequel s'appuyer et avec qui partager. Oui, je crois qu'il n'en était pas conscient mais c'est comme ça que je voyais les choses de mon côté. Il me rassurait. Alors que, peut-être de son côté voyait-il les choses différemment. Je n'étais probablement qu'une jolie fille avec qui échanger quelques baisers, qu'une fille comme ça. Et quand bien même c'était ce qu'il pensait, ça ne me dérangeait pas. Après tout, tant que j'y trouvais mon compte, ça me convenait, et c'était le principal. « Merci » Murmura-t-il alors que nos lèvres étaient toujours collées les une aux autres. J'appuyais alors plus fermement ma bouche contre la sienne avant de décoller mon visage du sien. « Pour quoi ? » Puis, un sourire illumina mon visage et, ébouriffant ses cheveux, je pris la parole une seconde fois. « C'est bizarre quand on y pense non ? Gabriel. Gabriel c'est un prénom qui fait plutôt … sage, calme, réfléchit. Un prénom d'ange en fait. Et toi, l'unique, le vrai Gabriel, t'as l'air ni sage, ni calme, ni réfléchit. Enfin après je dis ça, mais ça serre à rien en fait ce que je dis. Puis moi je m'appelle Sigride, et on s'en fout puisque personne ne sait d'où il sort ce prénom. Même sur internet ils savent pas. Peut-être que mon prénom n'existe pas en fait. Peut-être que je n'existe pas. » Visiblement, je fatiguais. « Oula, tu devrais m'arrêter quand dis des trucs comme ça tu sais. D'ailleurs t'as compris ce que j'ai dit ? Parce que moi non. C'est flippant quand même. Oh non arrête-moi arrête -moi ! »

La jeune femme ne tarda pas à reposer es lèvres sur les miennes avant de reprendre la parole. Elle avait prolongé le baiser ce qui était plutôt étrange puisqu'au final, nous ne nous connaissions pas réellement, ou du moins pas autant que nous l'aurions voulu.

« Pour quoi ? » me demanda t-elle. Songeur je finis par lui répondre « Pour être là. »

Puis elle ne tarda pas à reprendre la parole tout en m'ébouriffant les cheveux, chose que je ne tardais pas à corriger en passant une main dans ceux ci, j'avais tout eu horreur que l'on y touche, non pas que j'étais un fétichiste de la tignasse ou quoi, mais simplement que je n'aimais pas que l'on me prenne pour un enfant, chose que je n'étais de toute évidence plus. « C'est bizarre quand on y pense non ? Gabriel. Gabriel c'est un prénom qui fait plutôt … sage, calme, réfléchit. Un prénom d'ange en fait. Et toi, l'unique, le vrai Gabriel, t'as l'air ni sage, ni calme, ni réfléchit. Enfin après je dis ça, mais ça serre à rien en fait ce que je dis. Puis moi je m'appelle Sigride, et on s'en fout puisque personne ne sait d'où il sort ce prénom. Même sur internet ils savent pas. Peut-être que mon prénom n'existe pas en fait. Peut-être que je n'existe pas. Oula, tu devrais m'arrêter quand dis des trucs comme ça tu sais. D'ailleurs t'as compris ce que j'ai dit ? Parce que moi non. C'est flippant quand même. Oh non arrête-moi arrête -moi ! »

« Fais attention je vais me vexer. Sigride est un très beau prénom. Pour ce qui est de mon prénom, je ne suis peut être pas aussi diabolique que j'en ai l'air, peut être qu'au final tout cela n'est qu'une coquille à briser. Ou peut être que non, je ne sais pas, je ne dois pas le savoir. » la coupais-je avant d'afficher un sourire radieux.