Le gros problème d'être dans un hôtel avec bien trop de liberté ? C'est que vous avez accès à tout et que vous pouvez faire tout ce que vous voulez. Ce n'était donc pas étonnant que Catalina aille trainer dans le cellier, dans l'espoir d'y trouver quelque chose à grignoter rapidement pour combler un petit creux. Elle était en train de fouiller une étagère, recherchant ses gâteaux préférés qu'elle avait planqué, quelques jours plus tôt, lorsque la porte s'ouvrit et qu'elle entendit quelqu'un la saluer. Il s'agissait de Lennon. Un fin sourire s'élargit sur ses lèvres. « Lennon. » le salua-t-elle simplement en se retournant vers lui. Elle s'approcha rapidement de lui, ne sachant trop ce qu'il allait en penser, c'était d'ailleurs fait exprès pour le déstabiliser. Arrivée tout près de lui, limite elle était totalement collée à lui, elle plongea ses iris dans les siennes, fixant ses yeux comme si elle voulait voir le plus profondément en lui. Toujours son regard dans le sien, elle tenta de noter chaque petit détail de ses yeux sombres. Puis elle sourit, en se reculant de quelques centimètres, sans pour autant quitter son regard. « Maintenant, je vais pouvoir confirmer à ta copine qu'elle a raison et que tu as effectivement de très jolis yeux. » lança-t-elle. Oui, tout ça, juste pour pouvoir embêter la petite Maelys et pouvoir lui dire qu'elle connaissait parfaitement bien son regard. Elle était sincère malgré tout, il avait de jolis yeux.

Étonnamment, oui, elles avaient parlé de ses yeux. Pas tellement, juste le temps d'une expression pour Maelys et le temps d'une touche de provocation pour Catalina. Si elle pouvait remettre ça sur le tapis avec la rousse, pourquoi pas. Elle aimait bien la provoquer un peu, c'était toujours amusant, tant qu'elle répondait. « On a vaguement abordé le sujet avant de se battre dans une marre de boue. » railla-t-elle brièvement.
Lennon finit de se goinfrer, dégagea le paquet de gâteaux et réduisit à nouveau l'espace qui les séparait. Que pensait-elle de lui ? Elle croyait avoir été assez clair jusque-là. Mais soit. « Je pense que tu es quelqu'un d'intelligent. Que tu es là pour gagner et que tu ferras tout pour ça. Y compris manipuler la première naïve qui passe. Et je pense que tu ne parles pas beaucoup, mais que tu sais quand même un bon paquet de choses. » annonça-t-elle en un sourire, sans détacher ses yeux des siens. « J'ai tout bon ? Ou bien tu vas me dire que tu es réellement amoureux de la petite rouquine ? Ça tuerait tout ton côté sexy si c'était le cas. » souffla-t-elle alors, n'oubliant pas de le provoquer un peu au passage. S'il voulait tenter de l'embrouiller, c'était maintenant. De toute façon, elle réussissait sûrement déjà à mettre le bazar dans sa tête toute seule. Un peu plus ou de moins, ça ne changerait pas grand chose. Elle finirait bien par cerner Lennon, à un moment ou un autre, elle en était certaine.

Ah, ses hommes. Toujours à l'affût d'un combat dans une marre de boue. Trop prévisible. Elle l'aurait sûrement prévenu, si petit un, c'était réellement arrivé et si petit deux, elle avait pensé à Lennon durant l'hypothétique combat. Elle imaginait que si elle s'était battue avec Maelys, peu importe le prétexte qu'elles auraient trouvé pour ça, elle aurait sûrement fait en sorte d'amocher au maximum la demoiselle, elle n'aurait pas été dans ses pensées une seconde. Ou alors, uniquement pour trouver où lui assener un nouveau coup.
Il avoua, au grand désespoir de la blonde, qu'il tenait à Maelys. Genre, pour de vrai. Elle resta impassible face à cette confession. S'il voulait aimer la petite rousse, très bien. Il retombait bien bas dans son estime tout de même. Lennon demanda confirmation quant au fait qu'elle le trouvait sexy. Il avança d'un pas, ce qui la fit reculer légèrement. Pas le moins du monde déstabilisée par ce mouvement, elle réduisit encore un peu plus l'espace qui séparait leur deux corps. Elle leva les yeux vers lui, fixant en alternance ses lèvres puis son regard. « Beaucoup moins maintenant. » sourit-elle. Elle l'avait pourtant prévenu, que le fait de s'être entiché le rendait moins sexy. Elle continua de le fixer, faisant une révélation à son tour. « Je suis déçue. Je pensais vraiment que tu étais un manipulateur. Tu vas perdre tout intérêt à être le copain de Maelys. Justement parce qu'ils ne chercheront plus à comprendre si tu joues ou non, tu seras juste le gars amoureux. En tout cas, tu perds tout intérêt à mes yeux. » ronronna-t-elle avant de détacher son regard du sien. Oui, c'était décevant. Peut-être était-elle la seule à le voir comme un manipulateur. Mais maintenant qu'elle ne pouvait plus que le voir comme le copain de la petite rouquine, c'était incroyablement... sans intérêt.

« Ne penses-tu pas que si quelqu'un doit trouver ton secret, il vaut mieux que ça soit maintenant et que tu puisses ensuite avoir une cagnotte sans avoir la peur que qui que ce soit te la pique au dernier moment ? » rétorqua-t-elle, sur le même ton que lui. Bien sûr, elle savait que le jeu consistait à garder son secret le plus longtemps possible. Parfois, il faut juste revoir ses priorités. A défaut que son secret ne soit jamais découvert, elle préférait qu'il saute maintenant et que personne ne puisse toucher à sa cagnotte plus tard. C'était une question de point de vue. D'autant plus que se faire oublier des habitants, c'est aussi se faire oublier du public et ça peut être une très mauvaise chose.
Il s'éloigna lors de la jeune femme, d'un seul coup sans prévenir, ce qui surprit Catalina. Dommage. Elle aimait plutôt bien comment ils se tenaient face à l'autre. Cette proximité était alléchante. « Je peux toujours t'embrasser, si ça peut te consoler. » dit-elle, malicieuse. C'était une idée comme une autre, bien qu'elle se doutait qu'il refuserait. Vous savez, « pour Maelys ».

« Je suppose que c'est un risque à prendre. » dit-elle, haussant les épaules. C'est sûr que si Cupidon ne donnait pas assez de missions, ça foutait la merde pour ceux dont les cagnottes étaient bases. Il y avait, cependant, beaucoup de chances qu'une cagnotte vide se renfloue avant la fin. D'autant plus lorsqu'ils étaient rendus si peu loin dans le jeu. C'était tout aussi bien de garder son secret jusqu'à la fin c'est sûr, si on arrive à vivre avec un tel poids sur les épaules, c'est tout aussi bien. Mais voilà le truc: faut-il encore vivre avec.

Alors celle-là, elle était pas mal. Catalina pouffa, incrédule. Le Lennon, il en tenait une couche. Le fait que des caméras se cachent dans tous les coins, c'est ça qui l'empêchait de faire ce qu'il souhaitait ? Waouh. « Oh, donc tu peux être infidèle tant que ta trahison n'est pas filmée et prête à être diffusée ? Intéressant. En plus d'être un connard, tu es donc un lâche. » dit-elle d'une voix dégoulinante de sarcasme. N'allez pas croire qu'elle était blessée de ce refus – elle ne l'était pas – elle s'étonnait juste de savoir qu'il était ce genre de gars.