Entre la cuisine et moi, ce n'était pas une grande histoire d'amour. Je pensais même qu'elle m'en voulait d'avoir mis le bazar la semaine dernière en essayant de faire quelque chose de potable à bouffer. Je m'en étais sortie qu'avec une soupe, en plus, le truc ringard. Depuis, je n'allais plus à la cuisine sans compagnie, je devenais même pot de colle à certains candidats - dans mon intérêt, bien évidemment - C'était le cas d'Ulysse. En même temps, ce jeune homme eut la mauvaise idée de m'avouer qu'il était pâtissier, par conséquent, la cuisine, il connaissait. Pâtissier, charcutier, boucher, ça voulait dire la même chose pour moi, je ne connaissais pas la différence. S'il savait faire des gâteaux, il savait donc cuire un steak, enfin, j'avais un doute, on ne mettait pas ces choses dans le micro-ondes ? Peu importe. Le jeune blond se trouvait déjà dans la cuisine, qu'est-ce qu'il était parfait, il était en avance - même si nous n'avions pas rendez-vous - , tout ce que j'appréciais chez les autres. Je m'étais saisis d'un couteau avant de le regarder d'un air menaçant. « J'ai faim. » En gros fais-moi à bouffer. Je mets le couteau en direction du pâtissier tout en m'approchant, c'était digne d'un film horreur, cette action. Il devait se détendre, je n'allais pas le tuer, je posais le couteau dès mon arrivée vers ce dernier. « Et si tu prenais ça, comme un service. » Que je chuchotais à l'oreille du jeune homme. Je sortais ses propres arguments, il n'avait aucune raison de refuser, bien évidemment je savais que je lui devrais quelque chose dans un avenir proche. Ça marchait comme ça entre nous, c'était donnant-donnant.

Les talents de pâtissier du jeune Italien commençait à s'ébruiter dans le nid d'amour et clairement, il ressentait les conséquences. Non mais ça va hein, c'est pas parce qu'il sait faire des beaux et délicieux -parce qu'ils étaient délicieux- desserts qu'il savait faire des plats raffinés et compliqués. Il savait cuisiner, ça il va pas le contredire, mais ça ne veut pas dire qu'il cuisinait des plats exceptionnels. C'était pas son domaine. Mais Dior ne semblait pas saisir la subtilité. « J'ai faim. » qu'elle balance d'un air menaçant, en plus armé d'un couteau. Et en plus elle se rapproche. A vrai dire, Ulysse n'a pas réellement peur. Qu'est-ce qu'elle va faire franchement avec ce couteau ? Y a plus de risque qu'elle se blesse elle-même. D'ailleurs, c'est plutôt pour ça qu'il la fixe jusqu'à qu'elle le lâche, et non pas pour sa sécurité à lui. « Et si tu prenais ça, comme un service. » Il sourit en coin. « Et j'aurais quoi en échange ? » qu'il répond, les bras croisés, tout à fait sérieusement comme un : tu crois pas que je vais faire ça gratuitement. Et aucun rapprochement à faire avec l'attitude habituelle de la jeune femme, non non, ce n'est pas du tout une parodie... « C'est bon, je te l'a fait ta bouffe. » qu'il fait finalement en levant les yeux au ciel. Il fait passer ce service comme une corvée, alors qu'au final, il était déjà en train de cuisiner donc pour un ou pour deux, ça changeait pas grand chose. Mais faut bien qu'il lui montre l'exemple. Après tout, c'était lui qui lui avait dit de lui faire confiance la dernière fois. Bon, elle n'avait pas voulu. Cette fois, les rôles étaient inversés et il ne pouvait décemment pas refuser. Ce serait hypocrite de sa part. « J'étais en train de faire une pizza. Si tu veux qu'elle soit bonne, je te conseille fortement de m'aider... » Là il lui tend une perche pour lui rendre son service en quelque sorte, à elle de la saisir. En plus, c'est tout dans son intérêt si elle veut bien manger ce midi. Une pizza pour un italien, pas très original je vous l'accorde. Dior pouvait en effet voir qu'il préparait une pizza. Il s'était déjà chargé de la pâte ce qui se voyait assez avec la farine qui salissait un peu son front, ainsi que le coin de ses lèvres. « Qu'est-ce que t'aimerais comme garnison ? » Il n'y a pas de limite à la garnison d'une pizza mais Ulysse sera là pour intervenir s'il pense que deux éléments n'iraient pas bien ensemble.

Mes employés me manquaient, alors dès que je trouvais une personne pouvant combler mes désirs, je ne le lâchais plus. La preuve avec Ollie-Blake, il allait me trouver collante à force de toujours lui demander les choses. Je n'y pouvais rien, c'était l'habitude de toujours me faire servir par une tierce personne. Étant donné que nous ne changeons jamais nos habitudes selon l'endroit où nous vivons, j'allais faire de même dans le nid d'amour de Cupidon. Ollie-Blake m'aidait pour les tâches plus personnelles, tandis qu'Ulysse, c'était la cuisine. C'était mon cuisinier de l'aventure. Un peu plus chiant et difficile à corrompre que le jeune brun, j'étais forcée de faire un truc pour lui en échange, il avait de la chance que je ne savais pas cuisiner. « Et j'aurais quoi en échange ? » Il ne pensait qu'à ça. Je croisais les bras en faisant ma boudeuse. Bon, j'en avais rien à faire, mais devais-je lui rappeler qu'il m'avait fait une remarque à cause de ça. « Qu'est-ce que tu peux être égoïste, tu ne penses qu'à toi. » Bon, j'étais certainement pas la mieux placée pour lui dire cette phrase, d'autant plus que je lui avais fait la même chose. Peu importe, on ne faisait pas ça avec moi. « C'est bon, je te l'a fait ta bouffe. » Il avait intérêt. Je sautais sur place en tapant des mains telle une gamine, mais il devait sûrement remarquer l'ironie sur mon visage. J'étais contente, certes, mais il ne fallait pas en faire tout un plat. « T'es un amour, tu le sais ça, je suppose. » Bien sûr qu'il le savait. Sur ce, mission accomplie. Qu'est-ce que c'était facile, il n'était pas si difficile que ça le jeune blond. Je me posais sur le tabouret tout en sortant mon tube de vernis de ma poche - du vernis l'Oréal à dix euros, le tube, quoi - Je comptais le regarder faire, ce dont je m'y attendais le moins, c'était sa demande. « J'étais en train de faire une pizza. Si tu veux qu'elle soit bonne, je te conseille fortement de m'aider... » Je m'arrêtais net. Mes yeux se posèrent de nouveau sur le jeune homme, je me demandais s'il était sérieux. Il ne voyait pas que j'étais occupée ? Je venais seulement de faire le petit doigt qu'il me demandait un service. « Chéri, je me fais les ongles. Tu ne peux vraiment pas faire ça tout seul ? » Que je lui demandais en ayant l'air douce. J'étais gentille quand je le désirais et puis, c'était lui le cuisinier de la baraque, il n'avait pas besoin d'aide, normalement. À moins que ce soit un faux cuistot, peut-être. Tout pouvait être possible dans cette baraque. « Qu'est-ce que t'aimerais comme garnison ? » Ça avait fait tilt dans mon cerveau. Je venais de me rappeler qu'il faisait une pizza. C'était ce que les pauvres pouvaient se payer, non ? Je fis tout de même une suggestion au jeune homme. « Il y a un restaurant à New-York, le Norma's qui font l'Omelette 'Zillion-Dolar Frittata', ça coûte 1000 dollars, mais je sais que je n'aurais plus faim jusqu'à demain matin après avoir mangé ça. C'est simple, c'est des oeufs brouillés, du homard ainsi que du caviar, tu verras, c'est un délice, c'est facile à faire, c'est ... c'est un peu trop demandé, c'est ça ? » Je fis une petite moue, je n'aurais donc pas mon omelette à 1000 dollars made in Fake Lover. « Va pour la pizza, par contre, je ne sais plus trop ce qu'on met sur une pizza. » Ça devait faire au moins dix ans que je n'avais pas mangé ça.

« Qu'est-ce que tu peux être égoïste, tu ne penses qu'à toi. » Ulysse émet un léger rire. Ah ça pour être égoïste, c'est sur qu'il l'était le blond. Vraiment, il abusait... Mais non, il plaisantait de toute façon. « T'es un amour, tu le sais ça, je suppose. » Il lève les yeux au ciel. « Ouais, ouais... » C'est pas avec ces doux mots d'amours qu'elle va s'en tirer. Elle est au courant que ça ne marche pas sur Ulysse ? Ou juste un petit peu alors. Il la regarde s'assoir tranquillement, incrédule. Ah mais elle croyait qu'il avait fini ? Non parce qu'effectivement, il avait dit qu'il allait lui faire sa bouffe, mais pas sans aide de sa part hein. « Chéri, je me fais les ongles. Tu ne peux vraiment pas faire ça tout seul ? » Comme réponse, il s'approche d'elle et il lui confisque son vernis, ferme mais sans être violent. Hm, à croire qu'il va devoir sévir, forcer un peu pour qu'elle daigne faire quelque chose. Et franchement, c'était rien ce qu'il lui demandait. C'était même dans son propre intérêt : choisir la garnison. Mais elle lui parle d'un restaurant, d'une omelette avec du caviar et d'autres choses extravagantes... Est-ce que c'était trop demandé ? « Un petit peu oui. » qu'il répond avec le sourire. Elle est vraiment... incorrigible mais c'est assez drôle. « Va pour la pizza, par contre, je ne sais plus trop ce qu'on met sur une pizza. » Grand sourire. Non mais laisse tomber ma cocotte, t'y échapperas pas ! Il ouvre la porte du cellier, ainsi que le frigo et d'autres placards de rangement. Il ouvre tout. « Ça tombe bien, tu mets ce que tu veux... Donc je te laisse cinq minutes pour mettre sur la table les ingrédients. » Il croise les bras, s'appuie contre la table en la regardant. Oui, il est tout à fait sérieux et ça sert strictement à rien de le défier du regard. « Sinon je mettrais les trucs les plus pauvres que je trouve. » Est-ce que ça va vraiment marché cette menace ?