Écoutez-le donc faire sa victime. Je lève les yeux au plafond sans m'en cacher, il me fait rire mais j'ai envie de roter alors je me retiens d'ouvrir la bouche avant qu'il ait fini. « Oh toi qui est si doux, si courtois, si galant, si aimable au point de me laisser ton lit pour la nuit. Oh oui, toi. » Je disserte alors en prenant une voix perchée et un air hautain qui serait presque crédible si je n'avais pas la figure décomposée par l'alcool. « Quelle monstre de femme je suis de gifler un homme si innocent, je pense que je devrais t'offrir mon corps en gage de pardon. » Je continue ironiquement avant de lui donner une tape dans l'épaule. Décidément le pauvre, je le martyrise.. Je le vois se frotter la joue, je sens mon cœur se fendre à la vue de sa bouille de gosse mal léché, il est tellement attendrissant qu'on en oublierait presque toute la sauvagerie qu'il inspire aux premiers abords. Je réfléchis un bref instant, me demandant comment le consoler, lui qui a tellement "mal". « Allez pleure pas petit ange, je peux te faire un bisou magique si tu veux... » Je lui souris tendrement et me penche près de sa joue pour y déposer un léger baiser, me blottissant contre lui l'air de rien et sans vraiment en prendre conscience.

« Oh toi qui est si doux, si courtois, si galant, si aimable au point de me laisser ton lit pour la nuit. Oh oui, toi. » Bon sang, cela en était effrayant à quel point elle m'avait si bien cerné, en si peu de temps. Elle venait ni plus ni moins de dépeindre mon portrait à la perfection. Courtois, doux, galant, c'était tout moi ! Pour se faire pardonner de sa cruauté, à savoir frapper une pauvre âme innocente et pure comme moi, elle me proposa son corps.  « Je n'en demandais pas tant, mais si tu insistes » Je ne pouvais décemment pas refuser une telle offre. Cela serait lui faire injure. Elle me donna alors une tape sur l'épaule. Ah bon, quoi ? Elle n'était donc pas sérieuse ? Moi qui avait déjà commencé à imaginer ce que je pouvais en faire...Snif. Mais finalement, la blondinette craqua. Aaah je savais qu'elle ne pouvait pas me résister. Pas face à ma bouille adorable.  « Je veux bien oui » répondis je de ma petite voix. Un bisou ! Un bisou ! Un bisou ! Bon calmons nos ardeur, ce n'était que sur la joue, mais tout de même. Là elle venait de faire de moi l'homme le plus heureux de la terre, oui oui rien que ça. Oh attendez ! Je rêvais où mine de rien, elle venait de se rapprocher ostensiblement de ma personne ? Plus que ça même ! Jusqu'à se blottir contre mon corps. En même temps ça se comprenait, qui n'avait pas envie de rejoindre mes bras forts et rassurants (a) ? En attendant c'était dangereux ce qu'elle faisait là... Ou peut être voulait elle honorer sa parole ? Après tout elle m'avait offert son corps, non ? En tout cas, il faisait extrêmement chaud, je confirmais. Je n'osais plus bouger la moindre parcelle de mon corps. Valait mieux pas.

Je me demande comment j'en suis arrivée à me retrouver contre lui, moi qui me montrais si réticente à tous contacts au début de notre rencontre impromptue. J'essaye de me convaincre que c'est le creux du matelas qui m'a fait glisser à lui sans que je ne puisse résister, du moins c'est ce que j'espère en le sentant se crisper à mon contact. Est-ce qu'il a un problème? Je lève un peu les yeux dans l'obscurité, il n'a pas bougé les bras d'un poil, j'ai l'impression que ma présence lui ait quelque peu indésirable alors qu'il paraissait s'en réjouir deux secondes plus tôt. Peut-être que mon élan d'affection tactile qui caractérise généralement mes états d’alcoolémie aigüe l'embarrasse, je me sens rougir inévitablement et me redresse un peu moi aussi. Je dépose maladroitement ma main sur sa taille puis son ventre plat, le caressant machinalement du bout des doigts avant de me rendre compte du geste en question. Bon. Je tend le cou pour mieux lui faire face, m'humidifie les lèvres. « Est-ce que ça va? Je peux aller dormir ailleurs si tu préfères attendre Esther. » Je murmure comme si la chambre était actuellement pleine de ronfleurs. Après tout je lui ai imposé ma personne sur son territoire, ce que je n'aurais moi-même que très moyennement apprécié en pensant que notre lit est bien le seul endroit qui nous est assigné personnellement dans la maison. Maintenant je vais mieux, je peux partir c'est certain, quand bien même je me sens bien présentement sous cette couette et que j'ai plutôt la flemme de me bouger les fesses.

Madeleine sembla trouver suspect mon absence de réaction. Elle se redressa légèrement, en posant sa main sur mon ventre. Voilà même qu'elle le caressait du bout des doigts. Hmm voulait elle ma mort? C'est ça, elle trouvait marrant de me torturer ? Ce n'était pas sa présence qui me dérangeait, bien au contraire. C'est que justement, ça me plaisait un peu trop. Avais je besoin de vous rappeler que j'étais un mec ? Alors tout mec normalement constitué ne pouvait rester insensible face à ses charmes. Il ne fallait surtout pas oublier que nous étions à moitié nu. « Est-ce que ça va? Je peux aller dormir ailleurs si tu préfères attendre Esther. » Esther qui ? De qui elle me parlait ? Ah ma partenaire oui. Elle était bien loin de mes pensées à l'heure actuelle.  « Mais je vais très bien je te remercie. » Ouais ouais. Je suis juste à deux doigts de te sauter dessus, mais à part ça. N'empêches, on serait dans la vie de tous les jours, je n'aurais pas pris autant de considération. J'aurais laissé libre cours à mes pulsions sans soucis. Et me serait peut être prit une baigne, mais là n'était pas la question. Alors, si je voulais qu'elle parte ?  « C'est toi qui vois. Tu veux prendre le risque que je te saute dessus dans deux minutes ? » lui demandais je, direct. Comme ça c'était clair. Elle était prévenue.

« Tu es malade? Tu m'as l'air bizarre. » Je ne peux m'empêcher d'observer naïvement en glissant une main derrière mon oreille, de façon à dégager les mèches de cheveux qui obstruent ma vue. Il m'annonce alors avec un naturel déconcertant qu'il risque de me sauter dessus à tout moment si je continue à me comporter ainsi avec lui. Quoi? Me sauter comment? J'arque un sourcil, l'information tarde à faire son chemin vers mon cerveau épongé par la goutte. 1... 2... « Nooooooooooooooon? » Je m'écrie soudainement avant de plaquer ma main sur ma bouche, réalisant enfin à quel point j'ai pu me montrer stupide jusqu'à maintenant. J'hésite à retirer les doigts qui jouent depuis quelques secondes déjà sur son nombril et décrète qu'il serait plus sage effectivement de m'exécuter, les ramenant contre ma poitrine à demi-nue. Je le fixe les sourcils froncés, perdue dans mes pensées. Dans mon état normal, je n'aurais pas hésité une seule seconde à brandir un crucifix devant son slip, mais l'alcool inonde mon esprit d'images qui ne l'avaient même pas approché d'un kilomètre auparavant. Ne pouvant décemment plus feindre l'innocence, je me décale poliment sur le côté de quelques centimètres. Nos bras se frôlent toujours mais le contact porte nettement moins à confusion il est vrai. « Si monsieur ne se sent pas capable de contrôler ses pulsions primaires, il est effectivement préférable que l'on dorme chacun de notre côté. Bonne nuit... » J'esquisse un petit sourire, passe une main sur sa joue pour m'excuser encore une fois de cette petite gifle et pose finalement ma tête sur mon oreiller, lui tournant le dos à "contre-coeur". J'ai rarement eu l'occasion de tâter des bras aussi confortables, dommage.

La jeune femme ne semblait pas comprendre. Halala elle était bien naïve. Je me devais donc de lui éclairer la situation, puisqu'elle ne semblait pas saisir d'elle même. Et autant dire que je n'y allais pas par 4 chemins. Là, cela ne pouvait être on ne peut plus clair. L'information sembla mettre quand même du temps à attendre son cerveau. Et là, tout à coup un éclair de lucidité se fit dans son esprit. C'était drôle de voir qu'elle en était limite choquée. Cela ne devrait pas être si surprenant que ça pourtant.  « Siiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii » répliquais je de la même manière qu'elle. La demoiselle retira finalement sa main baladeuse et se détacha de mes bras pour se remettre à mes côtés. « Si monsieur ne se sent pas capable de contrôler ses pulsions primaires, il est effectivement préférable que l'on dorme chacun de notre côté. Bonne nuit... »  C'est bien ce que je pensais.  « Dommage pour toi. Tu ne sais pas ce que tu rates. » Haha. Si elle m'avait tourné le dos, pour ma part, je restais allongé sur le dos, mes mains sous la nuque. Je contemplais le plafond.

Cooper a ce don particulier pour la provocation. De cette provocation qui, quand bien même vous souhaiteriez l'ignorer, éveille en vous une irrépressible envie de poursuivre le combat jusqu'à ce que le premier cède. Visiblement c'est ce qu'il cherche, me faire réagir, ou du moins c'est ainsi que je l’interprète. Je reste de dos, glousse avec condescendance avant de tourner un peu la tête vers le plafond. « Hum, au contraire, je crois que j'ai ma petite idée. » Je murmure d'un air malin avant de reposer ma joue contre l'oreiller sur lequel je suis allongée. « La question serait plutôt de se demander si ça en vaut vraiment le coup. » Je renchérie finalement en fermant les yeux. Je m'auto-proclame grande gagnante de ce duel dans ma tête. Je me doute que le brun a l'égo surdimensionné et à l'arrogance sans bornes va trouver quelque chose à répliquer, mais je suis on ne peut plus fière de ma répartie. Il faut dire qu'en temps normal j'aurais sûrement passé mon chemin en trottinant, les yeux baissés, le cœur battant et les joues rouges. Je savoure le silence qui suit, je me mordille doucement la lèvre inférieure. Est-ce qu'il va enfin se décider à dormir?

Madeleine ne pu s'empêcher de me répondre. En même temps, je devais l'avouer, c'était un peu mon but. Bien sur, comme on pouvait s'y attendre, elle remit en doute mes capacités. Est ce que ça en valait vraiment le coup ? « Il n y a qu'une seule façon de le savoir. » répliquais je, provocateur une fois de plus. Que voulez vous, j'avais ça dans le sang. Je ne pouvais pas m'en empêcher, c'était plus fort que moi. En même temps, elle ne pouvait vraisemblablement pas penser qu'elle aurait le dernier mot. Impossible avec moi. En plus, pas de chance, je n'avais pas le moins du monde envie de dormir. D'ailleurs, pour tout vous avouer, quand j'étais venu dans la chambre, ce n'était absolument pas dans le but de me coucher. Trop tôt pour ça. Je voulais simplement troquer ma chemise et bretelles, contre un Tshirt plus confortable. Alors bizarre que tout à coup, j'ai eu l’irrépressible envie de me coucher dans mon lit

Bingo, il en étale une nouvelle couche et laisse sa phrase en suspend. Je réfléchis quelques secondes à un moyen de lui couper le sifflet une bonne fois pour toute, une idée pas des plus brillantes me traverse alors l'esprit. Certes, je me tourne tout de même une nouvelle fois vers le candidat. Je m'approche de lui sans hésiter, mon corps presque nu collé au sien, et mon menton à quelques centimètres de ses lèvres. Je le fixe sans ciller, nos respirations trouvent un rythme commun. L'alcool est trop fort pour que je m'arrête ou juge de la teneur de mes actes, mais j'ai tout de même une lumière de lucidité qui sonne l'alerte dans un coin de mon crâne. Qui me maintient à l'intérieur de ces limites que je me suis promis de ne pas dépasser.Je pense aux caméras qui nous filment, qu'il ne soit pas le seul témoin de ce jeu m'indiffère, au contraire. Ma main longe sa cuisse, mais sans la toucher pour autant. Je dessine les courbes de son corps dans l'air, sans briser l'échange de nos iris. « Et tu penses que je suis ce genre de fille? » Je lui demande dans un murmure en approchant ma bouche de la sienne. Mes doigts trouvent sa gorge, s'enroulent autour de sa nuque tandis que la paume de ma main libre se plaque sur son sourire. Je ris dans un souffle. « Tais-toi un peu maintenant, et dors. » Je conclus avant de blottir mon visage contre son épaule, le bras innocemment accroché à son cou. Je le sens toujours aussi crispé, je me demande s'il ne souffrirait pas d'un trouble sexuel à voir le mal partout. Je saisis son poignet, le tire un peu vers moi, le dépose sur ma hanche. « Voilà, c'est mieux comme ça. » Je lui tire la langue, prête à suivre la douce berceuse de dame Morphée.

Madeleine aurait pu en rester là. Ou sortir une réplique du style « Et bien on ne le saura jamais ». Mais non. A croire qu'il fallait elle aussi qu'elle obtienne le dernier mot. Elle se tourna vers moi. Qu'était elle en train de préparer dans son esprit machiavélique ? Elle collait une nouvelle fois son corps contre le mien. Son visage très près du mien. Je soutenais son regard « Et tu penses que je suis ce genre de fille? » Ses lèvres n'étaient plus qu'à quelques centimètres des miennes. Si je pensais que c'était ce genre de fille ? A la vérité là, je n'étais pas en mesure de penser à quoi que ce soit. Hormis ses lèvres qui étaient un doux appel au péché. Bien sur, tout à cas coup, la jeune femme mit sa main sur ma bouche, me faisant comprendre que je pouvais toujours rêver. En même temps cela aurait été trop facile. Elle resta blottie contre moi, déposant même ma main sur sa hanche. La demoiselle jouait avec le feu. Comme si j'allais dormir maintenant. Je lui obéis pour la première partie. Me taire. En revanche pour le reste, non non non. J'en profitai pour parcourir délicatement de mes doigts, les courbes de sa hanche. Tiens maintenant, essaie un peu de dormir pour voir.