Moore, au confessionnal !

Syssoï, quel secret penses-tu avoir découvert ?

C’est sympa ici, j’étais jamais venu avant d’appuyer sur le bouton magique. Confortable, cosy, la classe quoi. Et la paix aussi. Mais ça ne va pas durer. J’attends quelqu’un. Elle arrive, elle s’installe, et Cupidon entre en scène. Whooo, même pas le temps de prendre de ses nouvelles ou quoi, là ? J’hausse les épaules. « Je voudrais te poser une question avant de commencer. Si c’est possible, bien évidemment. » Je jette un coup d’œil à la caméra, comme s’il s’agissait de Cupidon himself, puis j’annonce : « Frère ou sœur ? »

J'attendais ce moment depuis quelque temps maintenant. Je savais que ça allait arrivé tôt ou tard. Alors je ne fut pas surpris en entendant l'alarme des secrets retentir entendre Cupidon me convoquer au confessionnal. Et encore moins lorsque poussant la porte je me suis retrouvé en compagnie de Syssoï. Je souris et m'installe en face de lui tandis que Syssoï souhaite dans un premier temps me poser une question. J'étais très curieuse de connaître l'intitulé du secret qu'il pense que je détiens. « Frère ou sœur ? » Me demande-t-il. Je souris. « J'aurais aimé, fille unique. » Et oui on a pas toujours ce qu'on veut. Je me demande pourquoi il me pose cette question comme si selon ma réponse l'intitulé pouvait changer.

Elle n’est pas étonnée de me trouver là, et pourtant dieu sait que je me suis retourné le cerveau au préalable pour savoir si j’allais tâter du buzzer ou pas. J’ai comme eu le sentiment de la trahir, ce faisant. Mais elle m’a déjà accusé de ne pas joué le jeu, alors je ne voulais pas qu’elle s’imagine que je puisse avoir pitié d’elle. Ce n’est absolument pas le cas, c’est juste cette putain de loyauté qui me pousse à agir différemment des autres. J’ai pas le sentiment de lui être loyal en cherchant à dévoiler son secret... J’ai encore besoin de précision, un détail me taraude. Frère, soeur, je l’interroge. Ni frère, ni soeur. Est-ce qu’elle utilise la formulation de ma question pour y répondre de manière erronée, ou bien est-elle réellement fille unique ? Ce détail a son importance, alors j’insiste : « ça a toujours été le cas ? ». Ce sera ma dernière question, après ça, je le jure, je passerait au secret que je pense avoir découvert.

Je préférais que ce soit lui qui découvre mon secret plutôt qu'un autre. Je l'avais même pour ainsi dire incité à le chercher et à le trouver bien entendu. Je lui faisais confiance pour trouver celui-ci. Et même au fond je crois que je serais soulagé si il le trouvait là tout de suite. Tout de même j'avais du mal à la suivre pourquoi me questionnait-il sur ça ? Frère sœur qu'est ce que ça change. « ça a toujours été le cas ? » J'arque un sourcil. « Oui, après moi m'a mère n'avait ni le temps si l'envie d'avoir un autre enfant. Donc oui ça toujours été le cas et j'espère que ce sera toujours le cas je l'imagine mal m’annoncer qu'elle à décidé d'adopter un marmot. » dis-je avant d'hausser les épaules. Allait en venir au point important ? Je le regarde un léger sourire en coin impatiente. « Autre chose ? » je souris.

Elle s’impatiente, la gueuse. Bah oui madame, mais bon, faut ménager le suspens, et la marge de manoeuvre est tellement serrée et l’éventail des possibilités tellement vaste qu’il faut que je parvienne à resserrer le tout. Je sais que je suis proche, mais il me faut l’intitulé exact, et ça, ça n’a rien de simple, croyez-moi, surtout avec ce genre de secret... Je soupire. Il va bien falloir que je me lance. «Je pense... Tes tremblements. Selon moi ils sont du à des lésions du système nerveux central, elles-même dues à un probable traumatisme crânien. Tu dois suivre un traitement médical pour amoindrir les effets, et ralentir la progression, mais à mon sens, tu es une miraculée.» et c’est là que ça se complique, parce que déterminer à quoi elle a survécue s’avère particulièrement délicat. Je sais juste que son père joue un rôle là-dedans. Par son absence ? Ou bien par sa présence ?

C'est bon il va sortir son idée. Je le regarde l'écoutant attentivement. . «Je pense... Tes tremblements. Selon moi ils sont du à des lésions du système nerveux central, elles-même dues à un probable traumatisme crânien. Tu dois suivre un traitement médical pour amoindrir les effets, et ralentir la progression, mais à mon sens, tu es une miraculée.» Je savais qu'il a un esprit de déduction très affûté. Mais quand même ça fait tout drôle de l'entendre dire ça. Je tique légèrement. Je ne devrais pas être surprise je savais à quoi m'attendre. Mais tout de même, c'est un sujet que je n'aborde jamais dans la vrai vie alors l'entendre ce la sorte. Bien qu'il ne soit pas en possession de l'intitulé exacte de mon secret. « En effet. » dis-je dans un premier temps. Je n'ai pas besoin de me défendre pas face à lui je sais que je suis censé défendre mon secret mais je crois que je lui dois bien une honnêteté sans limite dorénavant. Je me vois mal lui mentir ou lui rire au nez. « J'ai en effet eu un traumatisme crânien qui est oui à l'origine de mes tremblements. Mais ce n'est pas ça mon secret. Enfin ça fait partie de mon secret mais ce n'est pas... vraiment ça que je cache.» Il y est presque il lui manque certainement un élément fondamentale dont je n'ai pas fait allusion ça n'entrait pas dans sa question, et c'est quelque chose que j'arrive à cacher parfaitement. Quelque chose que j'ai même miraculeusement réussis à cacher lors de nos séances de danse dans la salle de sport.« Le dernier terme que tu as utilisé 'miraculée' c'est exactement ce que je suis. » Je ne vais pas lui facilité la tache je ne fais que confirmé ce qu'il dit sans pour autant en dire plus. Si il veut en savoir plus il faudra qu'il pose les bonnes questions. Je souris je m'attends à d'autres questions après ça. A cette idée un tressaillement circule doucement dans mes mains.

Le plus dur reste à déterminer. Le reste, ce que je viens de dire, malgré ce que d’autres penseront, me semble à la portée de tout un chacun. Elle n’a jamais caché ses tremblements, elle n’a jamais caché sa prise de médication. Hum, si, ça elle a cherché à le cacher, en vain. Alors, après, il suffit d’un peu de déduction pour comprendre où se loge le problème. Ce n’est pas le seul indice, ce n’est pas le seul mot dont elle souffre. L’équilibre reste quelque chose de précaire chez elle, et son attachement au handicap de Lukas m’a fait m’interroger sur la qualité de sa vue. La fresque, dans la chapelle, elle semblait la frôler sans jamais la percevoir. «J’imaginais... Je ne sais pas, j’imaginais que tu avais pu rester un certain temps de le coma.» mais je ne suis sûr de rien, c’est là le véritable sens de ma phrase. Une miraculée. Elle a échappé à la mort, ou bien continue-t-elle d’y échapper ? Je ne peux pas lui poser trop de question, je ne veux pas qu’on l’accuse de me livrer son secret alors que je sais parfaitement qu’elle ne me mentirait pas, mais j’ai besoin d’indices supplémentaires, d’indices qui doivent rester entre elle et moi, à l’abri de toutes interventions extérieures. «J’avoue ne pas savoir si ton secret concerne ce qu’il s’est passé, ou bien ce qu’il se passe maintenant...»

 «J’imaginais... Je ne sais pas, j’imaginais que tu avais pu rester un certain temps de le coma.» Je fais signe de la tête que non. Pas besoin d'un dire plus mais j'ajoute tout de même. « Non je n'ai jamais été dans le coma. » dis-je simplement, plissant mes lèvres. C'est le genre de chose que je m'attendais à entendre sur mon secret alors je n'étais pas vraiment surprise d'une tel question et au point où il en est c'est tout à fait normal que cette question lui trotte dans la tête. Qu'il l'oublie jamais je n'ai été dans le coma. «J’avoue ne pas savoir si ton secret concerne ce qu’il s’est passé, ou bien ce qu’il se passe maintenant...» Je souris. Je pensais que ça il l'avait compris. Je plonge mon regard bleuté dans le sien et hausse les épaules de manière désinvolte. Il sait que je vais lui répondre je peux faire semblant deux seconde qu'il n'obtiendra rien de moi non ? Je ris légèrement avant de répondre. « Tu te souviens quand j'ai répondu à ta question dans la chambre. Quand tu m'as demandé pourquoi je ne voulais pas que tu m'apprenne à contrôler ça. » dis-je montrant d'un signe de la tête une de mes mains. « Je t'ai répondu que c'était parce que ça me rassurais, que ça me permettait de ne pas oublier à quel point je suis chanceuse. » Maintenant qu'il a la conversation en tête j'ajoute. « Le passé, bien que ça continue de prendre une grande place dans ma vie actuelle. »

Ses réponses me laissent perplexe, mais délimitent les cadres, elles rayent des théories, mais en font naître d’autres. Bordel, je ne vais jamais m’en sortir. J’ai demandé si son secret concernait le passé ou le présent afin de m’informer sur l’intitulé. Je me rappelle trop le type qui s’était pris plusieurs balles dans le corps, et dont le secret était «je vis avec une balle dans la tête» et non «j’ai survécu à une fusillade». Le moindre petit détail peut faire la différence. Ma bouche se tort sous l’effet de la réflexion... J’hésite. Je n’ai pas beaucoup de temps, il faut que je frappe vite et avec précision. «Qui est mort ?» ça passe ou ça casse. Peut être ne pourra-t-elle pas me répondre, peut être suis-je totalement à côté de la plaque, mais une réponse à cette question me permettra d’éliminer cette hypothèse lancinante dans ma tête, que j’ai, moi-même, du mal à croire. C’est pas simple. Encore moi lorsque je dois lutter contre l’envie de me taire pour l’épargner. Me taire et la serrer contre moi. Faudrait vraiment que je me défasse de cet instinct surprotecteur.