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 8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03.

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Syssoï
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MessageSujet: Re: 8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03.   8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03. - Page 2 EmptySam 10 Mar 2012 - 4:38

J’ai beau être en pleine contemplation, immobile et presque surréel, je n’en reste pas moins attentif, conscient de chacun de ses mouvements, d’un déplacement au moindre petit battement de cil. La pièce est tellement plongée dans le silence qu’il ne m’est pas difficile de me focaliser sur la respiration de l’autre. Elle tente de plagier mon immobilisme, et ça m’arracherait presque un sourire si je n’étais pas si profondément enfouis dans mes souvenirs délicat. Je ne lui ai pas tout dit, j’ai conservé la partie la plus déterminante, la plus définitive pour moi, parce que je n’ai pas envie de la choquer, déjà, et tout simplement, aussi, parce que je n’ai pas l’intention de partager ce bout de moi, aussi avilissant soit-il, avec un million de téléspectateurs. J’imagine la famille de Julia, collée à l’écran, attendant le moment où je salirais sa mémoire avec autant de brio que j’ai salis sa vie et sa mort. De son vivant, je ne lui ai jamais manqué de respect, ou presque, alors je n’entends pas le faire maintenant, pas même pour satisfaire la curiosité légitime de Sixtine. Alors je garde le silence tandis que le film continue de dérouler son ruban des évènements dans mon crâne, le projetant contre ce mur que je fixe sans ciller. Je ne lutte pas, je ne lutte plus, il y a bien trop longtemps que j’ai cessé de lutter contre eux. La blonde reprend la parole, incapable de tenir le silence plus de cinq minutes, pour m’affliger d’une remarque de trop nombreuses fois entendue. Je suis affligeant, un cauchemar pour les psy. Si elle savait combien j’en ai consulté... Ils ont tous renoncé. On ne peut pas analyser un cerveau qui s’auto-analyse en permanence. Je finis toujours par psychanalyser le psy, qui réagit en me foutant à la porte de son cabinet. Fatalité. Mais Sixtine, elle, ne renonce pas, elle s’accroche, se débat, s’insinue dans mon cerveau sans fil d’Ariane, prête à affronter le Minotaure à main nue, avec l’inconscience et la détermination qui la caractérise. Elle veut me soigner. Julia aussi voulait me soigner. Sauf que je suis atteins d’une maladie incurable à dégénérescence rapide, voir fulgurante. Pourtant elle insiste, me contredisant quant au but même de l’amour qui, selon elle, n’a rien à voir avec la crainte de la mort, mais plus avec l’appréciation de la vie. J’ai bien envie de lui rétorquer que même Freud concevait la procréation comme un acte vision, non pas à concrétiser un amour par la création d’un nouvel être, mais comme l’instinct primaire d’atteindre l’immortalité au travers de cette vie qui continuera après nous. Donc, la crainte de la mort. Mais je ne suis pas sûr qu’elle ait jamais lu “Malaise dans la Culture”, et Freud n’est pas un exemple parlant puisqu’il ne pensait qu’au cul. Alors je me tais, la laissant poursuivre son fil de pensées, exposant, pour moi et rien que pour moi, tout ce que l’amour, le sentiment amoureux représente à ses yeux. Ce qu’elle décrit s’apparente à une drogue, une drogue dure capable de provoquer une dépendance dès la première prise. Mon autonomie, c’est mon seul trésor. J’ai cessé de m’attacher le jour où j’ai compris que je perdrais les autres un à un. Je ne parle même pas d’amour, simplement d’attaches, de celles qui font mal lorsqu’on vous les arrache du corps. Mon père, puis mon grand-père... Mon écosystème est restreint, il l’a toujours été, alors lorsqu’une âme se fane, c’est un peu de moi qui meurt aussi. Pourquoi prendre ce risque ? Je préfère naviguer seul, mon équipage restreint à son seul capitaine, moi. C’est peut être ça, être lâche. Je ne sais pas. J’ai l’impression de nager en eaux troubles, incapable de prendre une décision quant au cap à tenir. Je ne sais pas. Je ne sais plus grand chose. Est-ce vraiment trop tard comme elle le prétend ? Apprendre à s’aimer à travers elle, ne plus pouvoir avancer sans elle... Ses mots trouvent un écho en moi, un truc qui résonne là, en bas, niveau tripes, et qui tente de remonter jusqu’à mon cerveau. Echo que je fais taire à grand coup de lattes dans la tronche pour qu’il n’atteigne, surtout pas, sa destination finale. C’est ce qu’un psy qualifierait de déni, moi j’appelle ça “instinct de survie”. Mon combat intérieur ne cesse que lorsque je perçois un mouvement d’air plus important que les autres. Son immobilisme à prit fin, comme je m’y attendais, elle n’aura pas tenu trois minutes, pourtant, je ne m’attendais pas à la surprendre là, s’insinuant entre mes jambes comme s’il n’y avait rien de plus normal et naturel. C’est à ce moment que je suis censé lui expliquer la conception masculine de ce vaste territoire qui s’étend entre nos deux jambes ? Ou pas. Je me contente de grogner, et j’ai presque l’impression que ça fait un siècle que ma gorge n’a pas produit ce son. Il fait plus office de petite habitude rassurante que de réel avertissement d’agacement. Mais je la laisse faire, et quelque part je sais que c’est simplement parce que ça me manquait, comme si mon corps, sournois et capricieux réclamait son touché alors que ma tête rejette cette idée avec de moins en moins de fermeté. Elle parle, encore, et bien que je n’en montre rien, j’écoute toujours. Quelqu’un d’autre me certifierait que l’amour existe, je l’enverrais jouer avec les copains poneys sous LSD de Céleste, mais là il s’agit de Sixtine, et tout ce qui sort de sa bouche, me semble digne d’intérêt, voir de foi. Elle n’a rien d’un évangélisateur proposant une nouvelle religion, elle ne fait que me parler de son expérience de l’amour. Pour une raison inconnue, j’ai confiance en elle et en son jugement. Si je suis incapable de croire sans preuve, je me sens néanmoins capable de la croire elle et ses preuves. Et c’est justement ce qui me dérange. Toute cette conversation me dérange, elle est entrain d’ébranler des bases que j’estimais solide et ça ne me convient pas, ça ne me convient pas du tout. Et la certitude et la conviction avec laquelle elle affirme que je suis condamné à en faire l’expérience par moi-même bien assez tôt, provoque, chez moi, un imperceptible mouvement de recul. Je souhaiterais juste qu’elle se taise, qu’elle cesse de condamner mon existence de la sorte, qu’elle quitte son rôle de prédicatrice, et qu’elle redevienne Sesta. Son rôle n’est-il pas de me renforcer plutôt que de me fragiliser ? Oui, sauf qu’en acceptant qu’elle me renforce je lui ai offert une ligne directe vers mes entrailles. Des entrailles qu’elle peut triturer du doigt, volontairement ou involontairement, des entrailles que tout le monde peut triturer du doigt à travers elle, en s’en prenant à elle, en m’exposant sans elle. Alors je comprends que ce que je prenais pour un élastique tendu n’en est pas un, c’est pire que ça, c’est ma propre création, j’en suis l’unique responsable. J’ai envie de m’attraper la tête à pleine main et de lui ordonner de se taire, qu’elle arrête de chercher à me convaincre, qu’elle stoppe cette expérience abjecte sur moi. Je ne suis pas un cobaye, pas le sien, ni même un oisillon tombé du nid qu’elle se doit de soigner pour rendre à sa mère. Sa mère ne voudra plus de lui, une fois que l’odeur de l’Homme aura imprégné son plumage. J’ai besoin d’avancer seul, j’ai besoin d’avancer seul. Je me le répète en boucle, comme un mantra, m’assurant de bien l’assimiler pour ne pas flancher à nouveau. Je ne comprends pas pourquoi elle fait tout ça, ce que lui apporte cette histoire, et j’avoue ne pas avoir très envie de me pencher sur la question avant de devoir remettre en question tout le reste. Comme si elle avait sentit mon malaise, ou simplement réussi à traduire l’éclat étrange dans mes prunelles, le flot de ses paroles se tarit, et le silence reprend ses droits, salvateur et bienheureux. Elle s’éjecte d’entre mes jambes, et je ravale un soupir de soulagement et un violent accès de frustration. Cette dualité en moi m’épuise, j’ai l’impression de livrer un combat permanent d’où d’aucun ne sortira victorieux, jamais, jusqu’à ce que je mette fin au calvaire moi-même. Elle bouge à nouveau, se plaçant juste à côté de moi, sur le support des lavabos. J’ai renoncé à l’idée de fuite. Pour aller où ? Je n’en vois pas l’intérêt. Je continue d’espérer que quelqu’un finira par ouvrir cette porte trop longtemps close, et mettra fin au tête à tête, et en même temps, je m’y refuse. Elle s’empare de ma main. Ça n’a rien à voir avec un geste tendre, même s’il l’est, enfin ce n’est pas comme ça que je le perçois. Le geste à quelque chose de vital et sa façon d’observer ma main a quelque chose qui me rappelle une sorte de fascination scientifique. Elle brise le silence, une nouvelle fois, et ma respiration son bloque tandis que j’appréhende une nouvelle leçon sur l’amour et ses bienfaits. Il n’en est rien, elle ne fait que me rassurer sur ce que moi, je lui ai confié, et les conséquences que ça aura sur nous. Sauf que dans cette phrase, c’est pas le mot “conséquences” qui m’inquiète, dorénavant, non, c’est le mot “nous”. Mes poumons relâchent l’oxygène qui y était bloqué, tandis que ma tête part en arrière pour rencontrer le mur et y prendre appui. Je ferme les yeux un instant, juste un court un instant, mais suffisant pour que mes doigts se referment sur ceux de la blonde, tandis que j’entends le bruit significatif de la caméra choisissant le meilleur angle pour ne rien rater. Lorsque mes paupières se rouvrent, ma main libre s’est crispée sur une serviette abandonnée là, que je lève rapidement, avant de la jeter droit sur l’objet de ma colère. J’ai visé juste, et, à présent, le bout de tissu humide pendouille lamentablement devant l’objectif de l’engin. Ce n’est pas la seule présente dans la pièce, mais d’après mes calculs les autres ramer un moment avant d’être en mesure de capter une image correcte sous un bon angle. Je profite de cet instant de répit pour aller m’emparer de cette petite chose noire qui dépasse du col de Sixtine. Je l’en décroche, avant de la laisser tomber à l’intérieur de son pull. J’ai du lâcher sa main pour ce faire, mais je m’emploi à récupérer tout le matériel qui lui ceint la taille, ça compense l’abandon. Je l’en déleste, avant de poser le tout à proximité de moi, en prenant bien soin de placer l’embout du micro sous cloche, ou, en l'occurrence, sous verre à dents. Ça n’empêchera pas la Prod de lire sur nos lèvres pour nous sous-titrer par la suite, mais ils vont suffisamment se faire chier pour tout ça pour que j’en tire une sorte de satisfaction personnelle. « A toi, maintenant... » Je lui lance, en me réinstallant comme initialement. Je ne porte pas de micro, je l’ai laissé avec mes fringues sales avant de rentrer dans la douche. J’aurais du le remettre en enfilant mon tee-shirt, mais puisque je n’ai toujours pas touché au vêtement... « Qu’est-ce qui se passe ? » je finis par demander, très vague, parce que peu habitué à ce genre de choses. Je suis peut être pas le type le plus attentionné du monde, mais je ne suis pas aveugle, j’ai bien vu son état se dégrader de jour en jour depuis sa sortie de la pièce secrète, j’ai bien noté l’absence de cette flamme qui la caractérise au quotidien, et que je n’avais plus vu allumée avant qu’elle ne décide de me séquestrer dans la salle de bain. Et j’ai peur, en posant cette question, de percevoir le grésillement de la mèche précédent l'extinction des feux. J’insiste quand même. « Pourquoi t’es si triste ? » Je l’interroge comme un gamin de six ans, triste et perturbé à l’idée qu’elle le soit, elle aussi. En même temps, j’ai le potentiel émotionnel d’un enfant de six ans. Le Peter Pan des émotions, à un moment, j’ai cessé de grandir.
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Sixtine
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MessageSujet: Re: 8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03.   8 ème cercle de l'enfer - mercredi 7 mars, 10h03. - Page 2 EmptySam 10 Mar 2012 - 19:50

Syssoï n’ajoute pas un mot tandis que je poursuis, cependant il me paraît évident qu’il m’écoute attentivement. Il est simplement plongé dans ses diverses réflexions, comme à son habitude. Je perçois ce grognement qui me manquait tant et ce silence qu’il laisse planer comme un signe patent de nature positive. Un témoin muet m’avertissant que mes paroles sont peut-être parvenues à atteindre ma cible en plein cœur, à percer la bulle déjà bien arquée et passer au-delà. Car son malaise est palpable, il transpire de son corps pour caresser le mien, me signalant par ce délicieux toucher que j’ai fait mouche. Cela m’étonne quelque peu, d’avoir pu l’ébranler par de simples paroles, même si cela fait de longues minutes déjà que je m’évertue à le convaincre. Est-ce parce que l’énumération de ce qu’apporte ce sentiment évoque en lui des choses plus concrètes que ce qu’il imaginait, que ce qu’il veut bien me confier ? Que cela éveille en lui une ressemblance qu’il souhaite nier ? Peu probable. Je dois certainement m’égarer, une fois encore, dans mon beau royaume où les Bisounours vivent en harmonie. Cette simple pensée m’arrache un sourire bref, et je l’observe avec insistance sans m’en cacher. Je détaille son visage, son épaule, son bras musclé, son torse dénudé, son poignet, glissant jusqu’à ses doigts que je finis par saisir entre les miens. Un geste irréfléchi qui trouve une réponse presque immédiate, un contact prolongé que je n’espérais guère. Je refuse de lever les yeux de crainte de briser cet instant, profitant de la chaleur de ce frôlement imprévisible. Je reste immobile, priant le temps de stopper sa course en vain, puisque bientôt nos doigts entremêlés se quittent. Je sursaute légèrement, comme si je venais de m’éveiller d’une rêverie diurne, constatant qu’il a prit soin de couvrir l’une des caméras qui fixe son objectif sur nos silhouettes trop proches. Je n’ose imaginer l’extrait et les commentaires que les téléspectateurs verront, mais je fais confiance à la production pour leur servir un trucage digne de ce nom. Le jeune homme me déleste de tout le matériel fourni par la production, suscitant en moi une certaine appréhension, une angoisse qui se lit sur mon visage. S’apprête-t-il à me faire une autre confidence ? Je me penche vers lui puis m’écarte aussitôt, stupéfaite par ses mots. Moi ? Je suis tellement habituée à harceler les autres de questions, à laisser libre cours à ma curiosité ou mes inquiétudes, que bien souvent je parviens à effacer les interrogations qui peuvent naître chez les autres à mon sujet. Sixtine après tout, est constante dans son inconstance. Un paradoxe qui peut sembler obscur pour beaucoup, mais qui ne reflète que la plus pure réalité. Syssoï ici présent m’a buzzée à cause de ces mutations soudaines de l’humeur, ces émotions excessives qui apparaissent simultanément, s’emboîtent le pas chaque fois de façon radicale. Cependant une certaine ligne directrice facilement identifiable ne connaît pas ou peu de modifications. Je suis de nature radieuse, déterminée, extrême, têtue, aux conceptions naïves et au sourire perpétuel. Il est rare que je me plaigne sur les injustices qui me touchent directement, que je me morfonde sur mon triste sort, que je me livre à la mélancolie. Par conséquent, la plupart du temps, il est rare que l’on me demande simplement si ça va. Et au final, on me prend pour oreille et conseillère, sans jamais songer que j’ai le désir de me confier. Ce qui est formidable pour moi, étant donné que je déteste parler de ma petite personne, étaler mes sentiments, me livrer sur mon passé. Ca me permet aussi de ne pas y songer, en me donnant corps et âme dans tout le reste. L’évitement, c’est ce qui me caractérise le mieux. Et finalement, je suis beaucoup plus secrète qu’il n’y paraît, car je parviens effroyablement bien à donner le change en m’intéressant un peu trop à l’autre, ou à répliquer par un manque de sérieux qui détourne l’attention. Je connais toujours davantage l’autre qu’il me connaît lui, et il ne se rend compte de ce déséquilibre que bien trop tard. Le français, lui, a perçu l’extinction de la lueur malicieuse dans mes yeux, la perte progressive de mon élan vital depuis quelques jours, ce qui ne m’étonne guère. Toujours aussi observateur, aussi je m’en veux de ne pas être parvenue à dissimuler cette baisse de moral de façon plus efficiente. J’ai l’impression qu’il est inutile de tenter de le tromper, et je décide que je n’en ai pas le droit. Après ce qu’il vient de me révéler, je ne peux pas décemment me permettre de m’abstenir de lui fournir une réponse un tant soit peu crédible et sincère. Je commence par poser mon doigt entre ses deux yeux, me mordant la lèvre en imitant son froncement de sourcil. Si quelqu’un a un air tristounet dans cette pièce, c’est lui, comme s’il partageait soudain mes propres états d’âmes. C’est à la fois étrange, rassurant et indésirable. Je soupire en descendant du meuble, lui tournant le dos. « J’pensais que ma vie était compliquée, mais en fait elle est beaucoup plus simple, là dehors. Je suis venue ici pour canaliser mon attention sur les considérations essentielles de l’existence –selon ma sœur-, de mon petit nombril en somme. » J’effectue un demi-tour en attrapant les bords de mon pull, le retirant maladroitement en exposant à sa vue la partie basse de mon torse comme pour joindre le geste à la parole. Parce que mon petit nombril, il peut le contempler à loisir étant donné que je reste coincée une bonne vingtaine de secondes, gigotant afin de me libérer de cette emprise étouffante. Je laisse retomber le vêtement sur le sol, tirant sur mon t-shirt afin de couvrir à nouveau ma peau nue. Heureusement que je n’avais pas pour projet de carrière de devenir strip-teaseuse, parce que de toute évidence j’aurais lamentablement échoué à l’examen. Si tant est qu’il existe un examen pour ce genre de trucs. Je passe une main dans mes cheveux ébouriffés, un sourire perché au coin de mes lèvres. J’ai presque perdu le fil de ma pensée en retrouvant son regard bleu, cependant j’y reviens rapidement, mon sourire s’effaçant au profit d’un haussement de sourcils. « Eh bien laisse-moi te dire que c’était une idée merdique, j’ai le cerveau prêt à exploser. » Je me masse les tempes, me déchaussant de la pointe de mes pieds. Je suis rentrée dans cette émission pour me focaliser sur des choses moins sérieuses que l’environnement, le boulot, pour me recentrer sur toutes ces émotions qui bouillonnent potentiellement en moi et auxquelles je ne désire pas prêter attention. Pas de place pour les prises de bec, la jalousie, l’amour, le chagrin. Pas le temps surtout, et je m’en portais beaucoup mieux. Ici, c’est affronter tous les jours le regard des autres, leur jugement, tenter de développer et conserver des amitiés aussi rapides et passionnées que fragiles et instables, se débattre avec tout un tas de considérations qui me semblent dérisoires, futiles, sans importance. C’est subir l’exacerbation du moindre sentiment, même si ça encore, je le supporte quotidiennement à l’extérieur de ces murs. Je lui tourne à nouveau le dos, desserrant ma ceinture, soulevant le seul morceau de tissu qui me couvre encore le corps, divulguant mon dos nu. Pas de sous-vêtement, l’un des avantages dont peuvent bénéficier les propriétaires d’une poitrine réduite. Je poursuis mon chemin en direction des douches, attrapant ma chevelure pour la faire basculer sur mon épaule droite, disparaissant derrière un petit renfoncement qui permet une certaine intimité face aux candidats qui désirent simplement se refaire une beauté. Cinq secondes plus tard, mon jean s’écrase sur le sol, et je sors ma tête blonde en agrippant le bout de mur qui dissimule ma quasi-nudité. « T’inquiètes pas, je finis toujours par rebondir. Ce ne sont pas ces préoccupations sans intérêt qui vont venir à bout de moi. » Je lui lance un sourire afin de le rassurer, puis disparaît définitivement avant que le bruit de l’eau ne vienne clore cette conversation. Finalement c'est moi qui vient d'y mettre un terme, alors que ça me semblait inconcevable quelques minutes auparavant.
 

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