Dès que le soleil se montre, je sors l'bout de mon nez. Chez moi, en Russie, les échappées des usines sont si denses qu'on ne voit pas le ciel. C'est donc un spectacle pour moi que de pouvoir apercevoir un magnifique ciel bleu et son soleil. Gambadant dans le parc du petit nid d'amour, je décide de prolonger ma promenade vers le fond du terrain. Lorsqu'un magnifique papillon bleu me passe devant et que je décide bêtement de le suivre. Oui, je pourchasse les papillons, et alors ? Inconsciemment je pénètre dans le labyrinthe et m'enfonce dans celui-ci sans faire gaffe du chemin que j'emprunte. Hypnotisé tel un gamin par ce stupide papillon, lorsque je sors de mon petit monde enchanté, je me retrouve complètement paumé. Malin. Stupide papillon. Je marche donc vers une direction, puis je me dirige vers une autre, puis une autre, et (...), bref les chemins se ressemblent et j'ai l'impression de tourner en rond. Marre et fatigué de marcher, je décide de prendre une pause et m'installe contre un des murs. Sans m'en rendre compte, je m'assoupis, sûrement trop épuisé par l'effort. Le temps défile et je ne vois rien. Ce n'est que quand deux heures plus tard j'entends un hibou que je sursaute et me réveille. Il fait nuit noir. Triple merde. Si ce n'est pas être dans la bouse ça. Je me relève et reprend donc ma quête vers la sortie de ce fichu labyrinthe.

Encore se paumé dans le labyrinthe, ok, mais pendant la nuit, ça ne va pas l'faire. En plus j'ai la frousse dans l'noir moi. Et oui, on ne sait pas, on peut s'faire attaquer, violer, oui, oui j'me fais souvent des films, mais je n'y peux rien, je possède une imagination débordante. Et j'suis par la même occasion un froussard. Sauf que ça, faut pas l'dire car bon après bonjour la réput'. J'vais passer pour le mec sans couilles. Du coup je prends mon courage à deux mains et m'aventure dans diverses chemins en espérant tomber sur celui qui me mènera à mon lit. Mais plus je tourne en rond, plus je panique. Je me mets alors à accélérer mes foulées et à ne plus faire attention à la direction que je prends. Puis là, le choc, j'rentre dans quelque chose. Un monstre ? Non, juste un candidat. Je me retiens de lâcher un p'tit cri d'effroi sur le coup et me reprends. « Désolé mec, malgré que j'ai une gueule d'ange, j'suis pas envoyé par l'msieur là haut. » Ouf, je suis soulagé. J'suis pas seul. « On est deux dans cette galère là .. » . Ouais, j'suis trop fort, j'sais compter. Je regarde le candidat que je venais de percuter et reprends la parole. « Par hasard tu n'aurais pas sur toi une cisaille ? ... depuis que je tourne en rond, je n'ai qu'une envie, défoncer ses murs aux poils verts. ».

Je n'aime pas ce genre de situation. Deux mecs, totalement crétins, qui se retrouvent coincés dans un labyrinthe la nuit, ça fait un bon scénario de film d'horreur. Genre à tout moment un mec avec une tronçonneuse peut débouler pour nous couper en fines lamelles avec sa machine. À cette pensée, je frissonne. « Il fait frisquet ... ». Genre, dis que tu as plutôt les boules. En tous cas le mec en face de moi n'a rien pour nous aider à sortir d'ici. Oh, si, un briquet. M'enfin, pas très utile le truc. À mon tour je fouille dans mes poches. J'en sors une capote. « On peut en faire un ballon de détresse, mais sinon c'est aussi utile que ton briquet mon vieux ... ». Ballon de détresse ? Sérieux ? Mais d'où je sors cette stupidité. Je commence réellement à flipper et l'mec là, n'est pas très rassurant. « Sinon, tu sais quoi, je peux monter sur tes épaules et voir quel chemin prendre ? ». Je crois bien que c'est la première fois de ma vie que je sors un truc intelligent. La peur doit aider. Mais ce que je venais de proposer n'était pas con. Faut bien trouver comment sortir d'ici, car perso, je ne reste pas une minute de plus comme ça. J'vais finir par me pisser dessus.