« Je ne sais… Pour se comprendre un peu mieux, je suppose. Mais ce n’est pas très concluant. » En effet, ça n'avait pas vraiment l'air de fonctionner de ce que j'avais pu en voir. Finnick avait même proposé spontanément de nominer l'équipe d'Esther, et donc de son frère, voulant sûrement le voir dégager.  « Vous avez essayer au moins de parler ? » Parce que ce n'était pas en se fuyant que les choses allaient s'améliorer. Ça se saurait si c'était le cas. Je lui demandais ensuite pourquoi avait il décidé de prendre une année sabbatique. Pour voir le monde en effet. Il avait bien de la chance de pouvoir se permettre une chose pareille. C'était bien loin d'être le cas de tout le monde. Personnellement, j'avais aussi eu la chance de pouvoir beaucoup voyager.  « La même. Tu m'aurais dis il y a quelques mois que je participerais à cette émission, je t'aurais ri au nez » Jamais de la vie je ne m'étais imaginé venir dans un tel jeu. Mais alors vraiment pas. Comme quoi, il ne fallait jamais dire, fontaine, je ne boirais pas de ton eau. J'étais bel et bien là, et pour le moment, je ne regrettais pas le moins du monde. On parla ensuite de mon âge plus avancé que la moyenne par ici. Évidemment, on ne pouvait pas ne pas évoquer Sami. Le doyen. « Oui, je crois qu’il m’aime pas d’ailleurs. » J'esquissai un sourire à cette remarque.  « A mon avis, il ne doit pas être le seul. » Fallait être réaliste, monsieur n'était pas exactement le plus appréciable parmi nous. Et surtout avec son histoire d'inceste...ça n'aidait clairement pas. Je lui fis part alors de mes professions passées. « Ah je vois, c’est impressionnant… Médecin. Ca peut être utile ici. » Oui, enfin, je doutais d'avoir réellement à mettre mes compétences à contribution. Surtout qu'on pouvait faire appel à un médecin si on en avait besoin. « Oui. Enfin...J'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'ai pas pratiqué. » Plus de trois ans. Une autre époque de ma vie. Une autre vie même. D'autant que si j'avais fais l'armée, ce n'était nullement en qualité de médecin. Mais de soldat. Certes, forcément sur le terrain, ça m'avait servi pour aider mes compagnons blessés, mais ce n'était pas mon rôle. Il y avait d'autres gens pour ça.

« Vous avez essayer au moins de parler ? » Solution étrange qui ne nous était pas forcément venus à l’esprit, avec Jamie. Mais je ne me voyais mal m’approcher de lui et lui demander d’avoir une conversation. Parce que je sais très bien comment ça finira et que ça ne me plait pas, ça et puis je ne veux pas que ça se produise dans le château, l’épisode de la douche c’était déjà beaucoup trop. En fait si je pouvais limite l’éviter à vie ce serait bien mais il y a toujours un truc qui fait qu’on se revoit et qu’on… Bref. « Non, en fait, mais j’ai parlé de se comprendre, pas de s’apprécier ou même de changer quoi que ce soit à notre relation. » et je ne parlais pas du coté inceste de notre relation mais juste du fait qu’on se déteste totalement. Je doutais qu’il comprenne mon point de vue mais bon c’était pour ça, on voulait se comprendre, sans se parler. Et croyez bien que c’est possible dans nos têtes. « La même. Tu m'aurais dis il y a quelques mois que je participerais à cette émission, je t'aurais ri au nez » Je souris et portai le verre de vin à mes lèvres encore une fois, il était très proche d’être vide d’ailleurs. « Comme quoi. » fis-je en haussant les épaules. Tout peut arriver. La discussion avait ensuite déviée sur l’âge du candidat et, bien sur, sur celui de, Sami. « A mon avis, il ne doit pas être le seul. » dit-il alors que j’avouai penser que le doyen ne m’aimait pas. Ce n’était pas une surprise, ça ne m’atteint même pas à vrai dire, il y avait toujours eu qu’une poignée de personnes qui m’appréciaient. Me trouvant trop prétentieux, trop détaché d’absolument tout, comme si rien ne me touchait jamais. Encore une fois je prouvais ces dires, ça ne me touchait pas. « Bah, on ne peut pas plaire à tout le monde. » fis-je simplement. Et de fil en aiguille, Keelan m’appris qu’il avait été médecin. Ce qui m’impressionna, le nombre d’années d’études étant assez impressionnant en lui-même. Mais le sang froid requis était également assez impressionnant. « Oui. Enfin...J'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'ai pas pratiqué. » Avoua-t-il. « Ah oui ? Ca fait combien de temps ? » Demandais-je, pris d’une soudaine curiosité envers le candidat.

« Non, en fait, mais j’ai parlé de se comprendre, pas de s’apprécier ou même de changer quoi que ce soit à notre relation. » Pour le coup, c'était moi qui ne saisissait pas. Comment pourraient ils se comprendre s'ils ne s'approchaient pas, ni ne se parlaient ? Hm par télépathie ? Vraiment, leur relation était un mystère pour moi. Peut être que lorsqu'on connaîtra leur secret, tout s'éclairera. Ou pas.  « Bah, j'espère que vous y arriverez » C'était tout ce que je pouvais leur souhaiter. Sur un autre sujet maintenant, notre participation à Fake Lover. Apparemment, tout deux, ne nous imaginions pas faire ce jeu il y a quelques mois de ça. Et oui, comme quoi. Les choses pouvaient changer rapidement, et prendre des tournants inattendus. La vie était pleine de surprise. Je dis alors au jeune homme, que Sami n'était probablement pas le seul à ne pas vraiment le porter dans son cœur. Bon, ce n'était pas très délicat, m'enfin, je doutais qu'il soit du genre à être atteint par ça. On ne pouvait pas plaire à tout le monde, comme il le dit.  « Tout à fait » Bon, certains plaisaient à plus que d'autre hein. On en vit ensuite à parler de ma carrière dans la médecine. Ainsi je lui appris que cela faisait quelques années tout de même que j'avais arrêté. Il voulu savoir depuis combien de temps.  « J'ai tout quitté pour m'engager dans l'armée, il y a un peu plus de trois ans. » Au plus grand désarroi de ma famille et de mes proches. Mais à cette époque, j'étais bien incapable de les écouter.

« Bah, j'espère que vous y arriverez » fit-il alors, semblant ne pas tellement comprendre ce que je voulais dire. Peut importe, seul le temps me dira si l’expérience était concluante ou pas. Je terminai mon verre de vin et le reposai sur la table avant que le candidat ne reprenne la conversation là où nous en étions, sur le fait qu’on ne pouvait pas plaire à tout le monde. Le candidat approuva d’ailleurs mes propos et encore une fois je ne dis plus rien à ce sujet, il ne servait à rien d’épiloguer de toute façon, non ? Et puis je lui avais demandé depuis combien de temps il n’avait plus pratiqué la médecine. Me demandant par la même occasion pourquoi il avait arrêté puisque dans ma tête j’avais associé le fait qu’il était de l’armée et qu’il était médecin. Mais Keelan contredis rapidement mes pensées « J'ai tout quitté pour m'engager dans l'armée, il y a un peu plus de trois ans. » Ah, c’était plus clair. « Ah, ok, j’avais cru que tu étais médecin pour l’armée, en fait. » fis-je en secouant doucement la tête, j’avais mal compris mais soit, de toute manière ce n’était pas une information vitale, non ? « La médecine… L’armée… Tu es du genre à aider les autres toi, non ? » C’était une belle qualité, une qualité que je ne partageais d’ailleurs pas avec lui, enfin si un peu… Disons que j’avais tendance a prendre les gens faible (ou que je considérais comme tels) sous mon aile pour les endurcir un peu. Je ne supportais pas voir des gens se faire rouler et c’est pour ça aussi que je voulais devenir journaliste : pour révéler au grand jour les arnaques et autres trucs que les gens mettaient en place pour berner les autres. Pour moi cette attitude était lâche.

« Ah, ok, j’avais cru que tu étais médecin pour l’armée, en fait. » Cela aurait été le plus logique en effet.  « J'aurais pu...Mais non. Ça ne faisait pas parti de mes plans » Oh non. « La médecine… L’armée… Tu es du genre à aider les autres toi, non ? »  « Oui... » J'avais toujours été du genre à penser aux autres. A vouloir aider. De toute manière, on ne faisait pas carrière dans la médecine si on était pas un minimum tourné vers les autres. C'était un peu juste le cœur du métier. Bien que je connaissais quelques personnes, plus intéressés par eux même, leur carrière, jouer à Dieu, obtenir les meilleures opérations, chercher à se faire publier dans les revues médicales... Plutôt que de soigner réellement les gens.  « Ceci dit, les raisons pour lesquelles je me suis engagé dans l'armée n'ont absolument rien de nobles. » Je pourrais le faire croire. Mais ça serait un mensonge. Les gens étaient toujours impressionnés, pensant qu'il fallait énormément de courage pour s'engager ainsi. C'était vrai, pour les autres. Ceux dont c'était la vocation. Qui s'étaient engagés pour servir fièrement leur pays. Moi ? Oh non, rien de noble derrière tout ça... Ceci étant, mes motivations avaient changé en étant sur le terrain.

« J'aurais pu...Mais non. Ça ne faisait pas parti de mes plans » Avoua Keelan, c’était donc pour se battre qu’il avait décidé d’aller à l’armée et non pour soigner les gens. Pour moi les deux actes étaient tout aussi nobles et courageux. Je n’étais pas égoïste mais si je ne faisais pas ce genre de chose c’était car je n’avais pas cette fibre en moi, ce truc qui donne envie de sauver des vies. Oh et puis la vue du sang m’est insupportable, c’est un détail important. « Oui... » Fit-il à ma question, je me demandais maintenant pourquoi le candidat m’avait répondu comme ça, moi j’aurais été ravi de répondre que oui, j’aimais aider les gens. Bon ça aurait surement fait très narcissique mais soit. « Ceci dit, les raisons pour lesquelles je me suis engagé dans l'armée n'ont absolument rien de nobles. » Ah, c’était donc ça… Je penchai un peu la tête sur le coté, me demandant ce qu’il voulait dire par là et décidai alors de le lui demander, c’était bien plus simple que de me triturer les méninges. « Ah oui ? » j’espérais que cette simple phrase lui donnerait envie de me raconter son histoire sur l’armée mais si ce n’était pas le cas, tant pis, je n’étais pas ici le journaliste qui fait une interview, alors il n’avait pas à me répondre si il ne le voulait pas.

Oui, j'aurais pu en profiter pour me vanter, montrer à quel point j'étais merveilleux, hm. Mais je n'étais pas comme ça. Et contrairement aux apparences, souvent je pouvais passer pour un prétentieux – alors que c'était toujours sur le ton de la plaisanterie – en réalité j'étais quelqu'un de plutôt modeste. « Ah oui ? » Évidemment, il voulait en savoir plus. Forcément que ça intriguait. Mais bon, si j'avais commencé, autant continuer non ? Ce n'était pas exactement mon sujet de conversation favoris, mais je pouvais faire un effort. Et puis, ça serait à mon psy que ça ferait plaisir, qui voulait que je m'ouvre plus aux autres, et puisse en parler ouvertement.  « Ma femme a été tué dans un attentat terroriste. J'avais tellement de rage et de colère en moi...J'en voulais au monde entier. Je voulais la venger en quelque sorte. Et tans pis si je me faisais tuer en cours de route... Peut être même que c'était ce que je cherchais en fait. » Autant vous dire qu'en effet, il n y avait donc rien de noble dans mon engagement dans l'armée. Mais très vite, l'esprit de patriotisme, et l’instinct de survie m'avait gagné. Mes frères d'armes étaient devenus ma seconde famille. Ce n'était plus juste une histoire de colère mal placée et de désir d'auto-destruction. En tout cas, je m'étonnais moi même de la facilité avec laquelle je venais d'aborder le sujet. Fallait croire que j'étais en train d'évoluer. Parce qu'avant...C'était beaucoup plus délicat. Mais c'était une bonne chose j'imaginais. Malgré tout, cela méritait bien un autre verre, que je me servis.

Après que je lui eu, plus implicitement qu’explicitement, demandé des précisions sur ce qu’il avait dit à propos de son engagement dans l’armée, le candidat prit son temps et me répondis. A sa réponse je compris pourquoi il avait l’air un peu retissant à raconter cette histoire, moi-même je me sentais incroyablement mal pour lui. Beaucoup de choses m’énervait dans ce monde et le terrorisme, l’extrémisme (d’un coté ou de l’autre) en faisaient partie. Le candidat se resservit un verre et j’en fis de même. « Désolé. » fis-je alors, en même temps j’étais de ceux qui ne supportaient pas la pitié alors je n’avais pas vraiment envie de lui donner l’impression que j’avais pitié de lui. « Tu as des enfants ? » demandais-je alors, si c’était le cas j’imaginais à quel point ils pouvaient être un réconfort pour lui, ou une source de souffrance si il avait une fille qui ressemblait un peu trop à sa femme.