Trempette, je voulais juste faire trempette. En d'autres termes, j'avais dans l'idée de me détendre un peu cet après-midi et ma foi, je ne connaissais rien de mieux que la piscine et son eau chauffée pour passer un bon moment en solitaire. Seulement en pénétrant dans l'enceinte de celle-ci, je découvris bien vite Laoise assise sur le bord. De toute évidence elle venait de nager. Mais le soucis était ailleurs. Elle me regarda, se mit à soupirer avant de ne signifier « Oh, pardon, je vais vous laisser la place, à toi et tes cinq milles balles, je ne voudrais pas déranger. », ouais juste ça. Heu, oui d'accord. C'est moi ou ça puait la rancune dans l'enceinte de cette piscine ? Bah elle n'avait toujours pas digéré visiblement. Poaw, heureusement que je ne l'avais pas en plus dépouillée ou nominée hein, sinon imaginez un peu le cirque auquel j'aurais eu droit. « Tu nous déranges pas. » Hum, bon ça n'était peut-être pas la chose la plus intelligente à sortir sur le moment, surtout quand on savait que la demoiselle était particulièrement remontée à cause de l'incident de dimanche. Bon, je l'avais envoyée chier sans prendre de pincettes mais d'un autre côté, ça n'avait étonné personne. Personne mis à part elle. Eh oui c'était ça son problème à Laoise, elle pensait que je l'appréciais trop pour me montrer vache avec elle comme je me montrais vache avec les autres. Seulement elle semblait omettre un léger détail qui n'était pas sans importance : je n'appréciais personne ici. Elle s'était juste fait des gros films la demoiselle, voilà tout. N'empêche, elle ne sembla pas prête à bouger d'un centimètre. Heureusement qu'elle ne nous dérangeait pas, hein, mon fric et moi. « Tu voudrais pas juste passer à autre chose ? » Trop de rancune, à la longue, s'en était pesant. J'avais bien compris qu'il me faudrait bien plus que de simples paroles pour me faire pardonner, mais justement il y avait une chose que je ne risquais pas de faire : m'excuser. Ah ça c'était juste pas envisageable. Donc si c'était ce qu'elle attendait de moi, je ferais peut-être mieux de passer mon chemin. Ou alors je pouvais aussi piquer une tête et l'ignorer. Mais quelque part ça m'emmerdait de savoir qu'elle m'en voulait. Allez savoir pourquoi, ça ne me faisait pas rien et me contrariait presque.

Vous pensez qu'elle m'en voudrait encore longtemps pour cette histoire ? Alors quoi on ne l'avait jamais envoyée chier même, jamais de chez jamais ? Ou c'était le fait que ce soit venu de moi qui le contrariait à ce point, hm ? Comptait-elle oublier tout ça et passer à autre chose ? Rien n'était moins sur. « Tu sais quoi ? C'est une question intéressante. La première réponse qui me vient, étonnamment hein, c'est non. Étrange, pas vrai ? Je ne sais pas, il faut croire que je n'aime pas me faire renvoyer chier comme si je n'étais qu'un chien qui traine dans le coin. Cela dit, je ne voudrais pas porter trop d'importance à cette histoire. Tu m'as envoyée chier alors que je voulais juste détendre l'atmosphère, très bien. J'espère que ça t'a bien amusé, puisque je ne vais pas te laisser l'opportunité de le faire à nouveau. Si ça t'emmerde tant que ça que je puisse être sympa avec toi, pas de problèmes, je ne le serais plus. Je m'en fous. » J'avais bien envie de lui sortir deux arguments pouvant justifier le fait que je m'étais soi-disant mal comporté avec elle dimanche soir, mais pas sur qu'ils puissent faire l'affaire... Le premier, c'est que j'étais franchement de mauvais poil et qu'elle avait choisi le mauvais moment pour me parler. Le second, c'est qu'elle s'était montrée vraiment collante et limite chiante quand même. Détendre l'atmosphère, d'accord. Mais se montrer lourdingue non merci. Pourtant ça m'avait presque touché qu'elle souhaite me tenir compagnie quitte à me faire chier avec les conneries qu'elle devait faire et dont je devais lui trouver des idées. Bah, allez, on allait pas se brouiller pour si peu quand même ! À moins que ça ne soit ce qu'elle désirait, auquel cas je n'avais pas mon mot à dire bien sur. « Et pourquoi t'as voulu te montrer sympa avec moi alors que tout le monde était une nouvelle fois sur mon dos ? J'pige pas là. Pourquoi Tweedy et toi ne faites pas comme tous les autres, à savoir me détester ? Enfin, à moins que ça ne soit désormais le cas te concernant, hein... » Bah ouais, si ça se trouve elle me détestait la Laoise, maintenant. Et je pourrais parfaitement l'accepter. En fait, ça me soulagerait presque. Le fait qu'elle puisse se montrer si gentille avec moi, je ne parvenais pas à le comprendre. C'était vraiment flou, cette histoire.

Il demeurait une chose que je ne parvenais pas à comprendre, même avec la plus grande volonté du monde je vous l'assure. Pourquoi Laoise se montrait-elle si attentionnée et prenait-elle le temps de me tenir compagnie, de me parler et de se montrer sympa avec moi quand d'autres n'hésitaient pas à s'en prendre à ma personne à la moindre occasion ? Je ne prétendais pas là ne pas mériter toutes les remarques, insultes et tous les reproches qui fusaient me concernant. Au contraire je pense que je les cherchais bien et que je ne récoltais que ce que je semais. Néanmoins l'attitude de Laoise avec moi restait inexpliquée. Franchement, avec Tweedy elle se démarquait carrément des autres. Car en plus de me porter un certain intérêt, toutes deux se montraient incroyablement gentilles avec moi et ça, c'était anormal à mes yeux. Alors, pourquoi tant de sympathie à mon égard ? « Parce que c'est comme ça. » Ah non, ça n'était pas une réponse ça mademoiselle. Je vins alors m'asseoir sur le bord du bassin juste à ses côtés, me mis à un instant le mur en face de nous de l'autre côté de la piscine, avant de ne porter à nouveau le regard sur elle. « Y'a forcément un truc que vous voyez en moi et que les autres ne voient pas. » Genre ? Bah j'en sais rien moi, oh. Je supposais voilà tout. Mais peut-être que la vérité était ailleurs. Dans tous les cas je n'étais pas plus avancé moi. Mais tant qu'elle me ferait la gueule comme à l'instant, j'obtiendrais difficilement des réponses à mes questions.

Bon, elle me tirait définitivement la tronche je crois bien. Mais elle avait aussi toutes les raisons de le faire, après que je l'eus envoyée chier en beauté dimanche soir. En tout cas elle m'en voulait, et beaucoup, car de toute évidence elle ne s'attendait pas à une telle chose venant de moi. Peut-être bien que j'avais là brisé certains de ses espoirs. Peut-être qu'elle s'était convaincue du fait que je n'étais pas si détestable que ça et qu'au final, tout lui avait explosé à la figure. Je venais de prendre place à ses côtés. Elle reprit bientôt « C'est donc si exceptionnel que cela que quelqu'un puisse être tenté de t'apprécier ? ». Bah... oui, clairement. Je ne trouvais pas forcément désagréable le fait de me sentir apprécié pour autre chose que pour ma plastique ou ma belle gueule,... néanmoins l'habitude n'y était pas et donc je ne parvenais pas à comprendre cet intérêt que l'on pouvait me porter et ce bon côté que Tweedy et Laoise semblaient voir en moi et qui n'était pourtant perceptible aux yeux de personne à part elles. « C'est exceptionnel dans le sens où c'est une grande première pour moi. » La sympathie des autres, je ne l'avais jamais vraiment connue vous savez. À la fac, j'étais ce type ultra populaire qui organisait les gros trucs, à qui l'on venait quémander de l'aide pour les révisions, qui se tapait de super notes mais à côté de ça personne ne cherchait à me connaitre réellement, personne ne tentait une approche autre qu'intéressée. Jusque là je m'en accommodais très bien, mais le comportement tout à fait différent de Laoise commençait à me faire comprendre que, peut-être, je valais mieux que tout ça. Après, de là à affirmer que j'étais réellement quelqu'un d'appréciable, j'aurais voulu qu'elle puisse se rendre compte de la réalité. Si elle me trouvait certaines qualités, elle risquait quand même d'être fortement déçue par la suite. Que je l'envoie chier lors du prime l'avait fortement surprise, et encore ça n'était qu'un avant goût de ce que j'étais réellement capable de faire à celles et ceux qui commençaient à "s'attacher" à moi. « Tu voudrais pas te changer un peu les idées ? On pourrait... nager tous les deux si tu veux. » Après tout, nous étions au bord d'une piscine et donc il semblait logique que tôt ou tard nous soyons amenés à faire trempette. Ou alors on pouvait rester assis là à papoter, hein, ça ne me gênait aucunement ce genre d'échanges au bord de l'eau. Seulement je la sentais contrariée et quelque part, ça me dérangeait.

Je n'avais vraiment pas l'habitude de voir quelqu'un me porter autant d'intérêt. S'en était vraiment perturbant, limite chamboulant car je ne comprenais pas ce qui pouvait à ce point la pousser à tenter de m'apprécier alors que tout à fait franchement, beaucoup n'avaient jamais osé faire preuve de sympathie envers moi car pensant se faire rembarrer. C'est clair qu'avec moi, c'était toujours un risque à encourir ; celui de se faire envoyer chier et la jeune femme en avait déjà fait les frais lors du prime. Oui mais voilà je ne pouvais pas non plus le lui en vouloir de se montrer gentille avec moi. « D'autres ont déjà dû t'apprécier, tu n'as simplement pas fait assez attention pour le voir. » C'était probable, en effet. Mais il ne fallait pas se voiler la face non plus, hein, si peut-être d'autres personnes m'avaient déjà apprécié un jour, ils ne devaient quand même pas être très nombreux. Car à la base, je n'étais pas un type envers qui on avait franchement envie de se montrer sympathique. Beaucoup me trouvaient même détestable au plus haut point. Par la suite j'avais proposé à Laoise de se changer les idées en nageant un petit peu, avec moi. Elle se laissa alors tomber dans l'eau, et sans dire un mot de plus entreprit de nager un peu plus loin. Et moi, bah je me trouvais maintenant quelque peu seul, sur le bord. Je me laissai donc tomber dans l'eau du bassin à mon tour, et tentai par la suite de la rejoindre en nageant à ses côtés. « Ça t'a fait plaisir ? » Hm, pas sur qu'elle comprenne où je voulais en venir, sur l'instant. Deux secondes, j'allais m'expliquer. « De me voir porter le fameux t-shirt, dimanche, ça t'a fait plaisir ? » La semaine dernière, Laoise était tombée sur un t-shirt pour lequel elle avait eu un réel coup de cœur. Elle m'avait alors demandé de le porter pour le prime si je me retrouvais nominé le lendemain, et ce fut le cas. J'avais donc fait l'effort de m'habiller selon sa volonté, et il m'avait semblé voir ses yeux pétiller en me voyant arriver dans cette tenue dimanche. Après, est-ce que ça lui avait vraiment fait plaisir ou était-ce plutôt la satisfaction de voir qu'elle pouvait me demander ce genre de choses qui s'était lue dans son regard ? Je poursuivis ma nage à côté d'elle, tout en attendant sa réponse.