Retour au lycée, ce soir. Ou plutôt passage au lycée pour moi. Non pas que je n’ai pas été aussi loin, mais disons que ma scolarité n’a rien eu de normal. Alors quand d’autres se plaignent de mauvais souvenirs, ou se moquent des choix de la production en matière de concordance avec les faits réels, moi je me tais, parce que j’ai pas d’éléments de comparaison. Quand Cupidon a parlé de joueur de foot, j’ai pensé à Cristiano Ronaldo, petit short, chaussettes montantes, crampons et ballon rond. En fait, il n’en est rien, et quelque part, j’suis soulagé. Mis-à-part le blouson de l’équipe, je ne vais pas avoir à trop me déguiser. Je porte déjà un jean trouvé et des baskets moisies, du coup, il me suffit d’enfiler le blouson, et hop ! Metamorphosis ! Bon, j’ai pas tout suivi au synopsis, mais dans les grandes lignes j’ai cru comprendre que j’étais l’ex de Sive et l’actuel de Valentina. Super, au moins j’aurais pas à parler avec ma pseudo-ex. J’suis légèrement à la bourre, mais pour bien faire, je me suis procuré un ballon de foot (américain, j’ai compris finalement), et j’entre dans le salon en poussant un cri de guerre « HOUUUUUUUUUUUUUBAAA ! HOUUUUUUBAA !! » pour bien faire, faudrait que les autres mecs me répondent, mais j’suis pas certain d’avoir opté pour le meilleur cri du monde sportif. Pas grave, je me fous en position, le bras arqué en arrière, et gueule un « ANDY !! » censé prévenir Andreas, avant de lancer le ballon ovale dans sa direction. Ouai, Andy. On est américain, ou pas ? Du coup, je vais rebaptiser tout le monde, ce soir. D’ailleurs, moi j’suis Brian, hommage à Zézé ! Tiens, Valentina est dans un coin, entrain de tenir le crachoir à Malo aka Brandon. Avant de la dépasser, je lui claque le fessier, comme tout bon joueur puant et égocentrique ferait, le tout accentué d’un clin d’oeil ostentatoire, puis je me dirige au petit trot vers Andreas aka Andy. Je lui assène une tape dans le dos, suivi d’un “hug” trop pas viril, mais qu’on voit à chaque fois dans ce genre de films. J’entends Nora parler d’outsider en désignant ma supposée-chérie du menton. « Tu connais ce mot, toi ? J’pensais que tu t’étais arrêtée aux mots de moins de deux syllabes, Kelly. » Ouai, ce soir elle sera Kelly. Tiens, et puis je lui laisse même pas le temps de répondre, j’ai pas envie de respirer l’oxygène de mon ex, et je prends la direction du bar. C’est bien mon rôle, non ?

Avouez que Tweedy n'était pas le moins du monde crédible dans cette tenue de cheerleader. Ce n'était tellement pas elle, il faut dire. C'était un poil trop sexy, un poil trop provoquant à ses yeux. En même temps, toute jupe arrivant au dessus du genou était à bannir au quotidien, et n'était tout bonnement tolérable que lors de soirées habillées. Ici, ça n'était pas tellement le cas disons. Quoi qu'il en soit, merci de noter que la petite brune faisait tout son possible pour être convaincante dans ce rôle qui la gênait tant. Elle cherchait probablement à se donner un genre, histoire de mieux s'imprégner du rôle en question. Oui voilà, c'était assurément de ça dont il s'agissait. En tout cas, elle avait tendance à penser que cette pénible soirée ne le serait pas tant maintenant qu'elle était en compagnie de FINNICK. Les rapports avec le jeune homme étaient peut être tendus dans notre réalité, mais dans ce monde alternatif où elle incarnait une cheerleader mordue de ce prétendu pro' des maths, ça n'était plus tellement le cas. « C'est pour bien d'autres raisons que je reste avec toi ... les maths ne sont bien évidemment qu'une excuse » lui confia-t-elle doucement, sur un ton malicieux. Sauf que, alerte rouge, son homosexuel refoulé de petit ami débarqua brusquement. ANDREAS s'approcha alors, se permettant même de mettre une main dans le dos de Tweedy. Le voilà le moment le plus déstabilisant de la soirée, hm. « Oui bon, félicitations chéri » déclara-t-elle alors ironiquement, avant de déposer un baiser sur la joue du jeune homme. Elle n'allait quand même pas embrasser Andreas sur la bouche, surtout sachant qu'il était censé vouloir la tromper avec un homme. C'est là qu'on prend quand même conscience de l'absurdité de la situation. Voyant que Finnick s'était dirigé vers le bar, Tweedy décida d'échapper à son petit ami. « Je vais nous chercher à boire. » Tu parles Charles, elle se barrait ni plus ni moins. Se dirigeant vers le bar, elle intercepta le regard particulier de HAMAD. C'est quoi son problème à lui ? Pff. Arrivant finalement à destination, elle se planta devant FINNICK. « C'est quoi déjà la réciproque du Théorème de Thalès, hm ? » Haha, bonne chance pour répondre à cela, garçon. Évidemment, c'était une excuse pour la cheerleader pour passer du temps avec son pseudo matheux, et pour Tweedy pour passer du temps avec celui avec qui ça n'allait plus très fort. Et lorsqu'elle vit débarquer LOXIAS en mode gros lourdingue sportif, elle se persuada qu'elle avait bien fait d'abandonner Andreas, hm.

« C'est pour bien d'autres raisons que je reste avec toi ... les maths ne sont bien évidemment qu'une excuse » fit-elle doucement, ce qui me fit doucement sourire de satisfaction. Les petits complots de lycée, c’était tellement ce genre de truc de gamins qu’on avait tous fait. L’un essayant de piquer la copine de l’autre, etc. Finalement je n’eus pas le temps de répondre puisque son pseudo-copain s’était approché. Alors je m’étais reculé pour aller ensuite au buffet où j’avais pris un verre de punch. Bah ouais, ambiance lycée jusqu’au fond de mon verre. Je m’étais éloigné pour plusieurs raisons, la première était que les choses entre Tweedy et moi n’allaient pas bien et que je ne voulais plus lui imposer ma présence. Secondo, son copain de la soirée était là et si je voulais jouer mon rôle je devais l’éloigner de lui. « C'est quoi déjà la réciproque du Théorème de Thalès, hm ? » Me demanda-t-elle, me sortant de mes pensées. Je prends un verre de punch et le lui fourre dans les mains. « Pas ce soir chérie, fais moi plaisir. » Je ne lui ai pas dis que je ne savais pas, hein, je lui ai juste dis : pas ce soir. « Ce soir, on fête la victoire ! » Ah comme le lycée ne me manque pas.

« Oui bon, félicitations chéri » fit Tweedy, avant de ne déposer un baiser sur ma joue. « Je t'ai connue plus enthousiaste. Notre couple n'est plus ce qu'il était. » Et pour cause, j'étais censé être homo et craquer sur l'espagnol. Tandis qu'elle n'avait d'yeux que pour Finnick le geek - appréciez la rime -, mais ça c'était déjà moins un rôle qu'elle jouait si vous voulez mon avis, hm. « Je vais nous chercher à boire. » Ah, ça c'était sympa. Seulement, deux minutes plus tard, Tweedy n'était toujours pas revenue du bar. J'en conclus bien vite qu'elle s'était foutue de ma gueule et qu'elle avait sauté sur la première occasion pour se barrer et aller taper la discut' à Finnick. Elle était dans son rôle, on pouvait pas lui en vouloir. Tandis que je me trouvais comme un con au beau milieu du salon et que je n'avais toujours pas de quoi boire, un cri se fit entendre, annonçant ainsi l'arrivée de Loxias. Bruyante cette arrivée, d'ailleurs. « HOUUUUUUUUUUUUUBAAA ! HOUUUUUUBAA !! » s'exclama le grand gaillard, attirant ainsi sur lui de nombreux regards surpris. Attention, le marsupilami était dans la place et il allait faire un malheur. Je pensais avoir eu mon compte de cris pour la soirée, mais c'était sans compter sur le suivant - toujours venant de Loxias, d'ailleurs. « ANDY !! » Hein ? C'était moi qu'il appelait, non ? Bah en même temps, Andy sonnait quand même vachement comme étant le diminutif d'Andreas. La seconde d'après, je me reçus un ballon ovale à tout berzingue que je parvins à attraper de justesse. Ah putain, ce que je détestais le football américain. Je ne jurais que pour le football européen, vous savez bien. Et j'allais en foutre quoi que son ballon, même ? Après avoir claqué le fessier de l'italienne, Loxias se dirigea vers moi pour au final m’assener une claque dans le dos. J'eus même droit à une sorte de câlin, vous le croyez ça ? Je savais pas trop quoi dire, alors je me contentais de sourire. Ouais, parait que j'étais irrésistible en faisant ça. Et je me retrouvai à nouveau tout seul. Pour changer.

Non mais tout de même, n'essayez pas de faire croire à Tweedy que cette histoire de béguin pour Finnick était complètement due au hasard. Avouez-le que ça vous fait plaisir d'appuyer là où ça fait le plus mal, hein. Bon parce que la jeune femme essayait tant bien que mal d'oublier qu'elle ressentait des sentiments extrêmement forts pour ce jeune homme, et voilà qu'on la forçait presque à passer la soirée en sa compagnie. Certes, elle n'était en réalité forcée à rien du tout, mais on lui offrait un prétexte pour le coller toute la soirée, alors qu'elle était supposée prendre ses distances avec lui, et ça n'était pas très cool. Bien entendu, elle appréciait toujours de passer du temps avec Finnick, mais elle avait de plus en plus l'impression que leur relation était malsaine. Quoi que non, ils n'avaient plus tellement de relation tous les deux. Ils n'étaient disons que deux jeunes gens qui se connaissaient, rien de plus. Ouais voilà, plus de relation, plus d'amitié, encore moins de romance, et c'était parfait comme ça. Ainsi donc, peut être qu'elle n'avait pas à être particulièrement gênée aux cotés de Finnick ? Elle l'était c'est sûr, mais étant donné qu'il ne devait plus être maintenant qu'une connaissance pour elle, elle parviendrait sans doute à gérer la situation, hm. Enfin, on pouvait toujours rêver quoi. Quoi qu'il en soit, la petite brune osa abandonner son petit ami d'un soir - Andreas, qui avait des vues sérieuses sur un homme et à qui elle servait probablement de couverture - pour rejoindre Finnick près du buffet. Elle réengagea la conversation à coup de réciproque du Théorème de Thalès. Oui, c'était un piège. Parce qu'elle le soupçonnait d'être tout aussi doué en maths qu'elle, à savoir pas du tout. Visiblement, il refusait de lui répondre. Hm, malin. « Ne m'appelle pas comme ça, je ne suis pas ta "chérie" ... » formula-t-elle doucement, en fronçant les sourcils. Si elle semblait être dans son rôle, elle était au fond très sérieuse. Lui seul comprendrait où elle voulait en venir, et ça tombait plutôt bien. « ... Imagine un peu qu'Andreas t'entende. » Bah oui bien sûr, elle se rattrapait bien, hein. Pratique le coup du "mon petit ami n'est pas loin", alors qu'elle avait très certainement voulu lui faire passer un message. Fêter la victoire ? Ah oui, celle de l'équipe de Football ... « Je les trouve tellement prétentieux, ils se prennent pour des dieux, et ça m'énerve. Que les cheerleaders se la pètent, c'est bien normal, mais les joueurs de foot n'ont pas à en faire des tonnes ... Il est normal, après tout, qu'ils gagnent. Il ne manquerait plus qu'ils perdent, et ils ne représenteraient plus le moindre intérêt pour personne ... » Ouais bon, tout ça pour dire qu'elle ferait mieux de boire et de se taire, hein.

Etais-je censée être la seule geek de la soirée ? Condamnée à me faire ignorer totalement jusqu’à la fin. Ou je pouvais avoir un mot d’excuses pour me barrer avant que cette soirée ne tourne à l’ennui mortel, parce que de mon côté c’était déjà le cas. J’étais plantée là, dans un coin, ouai comme une plante verte. Je faisais pour une fois réellement partie du décor. Bien que cela me fasse chier, finalement je prenais mon rôle très à cœur. Il m’empêchait clairement d’aller me mêler aux autres et c’était tant mieux. À les voir jouer les élèves, pompom girls et autres stéréotypes de groupes des lycées anglophones, j’avais simplement envie de prendre mes jambes à mon cou. La seule chose qui me décrocha un rire et un peu d’étonnement, c’est lorsque Malo, très, très, convainquant, vint me bousculer à son passage. « Bouge-toi de là, tu veux. Tu m'empêche de passer. » C’était à mon tour de jouer là, d’accord. Je baissais les yeux, le laissant passer en faisant un pas en arrière. Enfin, c’est un peu comme ça que je réagissais à l’époque alors, je n’avais qu’à reprendre mon rôle. Sans me faire remarquer, je me faufilais entre les gens pour me prendre un verre de punch, comme tous les autres, sans faire d’histoire.

« Ne m'appelle pas comme ça, je ne suis pas ta "chérie" ... » Je fronce les sourcils mais j’ai compris le message. « ... Imagine un peu qu'Andreas t'entende. » Ah, ouais, Andreas bien sur. C’est clair que ça n’avait rien à voir avec notre relation bizarre hein. Enfin, si on peut encore parler de relation, je pense qu’on est maintenant devenus des ‘connaissances’ et rien de plus. « Je t’ai connue plus réceptives à ce genre de surnoms. » je souffle, amère. J’ai toujours un peu de mal à me faire à l’idée que Tweedy et moi, c’est finit, totalement finit, qu’il n’y aura plus jamais rien, que ce soit de l’amitié ou plus. Je bois donc un peu de mon verre après avoir déclaré qu’on fêtait la victoire. « Je les trouve tellement prétentieux, ils se prennent pour des dieux, et ça m'énerve. Que les cheerleaders se la pètent, c'est bien normal, mais les joueurs de foot n'ont pas à en faire des tonnes ... Il est normal, après tout, qu'ils gagnent. Il ne manquerait plus qu'ils perdent, et ils ne représenteraient plus le moindre intérêt pour personne ... » J’arque un sourcil, donc les cheerleaders peuvent se la peter alors qu’elles n’ont pas jouées et les joueurs, eux, qui se sont donnés à fond, n’ont pas le droit de se jeter un peu des fleurs ? C’est pas très logique hein. « Et en quel honneur toi et tes copines pourriez vous la peter plus qu’eux ? Vous n’avez pas joué de match, hein. » Non franchement je pige pas. Bon après je n’ai jamais été dans une équipe de sport, je n’aime pas les sports d’équipes, je suis très individualiste quand je joue parce que si je perds, je préfère perdre seul. Pareil dans le cas d’une victoire.

Non vraiment, rien de ce que pouvait dire Tweedy n'avait le moindre rapport avec sa relation pour le moins particulière avec Finnick. Enfin, le mot "relation" n'était même plus tellement adapté à ce qui les liait, ou plutôt, à ce qui ne les liait plus. En tout cas, il n'y avait pas le moindre message dans ce qu'elle pouvait dire, c'est certain. Ou si message il y avait bel et bien, disons que celui-ci se voulait subtile. Quoi qu'il faille parier sur le fait que Finnick ait tout compris du premier coup, hm. « Il faut croire que les choses changent, et pas toujours en bien ... » Là encore, aucune référence à l'horizon, bien sûr. Non non. En tout cas, Tweedy n'eut par la suite aucun mal à revenir dans son rôle de chef des cheerleaders hautaine et peu maligne, car elle n'hésita pas à critiquer les champions de la soirée, et par la même occasion son présumé petit ami. D'après elle, si les cheerleaders avaient le droit de craner à volonté - sans blague - il n'en était pas le moins du monde de même pour les joueurs de football. Oui, rien de tout cela n'était logique, mais l'on n'attendait certainement pas d'elle qu'elle fasse preuve d'une grande intelligence, n'est-ce pas ? « Et bien, parce que nous sommes les cheerleaders, les jolies poupées sans qui aucun exploit ne serait possible, sans qui la motivation ne serait jamais suffisante ... ça devrait suffire comme raison, je pense. » Okay, donc là merci de ne pas oublier que Tweedy jouait un rôle, car elle n'était évidemment pas dotée d'une telle arrogance en temps normal. Bien heureusement, d'ailleurs.

« Il faut croire que les choses changent, et pas toujours en bien ... » Touché. Je ne sais pas si c’était son but mais ça appuie pile poil là où ça fait mal. Je plisse les yeux, est-ce qu’elle serait en train de me chercher ? Parce que si elle a envie qu’on se dispute suffit de le dire, pour jouer au con je peux être le plus fort hein. « Ouais. » je dis simplement, ça ne sert à rien de se mettre à se disputer ce soir, ni même jamais. « Et bien, parce que nous sommes les cheerleaders, les jolies poupées sans qui aucun exploit ne serait possible, sans qui la motivation ne serait jamais suffisante ... ça devrait suffire comme raison, je pense. » Me dit-elle tandis qu’on reprend tous les deux nos rôles respectifs à savoir la cheerleader et le gars populaire. Ouais, c’était un peu cliché quand même, non ? Sa réplique me fit rire parce que ce n’était tellement pas Tweedy, elle jouait tellement bien son rôle que ça en devenait et délicieusement absurde mais aussi très drôle quoi. « Pff, la longueur de vos jupes suffit à les motiver, ils ne sont qu’hormones. C’est pour ça que tu sors avec le capitaine, hein ? » Dis-je en effleurant sa hanche de mes doigts, quoi j'étais pas censé la draguer ? A fond dans mon rôle et j'en profite même pas, juré. Ouais laissons les capitaines ensemble et les moutons seront bien gardés.