« Faut que j'arrête avec mes clichés tout fait. » Les clichés on en a tous plein la tête. Il suffit de regarder la télévision, lire des bouquins, magasines, écouter ce que pensent les gens pour avoir des clichés plein la tête. Même Valentina elle qui n'est pas très au courant de ce qui se passe dans la société de nos jours enfin les trucs à la mode et tout. La bourse, les actualités, la politique elle connaît mais.. les derniers lieux à la modes, les dernières rumeurs, les célérités mariées ou séparée du moment ça faut pas compter sur elle pour vous en parler pendant des heures. Oh non. « Suffit d'avoir l'esprit ouvert. » Et elle ne doute pas une seule seconde que c'est le cas pour lui alors il devrait s'en sortir. Puis il lui demande de parler de sa mère. Sujet ultra sensible, elle préfère parler trois mille ans de son père que de parler de sa mère. Déjà que le premier c'est un sujet compliqué, mais sa mère... ça lui arrache des putains de larmes à chaque fois. Alors elle fait court, elle lui explique sans lui expliquer vraiment jusqu'au bout. Elle dit les faits sans entrer dans les détails, peut être qu'un jour elle lui en parlera plus amplement, peut être qu'un jour s'ils deviennent tous les deux proches elle lui en parlera mais pas maintenant. Il ne dit rien aucun commentaire, aucune question supplémentaire et elle lui en suit très reconnaissante. Elle en profite pour parler de son fils un instant avant de diriger la conversation vers sa famille. Elle veut pas être indiscrète alors s'il veut pas lui en parler elle comprend tout à fait. La famille c'est quelque chose de sensible pour tout le monde mais quand tout va bien. Il suffit d'être super proche et de se sentir ultra mal loin d'eux pour verser sa larme alors elle comprend. « ca ne l'est pas, t'as le droit de me poser cette question. Et j'vais être honnête. J'suis une erreur, mes parents n'auraient pas du avoir de gosse parce qu'ils n'avaient pas le temps. Ils avaient autre chose à foutre que d'avoir un marmot. J'ai passé mon enfance seul, enfin, j'avais mon grand-père qui me gardait. Sinon, j'étais seul. Ils m'aimaient pas et ne cherchaient pas vraiment à m'aimer puisqu'ils avaient autre chose à foutre. J'ai jamais fêté mon anniversaire, avec un gâteau et des amis, et de la famille. Jamais. Et pourtant mon père est pâtissier tu vois. C'est pour tout ça que j'ai coupé les ponts avec eux. » Elle est contente qu'il lui répond, qu'il soit honnête. Sa relation avec ses parents c'est très compliqué, heureusement il avait son grand père. « Tu as réussis à te créer ta propre famille c'est tout ce qui compte. » dit-elle un sourire au lèvre versant les fraises dans le saladier. Elle pose son couteau et s'essuie les mains avant de nouer ses cheveux en une queue de cheval rapide. C'est pas important que sa véritable famille ne soit pas à la hauteur. Il a eu raison de partir il a eu raison d'aller se trouver une autre famille. Parce qu'on a tous besoin d'une famille de quelqu'un sur qui compter, il a sa femme et son fils sans compter tous ses collègues du cirque. Il a une famille c'est tout ce qui compte. « Tu es un peu un nomade non ? Je crois bien que c'est ça pour ceux qui travail pour un cirque vous restez jamais très longtemps dans une même ville. Tu penses que vous allez vous poser un jour ? Je veux dire Joseph ? » Là c'est peut être un peu plus indiscret mais puisqu'il lui laisse carte blanche pour les questions.. enfin c'est ce qu'elle a comprit mais peut être qu'elle a tord et qu'elle va se prendre un vent. « Du sucre ? » Dans la salade de fruit ? Comme il préfère. Elle regarde attendant son verdict un sourire en coin. Elle est quelque peu surprise de s'entendre plutôt bien avec lui pour le moment. Surprenant.

Les efforts paient, je l'ai toujours su. C'est d'ailleurs ce que nous montre ma discussion avec ma nouvelle partenaire. Nous montrons en ce moment même que malgré nos différents du début, nous arrivons à communiquer comme des adultes responsables afin d'être une meilleure équipe. J'suis venu pour jouer, simplement jouer. Mais je pense honnêtement que ce jeu m'a un peu permis de grandir et d'évoluer. On a pas le choix d'évoluer lorsque l'on vit avec trente inconnus. Nous sommes obligés de créer des liens, c'est la vie. J'pensais pas que j'y arriverais moi aussi, mais maintenant que c'est fait, j'en suis pas mécontent. J'pense pouvoir en revoir certains en dehors, pas tous mais quelques un. Je pourrais peut-être leur présenter Joseph et ça, ça prouve que je fais confiance à mes nouveaux partenaires de vie. Et puis ce jeu m'a aussi permis d'apprendre que les clichés ne sont pas toujours vrais, que la première apparence n'est pas toujours la bonne et qu'il faut parfois creuser chez une personne pour que celle-ci révèle tout ce qu'il y a de plus beau en elle. « Suffit d'avoir l'esprit ouvert. » Valentina a raison, faut être ouvert. Et je dis que je suis ouvert d'esprit depuis un bon moment déjà, alors il est grand temps que je le montre. Nous parlons, et cela n'a rien de gênant. Qui l'eu cru !? Valentina et moi dans la même pièce et je ne l'ai pas encore insulter de hippie. De toute façon, je ne pense pas qu'elle en soit une. J'me suis trompé et ça, va falloir que je le reconnaisse et que je m'excuse. J'vois bien que la candidate n'est pas du genre à parler d'elle. Elle a plus de mal que moi, alors ça ne me gêne vraiment pas si les questions tournent rapidement autour de moi et qu'elle se fait un peu oublier. Faut que j'attende pour creuser encore un peu chez elle. Faut que je lui montre que je ne suis pas seulement le crétin du premier prime et que je peux aussi être quelqu'un de plaisant, de compatissant. Alors on parle de ma famille. Enfin, ce qui était censé être ma famille. Ca fait bien longtemps que je ne les considère plus comme tel. Ils ne m'aimaient pas et je ne les aimais pas plus. Ca fait mal quand même de se dire ça, mais j'ai appris à compenser cette plaie avec ma nouvelle famille. J'ai appris que certaines personnes étaient capables de m'aimer réellement . Ma femme m'aime, je le sais. Sinon ça ferait un bon moment qu'elle ne serait plus avec moi. Vous savez, Eileen est une belle personne. Intérieurement aussi. Elle croit aux belles choses de la vie, elle croit en l'amour mais surtout elle croit en moi et je ne le lui rends pas toujours comme il le faut. J'suis pas le mari exemplaire. Elle aurait pu se barrer milles fois, mais elle, elle m'aime et aimer c'est aussi rester dans la difficulté. Pour ça, je lui en suis reconnaissant. « Tu as réussis à te créer ta propre famille c'est tout ce qui compte. » Valentina vient de comprendre ce qu'il y avait de plus important à comprendre pour moi. Ma nouvelle famille représente tout et c'est eux que je vois comme ma réelle famille. C'est avec eux que je vais continuer à vivre, continuer à rire, à pleurer et à grandir. J'vais continuer d'élever mon petit et lui apprendre des choses que ce jeu m'a enseigné. Je lui dirais d'être bon, meilleur que moi. De ne pas jouer avec les sentiments d'une femme et de ne jamais faire souffrir les gens qui comptent pour lui. Et je sais que mon fils sera un homme bon, je le sens parce qu'il a le coeur de sa mère. « Tu as tout compris. » Finissais-je donc par lui dire. Plutôt satisfait qu'elle eu capté ça. « Tu es un peu un nomade non ? Je crois bien que c'est ça pour ceux qui travail pour un cirque vous restez jamais très longtemps dans une même ville. Tu penses que vous allez vous poser un jour ? Je veux dire Joseph ? » J'vais pas mentir, je n'ai jamais pensé à me poser. La jonglerie, c'est toute ma vie. C'est ça qui m'a permis de m'en sortir, alors non, je ne pense pas me poser de si tôt. « Oui, nous sommes nomades et je ne pense pas pouvoir arrêter le cirque de si tôt. J'en ai même pas envie. Mais j'ai acheté une maison à Bonn et c'est là que mon fils grandira. Pour le moment, il continue de me suivre partout où je vais, parce qu'il est petit et qu'il ne doit pas encore aller à l'école. Mais quand il sera plus grand, il restera à Bonn, il ira à l'école comme tous les gosses. J'veux pas qu'il travaille dans le cirque parce que c'est ce que sa mère et moi faisons. Enfin, Eileen ne travaille plus et je doute qu'elle ai un jour le courage de remonter sur son trapèze. Mais je veux que Joseph choisisse sa voix librement. Si c'est le cirque tant mieux, mais si il veut être architecte, avocat ou peintre, ça m'ira très bien aussi. » Voilà, tout est dit. J'veux pas que mon fils passe toute sa vie en caravane, faut qu'il ai des points de repère et une vie équilibrée comme tous les gosses de son âge. J'sais aussi qu'il existe l'école pour les gamins qui vivent dans les cirques mais je veux pas qu'il fasse ça, parce que ce serait le guider vers le cirque. « Du sucre ? » Je lui tends tous les morceaux de fruits que j'ai coupé, pour qu'elle les mélange aux siens. « Oui s'il te plaie. » J'suis un fan de sucre alors je ne peux pas dire non à ce genre de proposition. Et ce, même si je sais que ça gâche un peu le vrai gout des fruits. « Valentina, tu veux des enfants ? » Je ne parlais pas de toute suite, mais de plus tard. Elle n'était pas obligé d'y répondre, loin de là. Mais cette question trottait soudainement dans mon esprit.