ft. sïana

Je ne connais pas grand-chose du cinéma français, et encore moins leurs classiques. Mais le film que j’ai sous les ciels a réussir à capter mon attention. Dire que je passais ici seulement par hasard, cherchant à me mettre à couvert pendant cette averse qui s’est mise à déferler sur nous, sans invitation. Au final, je suis restée. Et après avoir capté la fin d’un autre film qui m’était complètement inconnu, le générique d’ouverture du suivant, Les Parapluies de Cherbourg, s’enclencha. L’actrice principale, Catherine Deneuve, avait su capter ma curiosité. On disait que ce film avait lancé sa carrière, et je dois dire que sa prestation, jusqu’à présent, parlait d’elle-même. Cette scène avait presque réussi à me tirer les larmes aux yeux, mais c’est bel et bien parce que quelqu’un avait pénétré à l’instant même dans la salle de représentation que j’avais résisté à la tentation. Je fis un petit signe de la main à la candidate qui venait d’arriver, lui intimant néanmoins le silence, puis l’invitant à prendre place à mes côtés. Du bout des doigts, je tapotais le banc à mes côtés. Lorsqu’ils montèrent à l’étage, je tournais la tête vers elle, lui souriait. « Je regrette presque de n’avoir jamais vu ce film auparavant. » lui mentionnais-je, jetant un coup d'oeil en biais à l'écran de projection, pour ne rien rater de ce qui se jouait devant moi.« Tu connais ? Les Parapluies de Cherbourg. » Et le tout, dans un français un peu écorché, et surtout, rouillé.

Je lui intime le silence, et je suis pourtant la première à la rompre. Car j’ai envie de partager ce moment de découverte avec quelqu’un, de savourer le visionnement de ce film en bonne compagnie. Mais ce n’est certes pas en silence que ce pourra être le cas. Je lui demande si elle connait. Sa réponse ne me surprend pas. « Non, je ne connaissais pas… » On est deux ma belle, on est deux. « Un classique je suppose ? » J’hoche légèrement la tête en guise de réponse, puis m’arrête, presque aussitôt. « Enfin, j’imagine. Je ne suis pas très calée en histoire du cinéma. » J’étais cinéphile à mes heures… quand je prenais le temps, c'est-à-dire pratiquement jamais. Alors ma culture cinéphile se limitait à ce qui pouvait bien passer sur les chaînes câblées au petit matin, alors que le sommeil peinait à m’accompagner dans ma courte nuit. Mais s'ils diffusaient ce film ici, ce que ce devait être le cas. Mon regard se rive sur l’écran, les scènes se déroulent, les personnages continuent de chantonner leurs répliques. « Tu viens d'où ? » Je détourne le regard du film, le fixe sur ma voisine. « Chicago, même si j’ai vécu quelques années en France, étant plus jeune. » Ce qui expliquait ma connaissance de la langue française. Ceci dit, il y avait longtemps que j’avais eu le bonheur de parler dans celle-ci. Ce n’était surtout pas aux États-Unis que cela risquait de se produire. Il y avait bien quelques Québécois de passage dans la ville avec qui j’avais pu discuter, mais tout ceci restait assez limité. « Je suis Tris, au fait. » ma présentais-je du même coup. Ignorant le nom de la candidate, je me doutais que ce devait être aussi son cas.