J'avais été comme irrémédiablement attiré vers cette fête foraine, allez savoir pourquoi. Il n'y avait en fait aucune raison particulière justifiant ma présence en ce lieu ce soir, et sans doute l'excuse que je venais de donner à Nicole n'était pas très convaincante. Ouais bah, j'avais rien de mieux en boutique pour le moment. Ce que je faisais dans une telle aventure ? Et bien, je n'avais fait que relever le défi lancé par ma chère mère, qui me pensait incapable de trouver l'amour à la télévision. Aussi, je n'étais pas réellement ici pour ça. Le concept de ce jeu m'intriguait aussi beaucoup, alors j'avais voulu voir ça de plus près, histoire de me faire une idée et, dans la foulée, de tester le potentiel joueur que j'étais. J'insiste bien sur le terme "potentiel", hein. « Elle doit être choquée ta mère de voir avec qui tu es tombé. Tu me la présenteras quand on sortira ? Juste par curiosité. » Sa remarque me poussa à rire. Connaissant ma mère, il y avait en effet de fortes chances pour que Nicole ne colle pas à l'image qu'elle s'était faite de la partenaire idéale pour son fils. Mais tant que ce dernier était ravi de la partenaire qu'on lui avait attribué, c'était le principal non ? « Volontiers ! Elle ne pourra que t'adorer. » Ouais enfin, quand elle la connaitrait un peu mieux, car pour le moment et en ne la voyant que via son poste de télévision, pas sûr qu'elle ait une très grande estime de Nicole. Ma mère était comme ça, elle jugeait souvent les gens sans les connaitre même si au fond elle avait grand cœur. « Mais cela dit je pense que tu as raison de résister contre son insistance. C’est ta vie pas la sienne, on est plus à l’an 50. » La référence aux années 1950 était bien trouvée je dois dire, car ma mère semblait parfois vivre à cette époque... une époque qu'elle n'avait pas connue d'ailleurs, mais passons. « Je sais pas comment est la tienne, mais à ma mère, c'est pas évident de lui faire entendre raison. Genre j'ai vingt-quatre ans, mais dans l'idéal il faudrait que je sois marié dans l'année quoi. » Et comme le signifiait très bien Nicole, il s'agissait de ma vie, et non de la sienne. Étant majeur, j'estimais pouvoir l'écouter de temps à autres et pourquoi pas agir selon ses conseils, mais jamais je ne la laisserais me contraindre à faire un choix ou un autre - si je voulais m'affirmer, il fallait aussi que je parvienne à dépendre de moi-même et non des autres. Bon et sinon, qu'est ce que Nicole pouvait m'apprendre la concernant ? Au risque de paraitre curieux, je lui demandai de me parler d'elle dans les grandes lignes. « Hmm… j’ai pas grand-chose à dire. Je suis venue ici pour toucher l’argent du gros chèque qu’ils donnent à la fin de la finale afin de lancer le projet qu’on a avec Teresy. J’aimerais bien t’en faire part mais on ne sait jamais quelle oreille peut trainer ici… ce serait bête que mon secret soit pété de la sorte. Et puis sinon … voilà. » Ah, Nicole semblait pleine d'ambition puisqu'elle évoquait déjà une possible victoire et un gros gain d'argent seulement deux semaines après le commencement de cette saison. Elle ne perdait pas de temps au moins. Son projet avec Teresa, j’espérais de toute cœur qu'elle pourrait le concrétiser. « Tu connais déjà mon secret, c’est beaucoup. La preuve, je fais vraiment attention à ce que je dis quand je parle avec quelqu’un. Il a une grande importance dans ma vie. » Même s'il s'agissait un peu du principe du jeu et des binômes formés par la production, Nicole pouvait dormir tranquille, avec un type comme moi pour partenaire, son secret était bien gardé. Car quand quelqu'un me confiait quelque chose, cette personne pouvait être certaine que cela resterait entre elle et moi. « Une grande importance comme un enfant. Tu aimes les enfants? Moi pas. » poursuivit-elle. Si j'aimais les enfants ? Autant en Égypte, il en grouillait dans mon quartier bien que je sortais peu de chez moi, autant en Angleterre j'en croisais peu. Ou ceux que je croisais me fuyaient comme la peste - parait que j'avais une tête de terroriste. J'invente rien, j'avais entendu ça plus d'une fois. De toute façon quand on ne me prenait pas pour un terroriste, on me prenait pour Bruno Mars, alors... alors ça n'était pas le sujet. « J'ai pas l'occasion d'en côtoyer beaucoup je dois dire. Néanmoins je vais devoir m'y faire car mon frère sera papa dans peu de temps et moi tonton, donc. » À peine logique hein. Ah quand je pensais au fait qu'Abdel avait rencontré sa femme trois mois auparavant et qu'ils s'étaient mariés dans la foulée... J'étais content pour lui, bien sûr, d'autant plus maintenant que sa femme était enceinte, seulement je trouvais le tout un peu trop rapide. Cela s'était enchainé sans qu'on comprenne comment ni pourquoi. Comment ma mère faisait-elle pour approuver ça ? En fait elle voulait voir ses fils casés, même avec la première venue, et pourquoi pas mariés la semaine suivant la rencontre hein, tant qu'on y est. Et bien avec moi elle allait être déçue, car je n'avais pas l'intention d'épouser la première femme qu'il me serait donné de rencontrer. « Je peux savoir pourquoi tu n'aimes pas les enfants ? Tu es fille unique ? » Sait-on jamais, des fois qu'elle eut eu une petite sœur ou un petit frère... Elle disait ne pas aimer les enfants, d'accord, mais il y avait forcément une raison à cela, non ? Une mauvaise expérience, un traumatisme... Moi les enfants je trouvais ça plutôt mignon, surtout les tous petits, ceux qui marchaient à peine et qui, de préférence, étaient bien dodus. Difficile de ne pas craquer pour un gros bébé joufflu, vous n'êtes pas d'accord ? Et dans le genre bébés joufflus, avec la corpulence de mon frère, on allait très certainement être gâtés d'ici quelques mois.

« Volontiers ! Elle ne pourra que t'adorer. » Euh permets-moi d’en douter Malik. Sa gentillesse est sympathique mais parfois il va beaucoup trop loin, je trouve. Il va finir par en perdre sa crédibilité. Notre conversation me semblait devenir de plus en plus fluide, un très bon point en soi, sauf que contrairement à lui je n’avais pas envie de parler de ma vie. C’est barbant d’en parler cash comme ça, je préfère quand c’est naturel et que les gens sont à mes côtés lorsqu’elle se déroule. En réalité je n’ai jamais eu à parler de moi puisque Térésa connait déjà tout et lorsque les gens s’intéressent un minimum à mon personnage alors je leur raconte un petit bobard qui fait l’affaire. J’ai pu devenir esthéticienne et fille de grand monarque comme ça. Par contre je n’ai jamais prétendu être mariée et les objectifs de la mama égyptienne pour son fils étaient flippant, quoi que je crois que la mienne avait les mêmes pour moi avant de baisser les bras. « Eh mais peut-être qu’on finira mariés à la fin de l’aventure, qui sait ! » Ok, blague de mauvais goût. C’était carrément impensable. Je pense d’ailleurs que Malik avait tout à fait raison de ne pas s’imaginer emprisonné à une personne à 24 ans ; c’est trop triste comme objectif de vie. Afin de dériver la conversation lorsque l’heure fut à l’honneur d’un petit déballage de vie de ma part, je me félicitais intérieurement d’avoir été aussi bonne dans le détour conversationnel. A comprendre qu’il était complètement tombé dans le panneau. Je préférais largement l’écouter parler de lui que de m’engager dans des explications me concernant, même s’il ne me passionnait pas c’était toujours intéressant. Mes yeux s’arrondirent brièvement lorsqu’il évoqua l’existence de son futur neveu. Son frère avait-il l’âge de solliciter un enfant ou bien était-il de cinq ans le cadet de Malik, sa jeunesse l’empêchant de se rebiffer contre une mère étouffante ? « Ah tu as un frère ! Il a quel âge ? J’espère pour lui que c’était un enfant voulu, hein. » Ohlala que c’était délicat de parler de ça, c’était comme si la mère de mon partenaire était omniprésente dans la conversation et j’avais la mauvaise impression qu’elle m’attendrait à la sortie avec un poignard. Ou p’tete qu’elle sortirait de ma télé un jour, en mode Sadako. Effrayaaaaaant ! « Je n’en côtoie pas beaucoup non plus… mais je les trouve bête. On dirait qu’ils font exprès d’être niais, et les poupons c’est encore pire… je trouve ça vraiment moche. T’imagines si on avait tous des têtes de bébés ? L’horreur ! » Je ne sais pas d’où me venait cette haine envers les enfants, sûrement des quelques hommes-pères que j’avais fréquenté ; à chaque fois leurs progéniture était venue nous foutre des bâtons dans les roues, ou alors je devais me sacrifier à exécuter de longs silence afin de les laisser parler de leurs mômes. Dans ces cas-là c’est limite impossible de les faire dériver sur un autre sujet ; d’où le choix de cette conversation afin de dériver Malik de son idée d’apprendre des anecdotes sur ma personne. J’avais d’ailleurs complètement zappé la question où il me demandait si j’étais fille unique ou non. Zut zut. « Oui je suis fille unique au fait. Mais je ne me considère pas vraiment comme telle puisque j’ai grandi avec Térésa. C’est compliqué d’évoluer dans une famille qui a gardé les mœurs des anciennes générations. La mentalité des vieux asiatiques est stricte. Avec Térésa on s’est entraidées pour sortir de ce stéréotype dans lequel voulaient nous enfermer nos parents. Tu sais le coup de la petite bridée toute gentille et mignonne qui obéit à tous les ordres qu’on lui donne sans broncher. Ajoute à ça le côté niais et cucul. Du coup on a fait le rébellion, et on y est allées tellement fort que nos parents ont abandonné toute idée de nous remettre dans le « droit chemin ».» Je riais. Ca ne me dérangeait pas tant que ça puisque j’avais ma super cousine aux fesses proéminentes avec moi dans le combat. C’était marrant d’être les deux bête noires de la famille, les deux cas désespérés. Autant dire que les diners de familles étaient mouvementés, lorsqu’on daignait se pointer. Voilà que je m’étais engagée à parler de moi, ce type a des pouvoirs magiques. Mon regard était plongé dans le sien et un fin sourire venait masquer ma surprise. La surprise de m’être livrée à lui. Non pas que c’était un poids, c’est simplement que j’agis en égoïste. Etant donné que je m’en fou des autres je ne vois pas pourquoi je les autoriserais à me connaître, sauf que Malik s’était dévoilé ; il est inévitable qu’une fois que l’un est nu, l’autre a plus de facilité à enlever ses fringues aussi. Imager mais très clair, dans l’inconscience j’ai été poussée à parler de moi. Sans regrets.

Je ne savais rien de ce que pensait ma mère en voyant Nicole via son poste de télévision, mais je crois que c'était encore préférable car la connaissant, elle ne devait pas franchement la porter dans son cœur. Mais ça, c'était parce qu'elle ne la connaissait pas encore. Aussi, ces deux-là pourraient pourquoi pas être amenées à se rencontrer dehors. Une telle chose ne me déplairait pas, bien que j'aurais un peu l'impression d'être le gars ramenant pour la première fois sa petite amie à la maison pour la présenter à ses parents. Hm, glauque. « Eh mais peut-être qu’on finira mariés à la fin de l’aventure, qui sait ! » Je me mis à ricaner nerveusement, la seule chose que je savais faire lorsque la situation prenait un tournant à la fois inattendu et fortement gênant. Du moins pour moi. Pour le coup, je ne cessais de m'imaginer passer la bague au doigt de Nicole dans les semaines à venir, et cette perspective était assez effrayante en fait, car à mon sens Nicole n'était pas une fille destinée à épouser un type dans mon genre. Pas qu'elle soit trop bien pour moi,... enfin, peut-être que si. Bah, de toute façon le mariage, moi, je le réservais pour plus tard. Je n'étais vraiment pas du genre à épouser la première venue d'un claquement de doigt juste pour faire plaisir à ma mère, comme l'avait fait mon frère, il y a quelques mois. Ah celui-là, il était vraiment cinglé. C'est à peine s'il connaissait le prénom de sa belle au moment de dire "oui". Moi je ne voulais pas de ça, que dieu me préserve. « Ah tu as un frère ! Il a quel âge ? J’espère pour lui que c’était un enfant voulu, hein. » Ma mère avait longtemps désiré un enfant et nous avais beaucoup chéris mon frère et moi. Alors pas de doute sur le fait que nous étions tous deux des enfants voulus. « Nous sommes jumeaux. Il a donc mon âge, vingt-quatre ans au compteur. » Bien que niveau maturité, je ne faisais pas le poids face à Abdel. Lui était marié donc, et allait devenir papa sous peu. Aussi, il avait décroché dès son arrivée en Angleterre un job de rêve et touchait un salaire de ministre, ou presque. Et moi, bah, célibataire endurci, incapable de changer une couche, vendeur de matelas en centre commercial... Ouais non, vraiment, je faisais même assez pitié en comparaison et cela ne s'arrangeait pas lorsqu'Abdel me renvoyait sa réussite en pleine tranche, à grands coups de réflexions et de remarques dont j'étais susceptible de me passer, croyez-moi. Mais bon c'était mon frère, je l'aimais, et même si parfois j'avais envie de le remettre une bonne fois à sa place. Encore fallait-il avoir le courage pour ça, hein. Le sujet dévia très vite sur les enfants, que j'avouais peu côtoyer. « Je n’en côtoie pas beaucoup non plus… mais je les trouve bête. On dirait qu’ils font exprès d’être niais, et les poupons c’est encore pire… je trouve ça vraiment moche. T’imagines si on avait tous des têtes de bébés ? L’horreur ! » Oh je la trouvais quand même un peu dure. Un enfant, c'est un petit être fragile dont il faut prendre soin, ça n'a rien de moche, de niais et de bête comme elle le disait. Mais bon, chacun son opinion hein, je ne la jugeais pas. Mais pour autant les mépriser, si le terme était bien choisi, il devait forcément y avoir une raison. Je supposais qu'elle était fille unique, et ma foi mon instinct ne me trompa pas. « Oui je suis fille unique au fait. Mais je ne me considère pas vraiment comme telle puisque j’ai grandi avec Térésa. C’est compliqué d’évoluer dans une famille qui a gardé les mœurs des anciennes générations. La mentalité des vieux asiatiques est stricte. Avec Térésa on s’est entraidées pour sortir de ce stéréotype dans lequel voulaient nous enfermer nos parents. Tu sais le coup de la petite bridée toute gentille et mignonne qui obéit à tous les ordres qu’on lui donne sans broncher. Ajoute à ça le côté niais et cucul. Du coup on a fait le rébellion, et on y est allées tellement fort que nos parents ont abandonné toute idée de nous remettre dans le « droit chemin ».» Enfin j'en savais un peu plus concernant ma partenaire. Cela m'aidait un peu à la cerner, enfin en quelque sorte, car je n'y parviendrais pas réellement en si peu de temps, j'en étais bien conscient. Malgré tout j'étais ravi de constater qu'au final, j'avais obtenues des petites confessions de sa part, que je n'avais pas été le seul à me livrer ce soir. « C'est bête mais je te vois bien mère un jour. » répliquais-je, dans un sourire en coin. Parfaitement, je l'imaginais avec une petite fille qui lui ressemblerait trait pour trait, et qu'elle s'emploierait à vêtir comme une véritable petite poupée. J'étais peut-être totalement à côté de la plaque là, par contre. Peut-être aussi allait-elle me prier d'arrêter de dire des bêtises, ou souligner le ridicule de mes propos. « Pas tout de suite hein, mais... dans quelques années quoi, enfin tu... ouais non oublie. » Je tentais de me reprendre maladroitement, mais je crois que je ne faisais qu'empirer les choses au final. Alors oui, le mieux était encore d'oublier cette prise de parole saugrenue. Nicole n'aimait pas les enfants et voilà que je disais la voir mère dans quelques temps. Mais oui, bien sûr. C'était un peu comme si j'avais affirmé détester le chocolat et qu'elle avait répliqué m'imaginer à la tête d'une chocolaterie sous peu. Vous voyez le paradoxe ?

Un jumeau, comme c’était intéressant. J’étais vraiment surprise de l’apprendre, c’est quelque chose d’important dans la vie d’une personne. Avoir son double qui grandit avec soi c’est super, je le sais j’ai Térésa. Enfin… on se comprend. Ca grossissait d’ailleurs l’énigme que représentait Malik à mes yeux. Certes ce soit j’en avais appris un peu plus sur lui, obtenant les armes pour comprendre son comportement sauf que pour moi lorsqu’on a un jumeau on a confiance en soi. Un jumeau c’est comme un miroir non ? Même si ce dernier était le pantin parfait de sa mère il… oui, non. C’ets bon j’ai compris, en fait cette histoire de jumeaux est bidon. Merci Kilam pour détruire toutes mes convictions. Finalement il reste une énigme ; probablement parce que je n’ai jamais rencontré de personne aussi compliqué que lui auparavant. Ou que je ne me suis pas intéressée à eux, c’est fort probable. Me voilà donc qui déballait ma vie sur un plateau argenté, enfin pas tout, juste un petit peu ; plus du genre plat gastronomique que grosse choucroute quoi. « C'est bête mais je te vois bien mère un jour. » J’aurais bien voulu sourire avec incompréhension dans la catégorie foutage de gueule mais ma réaction fut bien plus spontanée. « Pardon ? Non merci ! Je n’accepte d’enfant de personne. » Oui car pour moi l’enfant c’était plus uen contrainte pour la femme qu’autre chose, autrement dit il fallait vraiment que les femmes se montrent faibles face à la pression des hommes ou non-vigilantes pour se retrouver engrossées. Ah oui, détail en plus, après un enfant les mères sont toujours flagada, fatiguées et dégueulasses. So, non merci. Et j’ai envie de dormir tranquille sur mes deux oreilles ! Conclusion : trop de contraintes pour peu d’avantages. Laissez-moi réfléchir… y en a même pas des avantages ! Ce n’est qu’un bouffe fric et santé un poupon à tête de ballon. « Pas tout de suite hein, mais... dans quelques années quoi, enfin tu... ouais non oublie. » Il est mimi à essayer de se rattraper, mais il serait temps qu’il assume ses propos un peu. Je me demande en quel genre de mère il m’imagine d’ailleurs. La mère indigne, sûrement. Mon air choqué et agressif se troqua finalement contre quelque chose de plus mesquin et séducteur. « Quoi que je veux bien faire une exception s’il est de toi, Malik. » Me penchant légèrement en sa direction, je lui avais glissé ces quelques mots. Retour à l’envoyeur effectué avec succès. Mes pieds se balançaient encore et encore mais malgré ça je n’arrivais pas à me réchauffer, en cette saison le vent se fait trop glaciale pour le top model sans réserve que je suis. Et puis ce n’est pas sur Malik que je vais pouvoir compter là-dessus même si quelques efforts ont été faits. J’en suis d’ailleurs forte aise ! J’ai froids, certes, mais pas que. « Tu sais… elle me fait flipper cette fête foraine. Je sens vraiment qu’un clown vieux de l’ouverture va venir nous sauter dessus d’ici peu. Madame Irma sors de ce coooorps Ca ne te dis pas qu’on rentre ? » Je lui sors une petite moue qui implore le « steuplait steuplaiiit » bien que la proposition soit très explicite, à comprendre « on rentre là ! DE SUITE ! », sauf que Malik ne comprend pas ce langage ferme et simple donc il me faut employer la méthode douuuce. Je ne sais pas combien de temps je vais tenir honnêtement. Et moi qui pensait que l’idée des couples fictifs était bidon, je me retrouvais à faire attention à lui. N’iiiimpooorte quoi. « Non mais en fait j’ai surtout froid. Rien de plus. » Bon allez, go, starting up, on dégage ! En plus de marquer le départ, je pris le soin d’inhiber l’esprit trouillard de mon intervention précédente. La honte quoi ! Je descends du cheval, hésitant à le coller afin de me réchauffer sur le chemin du retour sauf que ça me rappelle une situation de déjà-vu. Abstient toi meuf, sérieux.

Topic terminé for me ♥

Nicole n'aimait pas les enfants, non, ces derniers la révulsaient en fait. Elle les qualifiait même "d'horreur", ce que je trouvais un peu exagéré mais ce que je respectais, malgré tout. Je n'étais pas là pour la juger, bien qu'à mes yeux il était difficile voir même impossible de mépriser les enfants, même aussi infernaux soient-ils. Je venais donc de prendre connaissance du fait que Nicole et les enfants, bah c'était aussi incompatible que le célibat et le mariage,... et pourtant ça ne m'avait pas empêché de l'ouvrir et de lui signifier que malgré tout, je l'imaginais bien mère un de ces quatre. La réaction de Nicole ne se fit alors pas attendre. « Pardon ? Non merci ! Je n’accepte d’enfant de personne. » Oui bon, bon je le reconnaissais moi-même, ça n'était pas à dire, pas après ce qu'elle m'avait révélé sur le dégout que lui inspiraient les enfants. Rah j'aurais mieux fait de me taire ! J'essayai alors de me rattraper malhabilement, espérant que Nicole passerait outre cette ânerie débitée... et contre toute attente oui, elle parvint à baisser le ton... pour déployer alors un air très enjôleur. « Quoi que je veux bien faire une exception s’il est de toi, Malik. » Et voilà, je ne savais définitivement plus où me mettre. Si j'avais tout gardé pour moi, je ne me retrouverais pas dans pareille situation à l'heure actuelle. Je détournai le regard puis posai celui-ci loin, très loin. Au loin en fait. Comment répondre à cela ? Et, étais-je seulement censé répondre ? C'était peut-être préférable, afin d'éviter de passer pour le plus gros coincé du monde. « L'association des origines coréennes et égyptiennes ferait sans doute un très bel enfant... » répliquais-je d'une voix très basse et de façon quasi-inaudible. Cela donnerait par exemple une jolie petite fille à la beau basanée, et aux yeux bridés et bleus. Aaaah, j'en étais presque rêveur. Mais wooow, ça suffit Malik, même dans tes rêves Nicole ne te donnera jamais d'enfants ! Pendant que je pédalais de façon regrettable dans la semoule, Nicole me fit savoir qu'elle avait fait le tour de ce carrousel et qu'elle souhaitait rentrer, disons, à sa manière. « Tu sais… elle me fait flipper cette fête foraine. Je sens vraiment qu’un clown vieux de l’ouverture va venir nous sauter dessus d’ici peu. (...) Ca ne te dis pas qu’on rentre ? » Je ne nous sentais pas réellement en danger de mon côté, mais peut-être Nicole avait un flair que je n'avais pas. « Non mais en fait j’ai surtout froid. Rien de plus. » Aaah, et bien il fallait le dire plus tôt hein, j'étais quand même susceptible de le comprendre. « Ah si tu as froid, ne restons pas ici plus longtemps. Rentrons. » Je la laissai ainsi descendre du cheval de bois la première, puis je fis de même avant de n'entreprendre de quitter cette fête foraine au côté de ma partenaire, tous deux frigorifiés. Et ce soir, malheureusement, je n'avais pas pris ma veste. Impossible donc, de la lui déposer sur les épaules comme la fois passée. Mais si on pouvait éviter de se remémorer ce malheureux échange de la semaine dernière, et bien, ça m'arrangerait en fait.