Aujourd'hui j'ai décidé de sortir le grand jeu. J'ai choisi une robe de soirée. Une robe qui en jette, après tout, mon mari est nominé, je dois lui faire honneur. Cette fois exit la veuve en pleure. Je serais l'épouse joyeuse. Ma robe est parfaite. Mais du coup j'ai décidé de ne rien faire de spécial pour mes cheveux. Ils sont lâché librement sur mes épaules. Le temps est à l'orage, des éclairs éclairent le ciel qui s'est assombri. Il faut nuit très tôt ici. L'hiver approche qui plus est. J'ai fait vite. Je ne sais pas où est Callan mais ce n'est pas bien grave. J'arrive sur le plateau et prends rapidement place sans vraiment regarder à côté de qui je m'installe. Je ne vise personne. Je m'assieds et j'attends, comme une reine qu'on vienne me rejoindre. Je pourrais garder une place pour mon mari, mais il va peut être vouloir s'asseoir aux côtés de sa partenaire .On verra bien puisque de toute façon il n'est pas encore présent. J'adresse un sourire à Raphaël assis non loin de là. Il est très élégant ce soir. La soirée risque d'être longue. Je me fous totalement de l'issue du prime. Qui part, qui reste. Peu importe. Bouh, quelle horrible épouse que je suis. Mais après tout, ce n'est pas comme si Callan l'ignorait n'est-ce pas. D'ailleurs, j'espère qu'il aura fait un effort ce soir. J'en ai fait un pour lui avec cette robe. C'est ce que je lui ai dit en tout cas.

Daphne arriva sur le plateau et s’installa sur un canapé libre, un verre de Cosmopolitan à la main. Elle en aurait sûrement besoin pour affronter ce prime et cette seconde nomination. Elle n’était pas forcément soucieuse, tous les candidats finiraient par y passer. C’était de plus l’occasion de tester sa popularité à l’extérieur du village. Si jamais elle était amenée à partir, elle n’aurait aucun regret. A elle seule, elle était capable de bouleverser l’aventure simplement en pianotant sur son blog ou en haussant le ton de sa voix. Son influence au sein du jeu n’était désormais plus à prouver. Qu'ils l'adorent ou la détestent, chacun savait ce qu'elle valait.

Et c’est reparti pour un nouveau prime. La semaine avait passé à une vitesse folle. Je crois que je commence à m’habituer à la place, à cette émission aussi. J’ai été souvent devant les caméras, ce n’est pas quelque chose qui me dérange, pourtant être filmé 24 heures sur 24, c’est étrange. Je suis un peu en retenu aussi. Autant je veux me détacher de l’image que je projette, autant j’ai de la difficulté à me lâcher lousse totalement. Mais bon, ça devrait venir avec les semaines, j’imagine. Je me prépare tranquillement, m’habillant beaucoup plus simplement que la semaine dernière. Pas besoin de mettre un costume avec cravate à tous les soirs non plus. Et ça ne me représente pas vraiment. Bref, je suis prêt et je me rends en vitesse sur le plateau. J’aurais bien fumé une cigarette avant tout, mais je crois que je suis un peu en retard. Ça me fait un peu chier, mais bon, pas le temps. Puis c’est pas comme si je suis vraiment stressée, je ne connais pas vraiment les gens en nomination se soir. J’entre, regardant l’ensemble de la pièce, me demandant où je vais m’asseoir pour le reste de la soirée. Tiens y’a Candace. Je pourrais m’asseoir à l’opposé d’elle et de l’ignorer royalement, mais je crois que ça ne serait pas si drôle. Ça l’est bien plus d’aller à ses côtés. « Bonsoir. » dis-je en faisant un signe de tête, un sourire léger sur mes lèvres. Je m’installe à ses côtés, peut-être que la place était réservé pour quelqu’un d’autre. Au pire j’irai ailleurs, ça ne me dérange pas vraiment. « Je ne pouvais pas laisser ma meilleure amie seule. Surtout dans une aussi belle robe. » Mais oui, je lui fais un compliment, je ne m’arrête plus lorsque je m’y met.

Prostré à l’une des fenêtres de l’école des filles, j’observe les gouttes d’eau venir s’écraser sur les pavés du village. Je pince les lèvres face à ce spectacle et jette un coup d’œil morose vers Maddie qui s’active. « J’ai pas envie d’y aller… » je l’informe avec une réplique digne d’un enfant de dix ans capricieux. Merci. Merci production d’avoir instauré les plateaux réservés aux primes à des kilomètres et des kilomètres du quartier d’Aragon. « J’suis sûr je vais encore choper la crève… T’as pris un pull ? » je poursuis d’un air renfrogné. Elle se matérialise quelques minutes plus tard vêtue d’une tenue assez décente pour affronter les intempéries. Je descends les escaliers puis passe le seuil de la porte suivit de ma partenaire. Elle me propose une cigarette, mais je refuse vivement son offre, m’empêchant de lui lancer un coup d’œil horrifié. Je me promets de lui faire un topo sur le tabagisme et la déforestation plus tard, mais en attendant je l’entraîne à travers le sentier d’un pas rapide pour ne pas atteindre le plateau dans le même état que si nous venions de plonger tête la première dans le lac. Quelques gouttes d’eau perlent de mes cheveux pour venir couler le long de ma nuque lorsqu’on entre dans la pièce, mais on s’en sort relativement indemne.