callan + branca

Étrangement, il semblerait qu'il y ait une réelle corrélation entre l'ambiance du prime et la qualité de mon sommeil. Il faut aussi dire que, contrairement à la semaine passée, je suis allée dormir directement après la fin de la soirée, sans passer par la case vodka. Je me suis endormie rapidement, encore seule dans le lit pour ne me réveiller que quelques heures plus tard, d'humeur radieuse. Tout du moins, autant qu'elle puisse l'être dans mon cas. Sans avoir aucune idée de l'heure, j'ai rapidement été profité d'une bonne douche bien chaude puis j'ai rapidement pris la direction de la cantine, mon ventre criant famine et mon cerveau ayant un besoin urgent de café. En général, la traversée du village m'irrite mais pour une fois, ce n'est pas le cas et j'en profite pour vérifier le contenu de mon paquet de clopes déjà largement entamé. Mais j'ai beau fumer comme un pompier, jamais avant le café. D'une c'est dégueulasse et de deux, mauvais pour la santé. Je fais très attention à ma santé. Je pousse la porte et me dirige directement vers la cafetière que je lance avant de m'adosser au comptoir. Un bruit attire alors mon oreille, celui de la porte et dirigeant mon regard vers cette dernière, je suis surprise d'y reconnaître Callan. Avant hier, je n'avais encore jamais réellement parlé au cher mari de Candace et ayant été assez absent au prime, je restais sur ma faim. C'était donc ici une bonne occasion de continuer notre conversation avortée bien précipitamment. Je souris légèrement, attendant qu'il s'approche, après tout, il n'a peut-être pas envie d'être accosté si rapidement après le réveil. Un silence s'installe, rapidement interrompue par le ronron de la cafetière dont le travail est terminé. Je sors un tasse, puis une deuxième et y verse le liquide chaud dont l'odeur me requinque déjà. Puis je me tourne vers Callan, une tasse à la main. « Café ? »

Je dors peu, j'y ai été forcé à un moment donné et depuis impossible de dormir plus de cinq heures par nuits. Je n'ai plus besoin de plus, mon organisme c'était habitué à ces courtes nuits. Alors même si je me suis couché plus ou moins tard à cause du prime, je n'ai pas dérogé à la règle en me levant tôt ce matin. J'étais opérationnel à huit heures trente. La cantine était déserte, et comme chaque matin j'ai pris le petit déjeuner avec ma femme. Sauf qu'il est plus de dix heures et j'ai l'impression d'être aussi opérationnel qu'à huit heures. Alors je crois qu'un café serait l'idéal. Je carbure au café alors ça aussi, mon organisme à l'habitude. Dans l'idéal, je prends le café avec une cigarette, sauf que je me vois mal fumer là où d'autres prenne leur repas. J'ai un peu de respect pour les non-fumeurs même s'ils ne doivent pas être très nombreux. Je pourrais éventuellement le boire dehors sur la terrasse du bistrot, mais je suis pas très loin de la cantine alors je m'y rends. Je suis presque sûr de la trouver déserte à cette heure. Les candidats ne sont pas très matinaux par ici, surtout un lendemain de prime. Je pénètre dans la cantine et j'ai la surprise d'y découvrir Branca, que j'ai lâchement abandonné hier soir au profit de ma partenaire qui n'est plus là ce matin par ailleurs. Elle semble s'être réveillé depuis peu et ne parle pas, alors je ne dis rien non plus. Je me contente d'un sourire en guise de bonjour. La cafetière est lancée, elle l'a sans doute fait, par contre, il a à peine coulé, alors je me pose non loin d'elle, contre le comptoir et j'attends. Pas très longtemps mais nous gardons tous les deux le silence, puis elle le brise finalement lorsqu'elle décide de se servir du café. « Volontiers. » Un sourire plus tard et je me dirige vers la table. « Si tu veux manger quelque chose, il doit rester des pancakes que j'ai fait ce matin. » Je lui signale en lui indiquant le réfrigérateur, enfin si bien sûr, personne n'est passé par là avant.

Tout ce que je sais de Callan en réalité c'est son statut marital avec Candace et qu'il soit réduit à ça, ça ne me convient pas. Tout comme ça ne doit pas lui convenir à lui aussi j'imagine. Il y a donc une erreur à réparer et j'y tiens. D'autant plus que notre conversation lors du prime aura vite pris fin pour une raison que je n'ai pas vraiment comprise d'ailleurs. Pas grave, je ne suis pas du genre à m'en faire pour si peu. De toute façon, je suis encore un peu dans le brouillard et j'ai besoin d'un café. En fait, c'est un peu une drogue pour moi ce truc, Asmaa a ses chewing-gums, j'ai le café, ça reste assez soft, j'ai connu pire. Alors je me rue sur la cafetière, la lance et alors que l'odeur arrive jusqu'à mes narines, m'enivrant peu à peu, j'entends qu'on arrive et découvre Callan. Je reste silencieuse, je n'ai pas franchement grand chose à dire et lorsque que la café est enfin terminé, je m'en sers une tasse, ainsi qu'à lui et je lance enfin le dialogue. Il accepte mon offrande, je souris légèrement en guise de bonjour, un truc du genre et il m'informe de la présence de pancakes dans le frigo, ce qui me fait sourire un peu plus. J'adore les pancakes. « J'imagine donc que tu n'es pas fraîchement levé! » lui dis-je en me dirigeant vers le frigo pour y récupérer les pancakes de Callan. Je crois que la dernière fois que j'ai mangé des pancakes faits à la main remonte à... trop longtemps, bien trop longtemps en réalité et c'est pourquoi je ne me fais pas prier. Je me sers donc, revenant à la table de la cantine et m'y attablant, là où j'avais laissé mon café. J'en attrape un que je mange d'une traite. Candace avait raison, il est bon cuisinier. « Je crois que je vais manigancer avec de devenir ta partenaire pour pouvoir manger de ça tous les matins... » Ca pourrait être un bon plan non ? C'est alors que je me rappelle des changements effectués cette nuit, les couples échangés... C'est toujours un peu la roue de la fortune en fin de prime. « Alors, ça fait quoi d'échanger une blonde grande gueule pour un musicien country barbu ? » Un musicien barbu qui semble pas mal plaire à la dite femme d'ailleurs...

En arrivant dans la cantine et lorsque je découvre Branca je me rends compte que je ne la connais pas. C'est assez dommage, elle a l'air intéressante comme jeune femme. Et si elle suscite l'intérêt de Candace c'est qu'elle doit mériter le détour à mon avis. On ne parle pas, jusqu'à ce que la cafetière se termine, et la discussion débute à propos de cet or noir d'ailleurs. J'accepte sa proposition. Je souris à sa conclusion. « Hum, non en effet. Je suis debout depuis plus de deux heures. » Je me gratte l'arrière du crâne. J'espère que je n'ai pas une tête de zombie encore surtout après tout ce que je me suis étalé sur la tronche ce matin. Quoi que, non, Candace me l'aurait dit tout à l'heure au petit-déjeuner. Elle n'est pas du genre à me cacher ce genre de choses, l'apparence compte trop à ses yeux pour ça. Elle semble apprécier les pancakes et ça fait plaisir, je l'observe tout en dégustant mon café. « Il faudrait plutôt que tu manigances avec Candace et qu'elle accepte de signer les papiers du divorce pour que tu puisses devenir ma femme ensuite parce que je les ai fait pour elle. » Je ris. Je sais je suis un mari parfait. Elle ne sait pas la chance qu'elle a. « Ceci dit, je peux tout aussi bien en préparer plus pour toi à l'avenir. » Inutile d'être aussi catégorique de toute façon, y'a toujours une solution à chaque problème. D'ailleurs, elle me rappelle douloureusement le départ de ma charmante partenaire pourtant décrié. Elle va me manquer Daphne, c'est certain. « Si je te dis que je préférais la blonde tu me croiras sur parole ? » Je souris timidement. Qu'on se le dise, je n'ai rien contre le barbu, mais c'est déjà moins agréable de dormir avec un mec plus grand qui prend plus de place et qui est un peu trop proche de ma femme à mon goût. Et là, une musique retentit. C'est quoi encore ce délire ? Je mets plusieurs secondes à réaliser que je suis censé l'embrasser. Ah oui c'est vrai. Je la regarde légèrement perplexe. Ça va être sympa avec l'haleine de café. Je me lève et me penche vers elle. « Tu permets ? » Je demande en posant ma main sur sa joue, j'attends son autorisation avant de faire quoi que ce soit.

Le café commençant à faire son effet, que ce soit psychologique ou non, je suis alors plus à même d'avoir une conversation sensée et posée avec Callan qu'il me tarde de découvrir. Venir dans une telle émission lorsqu'on vient de son milieu, qu'on est marié et qu'on est bien au dessus de l'âge moyen des candidats doit cacher un secret de taille, je m'en doute bien et je suis intriguée par tout ça. Je m'étonne lorsqu'il me parle des pancakes qu'il a fait et alors que je me hâte à aller les chercher avant qu'on me les pique. « Plus de deux heures ? On t'a viré du lit ? » Je ne vois pas d'autres explications... Surtout le lendemain d'un prime. Pendant ce temps, moi je mange. Je ne vais pas me faire prier, il est assez rare de se faire servir ici et encore moi quand c'est aussi bon. Comme quoi, ça a des avantages non négligeables de se lever tôt... Je lui parle de manigancer et il se met à rire, parlant de divorce et de Candace. « Elle en a de la chance. Mais sans vouloir t'offenser, je ne suis pas franchement prête à me marier, tout comme Candace ne doit pas vraiment être du genre à divorcer. » A moins qu'ils aient des problèmes mais ça, pour ce que ça me regarde. « Mais je ne dis pas non à ta proposition de surplus. » Je ne serais pas vexée de manger ce genre de restes, pas du tout même. Je prends une nouvelle gorgée de café, lançant la conversation sur le changement de partenaire du candidat, changement qui je me doute, ne doit pas tellement lui faire plaisir. « Oui. Elle avait au moins le mérite d'assumer ses opinions et ce qu'elle pensait. Et comme je n'ai pas eu le plaisir de faire la connaissance de William pour le moment... » Forcément, ma préférence va pour la blonde qui méritait certainement sa place bien plus que des candidats toujours en course. C'est alors qu'une musique retentit et n'étant pas encore très en phase, je ne pige pas vraiment ce qui est sensé se passer. Ce n'est que lorsque Callan s'approche, pose sa main sur ma joue et me demande ma permission que je comprends qu'il s'agit de l'alarme à baiser, celle qui vous oblige à embrasser la personne la plus proche de vous. « Je t'en prie. » Après la femme, le mari, tout à fait logique. Nos lèvres se pressent alors les unes aux autres, sans plus de cérémonie, de la manière la plus chaste possible. C'est tout ce qui est demandé de toute façon, non ?

Je ris face à la remarque de Branca. Bon c'est vrai que c'est loin d'être fréquent qu'on se lève tôt ici, surtout qu'on a rien de particulier à faire à part dormir. Ceci dit si je pouvais dormir aussi longtemps, je serais tout aussi ravi. Mais ce n'est pas le cas alors je me lève. Ce qui explique que je sois debout depuis huit heures ce matin. « Non non, du tout Candace s'est levée avant moi en plus. C'est juste une vieille habitude. » C'est difficile de changer ses habitudes, surtout lorsqu'on a le même rythme depuis plusieurs longues années. Mais ça ne me dérange pas. D'abord parce qu'on peut prendre notre petit déjeuner avec Candy sans être dérangé par quiconque, et aussi parce que le village n'a pas la même saveur à neuf heures du matin alors que tout le monde dort. Et ensuite on dérape sur les pancakes, elle me parle de convaincre Cupidon, je lui parle plutôt de Candace et d'un hypothétique divorce qui n'arrivera pas. « Je pense qu'elle le sait. » J'annonce sans être condescendant. Au contraire. « Elle n'était pas non plus du genre à se marier. Mais, je suis sûr qu'elle préférerait que je te cuisine des pancakes que de devoir divorcer pour ça. » Je ris, de toute façon ce n'est pas comme si je pouvais vivre sans elle à mes côtés, c'est tout simplement pas envisageable, peu importe ce qui pourrait arriver. Il s'est passé tellement de choses et pourtant, on est toujours unis. Pour le meilleur et pour le pire qu'ils disaient. La conversation passe rapidement au sujet William/Daphne. Je suis assez étonné, mais d'une façon agréable lorsque Branca parle de Daphne. Elle finit par dire qu'elle ne connait pas mon nouveau partenaire. « Je ne pense pas qu'il soit mauvais au fond, je suis simplement blasé de sa relation avec Candace, mais je présume que c'est logique. » Je soupire parce que je ne suis pas jaloux, je me fiche qu'elle dorme avec un autre mec ou qu'elle en soit proche en temps normal, mais là j'ai une mauvaise impression. Je n'ai pas le temps de m'y attarder que la musique des baisers retentit. Bon, pourquoi pas. Mais bon, je préfère m'assurer qu'elle en a envie. C'est plus correct. Elle donne son accord. Nos lèvres se rencontrent, on s'embrasse, enfin si on peut appeler ça un baiser. Nos lèvres se touchent, et c'est largement suffisant. Je reprends alors ma place. « Et sinon, qui est tu Branca ? » C'est une question tout à fait légitime. Je trempe mes lèvres dans ma tasse.

A croire qu'on vit réellement seulement d'amour et d'eau fraîche lorsqu'on est touché par ce sentiment ultime car si j'entends bien ce que me dit Callan, ils n'ont pas besoin de dormir. Ou alors ils sont vampires, c'est ça leur secret, mouais, il est tôt, mon esprit se perd dans des élucubrations un peu trop fantasques pour moi. Lentement, enfin pas si lentement que ça en réalité, je termine les pancakes que Callan avait laissé au frais. Et les autres ? Il n'avait qu'à venir plus tôt, cette bande de feignants, de toute manière, je ne suis pas du genre à être adepte du partage. Premier arrivé, premier servi, c'est un peu ma philosophie de vie. Callan parle de Candace et ses paroles me font sourire, ils sont mariés mais finalement, m'offrent une vision du mariage que je ne connaissais pas, une vision assez libre que j'aime assez. « J'imagine que ce serait de toute façon une raison assez étrange pour justifier d'un divorce. » Imaginez, sur les papiers, dans la case raison, il serait écrit : parce que Branca veut elle aussi des pancakes. Légèrement risible. Puis on parle de Daphné et je dois dire que je ne fais pas partie de ceux qui se réjouissent de son départ. Je ne l'ai jamais nominé et ne comptait pas le faire, ce que certains lui ont fait subir, c'était de l'acharnement et le pire, c'est qu'ils sont fiers d'être arrivés à leurs fins. Très bien, attendons que le sort s'acharne à son tour sur eux alors et on verra bien qui rira le dernier. D'autant plus que son départ ne m'arrangeait pas du tout, après tout je lui ai confié qui étaient mes candidats en vue et elle n'aura jamais eu le temps de me parler de ses préférences à elle. Dommage. « Pourquoi logique ? » Oui, là, j'ai du mal à comprendre. Se connaissaient-ils avant Fake Lover ? La musique retentit alors et la consigne étant de nous embrassons, nous obéissons non sans une demande au préalable de la part de Callan. Gentleman en plus, Candace a vraiment de la chance j'imagine. Ce n'est pas forcément mon type mais j'imagine que ce genre d'hommes reste assez prisé. Nos lèvres s'effleurent, doucement, sans grande émotion, de façon très détachée. Revenus à notre position initiale, Callan me pose alors une question... déroutante. Je n'ai jamais été douée pour parler de moi et encore moins ici où nous avons tous un secret à cacher. Je ne sais jamais pas où commencer, par où finir, tout est toujours très confus. « Hum... Je n'en sais rien. Je suis une jeune femme américaine, vivant depuis peu en Angleterre et je suis tatoueuse, enfin bientôt j'imagine. Et...il n'y a pas grand chose à dire en réalité. Et toi alors ? » Lançons lui la balle, ça m'arrange.