Je ne savais pas réellement comment j'avais fait pour traverser semaine après semaine ce jeu, et ce, sans même être nominé. Du moins, je ne l'avais pas été jusqu'ici. Parce qu'au final, rien n'était encore gagné, et au fond de moi, je me doutais bien qu'un jour ou l'autre, je viendrais à quitter le jeu. Je voulais gagner, oui, j'étais là pour ça, mais je ne pensais clairement plus que cela serait possible. J'avais sur-évalué mes capacités, et sous-estimé les leurs. La vérité est que je ne pensais pas m'attacher aux candidats, là avait été ma faute de jugement. Parce que je ne pouvais plus faire autrement. Sixième prime, et je ne sais pas vraiment comment j'ai fait pour m'en sortir. J'ai juste été Lulu. Et non Lucien. Cela doit-être ça, la raison. Alors vêtu de quelques vêtements choisis totalement aléatoirement, je me repassais en boucle les quelques dernières semaines, marchant jusqu'au plateau. Je ne pouvais faire que ça après tout. Peut-être étais-je encore là pour longtemps, peut-être pas. La vérité est que je n'en savais rien. Et c'était certainement ça qui rendait le tout plus excitant. Alors, j'avais finalement passé le pallier, parcourant les visages de chacun du regard, m'approchant de Raphaël pour déposer un doux baiser sur ses lèvres avant de finalement prendre place à ses côtés.

Ce soir je feignais de m'habiller correctement. Le prime m'importait peu, après les deux nominés m'indifféraient totalement. D'un côté un type à qui je n'avais jamais eu l'occasion de parler et de l'autre une teigne accomplie qui en plus, comble du comble, se teint les cheveux en rose. Bref tout ça pour dire que j'ai mis un jean. Je débarque avec ma démarche de rêve, perchée sur mes Jimmy Choo m'ayant coûté trois bras et viens m'installer entre Joshua qui pue la clope et Asmaa qui s'est déguisée en pute de bas trottoirs. Charmant. Pas plus que le baiser de Lulu envers Raphael. Scotchée? NAN MAIS CARREMENT! Je suis toujours la dernière au courant j'en ai marre.

Je m’étais préparée en vitesse, sortant à la traine de la douche, alors que la plupart des candidats commençaient déjà à faire leur bout de chemin vers le plateau. Bon sens, j’étais en retard. Heureusement, aucune hésitation sur la tenue à porter ce soir. Je me faisais grand honneur d’enfiler la tenue que m’avais confectionné Dagga. Une magnifique robe beige qui me sciait à merveille. Je dus perdre au moins cinq bonnes minutes rien qu’en me regardant dans la glace. Il y a longtemps que je n’avais pas autant apprécié mon reflet. Mes cheveux tombant en cascade frisottée sur mes épaules, et un mince maquillage, loin d’être tape-à-l’œil, complétaient l’ensemble. Bon, assez perdue de temps, me fis-je à la réflexion après quelques instants. Il fallait que j’aille rejoindre les autres. J’attrapais un châle de laine dans l’un de mes casiers au passage – question de ne pas frissonner toute la soirée, m’y emmitouflait, puis quittait l’école des filles en direction du prime. Évidemment, je devais être bonne dernière, ou presque. Un mince signe de la tête et un sourire en guise de salutation aux candidats que je croise sur ma route, puis je décide de me poser un peu à l’écart, là où un sofa vide m’attend.

Je lutais pour ne pas sombrer dans une profonde inertie. Ce serait quand même le comble, de trouver le sommeil sur ce siège, durant le prime, alors que la nuit j'en étais incapable ! Très vite, Wade vint me tenir compagnie. « Hey mec ! Tu m’as l’air crevé, qu’est ce que tu fais la nuit ? Faut dormir tu sais » remarqua-t-il, tandis que je reportai difficilement le regard sur lui - et oui, même une rotation des yeux semblait être un effort surhumain. Le fixant quelques instants tout en gardant le silence, je finis par entreprendre d'entrouvrir - difficilement - la bouche, ma mâchoire me paraissant d'ailleurs presque rouillée. Heu, quelle était sa question déjà ? Ah oui, qu'est ce que je faisais la nuit au lieu de dormir... « Ce que je fais ? Je compte les dalles au plafond. » Sérieusement, hein, je savais exactement combien de dalles comptait celui de ma chambre - approximativement quatre cent soixante-deux, peut-être une de plus ou une de moins mais bon, on va pas chipoter. Je voulus esquisser un sourire, mais je n'y parvins pas. « Le sommeil ne vient plus à moi depuis quelques temps... Mes nuits ne sont plus vraiment des nuits, mais plutôt un enchainement de longues, très longues heures durant lesquelles je perçois le moindre grincement de dents, le moindre mouvement dans les lits voisins. » Morphée ne daignant pas passer par le mien de lit, je m'occupais comme je le pouvais. Mais à la longue, c'était éprouvant de rester allongé sans trouver le sommeil. « Toi par contre, t'as l'air en pleine forme. » rétorquais-je tout en tapotant le siège vide à mes côtés, le conviant donc à prendre place.

Callan m'attend, je lui ai dit qu'il avait qu'à partir devant, que je le rejoindrais plus tard. Sauf qu'il a insisté pour rester, d'accord. Mais moi j'ai besoin de temps pour me préparer. Enfin surtout pour trouver une robe potable. Qu'en se le dise, elles le sont toutes, pas ce soir. J'ai envie d'une robe sympa, mais il fait froid dehors alors j'hésite. J'en ai marre. J'opte pour cette robe couleur bronze. J'ai l'impression de ressembler à un sac dans ce truc, c'est immonde mais il est trop tard pour changer. Tant pis. Je laisse mes cheveux libres, je me maquille légèrement et enfile des Jimmy Choo. « Je ressemble à un sac là dedans. » Je marmonne, alors que je passe la veste de mon cher et tendre époux très attentionné qui ne craint pas la pneumonie visiblement. On arrive rapidement. On rentre, on s'installe et je lui rends sa veste. J'adresse un sourire à Raphaël déjà présent. J'étais sur le point de demander un verre à Callan lorsque je vois Lulu arriver en embrasser mon partenaire. Je suis étonnée, mais pas plus que ça. « Je devrais songer à dormir plus souvent dans mon lit ... » J'ai des lacunes, de très grosses lacunes. Je ne cesse de les observer ces deux là. « J'ai froid ! » Je murmure finalement me penchant vers mon mari. J'ai la chaire de poule, c'est désagréable.

Ce prime, il le redoutait, comme les précédents, comme celui qu'il passerait assurément la semaine prochaine, même s'il était mis en danger jeudi. Se retrouver au milieu de tant d'êtres, devoir supporter tant de regards, tant de présences, cela avait assurément tendance à le gêner. Mais il faisait des efforts, parce qu'il le fallait, et parce qu'il ne devait plus se sentir aussi embarrassé aux cotés de toutes ces personnes. La plupart lui étaient à ce jour très sympathiques, quant aux autres, il ne voulait pas plus leur donner l'impression qu'elles le gênaient, alors qu'il était évident que le problème venait de lui. C'est en tout cas en pleine réflexion sur ce point qu'il fut rejoint par DANI, qui prit place près de lui avant de le saluer. Mais à cet instant, Raphaël était quelques peu surpris par la tenue de son camarade. Il ne jugeait évidemment pas les goûts de chacun, mais il est vrai que ce pull interpellait son regard. « Bonsoir » articula-t-il, dans un sourire, quoi qu'un peu distrait. Bon allez, il allait finir par quitter des yeux ce pull, hein. « Je crois bien n'avoir jamais rien vu d'aussi coloré » lâcha-t-il, dans un sourire plus prononcé. Attention, il ne se moquait pas. Il trouvait ça simplement ... original. Lui, il ne pourrait jamais porter ça. Ah bah non. Mais voilà que bientôt, ce fut à LULU de s'approcher pour ... l'embrasser ... sur les lèvres ... pour de vrai. Okay, Raphaël était bouleversé. Positivement bouleversé, cela va de soi. Il lui adressa un timide sourire, naturellement embarrassé par ce baiser public, mais forcément ravi que Lulu soit là, près de lui. « Je ... je suis navré pour l'autre soir » bafouilla-t-il, dans un rougissement extrême au niveau des joues. Il repensait à ce qui avait failli se passer et ... il regrettait, honnêtement, que ça n'ait pas été le cas, qu'il n'ait pas été capable de gérer la pression du moment, d'avoir été nul, profondément nul. Bon et sinon, si tout le monde continuait de les observer, il allait juste un peu mourir quoi.

Chers candidats, comme vous avez pu le remarquer, le nid s'est plongé depuis cette fin d'après midi, dans une noirceur des plus étranges.

En effet, chaque saison, Cupidon aime fêter Halloween comme il se doit, en soumettant les candidats à diverses tortures et chamboulements auxquels ils n'étaient pas forcément habitué. C'est pour cette raison que votre ange favori a enfilé sa cape noire, prêt à vous faire vivre la semaine la plus effrayante de votre vie. Lumières clignotantes, cris au loin, paire de yeux vous guettant dans l'obscurité, il ne fera pas bon de sortir la nuit, dans FAKE LOVER. Mais qui dit terreur dit également jeu. Et pour bien commencer cette semaine, Cupidon vous annonce qu'il n'y aura ce soir pas un, mais bel et bien deux éliminés en fin de soirée. En effet, tout au long de la soirée, tous les candidats sont soumis aux votes. Seuls les nouveaux, Danny, Jimmie, Liv et Wade échappent à cette nomination, puisqu'ils sont encore immunisé pour quelques heures. Arès, tu l'auras compris, ta double immunité n'est pas valable ce soir. Rumer, Gaspard, vous êtes également nominés au même titre que les autres candidats, vous avez donc deux fois plus de chances de sortir, ce soir.

Mais puisque nous fêtons la semaine de la terreur, Cupidon ne souhaite pas s'arrêter là. En effet, le public ne devra pas sauver son candidat favori, mais bel et bien voter pour celui qu'il ne souhaite plus voir dans l'aventure. En fin de soirée, le candidat qui aura retenu le plus de votes contre lui sera éliminé.

Bonne chance...
vous devez voter pour les trois candidats que vous souhaitez voir quitter le nid.

LES LUMIERES SE COUPENT UN INSTANT, ET UN MESQUIN RIRE SE FAIT ENTENDRE AU LOIN.