La pratique d'activités physiques avait toujours eu tendance à calmer la nervosité maladive de Mado. Une femme aussi impulsive qu'elle l'était avait absolument besoin de se défouler, d'extérioriser sa frustration, si possible en évitant de s'en prendre physiquement aux personnes qui l'entouraient. Très tôt, dès son enfance en fait, elle avait donc ressenti le besoin de se lancer dans diverses activités appelant tout autant à la participation de son corps que de son esprit, ce qui ne l'avait pourtant pas toujours empêché de se fourrer dans de jolis pétrins, mais qui lui avait peut être évité le pire en somme. Il était en tout cas certain que la jeune femme vivait un début de semaine compliqué. Blasée par la nomination d'office de son partenaire, elle avait quitté le prime dans un état second et avait peiné à se calmer. Encore aujourd'hui, la jeune femme avait grandement du mal à ne pas serrer les dents à la simple pensée qu'un pauvre type avait cru bon de nominer Bob pour, rappelons-le, une histoire de bouquin. Il n'en fallut alors pas davantage pour qu'elle ressente l'intense besoin de prendre la direction de la salle de sport, où elle ne tarda pas à trouver de quoi s'occuper. Face au sac de sable disposé dans un coin de la pièce, elle poussa un long soupire. Et puis, munie des gants qu'elle venait d'enfiler, elle frappa, autant dans l'optique que se dépenser que parce qu'il lui fallait trouver sur quoi cogner. Clairement, elle partait du principe qu'il valait mieux s'en prendre à ce sac qu'à Mickey, bien que ce ne soit pas l'envie qui lui manque de faire l'inverse, hm. Mais tandis qu'elle frappa avec toujours plus de force et d'insistance sur l'objet, voilà qu'elle releva les yeux et reconnut la silhouette de Fitz, qu'elle n'avait alors pas entendu entrer. Okay, hm, elle ne savait pas tellement si elle était contente de le voir, là. Peut être parce qu'en soi, dans son état, il valait peut être mieux qu'elle ne voit personne. Pour autant, pour lui, elle cessa un instant de cogner dans le sac. Et puis elle l'observa, sans savoir ni quoi dire, ni quoi faire. Elle était en tort et elle en avait conscience. Ils ne s'étaient plus parlés depuis déjà quelques jours, et mine de rien, ça lui pesait. Aujourd'hui, c'était à elle de faire un pas vers lui, quitte à mettre de coté sa fierté, quitte à risquer un rejet. « J'ai fait preuve de mauvaise foi. De beaucoup de mauvaise foi » avoua-t-elle délibérément, essoufflée et tâchant de se calmer. Elle le reconnaissait, elle avait fait preuve d'une certaine malhonnêteté à son égard dernièrement. « Sur une échelle allant de 1 à - disons - 300 000, tu m'en veux à quel point ? » se risqua-t-elle ensuite à formuler. Oui, elle tentait un trait d'humour, si on peut dire. Et oui, elle était bien consciente que ça pourrait ne pas prendre. Mais franchement, ça n'était pas comme si elle avait grand chose à perdre, là tout de suite.

Honnêtement, l'envie de quitter précipitamment la salle de sport lui était forte. Il faut dire qu'elle n'était pas franchement certaine qu'une entrevue avec Fitz soit une très bonne idée compte tenu des récents évènements. Car non contente d'avoir agi comme une idiote en début de semaine passée, il avait en plus fallu qu'elle en rajoute une couche en récidivant le soir de la Saint-Valentin. Autant dire qu'elle s'en voulait présentement beaucoup et qu'elle craignait de n'être même pas capable d'assumer quoi que ce soit. Car il était également là son problème : Mado tentait perpétuellement de faire bonne figure, de minimiser certains problèmes, si bien qu'il lui arrivait quelques fois de tromper autrui sur ses véritables ressentis, en passant alors pour une personne incroyablement insensible, alors qu'elle ne l'était justement pas. Ici, elle craignait d'apparaitre à Fitz sous un jour bien moins flatteur encore que ce à quoi il avait eu droit la semaine passée. C'est dire comme elle doutait d'elle, à cet instant précis. Pour autant, impossible pour Mado de se défiler alors qu'elle savait assurément que ça ne résoudrait rien. Si elle partait maintenant, elle passerait non seulement pour une lâche, mais en plus, elle perdrait probablement toutes ses chances de remonter ne serait-ce qu'un tantinet dans l'estime de Fitz, ce qui en soi serait déjà beaucoup si l'on tenait compte de la mauvaise foi qui avait été la sienne récemment. D'ailleurs, ladite mauvaise foi fut bien vite pointée du doigt par la française, qui était alors apte à reconnaitre qu'elle n'avait pas été bien honnête sur certains points. Restait maintenant à savoir à propos de quoi, car telle était la question que lui posait Fitz. Et là, elle allait devoir trouver un compromis avec sa fierté, histoire d'être apte à parler plus sincèrement que ces derniers jours, hm. « En te jugeant, alors que je n'en avais pas la droit, que j'étais même très mal placée pour le faire. » Elle parlait là du fait qu'elle se soit elle aussi laissée un peu aller avec Bob, sans avoir pour autant cru bon de le lui dire, ce qui l'avait bien arrangé sur le coup. « En te reprochant un humour que j'avais moi même initié, simplement parce que je devais être, je sais pas, un peu frustrée. » Là, elle faisait référence au strip-tease, qui n'avait pas eu lieu, et à tout ce qui l'entourait. « En ayant eu trop de fierté, à deux reprises, pour reconnaitre mes torts et éviter d'envenimer les choses. » Elle avait voulu garder l'avantage, si on peut dire, mais n'aurait pas du. « Et en n'ayant même pas eu l'honnêteté d'assumer mes actes auprès du chroniqueur, en dépeignant notre soirée comme si je n'avais pas tout gâché, alors que c'est le cas. » Ça, elle se le reprochait également beaucoup. Avoir gâché la soirée de la Saint-Valentin, alors qu'ils avaient tous deux fait des efforts en premier lieu. Est-ce qu'il s'agissait d'excuses ? Et bien ... « Je suppose. Je n'ai jamais été très à l'aise avec les excuses, mais ... mais je m'en veux amèrement alors, oui, je te demande pardon. » En soi, il n'était pas tant difficile pour elle de s'excuser que d'imaginer que lesdites excuses pourraient finalement lui revenir en pleine tronche. Peut être que Fitz était bien décidé à ne pas lui pardonner son comportement, auquel cas, elle ne pourrait s'en prendre qu'à elle-même. Quant à l'échelle, il est vrai qu'elle était un peu "longue" dans le genre. Peu réaliste aussi, mais bon. Il lui en voulait donc à l'échelle de 3 sur 300 000. Oh, ça va. Quoi que non, quand même, ça n'était techniquement pas rien. « Oui, je comprends » bafouilla-t-elle, à la fois partiellement soulagée qu'il lui ai sorti un chiffre relativement petit, et honteuse de lui avoir donné une raison de lui en vouloir. « Je suppose que je peux m'estimer heureuse que tu ne m'aies pas sorti 299 999, hein. » Un rire, gêné, malvenu et honteux lui échappa. Ouais, non, elle allait éviter ça à l'avenir, quand même.

En fait, il était peu probable qu'elle ose l'avouer un jour, mais Mado avait eu peur. Peur d'avoir définitivement tout gâché avec Fitz, oui. Rappelons tout de même qu'il était celui qui ne l'avait jamais jugé, qui s'était toujours montré avenant, poli - n'est-ce pas, Mickey - et compréhensif à son égard. Il l'avait aidé à retrouver le jouet d'Aaron, il avait passé nombre de primes et de soirées en sa compagnie, et il avait toujours tâché de la voir d'un regard curieux, sans s'être jamais laissé dicter une opinion par rapport à tout ce que l'on pouvait entendre sur elle au sein du nid et depuis les premiers jours de l'aventure. Là où beaucoup avaient rapidement catalogué la jeune femme comme une garce froide et profondément désagréable, il avait quant à lui obtenu son respect en prenant la peine de la découvrir, sans s'arrêter à ce qu'elle pouvait laisser apparaitre en surface. Mado avait donc eu peur d'avoir ruiné cette relation qui, oui, commençait à compter pour elle. Elle qui n'avait jamais eu personne d'autre qu'Ezra pour tâcher de la comprendre, ou tout du moins d'essayer, sans la juger ni se faire un avis prématuré sur sa personne, avait bien vite compris que son lien avec Fitz deviendrait précieux. Pourtant, elle avait merdé, et pas qu'un peu. En se mêlant de ce qui ne la regardait pas, en le jugeant, en insinuant des choses peu honorables, oui, elle avait merdé. En cela, elle s'était dit qu'il ne voudrait tout simplement plus ne serait-ce que lui adresser la parole, ce qu'elle aurait assurément bien mal vécu. Alors aujourd'hui, tandis qu'ils se retrouvaient en salle de sport par un drôle de hasard, elle avait effectivement songé, un court instant, à se défiler, s'étant dit que de toute manière, il n'avait pas la moindre envie d'être confrontée à elle. Mais elle avait réfléchi, et s'était finalement dit que s'il pouvait rester un moindre espoir de ne pas perdre le peu d'estime qu'il devait encore avoir d'elle, elle ferait mieux de tenter sa chance malgré tout, quitte à être confrontée à un rejet. Au moins, elle aurait essayé. Et le plus surprenant dans tout ça, c'est qu'il semblait justement prêt à dialoguer lui aussi. Elle avait donc été amenée à lui faire part de son point de vue sur la chose, sur tout ce qui d'après elle faisait qu'elle avait fait preuve d'une honteuse mauvaise foi. Et puisqu'il ne la reprit pas sur les différents points qu'elle évoqua, la jeune femme supposa n'avoir rien oublié. Il faut dire qu'elle avait eu un peu de temps pour penser à tout ça. Il y eut alors cette question, qui la fit réfléchir également. Elle n'était pas tellement prise au dépourvue, mais il est vrai qu'elle n'avait pas tellement pensé à cela. « Je ne sais même pas. Oui, j'ai du me douter qu'on en parlerait tôt ou tard, et peut être qu'au fond je redoutais le moment où ce serait révélé. De moi-même, je n'ai jamais pris l'initiative de t'en parler, et j'aurais peut être du effectivement. Parce que du coup, j'ai été prise de court, et ça passe aussi pour de la malhonnêteté. » Honnêtement, elle n'avait jamais tellement pensé à placer ça dans l'une de leurs conversations. Inconsciemment, peut être qu'elle s'était dit qu'il la verrait différemment, et qu'elle n'y avait pas tenu. Pour autant, elle avait bien conscience qu'il aurait été préférable que ce soit elle qui le lui apprenne, et pas William et ses questions. Fitz disait alors accepter ses excuses, et franchement, ça lui donnait envie de sourire. Pour autant, elle se retint, n'afficha qu'une esquisse de sourire, histoire de ne pas se réjouir trop vite, au cas où. Le terme "malsain" avait vraisemblablement intrigué son camarade, et il est vrai qu'elle n'avait pas été certaine que l'employer eut été une bonne idée. Mais c'était un peu tard maintenant. « Je parlais de ce petit manège qui semble se monter autour de nous, de nous trois. J'ai l'impression d'avoir donné l'impression de voir Everleigh comme une rivale, et que tout ça laisse maintenant penser qu'elle et moi comptons nous battre pour ... pour toi. La dernière question de William m'a blasée, parce que ça m'a prouvé que de l'extérieur, on avait tendance à voir ça comme une concurrence. C'est ça que je trouve malsain. » William lui avait parlé d'Everleigh, du fait qu'elle puisse ne pas vouloir évoquer Fitz de peur, sans doute, de s'attirer les foudres de cette dernière, alors que bon sang, personne n'avait de compte à se rendre dans cette histoire. Histoire qui, du coup, prenait d'improbables directions. Elle avait aujourd'hui l'impression de jouer un rôle, bien malgré elle, dans une sorte de spectacle destiné à divertir le public. Clairement, elle n'aimait pas ça. Bon, au moins, il se mit à sourire suite à sa navrante tentative d'humour. Elle n'était pas si rouillée que ça, donc.

Qu'elle ait des comptes à rendre à Fitz ou non, Mado avait tout de même tendance à penser qu'il aurait été pleinement préférable qu'il ait appris ce qu'il s'était passé entre Bob et elle de sa propre bouche, et non de celle d'un chroniqueur un peu trop curieux. Disons qu'elle aurait un peu meilleure conscience aujourd'hui, oui. Après, bien sûr qu'elle savait que personne n'avait de comptes à se rendre, que ce serait franchement un comble, et que ni l'un ni l'autre n'était en soi forcé de savoir ce que l'autre faisait, et avec qui. Le pire étant, effectivement, qu'elle ait eu la malhonnêteté de le juger alors qu'elle avait fait exactement la même chose. Oui, elle était apte à reconnaitre que c'était probablement ce qui était le pire dans toute cette histoire, ce qui dépeignait le plus précisément sa mauvaise foi. Jamais elle n'aurait du ne serait-ce qu'évoquer ce qui avait été montré lors de l'avant dernier prime, déjà parce qu'elle n'avait pas à se mêler des affaires de Fitz et Everleigh, mais aussi parce qu'elle était exactement dans la même posture, et qu'elle aurait du se douter qu'elle ne pourrait faire autrement que d'émettre un jugement maladroit sur cette histoire, et que ça lui porterait préjudice par la suite, lorsque son petit moment avec Bob serait révélé. Elle n'avait pas suffisamment réfléchi aux conséquences de ses propos, de la manifestation de sa curiosité mal placée. Elle aurait du, parce qu'aujourd'hui, alors qu'elle était confrontée aux interrogations de son camarade, elle était forcée de se poser les bonnes questions, pour pouvoir rester sincère sans partir n'importe où. « Mon premier tort, ça a été d'évoquer ce qu'il s'est passé entre Everleigh et toi. Ça ne me regarde absolument pas, alors je n'aurais jamais du me lancer là dedans. Parce que oui, du coup, ça m'a amené à vous juger, et c'était malvenu, et malhonnête, donc, oui. Je ne suis personne pour te reprocher d'embrasser Everleigh ou n'importe qui d'autre d'ailleurs, surtout quand je ne me gêne pas pour embrasser mon partenaire de mon coté, hm. » Donc oui, elle reconnaissait être en tort sur toute la ligne, à ce sujet. Elle s'était mêlée de ce qui ne la regardait pas et s'était perdue dans des jugements malvenus. Il était légitime qu'il trouve ça malhonnête, puisque ça l'était, évidemment. Quant au terme "malsain", peut être n'aurait-elle pas du l'employer, parce qu'il était certain que n'importe qui aurait pu se méprendre sur le sens de ce mot dans la réponse qu'elle avait donné à William. William qui, effectivement, était relativement mal placé pour parler de pseudo-rivalités, que la Production avait probablement en tête d'exploiter, oui. « Je n'aime pas l'idée de leur fournir du spectacle, de leur permettre de se faire du fric sur notre dos. Quant à William, je me souviens effectivement qu'il n'est lui même pas tellement un modèle de vertu ... » Et en tout ce que Fitz venait de lui rappeler, le blond apparaissait désormais à Mado sous les traits d'un pauvre type. Elle qui tenait à l'idée qu'une certaine morale puisse tout de même se voir à travers ce genre de jeux avait effectivement en tête, pour avoir suivi la saison précédente, les frasques d'un type loin d'être honorable. Fitz parla ensuite d'intentions, de celles qui pouvaient être celles de Mado, mais aussi celles d'Everleigh. Cela mettait quelques peu mal à l'aise la grande brune honnêtement, alors elle allait devoir le briefer sur un point. « J'ai déjà fait savoir à Everleigh que je ne tenterai rien, que je n'avais nulle intention à ton égard » articula-t-elle alors, dans un fin soupire. « Sur le coup, j'ai regretté de lui avoir dit ça, peut être parce que je n'étais pas si certaine que ça de ce que je voulais, mais aujourd'hui, quand je vois combien tout ça est risqué, combien on peut chercher à nous manipuler, je me dis que c'était la chose à dire, et donc la chose à faire. » Pour autant, elle n'était toujours pas certaine de vouloir rester sur le coté, à voir Everleigh faire du gringue à Fitz. C'était ... une pensée dérangeante, même à cet instant. « Ce genre de choses, ça finit par faire souffrir. » Et clairement, elle n'avait pas besoin de ça, ni ici, ni nul part. Si elle commençait à se lancer dans une pseudo-conquête de Fitz, elle savait que rien n'en résulterait de bon. Et puis, elle n'était pas comme ça. Elle fuyait les hommes depuis des années, alors elle n'allait pas se mettre à leur courir après d'un seul coup, si ? Non, il ne valait mieux pas. « Je suis désolée, tu ne voulais pas savoir, mais moi je préfère que tu saches que je ne me mêlerai plus de tes ... de vos affaires. » Et même si cela lui faisait quand même un mal de chien de le dire, ouais, bon, admettons. « Ce sera beaucoup plus plaisant comme ça, non ? » finit-elle par demander, en un sourire élargi, peut être bêtement, peut être naïvement. Oh, elle savait bien qu'elle finirait par regretter tout ça, par se frustrer atrocement, mais que voulez-vous, ça n'était pas non plus comme si elle était faite pour être heureuse, hein.

Finalement, peut être bien que Mado était beaucoup plus naïve qu'elle voulait bien l'admettre. Peut être s'était-elle en fait bercée d'illusions avant d'arriver ici, et qu'elle prenait tardivement conscience de combien cet univers était impitoyable, de combien elle n'y avait absolument pas sa place. Car c'était ce qu'elle se disait depuis quelques jours : qu'elle s'était trompée, qu'elle avait opté pour une aventure loin d'être aussi honnête qu'elle l'avait bêtement pensé. La vérité, c'est que si Mado voyait généralement le mal partout et le pire en chacun, elle avait eu envie de penser que cette aventure-ci serait bien plus qu'une machination, qu'une mascarade destinée à contenter le public, à montrer de pauvres idiots se donner en spectacle au quotidien. Non, elle n'avait pas signé pour ça. Elle avait signé pour jouer, pour faire passer un message également, mais certainement pas pour être manipulée par une production avide de clashs, de conflits et d'idylles. Elle ne voulait être la marionnette de personne, tout comme elle ne voulait pas être témoin du spectacle qu'offraient déjà beaucoup de ses camarades. Grand bien leur fasse d'être à l'aise avec cette idée, mais Mado, elle, ne l'était pas. Et qu'importe que Fitz puisse la trouver naïve ou complètement à la ramasse. Bien sûr qu'elle avait fini par comprendre que le jeu en lui-même n'aurait une place que minime au sein de l'aventure, et c'est ce qu'elle commençait doucement à déplorer. Haussant doucement les épaules, elle poussa un court soupire lorsqu'il lui fit savoir que la solution était de s'en foutre. Cela aussi, elle l'avait bien compris. D'ailleurs, elle savait généralement très bien se foutre de pas mal de choses, mais bizarrement, elle était un peu trop blasée ces temps-ci pour y parvenir avec autant d'aisance que d'habitude. Elle savait ce qu'elle valait oui, et elle n'en avait que plus l'impression de n'être pas à sa place ici, peut être parce qu'elle ne comptait pas donner au public ce qu'il voulait. En fait, elle était surtout perdue. Et la suite ne fut pas tellement plus évidente pour elle. Parce que peut être aurait-elle du commencer par faire savoir à Fitz que tout ça, et bien, c'était complètement l'inconnu pour elle. Sans avoir l'intention de lui raconter sa vie, il est vrai qu'elle songeait à lui faire savoir que rien de toute situation n'était franchement facile pour quelqu'un comme elle. Leur rapprochement, le résultat d'une manipulation ? Hm. « Ce n'est pas ce que j'ai dit » se défendit-elle alors, dans un soupire. « Bien sûr que non. J'ai juste peur d'être manipulée par la suite. En ce qui me concerne, ça ne remet pas en cause la sincérité de l'affection que je commence à ressentir pour toi. » Et là, elle avait l'impression d'être à son procès, et ça la faisait chier. N'étant pas du genre à se laisser impressionner, il est vrai qu'elle n'était pas franchement fière à cet instant. Elle soupirait, baissait les yeux, alors qu'elle n'avait envie que d'une chose : mettre les choses au clair. Elle ne répondit pas lorsqu'il laissa entendre qu'elle pouvait ne pas s'en foutre autant qu'elle pouvait aimer le croire, et le laisser croire. A quoi bon ? A quoi bon lui confirmer ce qu'il savait de toute évidence déjà ? Si elle pouvait préserver une part de dignité, ce serait quand même pas mal. Et puis il y eut cette évocation à Bob, qu'elle eut d'abord du mal à comprendre. Alors comme ça, ils avaient parlé eux aussi ? La promesse dont il parlait ici lui fit arquer un sourcil. C'était un peu n'importe quoi, parce qu'elle avait envie de croire qu'ici comme ailleurs, elle n'avait besoin de personne, ni de Fitz, ni de qui que ce soit d'autre. « Elle est absurde cette promesse » résuma-t-elle, toujours assez stupéfaite. « Et tu n'aurais jamais du lui promettre une chose pareille, d'ailleurs. » Pour le coup, son ton se faisait plus accusateur. Parce que oui, ça n'était pas une chose à promettre. Elle, elle n'avait peut être pas envie qu'il veille sur elle, justement. Est-ce que l'un de ses deux camarades avait au moins pensé à ça, hein ? Non, probablement pas. Toujours incapable de véritablement répondre à ses questions, elle fut complètement blasée par la suite. Elle avait beau essayer de lui expliquer, rien n'était compréhensible, elle en avait bien conscience. Du coup, il se posait encore des questions, beaucoup de questions. Et elle, elle ne savait plus tellement quoi lui répondre. « Arrête, je ne te demande pas de choisir. Je ne veux juste pas m'embringuer dans ce genre de galères. Tu sais, je n'y connais rien. Rien du tout. Je fuis ce genre de choses depuis tellement longtemps que j'ai fini par partir du principe que ça ne pouvait que foutre une sacrée merde dans les relations, et moi je t'apprécie alors ... alors je ne veux plus risquer de tout gâcher. C'était moins dangereux avant. Avant que je me mêle de ce qui ne me regarde pas, de ce qui ne m'a jamais regardé. Avant que je ne donne l'impression d'être jalouse et envieuse. » Au final, elle avait très envie de se foutre des baffes, car elle avait commencé à dégrader son début de complicité avec Fitz en s'intéressant à son histoire avec Everleigh. « Il faut que ça s'arrange, parce que je ne veux plus de ce genre de discussions. Ce que je veux, c'est faire des efforts pour ne plus mettre les deux pieds dans le plat, pour ne plus déconner. » Mais peut être ne comprenait-il pas qu'elle voulait simplement que les choses redeviennent comme avant la semaine dernière, afin qu'ils puissent à nouveau partager de plaisantes conversations, délirer bêtement et passer du temps ensemble sans qu'une tension soit palpable entre eux. « Tu me trouves égoïste à vouloir que la situation s'améliore ? Parce que j'essaye simplement de racheter mes conneries, là. » Alors okay, peut être s'y prenait-elle relativement mal, ou tout du moins maladroitement, mais elle n'avait pas la prétention de dire qu'elle s'y prenait bien, de toute façon.