Inconnu. Ils palpaient cet inconnu du bout des doigts, ils le caressaient, le touchaient, le sentaient. Ils le piétinaient à l'aide de leurs pas bien trop naïfs. Il s'aventurer dans cet inconnu. Ils avancèrent à pas de loup dans cet effroi, alors qu'un bruit venait de resurgir. Leur imaginaire à tous les deux leurs jouaient peut-être un tour. Un vilain tour. Pourtant il était tous les deux à l'avoir entendu. Alors, ça ne pouvait pas être une hallucination. Une hallucination sonore. L'un comme l'autre ignorait l'identité et la source de ce bruit sourd. A présent, ils pouvaient entendre cet inconnu. Cet inconnu peu rassurant, cet inconnu qui faisait peur à plus d'une personne. Non. Valeri ne voulait pas se laisser impressionner par cela. Par cet endroit. Il n'avait pas eu peur la première fois qu'il était venu là, au beau milieu de la nuit, une bouteille de liche en compagnie. Les fantômes et compagnie, ça n'existait pas. C'était comme cette histoire de pas dans ce bloc opératoire qu'il avait visité en compagnie de Sigvard. Ce dernier pensait qu'ils n'étaient pas seuls, sous-entendant alors une présence mystique. Ils étaient tous seuls dans cet endroit laissé à l'abandon, tout le monde dormait ce jour-là de toute façon. Ainsi pour rassurer la jeune femme, il lui proposa d'aller voir. Ainsi, elle pourrait être quelque peu rassurée. Cependant elle ne semblait pas d'accord par l'idée où il la laisserait seul. Oui, c'est vrai. Il avait promis de ne pas lui lâcher la main, alors il ne le fera pas. Ils resteront alors ensemble. Coûte que coûte. Il ne pourra rien leur arriver, ensemble. Rien du tout. Alors, ils resteraient ensemble jusqu'à tant qu'ils trouvent une sortie. Ils avaient espoir de quitter l'endroit. Tôt ou tard, ils trouveront bien une sortie. Valeri l'espérait... Ainsi, ils rebroussèrent chemin, revenant par la même occasion sur leur pas. Droite ou gauche, le bruit ? Pendant un instant, il eut un petit moment de flottement avant de décréter que ce bruit venait de la droite. Peut-être se trompait-il, mais il lui suivait son instinct. Certes, il n'avait pas une audition parfaite, mais il entendait bien malgré tout. Ainsi, il prit cette direction choisie, en compagnie de la jolie Lena. Il lui dit d'ailleurs de l'avertir si elle percevait quelque-chose qui pourrait lui faire peur. Voir, ou entendre. Elle n'était pas sûre d’apercevoir quoique ce soit, tout du moins ce fut ce qu'elle lui fit remarquer. Elle lui cita alors un exemple de 'chose' qu'elle pourrait voir dans cet obscurité. Un machin volant phosphorescent qui leur foncerait droit dessus. Un rire étouffé tenta une fuite vaine entre les lèvres du biélorusse. «  Tant que tu ne me rends pas sourd, c'est tout ce que je te demanderai... » ajouta-t-il, d'un air plaisant. Il espérait qu'ils n'aient pas à faire cette espèce de volatile non-identifié et surtout qu'elle ne crie pas assez fort pour lui percer les tympans. Mais, il n'y aura rien qui ne pourra leur arriver, n'est-ce pas ? Rien, de rien. Même Cupidon n'oserait pas faire d'apparition ici, tellement il doit avoir peur de cet endroit. Ils avancèrent de quelques pas dans le noir, ne sachant vraiment où il était entrain de les amener. Il semblait ne rien ni avoir ici. Rien, ou tout du rien qui aurait pu produire ce bruit. Il se retourna légèrement en direction de Lena lorsque cette dernière lui posa une question. Au sujet du surnaturel, et du paranormal. Etait-il branché surnaturel et paranormal ? «  Non... à vrai dire, je ne crois pas vraiment ces choses-là... ». Autant dire ce qu'il en était. Valeri ne croyait pas en ces histoires qu'il jugeait bien trop grotesques pour être réelles. «  Et toi ? » lui demanda-t-il en retour. Il était tout simplement naturel qu'il se renseigne lui aussi. Peut-être qu'elle était friande ce genre d'anecdote, peut-être qu'elle croyait en tout cela, elle. Il ne la jugerait pas, pas sur cela. Chacun avait le droit à ses convictions. Il y avait ceux qui croyaient en quelque-chose, et il y avait Valeri, qui ne croyait en rien. Après avoir foulé quelques pas, il s'arrêta. «  Hum, on dirait qu'il n'y a rien par-là... On devrait faire demi-tour, si tu veux, on pourra s'arrêter à un moment pour faire une pause. ». Ils trouveraient bien un endroit un peu plus calme où faire une pause, puis parler. Oui, juste parler. Elle était gentille Lena, elle était douce. Il aimait bien passer un peu de temps avec elle. Certes, ce n'était pas sûrement pas l'endroit idyllique pour une conversation. Après tout, le temps d'un soir, ils pouvaient bien briser les codes.

Ils partirent donc à la quête de ce bruit mystérieux. Une quête vaine certainement. Ils prirent donc la direction présupposé par Valeri. La droite donc. Il n'était pas si sûr que cela de lui, mais il fallait bien prendre une décision. Sur le chemin, il lui avait conseillé de l'avertir au cas où elle percevait quelque-chose de suspect à ses yeux. L'avertir de la meilleure la plus douce possible. Il ne voulait pas qu'il ne lui perce les tympans, et qu'il sorte de là à moitié sourd. Selon les dires de la jeune femme, il n'avait donc pas de crainte à se faire de ce point de vue-là. Tout du moins, à priori. Ce mot laissait toujours un peu perplexe. A priori. Ca ne sonnait comme quelque-chose qui annonçait rien de bon. Il espérait se tromper. Oui. Il espérait qu'il n'aura pas à perdre l'une de ses oreilles au cours de cette aventure dans cet hôpital abandonné. Quant à cette histoire d'objet volant aux couleurs phosphorescentes, cela était encore une preuve de la grande imagination de la jeune femme. Ils continuèrent alors leur avancée dans cet inconnu, alors que Lena vint à lui demander s'il était branché surnaturel et paranormal. Valeri était ce garçon qui ne croyait en rien. Ni même à la possible rencontre de deux entités pouvant éprouver de l'amour. Alors, il ne croyait encore moins dans ces choses-là, qui pour lui, n'étaient des pures inventions de l'espèce humaine. L'être humain aimait jouer de son imaginaire et inventer tout et n'importe quoi. Il demanda alors en retour si elle aussi y croyait ou non. Si elle croyait à ces histoires. Elle disait ne pas trop savoir. Oh ? Comment pouvait-on baigner dans une pseudo-ignorance ? On savait ou on ne savait pas, point à la ligne. Elle évoqua des émissions télévisées... Elle pouvait bien lui parler cela, Valeri ne regardait jamais la télé, jamais. Il n'avait d'ailleurs pas de télévision chez-lui à Paris. Elle disait ne pas les regarder parce que ça lui faisait peur. C'était le but de ses émissions à vrai dire, de faire peur, de terroriser les gens. Ca marchait le plus souvent. Elle lui raconta alors une brève anecdote, qui le fit alors légèrement rire. Elle évoqua un monstre qui créchait sous son lit. Son père le taquinait à ce sujet, c'était certainement compréhensif. Aujourd'hui, encore, elle ne pouvait pas dormir dans le noir. « Même ici, il te faut de la lumière pour t'endormir ? ». Il demandait juste comme cela. Surtout qu'en général, quand il va se coucher lui, tout le monde dort comme des gros bébés, et il n'y a pas un bruit, pas une lumière dans la chambre. Oui, parce que s'il ne se trompe pas, ils sont dans la même chambre. Elle et lui. Puis après avoir constaté qu'il n'y avait rien, il proposa de faire demi-tour et qu'ils fassent une pause quelque part. Lena semblait accepter cela. Quant à l'idée de sortir de cet endroit, en effet, ils trouveront bien une sortie. Tôt ou tard. « On va la trouver, je te le jure ! ». Il s'agissait juste une question de temps, de quelques minutes... oui voilà, juste quelques minutes, c'est tout. Cette fois-ci, ce fut Lena qui mena la danse, entraînant le jeune biélorusse. Ils avancèrent à travers cette obscurité, à l'aide de son bras, il tenta de tâtonner dans le vide afin d'éviter un obstacle et tout accident. Ce serait dommage qu'il se blesse quand même. Ainsi, ils marchèrent, sans vraiment savoir où ils devaient aller. Comme tout à l'heure, à vrai dire. Cela ne changeait pas grand-chose. Son pieds droit trébucha dans un petit trou qui s'était formé dans le sol, l'amenant à perdre légèrement l'équilibre. Il tenta en vain à s'appuyer à l'aide de sa main libre contre... contre un objet non-identifié. « Aïe... » murmura-t-il, afin de ne pas inquiéter la jeune femme. « Ce n'est rien. » lança-t-il, avant même que Lena ne puisse dire un mot. Elle allait très certainement lui demander s'il n'avait rien de casser, si tout allait bien. Oui, voilà. C'était ce genre de choses que l'on demandait quand quelqu'un tombait. « Je crois que... que l'on devrait faire cette pause. ». Oui, ce serait bien. Pour lui, et sa cheville.

Ainsi, ils en étaient venus par parler du paranormal et de tous ces faits surnaturels. Tout ce à quoi Valeri ne croyait pas. Il aurait très bien pu prétendre le contraire, mais là, ce serait mentir. Quant à Lena, elle disait avoir un avis mitigée à ce sujet. Elle évoqua ces émissions de télévision qui étaient parfois diffusées. Cependant, elle ne les regardait pas, parce que ça lui faisait peur, comme elle lui avait dit. Elle lui conta aussi une anecdote assez personnelle, certes, qui ne manqua pas d'ailleurs d'amuser le jeune homme. Elle lui expliqua alors qu'elle ne dormait pas dans le noir, que ça lui faisait peur, et qu'aujourd'hui, encore il lui fallait une source de lumière pour pouvoir s'endormir. Il lui demanda alors si, ici (à comprendre dans le nid), elle avait ce besoin de lumière. Il ne se souvenait pas d'avoir été dérangé par une veilleuse ou bien la lumière du couloir, enfin il faut dire que quand il se couche, en général, le couvre-feu est éteint. Alors peut-être que quelqu'un prenait le soin de lui d'éteindre la veilleuse une fois que Lena était endormie. Toutes les hypothèses étaient probables. Ainsi, ici, elle ne dormait pas avec de la lumière. Elle s'adaptait aux conditions de sommeil de tous, sûrement pour en déranger aucun. Il est vrai que Valeri serait certainement le premier à râler si on venait à le déranger lors de son sommeil. Le fait de partager son lit avec Kimo, certainement son partenaire, la rassurait. Elle se sentait alors pas seule, comme elle lui faisait remarquer. Valeri se contentait alors d'un hochement, alors qu'ils décidèrent finalement de rebrousser chemin et finir par localiser cette sortie. Cette fameuse sortie. Ils étaient bien arrivés à entrer, ils réussiraient bien à ressortir de là. Ils prendront le temps qu'il faudra pour cela. Alors qu'ils avancèrent lentement à travers le couloir obscure, Valeri perdit l'équilibre, manquant de peu de tomber par terre. Heureusement qu'il avait réussi à se rattraper en vain à... à un objet qu'il n'avait su identifier. Afin de ne pas inquiéter la jeune femme, il lui dit que ce n'était rien. C'était juste une perte d'équilibre, et les douleurs qui s'en suivaient disparaîtront dans la minute à venir. Malgré ces quelques dires qui se voulaient rassurants, Lena semblait s'inquiéter. Lui demandant alors où il avait mal. Au pied, au genou. Elle voulait même regarder... avant finalement de se rétracter. Dans l'obscurité, elle aura peut-être un peu de difficulté pour voir et examiner la blessure de Valeri. «  Ce n'est rien, je te dis. » reprit-il alors, presque certain que ce n'était rien. Finalement, Valeri laissa entendre qu'ils pouvaient bien faire une pause. Lena lui dit alors d'attendre, lâchant sa main et partit... elle partit certainement à la recherche de quelque-chose qui leur permettrait de s'asseoir dessus. Oui, peut-être. Il resta là, debout, les bras le long de son longiligne corps. Attendre. Il n'avait que cela à faire dans cette situation. La jeune femme avait semblerait-il trouvé un coffre. D'accord. De toute façon, il n'allait pas faire son difficile. Elle revint alors sa hauteur, venant se ressaisir de sa main. Sans un mot, Valeri se laissa guider jusqu'à l'endroit, tout en grimaçant. Heureusement qu'elle ne pouvait pas le voir... Il était bien content de se retrouver dans le noir, dans une pareille situation. Il finit par s'asseoir, avec l'aide de Lena. «  Merci... » souffla-t-il. Elle lui demanda alors s'il ne souffrait pas trop. Un léger rictus amusé se dessina sur le visage de Valeri. Il pourrait très bien jouer le grand souffrant, le garçon souffrant le martyr. «  J'ai juste un peu mal à la cheville, mais ça devrait passer... On est des durs à cuir, nous, les biélorusses ! » souffla-t-il. Et il n'avait pas perdu de son humour. Dans tous les cas, il n'avait pas envie que Lena s'inquiète. Il n'avait peut-être rien de grave, plus de peur que de mal, comme le disait si bien l'expression. Un léger soupir s'échappa de la bouche du jeune garçon. «  Je vais pouvoir te lâcher la main... souffla-t-il, à contre cœur légèrement, ça va être difficile que je prenne mes jambes à mon cou maintenant. ». La main de Valeri tâtonna le dessus du coffre, jusqu'à retrouver la main de la jeune femme. Si lui pouvait la lâcher, lui ne voulait pas qu'elle ne lâche. Il posa doucement la paume de sa main sur celle de la jeune femme. «  Mais ce ne sera pas une raison pour vouloir m'abandonner ici ! » rétorqua-t-il, sur un air plaisant.

Ils continuèrent à s'avancer dans ce noir opaque. Ils durent tâtonner avec leur main afin d'éviter tout obstacle. Ce serait moins plaisant si la production n'avait pas semé moult obstacles sur le passage de leurs candidats. Ce à quoi Valeri ne s'attendait pas était certainement ce obstacle nichait dans le sol. Le menant alors à trébucher. Il savait bien qu'il aurait dû faire attention où il posait le pied. Excès de confiance, certainement. Ainsi, il ne dit rien à Lena. Ou tout simplement que ce n'était rien. Vous savez, cette locution que l'on disait tous pour adoucir les maux. Ce n'est rien. Il ne voulait juste pas qu'elle ne s'inquiète, peut-être pour rien au final -puisque qu'il ne savait pas ce qu'il pouvait avoir. Il aurait très bien pu se blesser, ou s'égratigner une partie du corps. Il n'en savait trop rien. Dans ce noir, il était dur de pronostiquer quoique ce soit. Ni lui, ni elle, ne pouvait donc examiner la jambe maladroite du jeune garçon. Ce qui était le comble pour quelqu'un qui venait de se blesser au cœur d'un hôpital, c'était tout de même de ne pas pouvoir recevoir les soins nécessaires à cette blessure (sûrement superficielle). Alors, Lena partit à la recherche d'un endroit où ils pourront s'asseoir et surtout se remettre de ce petit incident, qui coupa court à leur aventure nocturne. Après s'être assis, il ne put s'empêcher de la remercier. Sans elle, certainement, aurait-il dû se débrouiller à avancer dans le noir, tel un estropié. De nouveau, elle lui demanda où elle avait mal. Sûrement inquiète pour le jeune homme. Il lui répondit alors n'avoir mal qu'à la cheville, un peu. Mais cette douleur n'était que passagère, selon lui. Il ne savait pas vraiment, il n'avait jamais été bon en pronostic de toute façon. Il y avait ces douleurs passagères, qui ne duraient pas, et ces douleurs éternelles. Il espérait bien que ce ne soit que passager. Puis, les biélorusses étaient des durs à cuir, comme il venait de lui dire. Il était un dur à cuir, ce n'était pas une (petite) douleur à la cheville qui l'empêcherait de marcher. Lena lui expliqua alors qu'une fois qu'ils auront sorti de cet endroit, elle lui banderait la cheville. Enfin, s'il le voulait. «  Ne te sens pas obligée... » souffla-t-il. Il pourrait très bien le faire lui-même. Ce n'était pas si sorcier que cela de devoir se bander une cheville, n'est-ce pas ? Le truc, c'est que maintenant qu'il se trouvait handicapé par sa cheville, il pouvait certainement lui lâcher la main, une fois qu'ils reprendront la route. Après tout, maintenant, elle n'aurait pu de crainte à avoir. Il ne pourra pas aller bien loin, sans gémir de douleur. La paume de sa main vint se poser sur la main de Lena. Un geste incontrôlé. Il y avait ces gestes, par moment, que l'on ne saurait expliquer, ou seul notre inconscient détenait l'explication : en voilà une preuve, à présent. Un léger sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme. Pas l'un de ces sourires amusés, qui le définissait tant. Non. Un sourire, un sourire un peu plus sincère. Ce n'était qu'un sourire... un détail superficiel. Valeri lui fit alors remarquer que ce n'était pas une raison de l'abandonner, ici. Oui, ce n'était pas parce qu'il était blessé, qu'elle se devait de le laisser tomber avec ses maux et sa douleur. Il disait plutôt cela pour plaisanter, il n'était pas bien sérieux en disant cela. Pour Lena, il n'était pas question que le laisser. Un sourire étira de plus bel les lèvres de Valeri. Elle lui expliqua alors qu'elle conterait leur exploit dans cet hôpital abandonné à tous les autres, et qu'il devrait être là pour approuver ses dires. «  Tu peux compter sur moi... » souffla-t-il. Qu'elle compte sur lui pour approuver ses propos. Après tout, qui oserait remettre en doute son récit ? Personne. Elle vint alors à lui faire une requête. Lorsqu'elle prononça son nom, il ne put s'empêcher de tourner la tête en sa direction. On faisait tous cela, dans des moments pareils. Elle lui demanda de garder pour lui ce qu'elle lui avait raconté, au sujet de ses peurs. Elle voulait qu'il ne dise rien. Qu'il se taise. «  Je n'en parlerai à personne, tu peux me faire confiance... ». Il n'avait pas de raison à le faire. Il n'avait pas de raison à raconter à tout le monde les peurs de la jeune femme. Il n'y avait aucun intérêt à le faire. Aucun intérêt pour lui, ni pour elle. Pour aucun des deux. « . ..Je n'ai rien au sujet de ce que tu m'as dit la semaine dernière, tu sais. Alors je serai une nouvelle fois muet comme une tombe. ». La semaine passée, elle lui avait parlé de sa situation avec son fiancé. Elle lui avait demandé de ne le répéter à personne. Il ne l'avait pas fait.

Tout cela était basé sur des suppositions. Ce n'était rien pour lui. En soi, il ne savait pas vraiment si cette blessure était vraiment rien, ou si elle était bien plus grave qu'il ne se l'imaginait. Il ne faisait que faire un pronostic. Il faut dire qu'on passe le plus clair de notre temps à supposer, à pronostiquer, à imaginer. A l'aveugle, il avait ressentit une douleur à la cheville. Douleur qui devrait certainement passée. Il ne savait pas vraiment. Là, encore ce n'était qu'un pronostic. Peut-être était-ce bien plus grave qu'une simple douleur à la cheville. Lena lui proposa alors de lui bander la cheville, une fois qu'ils auront sorti de cet hôpital et qu'ils auront retrouvé le nid chaleureuse. Cette attention était touchante, mais il ne voulait pas qu'elle se sente obligée de le faire. Lena laissa alors entendre qu'il préférait peut-être qu'une autre demoiselle s'en charge. Qu'une autre candidate lui bande la cheville. Il ne savait pas vraiment pourquoi avait-elle supposée ceci, et si elle avait des noms en tête... il agita doucement la tête de gauche à droite en silence. Il ouvrit lentement la bouche. « Je... Non. Tu te débrouilleras bien mieux que moi... » souffla-t-il. Elle se débrouillerait bien mieux que lui. S'il voulait le faire tout seul, ce fameux bandage, il faudrait déjà qu'il réussisse à se plier pour pouvoir atteindre sa cheville et ce sans souffrir le martyr. Il faudrait qu'il réussisse à poser correctement la bande, et la faire tourner tout autour de la cheville de façon à ce qu'il puisse toujours la bouger... Il n'y arriverait pas tout seul. A croire que le bandage était tout un art. Et étant blessé, Valeri pouvait donc lui lâcher la main. C'était ce qu'il en avait déduit, puisque initialement, c'était pour qu'elle ne s'inquiète pas sur les attentions du jeune biélorusse. Maintenant, elle n'avait plus de crainte à avoir, il ne pourrait pas se faire la malle et prendre ses jambes à son cou. D'ailleurs, il espérait que la jeune femme ne comptait pas le laisser là, tout seul, et qu'elle ne fuirait pas comme une petite voleuse. Mais, non. Ce n'était pas dans ses attentions. Heureusement. Elle lui expliqua alors qu'elle aura besoin de lui, lorsqu'elle contera à tout le monde leur échappée d'un soir dans cet hôpital et qu'il en serait son témoin. Elle pouvait compter sur lui. Elle lui dit alors qu'elle soulignerait même son courage, et que c'était dommage qu'il n'ait pas de blessures de guerre à exhiber. Un petit rire étouffer tenta de s'échapper en vain entre les lèvres fermées du biélorusse. « Oh tu sais, nous ne sommes pas encore sortis de là ! Donc j'ai encore le temps pour me casser le tibia, m'ouvrir l'arcade sourcilière et avoir un traumatisme crânien en chutant à quelques décimètres de la sortie... » finit-il par dire, sous le ton de la plaisanterie. Évidemment, Valeri ne souhaitait pas que tout ce scénario dramatique et douloureux ne lui arrive. Il ne pourra rien d'autre lui arriver de toute façon. Il l'espérait, tout du moins. Lena évoqua la conversation qu'ils avaient pu avoir tout à l'heure. Au sujet de ses peurs. Elle voulait qu'il se taise à ce sujet, ou tout du moins, qu'il n'en parle à personne. Elle pouvait compter sur lui. Valeri n'ira pas raconter à qui que ce soit qu'elle avait besoin de dormir avec une lumière, ou encore qu'elle avait peur de regarder des émissions télévisées traitant des faits paranormaux. Elle le remercia alors. Il se taira comme il l'avait déjà fait auparavant, alors elle pouvait lui faire confiance à ce sujet. En effet, il n'avait rien dit au sujet du fiancé de la jeune femme, ni de sa façon de manger un esquimau, ou encore de ce baiser. Non, il s'était fait muet. Elle s'en était doutée, lui fit-elle remarquer à ce sujet. Personne n'était venue lui parler de cela et aucune image de leur conversation n'avait été diffusée au prime. C'était chouette, comme elle venait de lui dire. « Oui, ce n'est pas plus mal ! Enfin... je crois qu'au prime, ils ne doivent passer que des faits assez gênants pour les personnes en question. Donc, je ne pense pas que notre conversation avait dû les intéresser... ». Ni leur baiser, d'ailleurs. Ce baiser gourmand, comme il s'était amusé à le juger. Il n'avait rien de spécial ce baiser, il avait juste été gourmand, sucré... et il ne savait pas pourquoi il repensait à cela. A ce baiser, et à cette critique qu'il avait émise juste après. Il secoua alors doucement la tête... Peut-être y repensait-il tout simplement parce qu'elle venait d'évoquer l'esquimau. Un sourire amusé s'esquissa fébrilement sur ses lèvres. Selon elle, ce n'était pas plus mal que les images n'étaient pas été diffusées lors du prime. Car dans le cas contraire, tout le monde (les candidats comme les téléspectateurs) l'aurait vu manger son esquimau comme un goret. « Comme un très joli goret, dans ce cas... » souffla-t-il, avant de marquer une courte pause. « Même en mangeant un esquimau comme une petite goinfre, tu restes jolie, si c'est ça qui t'inquiète... ». Peut-être n'aurait-il pas dû faire cette remarque. Il trop tard pour revenir en arrière de toute façon. Il se gratta alors la nuque à l'aide de sa main libre.