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 READY FOR YOU (LAWRENCE)

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Naveen

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MessageSujet: READY FOR YOU (LAWRENCE)   READY FOR YOU (LAWRENCE) EmptySam 7 Mai 2016 - 17:59

what if we ruin it all, and we love like fools ? and all we have we lose ? i don't want you to go but i want you so. so tell me what we choose.



Quelques pas avaient suffi à l'éloigner de cette maison qui lui était encore inconnue quelques semaines plus tôt, et à le rapprocher du taxi qui stationnait de l'autre coté de la rue. Pourtant, il n'allait nulle part. Il ne quittait pas ce foyer qui avait su accueillir sa présence et lui donner l'impression de l'avoir toujours attendue, ou tout du moins d'avoir pleuré le vide qui s'y était longtemps propagé. Et il quittait encore moins son propriétaire, qui lui avait ouvert les portes de son foyer, mais aussi et surtout d'une vie qui depuis son arrivée à Santa Fe brillait d'un éclat inédit. Naveen n'allait nulle part, et les valises dont ses mains enserraient les poignées n'étaient pas les siennes.

« Kshama nahin thodee der rahane ke lie saksham hone ke lie. » Un sourire étira les lèvres de l'indien lorsque Sunil afficha cette expression désolée, à peine perceptible, teintée de cette même fierté qui transparaissait chaque fois qu'il consentait à exprimer une part infime de ses émotions. Comme si le dire, admettre qu'il s'imposait une fois de plus un départ qu'il ne souhaitait pas, c'était déjà se défaire d'un peu trop de pudeur. Et comme s'il savait, depuis sa rencontre avec Naveen, que l'indien se satisferait toujours de cette moue légèrement attristée et de ce haussement d'épaules un peu moins calculé qu'en temps normal, qui à eux seuls témoignaient d'une sincérité que peu de gens associeraient à un homme comme Sunil, mais qu'il lui connaissait pour être l'un des deux privilégiés à avoir entraperçu cette mince fissure dans sa carapace d'orgueil. L'autre, bien sûr, c'était Chadna. « Ham agalee udaan lene ke lie agar ham kal kee yaatra ke lie samay par hona chaahate hain kee jaroorat hai. » La jeune femme s'était approchée, avec toute la douceur qui caractérisait le moindre de ses gestes, et vint déposer une fine enveloppe entre les mains de l'indien, qui resta interdit quelques instants. « Rubina hamen is de dee hai. Aap prasthaan ke baad kholega. » Naveen releva la tête, subitement inquiet de ce que pourrait contenir l'enveloppe, et de ce que sa sœur Rubina pourrait vouloir lui faire passer par le biais de ses amis, sachant dans quelles circonstances s'était déroulé son retour au pays, et combien certains membres de leur famille déploraient son choix d'avoir rejoint Lawrence à Santa Fe. Mais il accordait la même confiance à sa sœur qu'à son amie, ainsi il acquiesça doucement. « Theek hai, lekin saavadhaan rahana. Yadi aap chaahate hain main havaee adde ke lie aap ke saath kar sakate hain. » Sunil et Chadna étaient débrouillards et mieux informés sur ce pays qu'on pourrait le penser, mais il ne voudrait pas apprendre qu'un chauffeur de taxi avait profité du fait que leur maîtrise de la langue anglaise laisse encore à désirer pour les arnaquer, ou qu'ils s'étaient perdus à la minute où ils s'étaient retrouvés seuls au beau milieu de l'aéroport. « Tum sundar ho, ham se mil jaega. Tum hamaare lie bahut kuchh kiya hai. » Chadna passa cette fois ses bras autour de lui pour l'étreindre un court instant. Puis la jeune femme se tourna vers son fiancé. « Use batao alavida, aap nain jaanate ki kya aap kee sameeksha karenge jab hai. » Docile, Sunil s'approcha à son tour et déposa une main sur l'épaule de l'indien, qui accueillit cette marque d'affection par un nouveau sourire, et des mots empreints de bienveillance. « Vah bahut achchha hai. Chot mat karo. » Et si le plus souvent il s'était contenté de conseiller à son ancien colocataire de se comporter en gentleman avec la femme de qui il le savait sincèrement amoureux, aujourd'hui il se permettrait d'user d'un ton un peu plus suppliant, parce que c'était véritablement une requête qu'il formulait ici. Celle de ne pas la blesser sous prétexte qu'attirer les problèmes avait toujours été dans sa nature, et qu'il ne se pensait pas prêt à ôter son costume de mauvais garçon. Sunil ne broncha pas, se contentant d'incliner doucement la tête, d'un air déjà plus impassible. « Use thoda samay deejie. Yah aap ke yogy hai. » Ces quelques mots eurent alors le don de surprendre l'indien, qui posa sur son ami un regard teinté de malice et d'émotion. Que Sunil ait une bonne opinion de Lawrence ne l'étonnait pas, autant parce qu'ils se ressemblaient beaucoup que parce qu'il devait l'estimer digne de l'attention de Naveen et donc de la sienne, mais qu'il le dise avec cette candeur, cette envie manifeste que cette histoire trouve une fin heureuse, ça le touchait au plus profond de lui. « Mujhe pata hai. » L'indien souffla, avant de l'étreindre pour de bon, l'emprisonnant entre ses bras avant que l'heure des aurevoirs ne sonne la fin de ces retrouvailles si bienfaitrices, et leur départ pour Bangalore. C'est alors fébrile à l'idée de mettre à nouveau plusieurs milliers de kilomètres entre ses amis et lui que l'indien observa la voiture s'éloigner, puis qu'il aligna quelques pas. En direction de la maison, cette fois.

Refermant la porte derrière lui, c'est devant l'une des fenêtres que ses yeux ne tardèrent pas à trouver Lawrence, à qui il trouva instantanément un air un peu moins crispé que celui que l'américain arborait depuis quelques jours. L'arrivée de Sunil et Chadna l'avait mis mal à l'aise, il en avait conscience, car tous deux étaient des proches connaissances de l'indien, des êtres qu'il avait connu bien loin d'ici, à une époque où changer de vie, déménager à l'autre bout du monde pour suivre un homme dont il n'était pas censé s'être épris, était loin d'être envisageable. Ils étaient comme sa famille, à l'heure où ses propres parents ruminaient certainement leur colère et songeaient à renier un fils qui les avait déçus, et c'était probablement la raison pour laquelle il avait senti Lawrence si fébrile à l'idée de les rencontrer, et qu'il lui avait semblé se demander s'il pouvait seulement espérer leur plaire, leur convenir. « Ils sont partis. » L'indien annonça après quelques instants, dans un doux sourire, sans imaginer que Lawrence puisse l'ignorer en ayant probablement suivi la scène de l'autre coté de la vitre, mais comme pour lui donner l'autorisation de se détendre, d'apprécier le fait que le plus dur soit à présent derrière lui, et qu'il s'en soit très bien sorti. « Leur vol est à dix-huit heures. Ils auraient voulu rester encore un peu, mais ils devaient absolument prendre l'avion cette après-midi s'ils voulaient arriver à l'heure à leur rendez-vous de demain. » Parce qu'il fallait bien une journée pour rejoindre le Karnataka, ça l'indien était bien placé pour le avoir. S'approchant de quelques pas, il posa son propre regard au niveau de la fenêtre, détaillant un court instant l'endroit où stationnait le taxi quelques minutes plus tôt, avant de reprendre. « Ils ... doivent visiter un appartement au centre de Bangalore. » Et par là, il voulait évidemment insinuer que Sunil et Chadna comptaient emménager ensemble, préférant à ce moment-là laisser entendre qu'ils le faisaient exclusivement par envie, et non parce que Sunil ne se voyait pas vivre seul dans l'appartement qu'il avait acheté pour Naveen et lui, ni y héberger qui que ce soit d'autre. C'était le genre d'informations qui auraient tendance à faire culpabiliser Lawrence, il le savait suffisamment bien pour vouloir lui épargner ça. « Je crois qu'ils t'ont trouvé charmant. » Relevant les yeux jusqu'à croiser les siens, il les plissa avec malice, tandis que sa main s'éleva pour se déposer sur l'avant-bras de l'américain. « J'en suis même sûr. Sunil attendait impatiemment de te revoir depuis le soir de la finale, et Chadna doit déjà t'adorer. » Parce qu'elle était comme ça, foncièrement bienveillante et toujours prête à accepter l'autre, qu'il soit son voisin de pallier ou qu'il vive à une journée d'avion de chez elle. Elle avait ainsi probablement adopté Lawrence dès que ses yeux s'étaient posés sur lui. « Tu étais le premier américain qu'elle rencontrait, je crois qu'elle était très impressionnée. » Il précisa par la suite, dans un sourire un peu plus amusé, mais sur un ton néanmoins sérieux. Il supposait que Lawrence avait conscience de ce que ça pouvait signifier, pour des jeunes gens tels que Chadna et lui, de découvrir une culture si différente de la leur, par le biais d'individus qui ne leur ressemblaient pas et qui en plus tendaient à fasciner leur peuple depuis des décennies. Il le supposait car Lawrence savait, sans doute, combien l'indien l'avait lui-même observé d'un regard intrigué, fasciné, brillant de contemplation, à l'époque où il n'était encore lui-même qu'un étranger qui découvrait combien ses semblables pouvaient lui être totalement opposés, et néanmoins lui inspirer une profonde confiance.

S'éloignant finalement de la fenêtre, il déposa son enveloppe sur l'accoudoir d'un des fauteuils avant de s'y asseoir, invitant Lawrence à le rejoindre depuis sa place, sans plus se défaire de son sourire. Puis l'indien releva les yeux, surveillant l'heure en prévision du diner de ce soir, et constatant qu'ils avaient encore quelques heures devant eux. « J'espère que Rafa et Maria ne seront pas trop déçus qu'on ne vienne qu'à deux, ce soir. » Déçus, ils pourraient l'être s'ils s'attendaient à recevoir les amis de l'indien, en plus de Lawrence et lui. Naveen, lui, regrettait bien évidemment que Sunil et Chadna n'aient pas l'occasion de faire la connaissance des amis de Lawrence, parce qu'il savait combien ils étaient importants pour l'américain, et qu'il était plus que probable qu'ils le deviennent aussi pour lui. Pour autant, son cœur n'aurait-il pas souffert de la situation, s'il s'était retrouvé avec l'américain, entouré de ces deux couples rayonnant de bonheur ? Probablement que si. « Maria aime les fleurs ? J'ai peut être encore le temps d'aller lui en acheter. » Il pensait tout haut, pour autant il avait raccroché son regard à celui de son colocataire, supposant qu'il devait avoir connaissance de ce détail, ou tout du moins connaître suffisamment la femme de son associer pour savoir si un bouquet de fleurs lui ferait plaisir, ou si c'était le genre d'attentions qui pourraient être mal interprétées. « J'aimerais leur faire plaisir, enfin … » Il confessa finalement, dans l'esquisse d'un sourire plus timide, avant de baisser les yeux jusqu'à ses chaussures. « J'aimerais leur plaire, surtout. » Leur plaire, parce que c'était important pour lui de renvoyer une image favorable à des êtres si proches de Lawrence, qui sans doute avaient été les seuls sur qui il ait pu compter ces derniers temps. Pour tout ce qu'ils avaient du faire pour lui, Naveen avait envie de se montrer irréprochable, de leur donner envie de le connaître. Il souhaitait leur apparaître comme quelqu'un d'entier. Quelqu'un de bien intentionné à l'égard de Lawrence. C'était ce qu'il souhaitait par dessus tout, et ce qui l'angoissait tant. « Est-ce que … tu leur as un peu parlé de moi ? » Finalement ses yeux retrouvèrent les siens, et l'indien se pinça les lèvres. La question pouvait paraître idiote, mais il la lui posait comme pour se rassurer. Car si Rafa et Maria n'ignoraient pas son existence, que savaient-ils pour autant de lui ? Comment Lawrence l'avait-il évoqué auprès de ses amis ? Sur quelles anecdotes avait-il mis l'accent ? Quels traits de caractère lui avait-il prêter ? Et que savaient-ils finalement de cette relation si singulière qui l'unissait à l'américain, de la façon dont il pouvait l'estimer ? Peut être rien, peut être tout. Et si dans l'immédiat il n'était même pas certain de savoir quelle réponse il espérait entendre, il savait néanmoins une chose : il voulait se montrer digne du portrait que leur avait dressé Lawrence. Quel qu'il soit.

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MessageSujet: Re: READY FOR YOU (LAWRENCE)   READY FOR YOU (LAWRENCE) EmptyVen 13 Mai 2016 - 5:37

L'odeur de glycines s'engouffrait dans la pièce et amenait son aura rassurante jusqu'aux narines de Lawrence à chaque fois que le vent balayait le patio, dont les baies vitrées étaient restées grandes ouvertes. Les glycines ne poussaient pas au Nouveau-Mexique, ou difficilement, mais Lawrence pourtant en avait fait mettre parce qu'elles étaient dans cette maison la seule chose qui puisse lui rappeler sa demeure de Pasadena, où il avait passé son enfance ainsi que les dernières années de son mariage. Bien que ne l'ayant jamais vendue il n'y retournait jamais, se contentant de payer jardiniers et femmes de ménage pour l'entretenir, incapable de s'en séparer mais tout aussi incapable de se confronter aux souvenirs dont elle était remplie. L'odeur de fleur s'engouffrait dans la pièce avec légèreté et il en profitait parce qu'il savait que d'ici trois semaines, un mois, les températures seraient trop élevées pour que la plante survive. Au plus fort de l'été il n'y avait de toute façon guère que les cactus qui soient encore à leur aise. Pourquoi se mettait-il subitement à songer aux cactus ? Aucune idée. Il essayait d'accrocher son esprit à quelque chose, n'importe quoi, comme s'il craignait d'être indiscret en observant ainsi le trio qui se saluait de l'autre côté de la vitre, quand bien même la langue dans laquelle ils s'exprimaient ne lui permettrait de toute façon pas de tenter de lire sur leurs lèvres. Il avait salué les deux jeunes gens peu de temps avant mais avait laissé à Naveen le soin de les accompagner jusqu'à leur taxi, pour lui laisser l'occasion de profiter tranquillement de ses derniers moments avec eux. Est-ce qu'il n'y aurait pas ce moment fugace où, les voyant partir, Naveen ne regretterait pas de ne pas les suivre ? Probablement que si, au moins un peu. Et parce que son for intérieur avait tout autant envie de le pousser à repartir que de le supplier de rester il se contentait de ne rien dire du tout, tout en sachant que ce n'était pas nécessairement une bonne solution non plus. Son regard avait accroché Sunil avec une certaine bienveillance, sans doute parce qu'il avait l'impression de se reconnaître un peu dans sa manière un poil gauche de témoigner son affection à son compère, où à Chadna qu'il semblait toujours appréhender avec précaution comme s'il craignait qu'elle ne finisse par éclater et disparaître comme une bulle de savon et ne le laisse tout seul. Elle, en revanche, avait quelque chose de plus intimidant, quelque chose qui avait forcé Lawrence à marcher sur des oeufs chaque fois qu'il était en sa présence. Elle semblait vous scruter et pouvoir lire à travers vous sans difficulté, et semblait appartenir à cette catégorie de femme qu'il valait mieux avoir de son côté plutôt que de se la mettre à dos. Elle lui faisait penser à Maria, un peu.

Le taxi s'était éloigné et Naveen avait retraversé la rue, Lawrence lissant machinalement le bout de rideau qu'il triturait jusqu'à présent sans s'en rendre compte. Le ton de l'indien tandis qu'il confirmait le départ de ses deux amis avait quelque chose de résigné, et malgré tout d'un peu triste. « Tu n'es pas trop déçu ? » Naveen avait attendu cette visite pendant des semaines, avec une impatience parfaitement palpable, et ce que Lawrence avait pris pour un mélange à parts égales d'excitation et d'appréhension. Qu'elle se termine ainsi de manière abrupte et avant la date prévue n'était donc sans doute pas ce qu'il avait imaginé, ou du moins pas dans les hypothèses positives que son esprit avait eu le temps d'échafauder en s'imaginant comment se déroulerait leur séjour ici, à Santa Fe. « Je comprends, ne t'en fais pas. » avait-il finalement acquiescé avec un léger sourire, tandis que l'indien finissait de terminer ce départ plus impromptu que prévu « Et je suppose que si tu ne les as pas accompagnés c'est qu'ils t'ont dissuadé de le faire, je me trompe ? » Lawrence, lui, n'avait proposé qu'une seule fois de les conduire sans oser insister ensuite, de peur de paraître impoli ou de tenter d'imposer sa présence, mais il ne doutait pas que Naveen avait lui du réitérer la proposition par la suite tandis qu'il faisait ses adieux aux deux jeunes gens. Et si Lawrence ne s'étonnait pas de voir le brun toujours ici plutôt que lui aussi à bord du taxi, c'était uniquement parce que ces derniers jours lui avaient été suffisants pour comprendre que Chadna était ce genre de femme à qui on ne parvenait pas à dire non indéfiniment. Le genre dont un homme comme Sunil avait besoin, et ça Lawrence le savait parce qu'il s'était trouvé avec le jeune homme certains points communs qui ne trompaient pas. « Ils forment un joli couple. » qu'il avait finalement commenté d'une voix calme, après que Naveen ait par sa remarque sous-entendu que les deux jeunes gens s'apprêtaient à s'installer sous le même toit, et donc à entamer une étape importante de la vie qu'ils avaient choisi de mener tous les deux. « Et je parie que ça te rassure de savoir qu'il y a quelqu'un pour surveiller les arrières de Sunil. » Puisque le jeune homme avait, pour ce qu'en avait compris Lawrence, une certaine tendance à se mettre dans de beaux draps. Le laissant approcher avec calme le barbu avait esquissé un léger sourire tandis qu'il déposait une main sur son bras. « C'est vrai ? » Le son de sa voix oscillait entre hésitation et soulagement, parce qu'en réalité Lawrence avait l'impression de faire plus souvent mauvaise impression que bonne impression, et que faire mauvaise impression à quelqu'un d'aussi important pour Naveen était bien la dernière chose qu'il souhaitait. La dernière réflexion de l'indien lui avait arraché un léger rire, avant qu'il ne réponde d'un ton un peu gêné « J'aimerai pouvoir te dire qu'elle était la seule de nous deux à être impressionnée. » Car Lawrence était en temps normal tout sauf quelqu'un d'impressionnable, il était bien plus intimidant qu'intimidé ... mais pas cette fois-ci. Pas totalement. « Mais puisqu'ils ne t'ont pas kidnappé de force pour rentrer avec eux je suppose que j'ai échappé au pire. » Il avait passé une main fébrile sur sa propre nuque, faisant quelques pas pour s'éloigner de la fenêtre. Si Chadna et Sunil n'avaient pas supplié Naveen de repartir avec eux c'était peut-être qu'ils ne doutaient pas trop que ce dernier puisse être un minimum heureux ici. Cela avait presque plus de poids que si Naveen disait lui-même qu'il était heureux, parce que si tel n'était pas le cas Lawrence n'était pas certain que l'indien oserait l'avouer.

Suivant le brun des yeux tandis qu'il allait s'installer dans un des fauteuils du salon il avait plus ou moins ignoré la demande silencieuse qu'il vienne s'asseoir lui aussi, et s'était contenté de venir appuyer ses avant-bras sur le dossier du fauteuil de Naveen. Leur invitation du soir lui était momentanément sortie de la tête et c'était sa question qui venait de le lui rappeler « Ils s'en remettront, va. Il y aura d'autres occasions. » Et par là il sous-entendait que Sunil et Chadna étaient les bienvenus quand ils le souhaitaient, chose qu'il avait déjà fait savoir de vive-voix aux principaux intéressés avant leur départ, d'ailleurs. « Et puis pour six ou pour huit, Maria aura probablement cuisiné pour un régiment, de toute façon. » Et comme à chaque fois elle les pousserait à embarquer tellement de restes qu'ils auraient de quoi manger pendant plusieurs jours, et elle aurait gain de cause. Parce que Maria avait toujours gain de cause, même face à deux têtes de mules telles que Rafa ou Lawrence. Quant aux fleurs « On lui en fera livrer demain, tu n'auras qu'à les choisir. » La bienséance un brin désuète dans laquelle il avait été élevée voulait que l'on n'amène pas de fleurs en se présentant chez quelqu'un, mais plutôt le lendemain en guise de remerciement ; Et pour  une fois Lawrence n'aurait pas à laisser carte blanche au fleuriste faute de savoir choisir lui-même, ce qui n'était pas un mal. Glissant une main rassurante du dossier de fauteuil jusqu'à l'épaule de Naveen, ses doigts s'y étaient refermés avec une douceur contrôlée tandis que l'indien s'inquiétait de faire ou non bonne impression. « Arrête, t'as aucune raison de t'en faire ... même en te forçant je ne suis pas sûr que tu serais capable de faire mauvaise impression. » Et inversement il voyait assez mal comment on pouvait se faire une mauvaise première idée de Naveen, à moins d'être franchement difficile ou particulièrement réfractaire ... Et bien que désormais assez peu objectif il pouvait toujours se baser sur sa propre première impression en guise de preuve. « Ça fait deux mois que tu vis ici, non seulement tu as déjà été un sujet de conversation, mais surtout tous les deux commencent à me soupçonner de te garder enfermé ici pour t'empêcher de les rencontrer ... » Il avait retiré sa main, et fait le tour du fauteuil pour venir se planter devant Naveen, l'air faussement soucieux « D'ailleurs, si tu pouvais leur confirmer que je ne te séquestre pas ici contre ta volonté, histoire que les choses soient claires. » Gardant son sérieux quelques instants, il avait finalement arboré à nouveau un sourire amusé devant l'expression dubitative de Naveen « Je plaisante. » Tout de même. « Plus sérieusement, je t'assure que tu t'aventures en territoires déjà conquis. Et Maria a déjà eu les deux mois et demi d'émission pour se faire une idée à ton sujet, alors crois-moi je n'exagère pas en disant qu'elle a pratiquement déjà décidé qu'elle t'adorait. C'est d'ailleurs fort probable qu'elle te demande de venir lui tenir compagnie le mois prochain, quand Rafa et moi on sera à Coronado. » Plissant le nez d'un air légèrement contrarié en réalisant qu'il avait sans doute omis ce détail jusqu'à présent, il avait repris son sérieux un instant pour préciser « Cinq ou six jours, pas plus. Mais ça sera bien suffisant pour qu'elle essaye de te convaincre que cela vous fait des vacances à tous les deux de ne plus nous avoir dans vos pattes. » tandis qu'un nouveau sourire un brin amusé se dessinait sur ses lèvres. Vraiment, il n'avait aucun doute quant au fait que Rafa et Maria adopteraient Naveen à peine franchi le seuil de la porte, et Lawrence n'était pourtant pas du genre à être outrageusement optimiste par nature.

L'odeur de glycines à nouveau, tandis que le vent secouait les fleurs et soufflait sous le patio, laissant Lawrence songeur quelques courts instants avant qu'il ne redescende sur terre. L'horloge indiquait quinze heures trente, et frottant ses mains l'une contre l'autre de manière résolue il avait repris « Je vais monter me changer, il faut que je nourrisse les chevaux. » Il portait toujours les vêtements qu'il avait passé ce matin en vue de la réunion prévue à la mairie, mais il ne comptait clairement pas rejoindre les écuries dans cette tenue, ni même se rendre chez Rafa ainsi de toute manière. Ses yeux s'arrêtant finalement sur l'enveloppe qu'il avait vu Naveen poser sur l'accoudoir du fauteuil lorsqu'il s'y était installée, il l'avait désignée du menton « Ça te laisse le temps de lire ça tranquillement, si tu veux. » Lawrence n'avait aucune idée précise de qui pouvait bien venir cette lettre, vraisemblablement remise avant le départ du taxi, mais il pouvait imaginer sans mal que l'indien puisse vouloir bénéficier d'un peu de tranquillité et de solitude pour l'ouvrir et prendre connaissance de son contenu.
Naveen

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MessageSujet: Re: READY FOR YOU (LAWRENCE)   READY FOR YOU (LAWRENCE) EmptyMar 17 Mai 2016 - 21:07

Ses yeux s'étaient accrochés à la vitre arrière du taxi, tandis que les visages de Sunil et Chadna n'étaient déjà plus qu'un souvenir, sans que l'indien sache réellement quel sentiment cette pensée lui inspirait. Une profonde tristesse, bien sûr, à l'idée qu'ils soient sur le point d'embarquer dans un avion qui placerait aussitôt plusieurs milliers de kilomètres entre ses amis et lui. Mais néanmoins une satisfaction qui s'expliquait par un constat simple : si Sunil et Chadna s'apprêtaient aujourd'hui à faire le voyage dans l'autre sens, c'est bien parce qu'ils avaient pu libérer un peu de temps pour venir leur rendre visite, quelques jours plus tôt. Ils étaient venus, avaient découvert cet endroit avec le même regard émerveillé que l'indien il y a quelques semaines, alors même que ses parents et la plupart de ses frères et ses sœurs n'en feraient sans doute jamais autant. Alors oui, quand bien même ce départ était un crève-cœur, la perspective d'avoir retrouvé un peu de « chez lui » au travers de ces quelques jours, d'avoir pu profiter d'êtres qui lui étaient chers et qui eux ne le jugeaient pas, tendait déjà à effacer la mélancolie qui s'était d'abord emparée de son âme.

Ainsi, c'est le cœur déjà moins lourd qu'il avait regagné l'intérieur, et posé sur Lawrence un regard attendri. S'il avait tenu à lui épargner cette scène d'adieux, c'est parce qu'il croyait déjà le connaître suffisamment pour savoir que c'était le genre de choses dont il ne raffolait pas. Par froideur, diraient peut être les mauvaises langues. Par pudeur, rectifierait l'indien. « Ce genre de retrouvailles semblent toujours trop courtes … mais j'en ai profité le temps qu'elles ont duré. C'était déjà super de les avoir avec nous. » Il le rassura alors, dans un fin sourire qui laissait certes transparaître la nostalgie qui secouait malgré tout son cœur, mais qui laissa bientôt place à une profonde reconnaissance. « Merci de les avoir accueillis chez toi, tu … tu n'étais pas obligé. » Il ne l'était pas, mais l'avait assurément fait avec plaisir, et c'était bien ce qui touchait à ce point l'indien. Que Lawrence ait su voir combien cette visite le réconforterait, après un retour au pays un peu conflictuel, où certaines choses avaient été dites, et continuaient encore de le tourmenter. Alors il le remerciait, d'un ton des plus tendres, le regard gagné par l'émotion. « Je crois qu'ils craignaient de me déranger, ou bien que le trajet soit pesant pour moi si je les accompagnais jusqu'à l'aéroport. » Il lui confirma par la suite, dans une petite moue amusée, conscient qu'il aurait passé tout le voyage en taxi à appréhender le moment où ils arriveraient à destination, puis qu'il aurait été dépité de repartir tout seul, après les avoir laissés derrière lui. La prochaine réflexion de Lawrence le fit sourire, à nouveau, mais d'une façon différente. Lui-même était conquis par Sunil et Chadna, par l'image harmonieuse qu'ils renvoyaient, par la tendresse qui transparaissait dans chacun de leurs gestes, de leurs mots, et de leurs regards. « J'ai l'impression de les avoir toujours connus ensemble, comme s'ils étaient nés pour se trouver. » Naveen le savait, il y avait certaines convictions que Lawrence et lui ne partageaient pas, parmi lesquelles l'idée que deux âmes puissent être prédestinées à fusionner, dans une vie puis dans toutes les suivantes. Il le savait, mais ça ne l'empêchait pas d'en parler avec des étoiles pleins les yeux, des papillons dans le ventre, et l'impression qu'il s'agissait de la plus belle chose qui soit. Car ça l'était, à ses yeux. L'amour, le vrai, celui qui traversait les époques et franchissait les obstacles, était un idéal qu'il n'avait jamais cessé de poursuivre, bien qu'il y croit peut être à ce jour davantage pour les autres que pour lui-même. « Oui, je sais qu'il fera pour elle les efforts qu'il n'a jamais fait pour aucune autre. Qu'elle est celle pour qui il voudra changer, pour qui il change déjà. » Une lueur optimiste sembla subitement briller au fond de son regard, avant qu'il ne ressente le besoin de le rassurer, car il ne doutait pas du fait que Lawrence ait pu douter de faire une bonne impression à ses amis. Il en eut d'ailleurs la conformation à la façon dont, étonné, l'américain réagit à sa remarque. « Bien sûr. Tu t'en es très bien sorti, Lawrence. Je sais que tu doutais de leur plaire, mais tu n'aurais pas pu être plus agréable et accueillant, je t'assure. » Son ton se voulait plus calme et rassurant encore, parce qu'il tentait de lui faire prendre conscience que le temps où il avait pu renvoyer une image négative de lui était révolu, loin derrière lui et la vie qu'il menait aujourd'hui. Car rien chez Lawrence n'aurait décemment pu rebuter ses amis. Ce qu'il dégageait les avait même assurément conquis, en plus d'avoir impressionné Chadna. « C'est le sari, il paraît que ça fait le même effet à tous les occidentaux … mais c'est uniquement parce que tu n'as pas encore rencontré toutes mes sœurs, sinon tu aurais déjà pris l'habitude ! » Ses lèvres habillées d'une esquisse amusée, il s'essaya cette fois-ci à un brin d'humour, bien que ses propos cachent une pointe de sérieux qui s'expliquait par le fait qu'il ait lui-même fait l'expérience de la façon dont les occidentaux pouvaient s'étonner de la mode orientale, qui paraissait toujours « habillée » ou « folklorique » lorsqu'on n'y était pas du tout habitué. L'indien reprit ensuite, d'un ton toujours un brin amusé, bien qu'il tienne à nouveau à rassurer Lawrence. « Je crois qu'ils ont tout de suite vu que j'étais plus heureux ici que jamais auparavant. Les amis sentent ces choses-là. » La façon dont il regardait Lawrence, les regards qu'il lui lançait lorsqu'ils étaient dans une même pièce, trahissaient à eux seuls beaucoup de choses. Mais plus généralement, cet environnement lui procurait un bien être inédit, qui tranchait avec la vie qu'il avait longtemps vécu, et qu'il s'était parfois imposé.« Et puis, tu sais, ils ne m'ont jamais connu plus épanoui. Ma rencontre avec Sunil ne remonte qu'à quelques mois … et les choses étaient déjà compliquées pour moi à cette époque. » A cause de cette histoire avec ses parents, au sujet de cette sœur qu'il n'avait jamais connue. Sunil était entré dans sa vie peu de temps avant qu'il ne quitte l'université et soit confronté à un enchaînement de désillusions, et il l'avait durement épaulé lorsque l'indien avait perdu la foi. Alors difficile de ne pas noter que Naveen rayonnait de bonheur lorsqu'on l'avait connu si désespéré. « Je suis bien, ici, avec toi. Ils le savent, et j'espère que toi aussi. » Son ton s'était fait plus suppliant tandis qu'il avait replongé son regard dans le sien, laissant glisser sa main le long du carreau dans une descente silencieuse. Lawrence semblait douter, comme s'il attendait le jour où l'indien réaliserait qu'il avait fait le mauvais choix et s'empresserait à ce moment-là de retrouver ses proches, puis passerait le restant de ses jours à tenter de se faire pardonner de les avoir laissés derrière lui. Il se trompait pourtant, Naveen pouvant aujourd'hui affirmer avoir trouvé le bonheur, qu'importe que certains jours le soleil s'efface au profit des nuages. Il finissait toujours par briller de nouveau, au fond d'un cœur qu'un sourire ou un regard suffisait à réchauffer.

Son enveloppe toujours entre les mains, il vint finalement s’asseoir dans l'un des fauteuils, se remémorant à ce moment-là l'invitation de Rafa et Maria, qui leur avaient proposé de se joindre à eux pour le dîner. Sunil et Chadna avaient été eux aussi invités par le couple, mais l'avancement de leur voyage les empêcherait d'être des leurs ce soir. Lawrence avait toutefois raison, les occasions ne manqueraient pas pour que tout le monde soit à nouveau réuni. « Comme un mariage. » Et si son regard s'était un instant égaré, distrait et rêveur, il retrouva bien vite le fil de ses pensées, et poursuivit dans un large sourire. « Sunil finira bien par faire sa demande, et lorsqu'il la fera, je sais qu'il voudra organiser une deuxième cérémonie en compagnie de son ancien colocataire et de ses nouveaux amis. » Parce qu'il savait, bien sûr, qu'un homme d'une caste aussi élevée que le père de Sunil n'accepterait jamais qu'un jeune homme comme lui assiste aux noces traditionnelles. Tout comme il savait que Sunil ne l'oublierait pas lorsque viendrait pour lui le moment de s'engager dans une toute nouvelle vie. La prochaine réflexion de Lawrence lui rappela toutefois un autre détail. « Oh, c'est vrai, tu m'as dit qu'ils avaient deux enfants. J'ai hâte de les rencontrer, et de te voir avec eux. » Parce qu'il savait, ou tout du moins croyait savoir combien Lawrence pouvait être différent dans ces moments-là. Lorsqu'il était avec sa fille, ou les enfants des autres. Cette carapace qui lui donnait l'air inébranlable devait fondre comme neige au soleil lorsque sa fibre paternelle prenait le dessus et c'était un spectacle que l'indien espérait observer dès ce soir, à défaut de pouvoir pour le moment l'admirer en compagnie de Rosie. « Elle ne se vexera pas de ne pas les recevoir en main propre ? » Il le questionna ensuite, en relevant les yeux vers lui dans un regard curieux, qui manifestait son désir d'apprendre, encore et toujours, les coutumes d'un monde dont il ignorait encore beaucoup de choses. « Chez moi, on achète des guirlandes de fleurs sur les marchés puis on les offre à nos proches en espérant qu'elles leur porteront bonheur et qu'elles les préserveront des maladies. » Il se souvenait avoir souvent apporté des guirlandes de chrysanthèmes à sa mère, en revenant du travail, les jours où il l'avait quitté triste ou angoissée. Mais ici, les codes n'étaient pas les mêmes, et la dernière chose que l'indien souhaitait était que son premier contact avec les amis de Lawrence donne lieu à un malentendu. Parce qu'il désirait leur faire bonne impression, leur apparaître comme quelqu'un de naturel, d'agréable, qu'ils apprécieraient de savoir auprès de Lawrence, et à qui ils oseraient se fier. L'indien doutait, et nul autre n'était mieux placé pour le comprendre que l'américain lui-même, qui sans doute avait expérimenté les mêmes appréhensions quelques jours plus tôt, à l'arrivée de Sunil et Chadna. Ainsi c'est un regard complice qu'il posa sur lui au moment où il sentit sa main presser son épaule, et un doux sourire qu'il lui adressa. « Tu le penses vraiment ? » Il ne mettrait jamais sa sincérité en doute, mais avait à cet instant besoin de se rassurer, pour dompter cette appréhension qui grandissait en lui. Lawrence se plaça finalement devant l'indien, et ses prochaines paroles dessinèrent sur son visage une mine interloquée, tandis qu'il eut un bref mouvement de recul. « Me séquestrer ? Mais ... » Il retrouva toutefois aussitôt son sourire lorsqu'il comprit que le blond plaisantait, lâchant à ce moment-là un rire franc. « Tu profites du fait que je ne saisisse pas encore très bien le second degré pour te moquer de moi … On voit bien que tu ne m'as jamais vu bouder ! » Son ton à lui se faisait tout aussi taquin, alors qu'il plissait les yeux pour se donner l'air redoutable. Il savait bien, pourtant, qu'il n'était pas particulièrement crédible lorsqu'il sous-entendait qu'il pourrait faire la tête à Lawrence, et surtout pour si peu. Parce que si l'américain devait savoir une chose sur son compte, c'est que Naveen n'était ni susceptible ni rancunier. La suite eut alors le don de le rassurer, et l'idée que Maria soit réellement impatiente de faire sa connaissance acheva de le détendre, tandis que déjà tout semblait bien mieux se profiler. La prochaine précision de Lawrence, toutefois, le prit subitement de court. « Coronado ? » Il releva, par réflexe, avant que Lawrence ne s'explique. « C'est pour le travail que vous irez là-bas ? C'est … loin, Coronado ? » Passé la surprise provoquée par cette allusion, l'indien se surprenait à ressentir une peine, infime mais bien présente, à l'idée que Lawrence ait jusqu'ici omis ce détail. Mais tâchant de retrouver le sourire, il enchaîna. « Je serais ravi de lui tenir compagnie pendant ces quelques jours. Et puis, je suis sûr qu'elle a de sacrées anecdotes à me raconter sur Rafa et toi. » Dans un nouveau rire, il déposa brièvement sa main sur celle de l'américain, comme un contact qu'il initiait en prévision des quelques jours qu'ils passeraient loin l'un de l'autre. Comme s'il craignait que « le mois prochain », ce soit encore trop tôt.

Quelques secondes passèrent et la voix de Lawrence s'éleva à nouveau. Nourrir les chevaux, c'était une chose qu'il adorerait le voir faire, mais en dépit des quelques semaines qu'il avait déjà passé sous le toit de l'américain à partager son quotidien, ça faisait partie des requêtes qu'il n'osait toujours pas formuler, comme s'il craignait d’empiéter sur son espace ou de s'imposer là où Lawrence voudrait rester le solitaire qu'il avait longtemps été. « D'accord, je vais t'attendre ici. » Il souffla alors, plus timidement et à travers un sourire teinté de douceur, ne détachant son regard de celui de l'américain que lorsque celui-ci fit référence à son enveloppe, toujours posée près de lui, et dont il avait presque occulté la présence. « Oui, je ... c'est ce que je vais faire. » La lire, découvrir ce qui avait motivé Rubina à lui écrire, mais aussi et surtout à lui faire passer cette enveloppe des mains de Sunil et Chadna, comme un hasard ou bien comme un symbole. « A tout à l'heure. » Et si tôt Lawrence éloigné, ses yeux quittèrent la silhouette de l'américain pour retrouver l'enveloppe. Rongé par l'impatience autant que par l’appréhension, il l'ouvrit et en extirpa bientôt une feuille de papier beige, noircie par l'écriture si reconnaissable de sa sœur. Ses yeux, toujours, dévalèrent des lignes entières sans plus s'arrêter, tandis que l'indien réalisait à ce moment-là qu'il s'agissait de sa première correspondance avec sa famille depuis son départ. C'est alors ce qui expliquait que sa respiration se soit brutalement accélérée et que ses yeux se soient bordés de larmes à mesure qu'il avait avancé dans sa lecture et finalement découvert, entre deux sanglots, la raison de cet envoi. La lettre toujours entre les mains, il resta figé quelques secondes encore, sans plus pouvoir amorcer le moindre mouvement. Et quand finalement son corps consentit à lui obéir à nouveau, c'est presque d'un seul bond qu'il se hissa hors du fauteuil et se précipita jusqu'aux escaliers. Grimpant les marches deux par deux, il perdit toute faculté de réflexion pour se laisser simplement guider, instinctivement, jusqu'à une porte à moitié close. Dans l’entrebâillement de celle-ci, Lawrence était toujours là, terminant d'enfiler ce qui devait être la tenue qu'il évoquait un peu plus tôt. « Lawrence. » Sa voix s'éleva, subitement, tandis que sa paume s'était déposée sur la porte et l'avait poussée, tel un obstacle qu'il balayait sur son chemin quand à cet instant son corps agissait comme un aimant face à un trombone. Quelques enjambées suffirent à le rapprocher de Lawrence, contre qui son corps se pressa brusquement, ses bras l'enserrant dans une étreinte spontanée, qui laissait encore planer le doute quant à l'état dans lequel il pouvait précisément se trouver. « C'est ma sœur. Rubina. » Relevant les yeux vers les siens, c'est le souffle court et les yeux toujours perlés qu'il reprit. « Elle me pardonne, elle … elle veut toujours de moi dans sa vie. » Ses mots étaient confus, teintés d'une émotion palpable qui s'échappait de lui sans qu'il ne puisse rien contrôler. Euphorique, bouleversé, l'indien était comme engourdi, prisonnier d'une douce torpeur qui à nouveau avait anesthésié le moindre de ses membres. « C'est pour ça qu'elle m'a écrit. Elle voulait … me rassurer, me dire qu'elle ne m'oubliait pas et que j'aurai toujours son soutien, sa tendresse. » Une tendresse qui avait un symbolisme d'autant plus profond que Rubina était la seule de ses sœurs qui soit plus âgée que lui, et celle qui avait toujours pris le plus grand soin à le protéger. « Même après ce qui s'est passé. » Et il réalisait, à son tour, qu'il y avait certaines choses dont ils n'avaient pas vraiment parlés, tous les deux, depuis son arrivée à Santa Fe. Des choses que l'indien ne confiait pas facilement, en dépit de la transparence dont il voulait faire preuve à l'égard de Lawrence. « Quand je suis revenu chez moi, mes parents se doutaient de quelque chose. Certains journaux de Pondichéry s’étaient intéressés à l'émission et au parcours de cet indien qui avait gagné plus de dix millions de roupies à un jeu télévisé, à l'autre bout du monde … » Il s'était convaincu, pourtant, que son histoire n'intéresserait pas la presse. Qu'on se ficherait bien de connaître son parcours, l'endroit où il avait grandi, les gens qu'il avait fréquenté. Que rien n'aurait changé pour lui ou pour ses proches. « Ils ont compris quand ils m'ont vu revenir ... et à ce moment-là beaucoup de choses ont changé. » Son père s'était étouffé dans sa rage, tandis que sa mère s'était renfermée sur elle-même, comme pour réfuter une réalité qui la dépassait. Les jugements avaient plu, les réprimandes aussi. Sa famille avait eu le choix entre célébrer sa victoire et condamner son départ, et n'avait pas mis bien longtemps à choisir. « Plusieurs de mes proches se sont rangés à l'avis de mon père lorsqu'il … m'a rejeté, et peu d'entre eux ont essayé de me comprendre. J'étais … seul, ou quasiment. Je n'ai pu passer du temps qu'avec certains de mes frères et sœurs, les autres ont refusé d'avoir le moindre contact avec moi. » Et son cœur souffrait encore à l'idée qu'une partie de sa famille n'accepte pas la situation, ni les choix qu'il avait fait et les raisons pour lesquelles il avait eu besoin de tenter sa chance si loin de chez lui. Ce sentiment de rejet, d'abandon, ne l'avait plus quitté depuis son départ. « Rubina vit plus au Nord, nous n'avions pas pu nous voir. Alors j'ai passé toutes ces dernières semaines à craindre de la perdre elle aussi, à espérer qu'elle me comprendrait mieux que personne ... » Parce qu'il la soupçonnait d'avoir été la plus touchée par l'histoire d'Amita, qui avait été son aînée et probablement un modèle semblable à celui qu'elle était elle-même devenue pour ses plus jeunes frères et sœurs. Et quand il y repensait, le fait qu'elle ait quitté Pondichéry si tôt mariée à Ahsan pouvait signifier qu'étant dans la confidence depuis le début, elle non plus ne se voyait pas agir comme si tout allait pour le mieux. « Aujourd'hui je sais que c'est le cas, et qu'elle ne me tourne pas le dos. » Et c'était un soulagement tel que ses joues avaient finalement accueilli quelques flots de larmes, tandis que son cœur battait à tout rompre et que ses lèvres, jusqu'ici tremblotantes, avaient dessiné un sourire comblé. « Il y a autre chose aussi. » Autre chose qui l'accablait de cette émotion merveilleuse qui s’infiltrait dans chacun de ses pores et animait maintenant tout son être. « Mon père a retrouvé du travail, et tout va beaucoup mieux entre ma mère et lui. » Et c'était sans doute paradoxal compte tenu des propos qu'avait tenu son père à son égard quelques semaines plus tôt, mais l'indien se réjouissait pleinement de cette chance qui lui était donnée de se sentir à nouveau utile. Parce que de son coté, bien sûr, rien n'avait changé. Et certainement pas la dévotion qu'il avait pour cet homme. « Je continuerai à leur envoyer de l'argent, mais c'est ... » Les mots lui manquaient soudainement pour exprimer sa joie, alors c'est en laissant simplement ses mains glisser jusqu'à celles de l'américain puis les serrer avec force qu'il termina de livrer le fond de sa pensée, et tout ce qu'il avait sur le cœur. « Je suis désolé, je te retarde dans ce que tu dois faire ... » Il le réalisait tout juste, maintenant que l'émotion s'estompait au profit d'une lucidité qu'il retrouvait peu à peu, et qu'il lui paraissait évident que si Lawrence était resté tout ce temps à l'écouter se réjouir, il n'avait pu rejoindre les écuries et nourrir des chevaux qui sans doute avaient bien plus besoin de lui. « Je peux venir avec toi pour t'aider, si tu veux. » Il osait, finalement, lui proposer de partager avec lui une nouvelle part de son univers, comme s'il était plus que jamais convaincu que c'était ainsi qu'il cernerait jusqu'aux dernières zones d'ombres de l'américain, encore nombreuses et dissimulées sous de fines parcelles qu'il avait déjà consenti à lui dévoiler.
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MessageSujet: Re: READY FOR YOU (LAWRENCE)   READY FOR YOU (LAWRENCE) EmptySam 28 Mai 2016 - 6:01

Au fond les adieux de Naveen avec ses deux amis n'auraient sans doute pas été bien différents s'ils avaient eu lieu quelques jours plus tard, comme initialement prévu. Peut-être était-ce la raison pour laquelle l'indien semblait prendre ce départ un peu précipité avec philosophie, sans compter que c'était de toute façon presque exclusivement de cette manière là qu'il raisonnait : avec philosophie. Un talent qui laissait Lawrence presque aussi songeur qu'envieux. « Tu es ici chez toi, Naveen, toutes les personnes qui te sont chères y sont les bienvenues. » Qu'il s'agisse de Sunil et Chadna ou de n'importe qui d'autre d'ailleurs, Lawrence ne faisait pas de distinction. Il avait simplement à cœur le fait de tenter d'aider au mieux l'indien à s'acclimater à une vie ici, à compenser le mal du pays qui finirait forcément par lui peser un peu, si tenté que ce ne soit pas déjà le cas. Reste qu'en aucun cas il ne se sentait obligé de quoi que ce soit, et surtout pas lorsqu'il était question de faire plaisir à Naveen. Gageant en tout cas que ce dernier aurait volontiers fait le trajet jusqu'à l'aéroport avec ses deux amis, Lawrence n'avait donc pas été surpris du fait que Sunil et Chadna déclinent la proposition de Naveen après avoir décliné la sienne quelques instants plus tôt, et s'était contenté de secouer vaguement la tête lorsque l'indien avait apporté une justification. Sans grande surprise, les adieux n'étaient pas la tasse de thé de Lawrence non plus, aussi il comprenait sans mal le raisonnement. Ce qu'il comprenait aussi un peu mieux, maintenant, c'était pourquoi Naveen parlait toujours des deux jeunes gens comme s'il était impossible de les imaginer autrement que tous les deux, et s'il restait effectivement trop terre à terre pour y voir là une quelconque histoire d'âme-sœur ou de destinée, il ne pouvait pas nier que ces deux-là semblaient s'être bien trouvés. Et dieu sait que ce n'était pas une chance donnée à tout le monde. Songeur, le barbu s'était malgré tout laissé distraire par la certitude de Naveen que la jeune indienne poussait Sunil à changer, et un vague sourire se dessinant sur ses lèvres il avait malgré tout laissé échapper « Mais pas trop, j'espère. » Parce que l'on n'aimait pas véritablement quelqu'un si l'on attendait de lui qu'il change du tout au tout. Même si son expérience catastrophique des relations de couples ne l'empêchait pas de concevoir que l'on puisse vouloir devenir meilleur et s'en donner les moyens, si l'on était au contact de la bonne personne.

Reste que soucieux de ne pas faire trop mauvaise impression à ces deux personnes chères au cœur de l'indien, Lawrence avait ressenti un certain soulagement à l'idée de s'en être plutôt bien sorti, et de voir que cette impression d'être en équilibre précaire durant plusieurs jours n'avait pas été vaine. Là seulement avait-il fini par admettre que Chadna, particulièrement, l'avait probablement intimidée autant si ce n'est plus que lui n'avait pu le faire ... et que Lawrence l'admette à haute voix était déjà un petit exploit. Cela tenait au sari, d'après Naveen, et si la réflexion avait arraché à l'américain un léger rire il avait acquiescé d'un air amusé, bien qu'en réalité cela tienne bien plus au fait qu'elle lui avait donné l'impression d'une femme droite dans ses bottes et qui n'aurait aucune hésitation à lui asséner sa façon de penser, même si elle devait ne pas lui plaire. Et la vérité c'est que Lawrence était peu habitué à croire ce genre de personnes, parce qu'il avait depuis toujours eu l'habitude de vivre entouré de personnes -pas toujours bien intentionnées- qui n'osaient pas lui parler franchement. Exception faite de Rafa et Josh, et c'était sans doute l'une des raisons pour lesquelles Lawrence les respectaient autant. « Alors disons que c'est le sari, oui. » s'était-il pourtant contenté de commenter, ajoutant presque aussitôt en suivant Naveen des yeux « Mais je doute d'être plus détendu si je venais à rencontrer tes sœurs, ceci dit. N'oublie pas que je leur ai volé leur frère. » un sourire fin trahissant derrière la tentative de plaisanterie une pointe de sérieux, malgré tout. Parce que Naveen était ici, et non plus en Inde, alors cela voulait bien dire ce que cela voulait dire. Même si Lawrence ne savait pas précisément ce que cela impliquait ou non, sans jamais encore avoir osé demander, pinçant une fois encore ses lèvres l'une contre l'autre et préférant garder le silence plutôt que de s'aventurer en terrain glissant. Après tout il peinait déjà lui-même à conserver ses certitudes quant au fait que Naveen ne finirait pas par regretter de l'avoir suivi jusqu'ici, plus tard, alors il ne pourrait pas reprocher le fait que de l'autre côté du globe cette idée n'ait pas été bien accueillie. « Je sais, mais ... » Mais quoi ? Il n'arrivait pas à se convaincre du bien fondé de la situation malgré toutes les tentatives de Naveen pour lui prouver le contraire, c'était ridicule. « Je sais. » avait-il alors répété d'un ton plus convainquant, comme pour prouver qu'il essayait, et qu'à force d'essayer il finirait bien par s'en convaincre. « Et moi aussi. » Lui aussi était heureux que Naveen soit là, même s'il ne l'avouait que comme ça, du bout des lèvres et uniquement lorsqu'on lui tendait une perche suffisamment solide, à défaut de savoir faire autrement.

Quittant la fenêtre pour venir s'appuyer contre le fauteuil où l'indien avait pris place, il avait corroboré sans avoir besoin d'y réfléchir à deux fois le fait que bien que probablement un peu déçus Maria et Rafa ne seraient pas fâchés pour autant d'avoir deux invités de moins ce soir. Il y aurait d'autres occasions, et fidèle à lui-même Naveen en avait déjà une très précise en tête, arrachant à Lawrence un sourire amusé tandis qu'il secouait doucement la tête. Il n'était clairement pas le genre à s'enthousiasmer pour les mariages, encore moins maintenant qu'il avait goûté aux joies du divorce, mais pour autant il souhaitait vraiment aux deux indiens de connaître une suite heureuse. Se souvenant vaguement avoir mentionné les enfants de Rafa auprès de Naveen, il avait secoué la tête « Nina a le même âge que Rosie, elles étaient inséparables quand elle venait encore ici. Et Johnny commence tout juste à marcher ... et c'est mon filleul alors il est forcément adorable. » Son sourire s'était fait plus détendu, comme souvent lorsque le sujet des enfants était plus ou moins directement mis sur le tapis. Il était pourtant bien le dernier à s'imaginer un jour à l'aise avec ce sujet. Intrigué par la décision de l'américain de remettre le sujet des fleurs au lendemain, Naveen avait expliqué leur signification à un Lawrence à la fois intrigué et attentif, non sans remarquer une fois encore que là d'où venait l'indien les gens étaient beaucoup plus superstitieux. « Ici on les fait plutôt parvenir après, en guise de remerciement, et pour éviter que la maîtresse de maison n'ait les mains prises dès notre arrivée. » Au fond cela ne ferait pas grand différence aux yeux de Maria, avant ou après, mais c'était le genre de choses désuètes et un peu vieux jeu dans lesquelles Lawrence avait été élevé. Sa main glissant jusqu'à l'épaule de Naveen avec moins d'hésitation qu'il n'aurait pu en avoir à une époque, il avait à son tour tenter de le rassurer quant à l'impression qu'il pourrait faire le soir venu ; Il ne se faisait aucun souci, l'idée que cela puisse mal se dérouler ne lui avait même pas traversé l'esprit en réalité. « Bien sûr que je le pense. » Et avec probablement autant de conviction que Naveen lorsqu'il était question de Sunil et Chadna. Quittant sa place derrière le fauteuil il avait croisé les bras, ne résistant pas à l'envie de faire marcher l'indien quelques instants, celui-ci semblant un pris au dépourvu et perdant plusieurs secondes avant de comprendre que le barbu le faisait simplement marcher. « Bouder, voyez-vous ça. » un fin sourire s'était dessiné sur ses lèvres avant qu'il n'admette « Désolé, parfois c'est juste un peu trop tentant. » pour le taquiner un peu. Mais en réalité il tendait à faire un peu attention lorsque les sujets étaient plus sérieux, pour ne pas embrouiller Naveen quand bien même l'ironie était quelque chose qu'il maniait depuis trop longtemps avec habitude pour espérer s'en défaire totalement. Mentionnant par ailleurs sans trop y réfléchir son intention de s'absenter quelques jours le mois suivant, il s'était souvenu ne pas en avoir encore parlé à au brun lorsque ce dernier l'avait questionné d'un regard curieux. « Non, deux heures d'avion à peine. C'est en Californie. » Et cela lui pinçait toujours un peu le cœur au fond, parce que même s'il avait appris à se plaire à Santa Fe la Californie lui manquait encore un peu, parfois. « En tant que réservistes on doit encore quelques jours par an à la Navy, on a reçu notre convocation la semaine dernière. Et j'avais aussi un rendez-vous à caler avec le procureur de Pasadena alors je ferai d'une pierre deux coup, bref beaucoup de paperasse et rien de très intéressant. » De très intéressant pour Naveen d'une part, et rien de trop contrariant pour Lawrence, ou du moins ce dernier l'espérait. Il avait espéré laisser tout cela derrière lui en donnant une bonne fois pour toutes sa version des faits lors de l'émission que Naveen et lui avaient en commun, mais au lieu de ça il avait la sensation d'avoir remis un peu d'huile sur le feu et de devoir à nouveau répondre de tout un tas de choses dont il ne souhaitait plus se soucier. « Oh ça je n'en doute pas. Tant que tu y seras tu n'auras qu'à lui demander de te raconter comme elle et Rafa se sont rencontrés, je suis sûr que ça te plaira. » Adressant un sourire énigmatique à Naveen, il était à peu près certain d'avoir piqué sa curiosité juste ce qu'il fallait pour que Maria raconte à nouveau cela à une oreille attentive.

N'ayant pas perdu de vue la lettre avec laquelle Naveen était revenu tout à l'heure, et gageant qu'il préférait sans doute être seul pour pouvoir l'ouvrir et la lire tranquillement, Lawrence avait prétexté devoir s'occuper des chevaux et devoir monter se changer. En réalité cela ne pressait pas spécialement, mais il avait saisi l'opportunité de laisser un peu d'espace à l'indien. Récupérant au passage le courrier du jour abandonné sur le guéridon de l'entrée, il avait jeté à la corbeille tout ce qui n'avait pas d'utilité et gagné l'étage avec le reste. Il n'ouvrait même plus le juridique et se contentait de le transmettre directement à ses avocats ; Le tiroir du haut était réservé à cela, le tiroir du bas au reste du courrier. Traversant le couloir il s'était débarrassé de sa veste à peine passé le seuil de la porte de sa chambre, déboutonnant sa chemise d'une main et récupérant ses plaques militaires dans la doublure de sa veste de l'autre. Il préférait ne plus les porter autour du cou lorsqu'il était à la mairie, mais parce qu'il refusait aussi de ne pas les avoir sur lui -par superstition- il avait fait faire une doublure sur chacune de ses vestes. Troquant son pantalon de ville contre un jean et repassant ses plaques autour de son cou, il terminait d'enfiler un polo bleu marine lorsque les bruits de pas dans l'escalier avaient attiré son attention. « Naveen ? » La porte s'était entrebâillée sur un Naveen visiblement bouleversé, et en l'entendant mentionner sa sœur Lawrence avait senti son cœur se serrer, incapable dans son pessimisme habituel de ne pas s'imaginer le pire. Son esprit fourmillait déjà de désolation tandis que ses bras s'étaient refermés par réflexe autour des épaules de l'indien, aussi il avait été un peu pris au dépourvu lorsque Naveen avait repris la parole. Pris au dépourvu mais profondément soulagé aussi il avait esquissé un sourire « Naveen tu es son frère, bien sûr qu'elle ne va pas t'oublier. » Et cela venait de quelqu'un qui n'était pas spécialement branché famille, alors cela ne lui paraissait pouvoir être que d'autant plus vrai au sein d'une famille comme celle de Naveen. « Ce qui s'est passé ? » Il avait posé la question du bout des lèvres, parce que dans d'autres circonstances il n'avait encore pas trouvé le courage de le faire et qu'il sentait malgré tout qu'il y avait plus à en dire que les réponses évasives dont s'était contenté l'indien à son retour. Alors il avait écouté, sans chercher à interrompre Naveen et en tentant de faire bonne figure malgré le fait que ce qu'il entendait ne lui plaisait pas. Ses doigts s'étaient refermés autour de son poignet avec douceur et il avait secoué la tête « C'est pas juste que ça se passe comme ça, tu mérites pas que ... » Il ne méritait pas d'être traité de cette façon, encore moins par des personnes aussi chères à ses yeux. Il avait essuyé quelques unes de ses larmes du bout des doigts, comme s'il espérait effacer le négatif qui les accompagnait, à nouveau attentif tandis que Naveen reprenait la parole en expliquant qu'il y avait autre chose. Et cela lui avait arraché un sourire, finalement, pas tant parce qu'il avait à cœur de se réjouir pour le sort du père de Naveen -pour lequel il ressentait un mépris dont l'indien, lui, ne saurait probablement jamais rien- que parce que la réaction de Naveen lui-même était à l'image du bonhomme tout entier : profondément bon. « Tu vois, c'est une des raisons pour lesquelles je t'admire. T'es tellement bienveillant, même avec ceux qui ne te le rendent pas de la manière dont tu le mérites ... j'espère vraiment qu'ils se rendront vite compte de ce qu'ils perdent en te tournant le dos, de qui ils perdent. Ça finira forcément par arriver. » Il y croyait dur comme fer, lui, au fait que l'on ne pouvait pas se détourner indéfiniment de Naveen, et pourtant son inconscient lui reprochait presque de s'essayer soudainement à l'optimisme parce qu'au fond il n'en savait rien, il n'avait aucune idée de ce qui animait les réactions et les décisions de ces personnes dont il ne connaissait rien, ou simplement le peu dont lui avait fait part Naveen jusqu'ici.

Tout à l'attention des révélations que venait de lui faire Naveen, Lawrence en avait presque oublié ce pourquoi il était monté se changer en premier lieu et ce n'est que lorsque l'indien en avait fait mention que cela lui était revenu à l'esprit. Pourtant il avait secoué légèrement la tête « Tu ne retardes rien du tout, Joaquim les nourrit plus tard que ça d'habitude. » C'était lui qui s'occupait des chevaux lorsque Lawrence était absent ou trop occupé, autrement dit une grande partie du temps malheureusement. « Et oui bien sûr que tu peux venir, si ça te fait plaisir. » A la légère pointe de surprise avait succédé un sourire bienveillant, car si Lawrence n'avait jamais proposé de peur d'ennuyer Naveen il s'était pourtant retenu plusieurs fois de lui proposer de l'accompagner. D'ordinaire il n'avait que peu d'occasions de partager avec qui que ce soit son attachement pour ses chevaux, attachement et intérêt qu'il tenait surtout de ses parents. « Mais dans ce cas je te conseille de te changer, tu risques de revenir avec du foin et de la poussière plein tes affaires. » Avec les beaux jours Joaquim laissait généralement les chevaux gambader la journée dans la portion de steppe rattachée à la propriété, mais sur demande de Lawrence il les rentrait désormais aux écuries lorsqu'il n'était pas là. Les vols de chevaux restaient fréquents dans la région, et pour Lawrence qui tenait à ses animaux comme à la prunelle de ses yeux, s'en faire dérober un n'était même pas quelque chose qu'il souhaitait envisager.
Naveen

Naveen
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AGE : 38
LOCALISATION : PONDICHERY - BANGALORE (INDE) / SANTA FE (USA)
CITATION : IL VAUT MIEUX METTRE SON COEUR DANS LA PRIERE SANS TROUVER DE PAROLES, QUE TROUVER DES MOTS SANS Y METTRE SON COEUR ─ MK GANDHI.
JUKE BOX : ALESSIA CARA, HERE - JAMIE LAWSON, WASN'T EXPECTING THAT - ED SHEERAN, PHOTOGRAPH - X AMBASSADORS, RENEGADES - JAMES BAY, LET IT GO - JAIN, COME.
POINTS : 441

LOVER'S LIFE
CAGNOTTE: 142 112,50 €
RELATIONS:
PARTENAIRE: (CODY) LAWRENCE.
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MessageSujet: Re: READY FOR YOU (LAWRENCE)   READY FOR YOU (LAWRENCE) EmptyJeu 9 Juin 2016 - 18:43

Si Naveen n'avait jamais douté de l'hospitalité dont ferait preuve Lawrence à l'égard de Sunil et Chadna – une hospitalité dont il profitait lui-même depuis plusieurs semaines – il ne se sentait pas moins reconnaissant vis à vis de l'américain, qui n'avait aucune obligation à l'égard de ses amis mais qui toutefois semblait vouloir que les êtres chers que l'indien avait quitté à regret à son départ pour Santa Fe aient toujours une place auprès de lui, y compris dans cette vie où ils seraient pour un temps ses seuls repères, comme un pont entre sa vie passée et celle qu'il écrirait ici. « Je te dois tellement. » Il souffla alors, le regard plein d'une émotion qui le partageait entre l'impression merveilleuse de pouvoir placer son bonheur entre les mains de Lawrence sans jamais craindre de le regretter, et la désolation de ne pouvoir peut être jamais faire autant pour lui. « Je ... j'espère que de mon coté, je ne t'empêche pas de recevoir … du monde, enfin, des personnes que tu pourrais vouloir inviter ici. » Parce que ce serait son droit, qu'il restait le propriétaire de cette demeure et qu'en aucun cas l'indien ne voudrait empêcher la moindre rencontre, qu'elle soit professionnelle, amicale … ou romantique. Car c'était bien sûr à ce point-ci qu'il pensait en particulier, tandis qu'un sourire un brin timide avait gagné ses lèvres et que ses joues s'étaient rosies. « Je peux très bien sortir certains soirs si tu as besoin de la maison, tu sais que ça ne me dérangerait pas. » Peu importe que la seule idée de l'imaginer en galante compagnie lui compresse le cœur et avale les espoirs auxquels il continuait de s'accrocher, il voulait que Lawrence se sente libre de faire ce qu'il faisait avant que leurs chemins ne se croisent. Et tant qu'à recevoir des dames, il aimait autant que ce soit entre les quatre murs de sa chaleureuse demeure plutôt que dans des endroits auxquels il ne voulait même pas penser. « Je ne veux pas que tu culpabilises vis à vis de moi, ni que tu t'empêches de faire ce que tu veux. » L'indien ajouta, dans un souffle, chassant sa mélancolie soudaine par un tendre sourire, avant que son optimisme ne revienne au galop lorsque porté par l'histoire d'amour de Sunil et Chadna, il se retrouva l'esprit plein de rêveries, qui lui firent oublier que la raison pour laquelle il admirait tant la réussite sentimentale de son meilleur ami était qu'à ce niveau-là, il n'était pas aussi bien loti. Pour Chadna, Sunil aurait envie de changer, de devenir meilleur, parce que telle était l'influence bénéfique qu'un être aimé pouvait avoir sur nous. Ses frères s'étaient assagis au contact de leurs épouses et ses sœurs, élevées par un père strict, s'étaient laissées dompter une fois mariées. Toutefois Lawrence avait raison, et sa remarque le fit sourire avec plus de tendresse encore. « Elle l'aime aussi pour ce qu'il a d'imparfait, après tout c'est aussi de ça dont elle est tombée amoureuse. Je sais qu'elle ne voudrait pas qu'il devienne un autre homme. » Juste un fiancé attentif et dévoué, là où Sunil avait longtemps joui de sa jeunesse et de sa beauté pour conquérir de nombreux cœurs. Chadna n'épouserait pas un homme à femmes, mais elle n'épouserait pas non plus un homme qui n'aurait rien à voir avec son Sunil, celui auquel elle s'était fiancée en connaissance de cause.

Lawrence, en tout cas, n'avait aucune raison de douter de l'impression qu'il avait pu faire aux amis de l'indien. D'abord parce qu'ils avaient été comblés, ça Naveen l'avait su dès le moment où ils lui avaient l'un comme l'autre lancé ce regard complice et malicieux, censé vouloir dire qu'il était encore bien loin de la vérité lorsqu'il leur avait parlé de Lawrence comme d'un être charmant et attachant. Mais aussi parce que Lawrence, aussi anxieux avait-il sans doute été en compagnie de Sunil et Chadna, n'avait pas fait le moindre faux pas à leur contact, bien au contraire. L'américain sembla alors rassuré, tandis qu'il admit avoir été au moins aussi impressionné que Chadna lors de leur rencontre, ce qui incita Naveen à plaisanter quant à la tenue traditionnelle portée par la brune. Un sari tel que les occidentaux en connaissaient rarement, mais auxquels Lawrence s'habituerait lorsqu'il rencontrerait ses sœurs. A sa prochaine remarque, toutefois, l'indien afficha une expression un peu désenchantée. « Tu n'as rien volé à personne, Lawrence. » Et ça le peinait un peu qu'il puisse le penser, parce que ses sœurs, elles, avaient vécu si longtemps auprès de lui qu'elles pouvaient légitimement s'en convaincre, comme tous ceux qu'il avait laissé derrière lui en rejoignant l'américain. Mais Lawrence, lui, ne devait pas se reprocher la présence de l'indien à ses cotés, parce qu'elle résultait d'un choix qu'il avait fait seul. « J'ai passé toute ma vie à être le fils ou le frère de quelqu'un, à vivre pour les autres et en fonction d'eux. C'est moi qui ai choisi de m'éloigner, parce qu'il était temps que je vive ma propre vie. Toi tu ne m'y as pas forcé, tu ne voulais pas que je fasse ce sacrifice pour toi, souviens-toi. » Lorsqu'ils avaient longuement discuté de ce que l'indien serait peut être amené à faire pour qu'ils ne soient pas séparés l'un de l'autre à leur sortie du jeu. Des choix inévitables, qu'il n'aurait jamais pensé faire plusieurs mois auparavant mais qu'il ne regrettait pas, aujourd'hui, alors qu'enfin il vivait pour lui et sans plus craindre de s'épanouir au détriment de ses proches. Il était bien ici, auprès de Lawrence, dans ce nouveau cocon qui verrait peut être naître des années aussi belles que celles qu'il avait passé auprès des siens. Lawrence disait le savoir et l'indien esquissa un sourire attendri, avant de baisser doucement la tête, touché par une confession qui lui prouvait que Lawrence apprenait à s'ouvrir, peu à peu, et à confier ce qu'il avait sur le cœur. « Être ici, ça me rend nostalgique. Du jeu, de nos moments … » Une lueur illumina son regard tandis qu'il se remémora certains épisodes de l'aventure qu'ils avaient partagé. Leur rencontre dans la serre, la soirée de Noël, leur partenariat, les joies et les peines qui les avaient lié comme les épreuves d'une vie rapprochaient des êtres au départ opposés. « J'y repense, et je me dis chaque fois que je n'aurais pas pu réapprendre à vivre sans toi. » Pas après ce qui s'était noué entre Lawrence et lui. Ce petit quelque chose de précieux, d'indescriptible, qui avait sonné l'évidence dès le départ, bouleversé ses certitudes et révolutionné tout son monde.

C'est alors à nouveau les yeux brillants d'optimisme que l'indien avait évoqué l'union future – et probable, après des mois de fiançailles – de Sunil et Chadna comme d'un prétexte à une rencontre imminente entre le couple et les amis de Lawrence, qui pourraient ainsi faire connaissance à défaut d'en avoir l'occasion au dîner de ce soir, auquel seuls Lawrence et Naveen assisteraient. Puis, se souvenant que Lawrence lui avait parlé des enfants du couple, il esquissa un sourire conquis lorsque l'américain reprit la parole et qu'il réalisa qu'un lien unique s'était noué entre les enfants et lui. « Ils doivent t'adorer. » L'indien souffla, profondément convaincu, en tournant complètement son visage vers le sien. « Tu vois, tu es loin d'être seul. » Parce qu'il avait Rafa, Maria, leurs deux enfants. Des êtres qui sans nul doute le considéraient comme un membre à part entière de leur famille et qui lui feraient toujours une place auprès d'eux, quand Lawrence lui avait souvent donné l'impression de se considérer comme un laissé pour compte, un homme que les épreuves avaient isolé et qui ne comptaient plus sur grand monde. Il pouvait compter sur eux, pourtant, l'indien en était sûr. Aussi sûr que Lawrence pouvait compter sur lui. « Et Nina pourra bientôt rejouer avec Rosie, j'en suis sûr. » A nouveau, son ton s'était fait plus rassurant tandis qu'il avait laissé sa main atteindre le bras de l'américain pour le presser, dans une caresse presque timide, comme si évoquer sa fille lui faisait craindre de s'aventure sur un terrain sensible. Ça lui tenait à cœur, pourtant, d'assurer à Lawrence que tout rentrerait dans l'ordre et que cette maison serait tôt ou tard à nouveau remplie des rires d'enfants. Lawrence était un bon père, il le pensait avec une conviction intacte, ainsi il n'envisageait pas un autre avenir pour sa fille et lui. Au sujet des fleurs, en tout cas, l'indien eut à nouveau l'occasion de noter que les différences entre leurs deux pays ressortaient chaque fois qu'ils évoquaient leurs traditions respectives. « J'adore découvrir vos coutumes, il y a tellement à apprendre sur votre société. Entendre parler de tout ça m'aide à me sentir un peu plus intégré, et je crois que c'est ce dont j'avais besoin. » Parce qu'il avait beau vivre ici depuis déjà quelques semaines, il restait compliqué pour lui de se sentir complètement à sa place au sein d'une société où les habitudes et les mœurs différaient complètement de celles auxquelles il s'était jusqu'ici conformé. Et bien qu'ayant plutôt bien vécu le choc des cultures à son arrivée dans l'émission quelques mois plus tôt, à l'heure actuelle l'indien continuait à se nourrir de tout ce qui pourrait l'aider à s'acclimater à ce monde qu'il découvrait peu à peu. Sentant la main de Lawrence presser son épaule, il esquissa bientôt un nouveau sourire, touché, à l'idée que son colocataire croit en ses chances de faire bonne impression à ses amis. S'égarant un instant dans ses pupilles bleues, il exprima toutefois une surprise mêlée à un peu d'effroi lorsque Lawrence se mit à parler d'une séquestration et le prit de court. Mais comprenant qu'il le faisait marcher, l'indien n'eut aucun mal à s'en amuser, prétextant pouvoir bouder sur commande, sans pour autant se penser particulièrement convaincant. « Je te rappelle que je dois toujours te faire découvrir mon pays, et que tu n'as pas la moindre notion d'hindi si je décidais de t'abandonner au milieu d'un bain de foule ... » Son regard, malicieux, n'eut aucun mal à trahir le fait qu'il cherche lui aussi à se moquer de lui, supposant que Lawrence n'irait jamais penser qu'il puisse songer à l'abandonner à son sort. « Tu as déjà entendu parler du syndrome de l'Inde ? » Sa question se fit plus sérieuse, cette fois-ci, bien que son ton reste léger et bienveillant. Il jugeait adapté d'évoquer ce point sachant qu'il n'avait aucune intention d'emmener Lawrence à l'autre bout du monde sans le mettre au courant du choc que pourrait être pour lui de perdre subitement ses repères, dans un pays où la surpopulation et la misère pourraient dérouter tout occidental qui n'aurait pas été suffisamment préparé à un voyage éprouvant. Des touristes désorientés et pris de panique au milieu des marchés noirs de monde, il en avait vu suffisamment pour connaître les risques et vouloir les lui épargner. Mais si ce voyage n'était pas encore d'actualité, Lawrence s'absenterait quant à lui bel et bien le mois suivant, tandis que l'évocation de ce déplacement surprit l'indien autant qu'elle lui serra le cœur. « Tu me donneras des nouvelles, quand tu seras là-bas ? Je sais que ce ne sera l'affaire que de quelques jours et que tu auras mieux à faire, mais ça me rassura. » Parce qu'il continuait d'ignorer beaucoup de choses quant au passé de marine de Lawrence et qu'il ne savait pas tellement si ce genre de réunions n'étaient pas susceptibles de raviver certains traumatismes, ne serait-ce qu'au sujet de Josh. « Quant à moi, je … je devrai sûrement me rendre à Washington dans les prochaines semaines, pour régler un certain nombre de détails avec l'Ambassade Indienne. » Subitement fébrile, il inspira avant de hausser doucement les épaules. « Tu sais, au sujet de mon visa et … de toutes ces choses que les gens comme moi doivent régler s'ils ne veulent pas avoir de problèmes avec les autorités. » Et s'il essayait de garder le sourire, en vérité cette perspective le tétanisait. Discuter de sa situation avec des gens qui peut être auraient le pouvoir de le renvoyer chez lui ou d'écourter sensiblement son séjour dans le pays, ça lui laissait craindre une issue angoissante. « J'essaie de ne pas m'en faire, mais … ça me tracasse beaucoup. » Se raccrochant au regard de Lawrence, l'indien retrouvera toutefois le sourire à l'idée que Maria puisse vouloir qu'il lui tienne compagnie pendant le déplacement de Lawrence, supposant qu'elle aurait sûrement beaucoup de choses à lui raconter. A commencer par la façon dont elle avait rencontré Rafa, à en croire Lawrence, ce qui ne manqua pas d'intriquer l'indien. « Tu en as trop dit ou pas assez, Lawrence ! » Il s'exclama alors, sa bonne humeur retrouvée, avant de plisser les yeux avec un brin de malice. « Si tu dis ça, c'est que ça devait forcément être très romantique … » Parce que Lawrence commençait à bien le connaître et qu'il savait qu'en parfait idéaliste, Naveen aimait les jolies histoires, celles qui naissaient d'un commencement prometteur et connaissaient systématiquement une fin heureuse.

Son enveloppe, quant à elle, n'avait pas quitté l'accoudoir de son fauteuil depuis qu'il s'y était assis, et l'indien lui-même avait fini par occulter sa présence, jusqu'à ce que Lawrence suppose qu'il apprécierait d'en découvrir le contenu tranquillement. Il souhaitait peut être inconsciemment repousser le moment où il aurait à se confronter à Rubina et à ce qui avait pu changer dans sa façon de le voir depuis qu'elle avait du avoir vent de certaines choses, mais ne pouvait décemment pas avouer à l'américain qu'il craignait d'apprendre une nouvelle fâcheuse, ne lui ayant raconté que de brefs détails de son entrevue avec sa famille et ne souhaitant pas qu'il se culpabilise aussitôt qu'il mesurerait combien les rapports de l'indien avec ses proches s'étaient détériorés. Ainsi attendit-il que Lawrence s'éloigne pour se plonger dans la lecture de sa lettre et laisser son angoisse l'accaparer à mesure qu'il en découvrait le contenu. Mais très vite, il comprit ce que cet envoi signifiait et qu'il n'avait plus à craindre le ressentiment de sa sœur aînée, qui sur ce bout de papier avait couché des mots tendres et rassurants, précisément ce qu'il avait besoin de lire quand il doutait d'avoir encore le soutien de la majorité de ses proches. Elle ne le reniait pas ni ne l'excluait de sa vie, là où certains s'étaient fermés à lui, à son besoin de s'expliquer sur les raisons de son départ pour l'émission. Alors, porté par cette bonne nouvelle, il ne mit que quelques instants pour rejoindre l'étage, et plus particulièrement la chambre où il était presque certain de trouver Lawrence. Ce fut chose faite quand après quelques secondes ses yeux trouvèrent sa silhouette, et qu'il ne résista pas à l'envie de se jeter dans ses bras. Fébrile mais soulagé, Naveen mit quelques instants à pouvoir s'expliquer, partageant avec Lawrence cette délivrance qu'il ressentait au plus profond de son être quand l'une de ses pires craintes semblait s'être envolée. La réalité, pourtant, restait bien terne pour un cœur comme le sien. « Il y a quelques mois, je pensais bien que rien ne pourrait jamais nous désunir, ma famille et moi. Et pourtant, aujourd'hui … » Son ton se faisait fataliste, et son sourire plus triste. Parce qu'à ce jour l'indien était forcé d'admettre que bien des choses avaient changé et que ce qu'il prenait jusqu'ici pour acquis lui avait au moins partiellement échappé. C'est alors qu'il décida de se confier à Lawrence, pensant qu'il était maintenant en droit de savoir que la situation avec ses proches était plus préoccupante que ce qu'il avait consenti à lui avouer, de peur de l'inquiéter. L'américain ne trouvait pas ça juste, mais Naveen ne pouvait pas être aussi catégorique. « J'aurais du leur parler, avant de m'envoler pour l'Irlande. J'aurais du leur expliquer ce que j'espérais y trouver … mais ils semblaient tous en paix et je ne voulais pas raviver leur chagrin. » Sa mère, notamment, avait du faire son deuil suite au décès d'Amita, parce qu'il avait fallu qu'elle tienne bon pour ses autres enfants. Elle avait appris à vivre avec ses questions, son sentiment d'injustice et de culpabilité. Lui s'en était senti incapable, mais n'avait pas pour autant souhaité les mêler à sa quête, de peur de les faire à nouveau souffrir. « Je mérite ce qui m'arrive, Lawrence. J'avais juste espéré qu'ils ... se mettraient à ma place. » Parce qu'il devait aujourd'hui vivre avec ses tourments, mais que ses proches ne voyaient pas plus loin que le voyage qu'il leur avait caché. Naveen, pourtant, parvenait à se réjouir pour sa famille, qui vivrait plus confortablement maintenant que son père avait retrouvé du travail. Car même aigris et remonté contre lui, il restait l'homme que l'indien respectait le plus au monde et sa situation lui importait, que l'inverse soit vrai ou non. Lawrence reprit alors la parole et c'est un tendre sourire qu'afficha Naveen, avant que sa main ne vienne furtivement caresser sa joue. « Je ne sais pas s'ils me pardonneront un jour, ni si tout redeviendra comme avant, mais je sais que sans toi je ne me serais pas relevé de tout ce qui m'est tombé dessus ces derniers mois. » L'histoire de sa sœur et tout ce qui l'entourait, les manipulations de l'oracle qui s'était servi de son chagrin, et la réaction de sa famille, qui choisissait de le condamner sans même essayer de le comprendre. Sans Lawrence, sans cette nouvelle vie et cette opportunité de repartir à zéro, sans doute n'aurait-il pas tenu bon. « Tu me connais mieux que la plupart d'entre eux, aujourd'hui. » Parce qu'il l'avait écouté, qu'il avait cherché à comprendre ce qui animait ses doutes, ses peines, ses aspirations, quand pour sa famille l'indien avait souvent été un jeune homme insoumis et trop sensible, qu'on avait comparé à son père, à ses frères, dans l'espoir qu'il cherche de lui-même à entrer dans le moule et se conforme à ce qu'on attendait de lui, à savoir bien peu de choses. Alors, laissant sa main serrer celle de Lawrence à nouveau, il laissa parler sa reconnaissance et se fit la promesse de lui rendre un jour tout ce qu'il pouvait faire pour lui.

C'est ensuite une mine quelques peu soulagée que Naveen arbora lorsque Lawrence lui assura qu'il ne le retardait aucunement dans ce qu'il devait faire, puis qui se risqua enfin à lui proposer de venir nourrir les chevaux avec lui. C'était une envie qu'il rêvait de formuler à voix haute depuis quelques temps déjà, mais qu'il avait jusqu'ici réprimée, pensant qu'il s'agissait de choses que Lawrence préférait faire seul. Mais celui-ci accepta et ses lèvres s'étirèrent en un sourire enthousiaste. « Ça me fait plaisir. » Il lui assura alors à son tour, acquiesçant lorsque Lawrence lui fit remarquer que sa tenue n'était peut être pas la plus adaptée à une tâche comme celle-ci. « Tu as raison. Attends-moi ici, j'en ai pour une minute. » Et sitôt dit, l'indien quitta la chambre pour rejoindre celle où Lawrence lui avait permis de s'installer. Ouvrant sa penderie, il en sortit bientôt un pull sombre et un pantalon qu'il ne craindrait pas de salir, enfilant le tout après s'être assuré d'avoir bien fermé la porte et d'avoir eu un léger sursaut lorsque pendant un court instant il oublia qu'aucune caméra n'immortaliserait sa séance d'essayages. Fin prêt, il retourna finalement auprès de Lawrence, toujours souriant. « C'est mieux comme ça, non ? A présent, je te suis ! » Ainsi attendit-il qu'il se mette en marche pour lui emboîter le pas, retrouvant bientôt le rez-de-chaussée avant de prendre la direction des écuries, qu'il avait déjà pu observer de loin mais desquelles il ne s'était jamais réellement approché. Sur place, c'est les yeux bientôt émerveillés que l'indien découvrit les lieux et les bêtes qu'ils abritaient, s'approchant timidement des boxes. « Je n'en avais jamais vu d'aussi près. Chez moi on croise pourtant toutes sortes de bêtes rien qu'en s'aventurant en ville, mais il faut se rendre plus au nord pour trouver des chevaux. Là où je vis, on a plus de chances de rencontrer des cochons ou des éléphants. » Esquissant un sourire plus amusé, il se tourna vers Lawrence. « Je sais, c'est un peu moins glamour, mais j'espère que ça ne te dissuadera pas de visiter le coin un jour. » Car Bangalore avait beaucoup d'atouts pour elle et que des chevaux, ils pourraient toujours en trouver dans quelques zoos réputés où il se ferait un plaisir d'emmener Lawrence. Reprenant finalement son sérieux, l'indien entreprit de se déplacer légèrement au sein des écuries, observant avec admiration ce qui l'entourait. « Je suis content de découvrir cet endroit, et ces bêtes auxquelles tu sembles tant tenir. C'est le genre d'activités que j'espérais partager avec toi lorsque je suis arrivé. » Et il le confessait un peu timidement car sans doute Lawrence ne comprendrait-il pas qu'il ait alors tant attendu avant de lui proposer de l'accompagner. « Si tu me montres comment tu les nourris, je pourrai peut être m'en occuper certaines fois pour te faire gagner du temps ? Même si je me doute que tu préfères t'en charger toi-même. » Encore une fois parce qu'il avait conscience du lien privilégié qui s'était noué entre Lawrence et ses chevaux et qu'il n'avait aucune intention de le priver d'une tâche qui sans doute lui tenait particulièrement à cœur. Observer pour apprendre, toutefois, l'enthousiasmerait quoi qu'il arrive.
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MessageSujet: Re: READY FOR YOU (LAWRENCE)   READY FOR YOU (LAWRENCE) EmptyVen 24 Juin 2016 - 21:07

Cette maison avait rarement eu autant de vie que depuis que Naveen y séjournait, tout du moins depuis que Lawrence en était le propriétaire. Elle était aussi grande que la demeure qu'il possédait toujours à Pasadena, parce que quand on avait le compte en banque de Lawrence on était habitué à voir grand, mais la vérité c'est qu'il avait toujours beaucoup plus "vécu" à l'hôtel en centre ville que dans cette maison. Il faisait des efforts désormais, parce que Naveen était là, mais quelque part c'était comme s'il découvrait en même temps que lui l'effet que cela pouvait faire de rentrer tous les soirs et de partir tous les matins de cette maison. Et surtout d'y trouver un peu de vie, et plus uniquement ce silence lourd auquel le lieu était habitué depuis que plus personne d'autre que Lawrence n'y errait. Rosie n'y avait jamais séjourné assez longtemps pour véritablement trouver ses marques, et les quelques mois de colocation avec Josh n'avaient pas forcément été une partie de plaisir pour l'un comme pour l'autre, bien que Lawrence tende encore aujourd'hui à se voiler la face à ce sujet. Alors en réalité Lawrence devait certainement bien plus à Naveen que le contraire, bien qu'il n'ait pas osé le contredire et s'était contenté d'un sourire qui en disait long. Que l'indien se rassure en tout cas, il extrapolait beaucoup trop en craignant que sa présence puisse être une gêne ou une entrave « Pratiquement personne ne vient jamais ici, tu sais. » Et cela ne valait pas que pour les quelques semaines depuis lesquelles ils vivaient tous les deux sous le même toit, cela datait de son emménagement à Santa Fe il y a trois ans. Cette maison était un terrain neutre, dans lequel Lawrence autorisait très peu de choses - et de personnes - à entrer. Ni les aventures éphémères, ni les fausses amitiés de courtoisie, ni les gros poissons professionnellement et économiquement intéressants. « Ça me permet de ... garder un peu d'ordre. » C'était un peu compliqué à expliquer, cela faisait partie de ces choses dont il avait pris conscience après son kidnapping. Ce besoin de se garder un lieu imperméable à toutes les relations éphémères ou toxiques qu'il avait parfois l'impression d'attirer malgré lui, comme un aimant. Les moments où il avait le sentiment de perdre pied ou d'être au bord de l'implosion, il savait que dans cette maison ou il ne laissait entrer que peu de monde il ne craignait rien. Il était à l'abri. « Et le fait que tu sois là aussi, ça m'empêche de faire n'importe quoi. » Parce qu'il ne savait pas bien ce que Naveen avait en tête, en définitive, ni face à quoi il pensait s'interposer en étant ici, mais une chose était sûre par sa simple présence l'indien avait plus d'influence sur la volonté de Lawrence de se tenir loin des ennuis que même Rafa n'en avait jamais eu. Sans doute parce que Rafa lui aussi avait ses propres démons à exorciser, et pas la possibilité de garder un œil sur Lawrence en permanence. Le barbu restait bourré de défauts dont il ne se débarrasserait probablement jamais, dont on ne le débarrasserait probablement jamais. Au même titre que Chadna ne changerait jamais entièrement Sunil, d'ailleurs, la conclusion de Naveen à ce sujet arrachant à Lawrence un léger sourire.

Cela lui mettait un peu de baume au cœur dans un sens, de savoir qu'au moins deux personnes dans l'entourage de Naveen ne se seraient pas fait une trop mauvaise opinion de lui. Il avait conscience que ce serait peut-être les deux seules, d'ailleurs, car quand bien même l'indien parvenait à plaisanter à ce sujet Lawrence lui doutait grandement de pouvoir faire bonne impression à qui que ce soit d'autre, surtout pas aux frères et sœurs de Naveen qui le voyaient probablement comme la raison pour laquelle leur frère les avait abandonnés, et rien d'autre. Il comprenait le point de vue du brun pourtant, et il serait hypocrite de sa part que de lui donner tort parce qu'il lui avait déjà maintes fois conseillé de faire des choix pour lui-même plutôt que de sans cesse s'oublier au profit d'autrui ... tout était une question de point de vue, en fin de compte. Il adhérait égoïstement à celui de Naveen, mais il pouvait légitimement comprendre celui qu'il attribuait à ses sœurs. « Je me souviens de ce que j'ai dit. » avait-il alors argué avec une certaine douceur. « Et c'est toujours ce que je pense, mais je pourrais comprendre que ce soit leur point de vue à elles. » Et s'il ne devait hériter que du rôle de fauteur de trouble, de manière définitive, alors il en serait ainsi ... Ce ne serait ni une première, ni probablement une dernière, pour lui. Mais il avait en revanche développé suffisamment de confiance en Naveen pour savoir qu'il ne lui disait pas simplement ce qu'il souhaitait entendre et qu'il avait véritablement décidé de le rejoindre ici en son âme et conscience. Aussi ce n'était plus tant de lui avoir forcé la main que de le voir regretter un jour, qui angoissait Lawrence, bien qu'il préfère garder ce genre de pensées pour lui. La confession qu'il venait de lui faire quant à la nostalgie que pouvait lui évoquer le jeu qui avait provoqué leur rencontre, en revanche, avait un peu pris Lawrence par surprise et l'avait obligé à avouer, à demi-mot « Pas moi. » Conscient toutefois que cela puisse apparaître comme un peu brutal il avait aussitôt rajouté « C'était pas ... j'veux dire, c'était un bon point de départ, je ne dis pas le contraire. Mais ça, ici, c'est ça qui est vrai ... sans l'auto-censure et les faux hasards dont on n'avait même plus conscience, à la fin. » Parce qu'ils n'avaient tous été que des produits de télévision, des pions que la production manipulait à sa guise. Ils s'y préparaient en entrant, et puis l'oubliaient au fil des semaines. Et enfin ils en prenaient conscience dehors, quand ils se retrouvés confrontés à une image médiatique qui ne cadrait pas avec ce qu'ils pensaient être. Lawrence l'avait ressenti lui aussi, et ce malgré une certaine habitude de la médiatisation et des dommages collatéraux qu'elle pouvait provoquer. « J'ai l'impression de n'avoir jamais été totalement moi-même, là-bas. » ou d'être une version plus édulcorée. Sans les mauvais jours, sans les coups de sang qu'il ne parvenait pas toujours à réprimer, et sans les signes les plus apparents de ce que Lloyd avait identifié comme du stress post-traumatique. Sans tout ce qui faisait que le Lawrence de Fake Lover n'était pas entièrement le même que celui qu'il était, au quotidien. Mais il n'avait pas le monopole à ce sujet, Naveen n'était pas totalement le même. Ce n'était peut-être pas conscient, et Lawrence ne saurait pas mettre de mots définis dessus, mais il l'avait remarqué. Sans s'en étonner puisqu'il s'y était préparé. « Tu te sous-estimes beaucoup trop, Naveen. Les changements tu ne les dois qu'à toi-même, moi je ne suis qu'un rôle secondaire là-dedans, tout au plus. » Et il n'aspirait à rien d'autre, parce qu'il n'avait aucune envie de retirer à Naveen cette capacité à puiser dans ses forces sans même en avoir conscience, et de se donner ainsi la sensation d'être en perpétuelle évolution. C'était précieux.

Mais il ne s'agissait que de changements à peine perceptibles, Naveen restait Naveen, et Lawrence n'avait pas besoin d'hésiter pour pouvoir affirmer qu'il serait accueilli à bras ouverts par Rafa et Maria. Raison pour laquelle l'idée de cette soirée apaisait Lawrence, elle ne se passerait peut-être pas comme prévu puisqu'ils auraient deux invités en moins, mais d'une manière ou d'une autre cela restrait une bonne soirée à ses yeux, parce qu'elle se déroulerait en terrain connu et maîtrisé, et parce qu'il en connaissait et en estimait tous les protagonistes. Et il n'était pas seul, c'est vrai, mais au find il ne l'avait jamais prétendu. Naveen l'avait déduit, et Lawrence s'était contenté de ne rien confirmer ni infirmer, parce qu'au fond il n'avait aucune emprise sur Rafa et sa famille. S'ils décidaient de disparaître de son entourage un jour le barbu n'aurait ni le pouvoir ni le coeur à les en empêcher, et pourtant ils représentaient tout ce qu'il lui restait d'amis et de famille. Même le sentiment de famille développé dans la Navy ne faisait plus sens autant, à mesure que ses années de soldat s'éloignaient. « Mais il me manque toujours l'essentiel. » avait-il malgré tout avoué avec une certaine résigniation. Il avait conscience d'avoir autour de lui des personnes qui lui étaient chères, précieuses, Naveen en faisait indéniablement partie désormais, mais elles ne suffisaient pas à compenser l'absence prolongée de Rosie. C'était sa chair, son sang, rien ni personne ne compenserait jamais cela. Et il avait cessé de s'y accrocher avec désespoir pour ne pas se faire plus de mal qu'il ne s'en était déjà fait ; Il transmettait la paperasse juridique à son avocat, il signait ce qu'il fallait signer et il se rendait là où il fallait se rendre avec docilité, mais il n'insistait plus. Et face aux certitudes de l'indien il n'avait opposé qu'un vague sourire dépourvu du moindre commentaire, parce qu'il n'avait plus rien à en dire qu'il n'ait pas déjà dit. Il s'était contenté de glisser vers un sujet plus futile, d'acquiescer pour les fleurs, d'expliquer pourquoi demain plutôt que ce soir, et d'esquisser un léger sourire devant l'intérêt toujours illimité de Naveen pour un mode de vie et des habitudes auxquelles il n'était pas habitué. « J'espère que je ne contribue pas trop au fait que tu te sente perdu. Je ne m'en rends pas forcément compte, mais j'essaie de faire attention. » Il avait parfois du mal à quantifier les changements et les perturbations qui pouvaient s'opérer chez l'indien, la faute à son regard d'occidental et au fait qu'avoir si longtemps vécu dans une cage dorée rendait ses habitudes plus biaisées que la moyenne. La menace que laissait planer Naveen d'un ton faussement menaçant lui avait arraché un léger rire et il avait agité les mains en signe de reddition « Ça va, je me rends. » Mais intrigué par la question que le brun venait de posé il avait froncé les sourcils « Non. Qu'est-ce que c'est ? » en se demandant si cela avait un quelconque rapport avec ce qu'il avait dit juste avant. Il avait conscience de méconnaître les coutumes de Naveen encore plus que l'indien ne méconnaissait les siennes, et s'il était lui aussi curieux il se demandait pourquoi soudainement ce regard si sérieux chez le brun. Presque le même regard un peu soucieux qu'il avait adopté quelques instants plus tard lorsque Lawrence avait laissé échappé son intention de s'absenter quelques jours dans les semaines à venir, fait qu'il n'avait jusque là pas spécialement tenté de cacher mais qui lui était tout simplement sorti de la tête. En soit l'occasion l'absence n'avaient rien d'exceptionnel, il n'était pas rare que Rafa et lui se déplacent tous les deux lorsqu'il était question de business, ou de leur passé commun dans la Navy. « Oui bien sûr, si tu veux. Mais effectivement ça ne sera qu'une question de jours. » Il ne saurait dire à quelle fréquence parce qu'il savait que Rafa et lui avaient tendance à perdre la notion du temps lorsqu'ils étaient replongés au milieu de leurs anciens équipiers, mais il ferait au mieux. Voyant que sa réponse n'enlevait pas à Naveen son air tracassé Lawrence l'avait interrogé du regard comme pour tenter de savoir s'il y avait autre chose, tant et si bien que l'indien avait fini par avouer ce qu'il avait sur le cœur lui aussi. L'américain n'était pourtant pas surpris, il n'avait jamais osé proposer son aide parce que Naveen n'avait jamais demandé et qu'il ne voulait pas donner l'impression de se mêler de ce qui ne le regardait pas, mais il était maintenant surpris en revanche d'apprendre que cela puisse le tracasser à ce point. « Est-ce que tu ... voudrais que je t'accompagne ? Ou alors je peux faire relire ton dossier par mon avocat, si ça peut te rassurer ? Même si je suis certain que tout est en ordre et que tu n'as pas à t'en faire. » Après tout ce n'était pas comme s'il était arrivé illégalement ici ou qu'il avait commis quoi que ce soit de répréhensible depuis. Lawrence voulait en tout cas croire que cela serait un gage de bonne foi suffisant, et quand bien même il aurait quelques doutes il n'aurait pas ajouté aux tracasseries de Naveen en lui en faisant part.

Préférant laisser l'indien sur une note plus positive avant de monter, il avait ignoré sa requête et argué au fait qu'il venait d'en dire trop ou pas suffisamment par un simple clin d'oeil, avant de tourner les talons. Il avait à peine eu le temps de faire un détour par son bureau et de terminer de se changer, pourtant, avant que Naveen ne déboule dans la chambre avec un air bouleversé que Lawrence avait instinctivement associé au pire. Parce que l'américain était habitué au fait de toujours craindre le pire. Laissant le brun approcher avec moins de méfiance et bien plus d'habitude qu'au début il l'avait écouté déballer ce qu'il avait sur le coeur, partagé entre la bienveillance que lui inspirait ces révélations et la frustration de comprendre que la situation de Naveen dans son pays natal était bien plus problématique qu'il ne l'imaginait. Il avait bien sûr compris que les choses ne s'étaient pas passées de façon harmonieuse, il n'était pas totalement dupe, mais malgré tout il avait tenté de croire que rien n'était irréversible ou véritablement abîmé ... Il n'avait pas vu juste, à l'évidence. « Non, tu mérites pas qu'on te traite comme si tu étais en faute alors que tu essayes juste de vivre ta vie et de faire la paix avec ce qui te pèse. » Et ça demandait un certain courage, d'oser affirmer ses choix face à une famille qui attendait tout autre chose de vous, ça demandait une certaine force de caractère, une que Lawrence lui-même ne possédait pas puisqu'il n'avait jamais été capable de tenir tête à son père ou de lui refuser quoi que ce soit, pas même ce mariage dans lequel il l'avait engagé sans que son avis ne fasse partie des critères à prendre en compte. « Je ne sais pas si je te connais mieux, mais le Naveen que je vois n'est probablement pas le même que celui qu'eux ont toujours vu. » Et c'était un peu normal au fond, il ne connaissait Naveen que depuis quelques mois et les circonstances ayant permis leur rencontre étaient en plus de ça relativement singulières. Sentant la pression des doigts de l'indien contre sa main Lawrence avait resserré les siens légèrement aussi, juste assez pour faire passer le message silencieux qui semblait naviguer de l'un jusqu'à l'autre, mais suffisamment peu pour que cela et l'étreinte précédente ne bousculent pas entièrement ses habitudes de gars pour qui le contact n'était jamais inné. Maintenant soucieux de l'avoir interrompu dans une quelconque programme Naveen reprenait lui ses vieilles habitudes et s'excusait pour ce qui n'avait pas de raison de l'être, osant du bout des lèvres demander la permission de l'accompagner comme si l'idée lui trottait dans la tête depuis un moment, quand Lawrence s'était imaginé tout le contraire. Laissant alors à l'indien le temps d'aller se changer, le barbu en avait profité pour faire un détour express par la salle de bain et se passer un peu d'eau sur le visage, décapsulant au passage le tube de cachetons qu'il gardait rangé dans l'armoire au dessus du lavabo pour en avaler un tout rond. Passant machinalement une main contre sa mâchoire en croisant son reflet dans le miroir il avait retrouvé la chambre et par la même occasion Naveen dans une tenue plus adéquate. Et surtout Naveen emprunt de la même excitation qu'un môme un matin de Noël. « C'est parfait. » avait-il d'ailleurs validé dans un léger sourire, puisque le brun semblait attendre son avis. Et prenant finalement la tête de leur binôme Lawrence avait rejoint le rez-de-chaussée, Naveen à sa suite, puis l'extérieur.

C'était à cette heure de la journée que le soleil tapait le plus fort, une chaleur étouffante à laquelle Lawrence avait surtout été habitué en temps de mission chez les SEAL mais qui n'avait rien à voir avec la chaleur de la Californie. Ici tout était plus sec, l'herbe jaunissait presque aussi vite qu'elle poussait, accentuant parfois l'impression en se promenant dans certains quartiers de Santa Fe de se trouver dans un véritable western. Contournant la maison et traversant le jardin ils avaient finalement rejoint la dépendance, Lawrence refermant rapidement derrière eux pour ne pas laisser inutilement entrer la chaleur dont le lieu était protégés par l'épaisseur des murs. « Il s'appelle Icare. » avait-il commenté d'une voix calme tandis que Naveen observait le Rocky Mountain dont la tête dépassait du premier box. « Et dans celui d'à côté il y a Cleo, sa mère. Ils appartenaient à l'ancien propriétaire, c'était les deux seuls qu'il n'avait pas réussi à vendre. » Alors Lawrence les avait gardés, sans doute pour compenser un peu le fait qu'il n'avait pas pu garder tous les chevaux qu'il possédait en Californie et du se séparer de certains - non sans regrets - en venant vivre au Nouveau-Mexique. Visiblement un peu impressionné l'indien lui avait confié n'avoir jamais vu de cheval d'aussi près jusqu'à aujourd'hui, et pour cause puisque ce n'était d'après ses dires pas les animaux les plus courants dans la région où il avait vécu « Tu sais la plupart des gens de ce pays, moi y compris, n'ont jamais vu un éléphant autrement qu'à la télévision ou dans des bouquins. » Ou au zoo, mais Lawrence n'aimait pas spécialement leur principe aussi avait-il préféré taire cette hypothèse. « Ça ne fait qu'attiser ma curiosité. » Et non pas le dissuader de découvrir l'Inde un jour comme semblait le craindre Naveen. Déverrouillant la porte du box Lawrence y était entré en faisant signe à l'indien de le suivre, l'animal faisant instinctivement un ou deux pas en arrière en les suivant des yeux. « Viens, approche-toi. » avait-il encouragé Naveen, tandis que la paume de sa propre main glissait sur l'encolure de l'animal « Présente-lui ta main par en dessous, comme ça. Mais fais quand même attention à tes doigts. » Bien qu'il ne risque pas grand-chose avec Icare, c'était une bonne pâte, bien moins capricieux et dissipé que l'animal qui avait la préférence de Lawrence. Mais enfin cela ne dispensait pas de faire attention. Du coin de l'oeil il avait noté que l'abreuvoir était encore plein et que le box avait été nettoyé et réapprovisionné en foin ; Joaquim avait visiblement eu le temps de s'en occuper avant qu'il ne lui donne le reste de sa journée. Reportant son attention sur Naveen l'américain avait en tout cas fait état d'une certaine surprise quand il lui avait avoué avoir envie de faire ça depuis un moment déjà « Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? Je te l'aurais proposé avant si j'avais su que ça t'intéressait. » Et s'il ne l'avait pas fait de lui-même c'était précisément pour que Naveen ne se sente pas obligé d'avoir l'air intéressé s'il n'en était rien en réalité. Cela n'avait jamais été trop leur truc, à Josh et Rafa, les chevaux, aussi Lawrence avait-il appris à garder cette passion pour lui et à ne pas tenter de la faire partager à tout prix. « J'essaye de prendre le temps de le faire quand c'est possible mais rien ne t'empêche de venir aussi. Même lorsque je ne suis pas là, Joaquim pourra t'expliquer. Ce n'est pas bien difficile au final, une fois qu'on a retenu ce que mangent les uns et les autres. » Parce que fatalement tous les chevaux ici n'avaient pas le même âge ni la même santé, et Lawrence avait à cœur de les chouchouter chacun de la manière la plus adaptée. « Quand ils se seront habitués à toi tu pourras apprendre à monter. » Il observait Naveen, un peu pour jauger sa réaction face à la proposition. Une proposition on ne peut plus sérieuse, au demeurant.
Naveen

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CITATION : IL VAUT MIEUX METTRE SON COEUR DANS LA PRIERE SANS TROUVER DE PAROLES, QUE TROUVER DES MOTS SANS Y METTRE SON COEUR ─ MK GANDHI.
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MessageSujet: Re: READY FOR YOU (LAWRENCE)   READY FOR YOU (LAWRENCE) EmptyLun 25 Juil 2016 - 0:11

S'il n'avait pas mis longtemps à se sentir chez lui à son arrivée chez Lawrence, Naveen n'en oubliait pas pour autant qu'il n'était jamais qu'un hôte dans sa demeure et ne s'octroyait en aucun cas le droit de nuire à sa quiétude ou à sa vie sociale. Car ce qu'il commençait à craindre, c'était d'avoir peut être inconsciemment empêché certaines rencontres, et privé Lawrence de l'occasion de recevoir certaines personnes, simplement en vivant sous le même toit que lui. La dernière chose qu'il voulait, pourtant, c'était que Lawrence ne se sente plus libre d'inviter qui il souhaitait et s'empêche d'agir comme il pouvait le faire avant son arrivée. Il voulait être une compagnie agréable pour lui, quelqu'un qui le tirerait de sa solitude et l'aiderait à rester optimiste, jour après jour, même dans les moments les moins évidents, et ce aussi longtemps que Lawrence l'accepterait auprès de lui. Il voulait être une aide, un soutien, un compagnon d'aventure à défaut de pouvoir sans doute espérer davantage. Et c'était déjà beaucoup, beaucoup plus que ce à quoi il aurait osé rêver, il y a encore quelques mois. Alors non, il ne voulait pas devenir un obstacle quelconque, ni laisser penser à Lawrence que sa présence devait changer quoi que ce soit, car ça n'était en rien ce qu'il souhaitait. Lawrence, pourtant, semblait dire que peu de monde fréquentait généralement cette demeure, et qu'il en avait fait un lieu neutre de toute relation, positive ou négative. Naveen, rassuré de n'être pas l'obstacle qu'il commençait déjà à s'imaginer, perdit pourtant le sourire qui avait retrouvé ses lèvres lorsque l'instant d'après, l'américain lui fit une confession qui le laissa d'abord perplexe, avant qu'une certaine inquiétude ne commence à le gagner. « Est-ce que ... tu as besoin que l'on s'assure que tu ne fasses pas de bêtise ? » Cette question, loin d'être anodine et soufflée d'un ton nettement préoccupé, était une façon pour lui de s'enquérir de son état d'esprit. Parce qu'il n'était pas naïf, qu'il savait que lorsqu'on avait vécu ce qu'avait vécu Lawrence, il n'était pas rare de passer par des moments troubles, durant lesquels on ne se sentait parfois plus tellement maître de soi-même. Il y avait son passé de soldat, la mort de Josh, son kidnapping et le rôle qu'y avait joué une partie de son entourage, et bien sûr l'absence prolongée de Rosie à ses cotés. Des épisodes qui forcément avaient laissé des traces, et auxquels s'ajoutaient les médicaments qu'il l'avait parfois vu prendre, et qui à eux seuls avaient déjà fait naître en l'indien une certaine anxiété. « Si je dois m'en faire, j'aimerais le savoir. » Il ne savait pas réellement ce qu'il craignait. Sans doute que Lawrence préfère lui épargner des vérités difficiles à entendre par peur de le perturber ou bien de le décevoir, qu'il s'accroche à l'idée que la présence de l'indien lui évitait de se mettre dans des situations compliquées et agisse comme s'il pouvait être la solution permanente à ses problèmes, et qu'il le voit comme une conscience censée l'empêcher d'agir avant de le voir comme quelqu'un qui était là pour lui et pouvait absolument tout entendre. « S'il m'arrivait quoi que ce soit, un jour, que se passerait-il pour toi ? » Il n'aimait pas lui poser cette question, parce qu'il savait que Lawrence avait aujourd'hui autant besoin de lui qu'il avait lui-même besoin de l'américain, que leurs routes s'étaient croisées au moment précis où l'espoir les avait quitté l'un et l'autre et où la vie semblait avoir perdu de sa saveur. Mais il avait besoin d'entendre que Lawrence saurait s'en sortir, qu'il continuerait à se reconstruire et à bâtir de nouvelles choses, même s'il devait le faire sans lui. Qu'une nouvelle perte n'anéantirait pas les efforts qu'il avait fait pour devenir quelqu'un d'autre, qu'elle n’enterrerait pas sa volonté et son désir de vaincre des démons dont il voulait se défaire.

L'échange se fit toutefois plus réjouissant lorsqu'ils en vinrent à évoquer Sunil, Chadna, l'exemple de leur amour et l'excellente impression que leur avait fait Lawrence. Une impression dont Naveen ne s'était guère étonné, lui, jugeant Lawrence digne de l'affection de toute personne empreinte de bon sens et connaissant à ses amis une tolérance hautement supérieure à celle de sa famille. Ses frères et ses sœurs s'étaient en effet pour la plupart offusqués de son désir d'emménager chez Lawrence, et bien qu'il déprécie l'idée que quiconque puisse penser que l'américain l'avait « volé » aux siens et qu'il souhaite assumer seul le choix qu'il avait fait, Naveen avait conscience que ce dernier n'avait pas fini de lui causer des soucis. Il tint toutefois à rassurer Lawrence, après que celui-ci ait repris la parole. C'est pourquoi ses lèvres dessinèrent un sourire des plus doux. « Mes sœurs ont des a prioris sur l'Occident depuis qu'elles ont compris que des gens comme nous, jusqu'ici méprisés par la seule société qu'on ait jamais connu, pouvaient s'y faire une place. » Qu'ici les choses étaient différentes, que les gens n'étaient pas jugés en fonction de leur appartenance à une caste et que des droits, chacun pouvait en avoir. « Je ne pense pas qu'elles te tiennent personnellement rigueur de mon départ, mais plutôt qu'elles maudissent « ton » monde, « ta » société d'avoir séduit leur frère, comme un appât qui pour elles s'apparente sans doute à un piège. » Parce que ses sœurs avaient appris à se méfier de tout, de tout le monde, et plus particulièrement de ce qu'elles ne connaissaient pas. Alors voir partir leur frère à l'autre bout du monde, des rêves d'amour et d'aventure plein la tête, ça les incitait sans doute à croire que cet eldorado n'était qu'un énième piège que la vie tendait aux gens comme eux. Mais désireux quant à lui d'assurer à Lawrence qu'il se sentait bien auprès de lui, qu'il s'épanouissait déjà dans sa nouvelle vie à ses cotés, c'est avec nostalgie qu'il lui confessa repenser par moments à ce qu'ils avaient partagé dans l'aventure, quelques mois plus tôt. Et si les quelques mots soufflés par Lawrence lui serrèrent un instant le cœur et firent naître en lui une angoissée mêlée à un peu d'incompréhension, c'est bientôt avec tendresse que l'indien retrouva le sourire. « C'est vrai, nous n'avons plus à craindre les répercussions du moindre de nos gestes, ou de nos mots. Tu avais une image à préserver dans l'aventure, des personnes à ne pas décevoir, et moi ... j'avais une famille à épargner. » Et ces détails avaient certainement influé, d'une manière ou d'une autre, sur les personnes qu'ils avaient été à l'intérieur du jeu. Sur leurs interactions, leurs choix, les mots qu'ils avaient choisi d'employer et ceux qu'ils avaient préféré taire. « Être ici, ça ne change pas tout pourtant. » Il nuança toutefois, au moment de baisser légèrement la tête, les lèvres pincées. Il ne voulait pas parler de Lawrence et du fait qu'il puisse parfois encore avoir un peu de mal à s'ouvrir à lui, gardant secrets certains pans de son existence comme s'il craignait qu'en parler le rendrait vulnérable. Il voulait parler de lui, de lui seul, et de ces choses qu'il s'interdisait toujours de faire, qu'importe que les caméras ne tournent plus et qu'il n'y ait plus que Lawrence et lui, seuls, dans cette grande maison. Des gestes, des attentions, des envies qu'il réprimait toujours de peur d'en faire trop, d'en dire trop, de le mettre mal à l'aise ou de gâcher quelque chose entre eux. Ses sentiments pour Lawrence continuaient d'évoluer, son besoin d'être auprès de lui aussi, mais à ce niveau-là il en était exactement au même point que quelques mois plus tôt, quand il se souciait de placer Lawrence dans une situation délicate rien qu'en formulant par des mots simples, sans équivoque, ce qu'il ressentait. « Mais on se sent plus libres, ici, et c'est aussi ce cadre que je préfère. » Il reprit finalement, en relevant les yeux vers les siens et en tâchant d'afficher un sourire un peu moins mélancolique, fronçant bientôt doucement les sourcils aux prochaines paroles de Lawrence. « Tu m'as sauvé d'une vie dont je ne voulais pas. C'est toi qui m'a donné le courage de prendre la décision qui a tout changé pour moi, Lawrence. Bien sûr que c'est toi. » Sans Lawrence, dieu sait combien de temps il aurait encore accepté de vivre pour les autres, combien de temps il se serait encore efforcé de regarder ses parents dans les yeux alors qu'ils lui avaient menti durant toute sa vie, et s'il n'aurait pas fini par emprunter un chemin qu'on tentait de lui faire prendre depuis son adolescence. Dieu sait où il en serait, qui il serait devenu, pour et auprès de qui.

Le dîner de ce soir serait en tout cas pour l'indien l'occasion de rencontrer les amis de Lawrence, des personnes qui avaient fait beaucoup pour lui et qui pour cette raison bénéficiaient d'une place privilégiée dans la vie de l'américain. Naveen en prenait conscience et s'émerveillait de découvrir que Lawrence était loin d'être aussi seul qu'il l'avait longtemps redouté, lorsqu'il avait développé pour lui une profonde empathie, d'abord inspirée par la détresse qui émanait de lui. Lawrence, pourtant, vivait un manque qu'aucune présence ne saurait apaiser, et c'est une mine attristée que l'indien afficha au moment où son colocataire mentionna tout haut ce qu'il taisait la plupart du temps. Naveen, cependant, restait convaincu que l'issue de cette histoire ne pouvait être que belle, qu'il était impossible que le bonheur lui soit plus longtemps refusé, et qu'un jour viendrait où Rosie et Lawrence seraient à nouveau pleinement réunis. Parce qu'il était un bon père, que rien ne l'en ferait jamais douter, et qu'il aimait croire que c'était une vérité que chacun s'efforcerait un jour d'accepter. « Je ne peux pas te faire de promesse que je n'ai pas le pouvoir de tenir, mais ... je serai là, pour toi et à tes cotés, aussi longtemps que cette situation durera. Ça, je peux te le promettre. » Naveen souffla alors, les yeux rivés vers les siens, désireux de lui témoigner son soutien quand Lawrence semblait plus que jamais empreint au doute et à l'abattement. « Elle n'aimerait pas que tu baisses les bras. Je suis sûr que Rosie voudrait autant être auprès de toi que tu veux être auprès d'elle. » Et ça lui tenait à cœur que Lawrence le sache, car bien qu'extérieur à une histoire dont il ne connaissait pas tous les détails, Naveen était bien placé pour savoir que l'amour d'un enfant pour son père ne disparaissait pas, qu'il soit mal-aimé de ce dernier ou qu'on le prive à long terme de sa présence. Cette situation, Rosie ne l'avait pas choisie elle non plus et il était persuadé qu'il ne se passait pas un jour sans qu'elle ne pense à son père. Dans un registre différent, c'est ensuite un Naveen curieux et toujours impatient d'en découvrir davantage sur les coutumes occidentales qui confessa avoir pu rencontrer quelques légers problèmes d'acclimatation à son arrivée ici. Des problèmes que Lawrence n'avait toutefois en rien empiré, contrairement à ce que l'américain sembla supposer. « Non, au contraire, tu m'aides beaucoup. Tu es patient avec moi, plus que tu ne t'en rends probablement compte. » L'indien le rassura alors, dans un sourire qui se voulait justement reconnaissant, car Lawrence avait joué un grand rôle dans son intégration et qu'il n'était pas certain que beaucoup de personnes se seraient autant soucié de le voir se familiariser avec ce tout nouvel environnement. C'est en tout cas d'un ton des plus amusés que l'indien avait ensuite sous-entendu qu'il pourrait abandonner Lawrence une fois en Inde,  comme pour lui faire regretter d'avoir douté de sa capacité à bouder, une menace qui sembla faire son petit effet sur ce dernier et qui conduisit même à sa reddition. Après un rire, Naveen parvint tout de même à retrouver son sérieux au moment où il crut bon d'évoquer les risques liés à un voyage en terres indiennes. Lawrence manifesta une curiosité qui l'incita justement à poursuivre. « C'est ce qui touche ceux qui ne se préparent pas suffisamment à ce qu'ils verront une fois en Inde. La surpopulation entraîne la misère, la famine, la mort … ce sont des choses que l'on voit beaucoup lorsqu'on s'aventure dans certains endroits, et il faut être prêts à les voir. » Ce n'était pas le cas de tout le monde, car là où la plupart des indiens avaient toujours été plus ou moins directement confrontés à ces réalités, beaucoup d'occidentaux arrivaient en Inde sans avoir la moindre idée de ce qu'ils y verraient. « Je sais qu'ici, vous glamourisez souvent la culture indienne, que vous donnez beaucoup d'importance à des détails, des idées reçues qui ne représentent pourtant la vie que d'une infime partie de la population là-bas. Il y a beaucoup d'aspects dont les occidentaux n'ont pas conscience avant de venir, c'est pourquoi beaucoup d'entre eux reviennent traumatisés. » Il n'était pas ici depuis très longtemps et pourtant il avait conscience de venir d'un pays dont beaucoup d'occidentaux se faisaient une fausse idée. L'Inde n'était pas seulement la terre de Bollywood et des Mille et Une Nuits, c'était aussi et surtout un endroit où la vie pouvait se faire pénible lorsqu'on l'avait longtemps idéalisée. « Mais toi, tu seras pleinement préparé avant d'y mettre les pieds, tu sais que j'y veillerai. » Il tint tout de même à lui faire savoir, dans un sourire complice, prêt à se faire un devoir de lui dire tout ce qu'il aurait besoin de savoir avant de voyager si loin. S'il devait lui faire découvrir son pays, Naveen veillerait à ce que Lawrence sache exactement à quoi il se retrouverait confronté une fois sur place. Un autre voyage, imminent celui-ci et qui prit d'abord Naveen de court, l'incita à demander à Lawrence de lui donner quelques nouvelles lorsqu'il serait à plusieurs heures d'avion d'ici, ce à quoi l'américain consentit. « Merci. » L'indien souffla, timidement, conscient qu'il pourrait tout aussi bien prendre son mal en patience et attendre le retour de Lawrence, mais désireux de maintenir le contact avec lui malgré tout, ne serait-ce que par le biais d'un seul coup de fil. Tracassé, Naveen confia finalement à son tour devoir bientôt gagner la capitale pour régler certains détails concernant son entrée sur le territoire américain. Des détails qui suffisaient à l'angoisser, pour une raison qu'il peina d'abord à formuler. « Non, écoute, je ... je ne veux pas t'embêter ou te faire perdre ton temps, c'est juste … » Il souffla alors, hésitant, avant de poursuivre. « En Inde, les autorités ne font jamais de cadeaux aux gens comme moi. Lorsque ma mère a demandé à recevoir des aides financières pour nous élever, on lui a répondu qu'elle avait fait le choix de renoncer aux moyens de contraception et que pour ça elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. Et lorsque mon père a été chassé illégalement de son épicerie … personne ne lui a tendu la main ni proposé un autre travail. » Parce que leur caste leur conférait une moindre importance sociale et que peu nombreuses étaient ainsi les personnes qui s'étaient déjà soucié d'eux. Naveen avait appris à ses dépends qu'on ne pouvait bien souvent compter que sur les siens et que le reste du monde n'était pas toujours disposé à nous faciliter la tâche. « Alors je … je me demande simplement si je vaux beaucoup plus ici que là-bas. » C'est pourquoi il n'était pas encore tout à fait certain de pouvoir compter sur les autorités pour lui témoigner la bienveillance et la compréhension qui lui avaient souvent manqué chez lui, de pouvoir faire des projets quand peut être un seul détail suffirait à ce que l'on le renvoie là-bas. C'est pour ça qu'il était inquiet, pour ça que la simple mention de ce rendez-vous suffisait à faire naître en lui une profonde angoisse.

La confession de Lawrence quant à la rencontre de Rafa et Maria avait en tout cas laissé Naveen rêveur tandis qu'il avait par la suite pris connaissance de la lettre envoyée par sa sœur, que Chadna lui avait remise peu avant son départ. Une lettre dont il avait appréhendé le contenu mais qui finalement avait apaisé chacune de ses craintes et notamment l'inquiétude qu'il avait nourri quant à l'opinion que Rubina pouvait avoir de lui depuis que les choses s'étaient compliquées avec le reste de sa famille. Ainsi avait-il rejoint Lawrence, bouleversé mais véritablement rassuré, et l'avait-il étreint avant de lui confier, le cœur empreint d'une émotion plus douloureuse cette fois, combien les choses s'étaient effectivement dégradées entre ses proches et lui. Conscient toutefois qu'il avait une part de responsabilité là-dedans et qu'il se serait sans doute évité bien des soucis en les mettant dans la confidence avant son départ pour l'Irlande, l'indien consentit à se remettre en question avant que l'intervention de Lawrence ne dessine sur ses lèvres un sourire tendre, quoi que toujours un peu triste. « Il n'y a pas que ça. » Il souffla à ce moment-là, les lèvres entre-ouvertes comme s'il pesait les mots qu'il était sur le point d'employer, de peur de mettre Lawrence subitement mal à l'aise. Et pour cause. « Je leur ai parlé de toi. » Cherchant son regard comme pour y lire un signe qu'il ne faisait pas une nouvelle erreur en lui confiant ce genre de choses et qu'il s'agissait de détails que Lawrence était prêt à entendre et qui ne viendraient pas accentuer la culpabilité qu'il nourrissait sans doute, Naveen baissa finalement les yeux avant de hausser les épaules, timidement. « Je n'ai pas dit grand chose … juste ce qu'il fallait pour qu'ils sachent. » Qu'ils sachent ce qui était né dans son cœur au contact de Lawrence, de quelle façon il s'y était attaché et pourquoi il ne pourrait jamais rentrer dans le moule qu'on avait façonné pour lui et ses frères. Il avait insinué, à demi-mots, ce que son cœur mourrait d'envie de crier, n'avait pas cherché à imager ses sentiments ou à édulcorer une réalité que ses parents ne pouvaient de toute façon pas accepter. Il s'était livré à eux, ravalant sa pudeur et sa crainte de leur causer la déception de trop, parce qu'il en avait eu besoin. « Je crois que ce Naveen-là n'a jamais été tout à fait heureux. » L'indien reprit après quelques instants, forcé d'admettre qu'aussi joyeuses avaient parfois pu être les années qu'il avait passé auprès des siens, il ne s'était jamais vraiment autorisé à s'épanouir individuellement, à penser et à agir pour lui avant de se référer à sa mère, à ses sœurs, aux figures masculines qu'il avait toujours prises pour modèles. « Avec toi, ici, j'ai une chance de l'être. » Et tandis que ses doigts s'étaient emparés de ceux de Lawrence comme pour lui signifier encore plus clairement qu'il était prêt à mettre son bonheur entre ses mains, qu'importe les risques et les incertitudes, c'est dans un souffle qu'il lui proposa ensuite de l'accompagner jusqu'aux écuries, comme une requête déguisée qu'il se retenait de formuler depuis un certain temps. Et c'était le cas. Alors, n'attendant que son accord, il gagna rapidement sa chambre pour passer des vêtements plus adaptés à la tâche qui les attendait puis rejoignit Lawrence, porté par l'enthousiasme que faisait naître en lui la perspective de découvrir encore un peu plus l'univers de l'américain. Ce dernier approuva alors sa tenue et c'est ensemble qu'ils gagnèrent l'extérieur et qu'ils se mirent en route, sous un soleil superbe.

Sur le chemin, Naveen avait laissé son regard s'égarer dans les brins d'herbes que fouettaient leurs pas et avait ressenti une légère appréhension au moment de gagner les écuries, constatant que les bêtes qu'il avait en face de lui étaient aussi majestueuses qu'elles pouvaient être intimidantes. Observant tout particulièrement l'un des chevaux, il esquissa un sourire au moment où Lawrence lui conta son nom, puis qu'il lui désigna la mère de l'animal. « Ils sont superbes. » L'indien souffla, d'une voix relativement basse, avant de se tourner vers son colocataire. « Et c'est une bonne chose que tu les ais gardé tous les deux. Peut être que dans le cas contraire, ils auraient été séparés. » Et c'était une raison supplémentaire pour juger que Lawrence avait pris une décision honorable, une idée que l'indien exprima silencieusement, en lui adressant simplement un regard bienveillant, admiratif aussi. Confessant en tout cas n'avoir jamais vu un cheval d'aussi près, il sous-entendit dans le même temps qu'ils n'étaient pas les animaux les plus répandus dans la région où il était né, et s'inquiéta de savoir si la mention de cochons et d'éléphants ne gâcherait pas l'envie de Lawrence de découvrir son pays. A la remarque de l'américain, toutefois, il lâcha un rire apaisé. « Eh bien en Inde, les éléphants sont tout un symbole. Il y a des gens qui sont payés pour les peindre afin de les mettre en valeur à l'occasion de certaines fêtes ou simplement sur les marchés. » Car le commerce des éléphants était monnaie courante en Inde où ces bêtes étaient régulièrement cédées aux plus offrants. C'était un marché que l'indien appréciait peu, lui, ayant toujours assisté à ces ventes pour le simple plaisir de voir ces éléphants ornés de couleurs vives et de jolis parures. « Peut être que certains villageois accepteront de t'en céder un en souvenir. » Il reprit, amusé et faussement songeur, ainsi que loin de s’imaginer que Lawrence puisse vouloir acquérir une bête de cette envergure, qui plus est alors que ses chevaux lui demandaient déjà une attention privilégiée. L'américain l'aida alors à approcher l'animal, et c'est docilement qu'il reproduisit les gestes montrés par Lawrence, non sans une pointe d'anxiété à l'idée que le cheval puisse sentir qu'il était loin d'être aussi expérimenté que son maître. « Comme ça ? » Naveen demanda, après avoir avancé sa main avec précaution et avoir relevé les yeux jusqu'à ceux de l'animal, comme pour lui assurer directement de sa bonne foi et de son envie d'apprendre à s'occuper de lui. Confessant en tout cas avoir longtemps espéré partager ce genre d'activités avec Lawrence, il se sentit un peu penaud lorsque ce dernier se demanda alors, le plus légitimement du monde, pourquoi il avait tant attendu pour proposer de l'accompagner. « Parce que je voulais que tu sois libre de profiter de ta passion et de ces moments si importants pour toi, sans forcément que tu te sentes obligé de les partager avec moi. » Ils partageaient déjà beaucoup de choses depuis l’emménagement de l'indien, qui parfois se demandait si Lawrence n'aimerait pas se retrouver un petit peu seul, comme du temps où il ne partageait pas sa maison et pouvait espérer profiter de sa solitude dès qu'il en avait envie, ou besoin. « Je ne voulais pas risquer de t'envahir dans ton espace vital, ou te paraître trop entreprenant, c'est pour ça que je n'ai rien dit jusqu'ici. » Parce qu'il se doutait de la réponse qu'obtiendrait sa proposition auprès de Lawrence, du fait que l'américain l'accueillerait volontiers au sein de ces écuries, mais que jusqu'alors il avait craint que l'américain ne se sente obligé de partager ce genre de moments avec lui. Lui proposant d'ailleurs de le remplacer auprès des chevaux si cela pouvait parfois lui permettre de gagner du temps, c'est un large sourire qui gagna ses lèvres lorsque Lawrence alla là aussi dans son sens. « Alors c'est d'accord, je passerai de temps en temps. J'apprends vite, c'est une chance. » Ça lui venait sans doute de l'époque où il avait été amené à enchaîner pas mal de petits boulots et à toucher à des univers parfois diamétralement opposés les uns aux autres. Soudain, la proposition énoncée par Lawrence eut le don de le prendre de court, et l'indien croisa son regard, presque incrédule. « Monter ? » Il répéta, aussi surpris qu'on pouvait l'être quand comme pour lui approcher un cheval d'aussi prêt était déjà hautement inattendu en soi. « Tu … tu serais d'accord pour m'apprendre, c'est vrai ? » Lawrence avait déjà fait preuve d'une telle patience à son égard que l'indien était forcé de se demander si c'était vraiment ce qu'il voulait, dépenser du temps et de l'énergie à lui apprendre une chose à laquelle il ne s'était absolument jamais essayé, quand il pouvait sans doute trouver bien mieux à faire. « Je ne peux peut être pas encore monter, mais toi si. » Il reprit finalement, dans un doux sourire, les yeux d'ors et déjà émerveillés face à la requête qu'il allait formuler. « Est-ce que tu crois que je pourrais te regarder faire, dans un premier temps ? » Ne serait-ce que quelques minutes, le temps d'un tour qui lui permettrait de le voir à l’œuvre, sur l'une de ces bêtes qu'il aimait tant, faisant ce qui semblait compter tout particulièrement pour lui. Ce serait une façon encore plus singulière de partager sa passion, mais aussi et surtout un moyen de contempler Lawrence au sommet de sa grâce et de son épanouissement, tel qu'il avait sans doute toujours voulu le voir en somme.

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